CARTOGRAPHES DIEPPOIS
“Carte cosmographique ou universelle description du monde
avec le vrai trait des vents. Fait en Dieppe par Jehan Cossin
marinier en l'an 1570”. Ainsi est signé ce planisphère construit
sur une projection sinusoïdale dont Cossin est l'inventeur. On ne
retrouvera ce type de projection qu'au dix-septième siècle avec
Nicolas Sanson et John Flamsteed. Jehan Cossin avait le titre de
“pilote entretenu” ; sa solde s'élevait à trente trois écus un tiers.
On le disait “excellent faiseur de cartes, de rhumbs et de vents,
qu'il espère bien faire imprimer”. La carte de 1570 fait partie des
collections de la Bibliothèque Nationale. Le Château-Musée de
Dieppe en possède une copie. Elle ne possède pas d'échelle de
longueur ; celles de latitude et de longitude sont situées sur les
bords intérieurs de l'encadrement. On retrouve la fameuse
“TerreAustralle” chère aux cartographes dieppois, mais celle-ci
est séparée de Java. Sur le côté gauche du cadre, figurent les
signes du zodiaque et, sur le côté droit, la hauteur du soleil pour
les différents mois.
John Rotz ou Jean Roze d’origine Écossaise était pilote et
hydrographe dieppois au XVIe siècle.
Précurseur de l’école dieppoise en 1535, il commence un atlas.
Pour des raisons financières, Il se met au service du roi
d'Angleterre Henri VIII entre 1542 et 1547. Il dédie à son nouveau
roi son Traité des différences du compas aymanté et termine son
magnifique atlas en 1542 : “The Boke of Idrography”, lui aussi
dédié à Henri VIII, composé de 32 folios de 60 sur 38,6 cm, dont
11 cartes. Dans cet ouvrage on peut constater une simple
ébauche de terre australe alors que ses successeurs la définiront
formellement. Il fait aussi se rejoindre l’Amazone et le Rio de la
Plata, isolant une île au Nord-Est du Brésil. John Roze reviendra
quelques années plus tard à Dieppe où il redeviendra marchand
et armateur. Il sera anobli par Henri II en 1551.
Signée et datée dans une banderole, cette carte a été faite en
1579, à Dieppe. On ne sait rien de ce Vau de Claye, dont on ne
connaît que deux œuvres. Les tracés sont inspirés par les cartes
portugaises ; mais la nomenclature est française. Les légendes
éclairent le lecteur à tous les points de vue. Carte nautique : bas-
fonds, écueils et baies sont localisés ; carte économique : le pays
fournit, dans les lieux commentés par les légendes : de l'or, de
l'ambre gris, du brésil, du sucre et du coton. Carte humaine : les
tribus indiennes sont situées avec leurs villages, leurs mœurs
d'anthropophages expliquées ; les amazones situées près du
fleuve Maranhao sont décrites. Carte d'histoire naturelle enfin :
les oiseaux aux plumages recherchés et les singes sont localisés.
Cette carte semble pourtant poursuivre un autre but : de Saint-
Domingue à la rivière Do Pracel, un demi-cercle est tracé,
limitant le territoire de 10 000 “saulvages pour fere la guerre aux
portugais”. Le but serait alors militaire. En effet, la bannière aux
armes des Strozzi semble dominer l'ensemble. Il s'agirait d'un
plan de campagne pour conquérir toute la côte brésilienne
comprise entre l'Amazone et le rio de San Francisco (Bahia).
Cettebelle carte aurait été un des éléments de préparation du
plan imaginé par Catherine de Médicis. Il n'eut pas de suite,
puisque la défaitede Strozzi aux Açores fit avorter le projet.
Jean Roze, Carte de la côte du Brésil, l’atlas de 1542
Jean Cossin, Original à la Bibliothèque Nationale.
Copie du 19e siècle, sur parchemin au Château-Musée de Dieppe.
Jacques Vau de Claye, Carte de la côte orientale du Brésil,
1579. Copie 19e. siècle sur velin, au Musée.
FICHE DÉCOUVERTE
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