Enquête préparant le colloque « Avoir une maladie d’Alzheimer et
continuer à vivre chez soi » : Proposé par la filière gériatrique de Dieppe
Contexte
Christian S … 71 ans est suivi par un neurologue de ville depuis 2004 pour une probable
démence d’origine mixte. Après des études supérieures, il a occupé un poste à responsabilités
dans une société d’assurance et est retraité. Il vit à Marseille, séparé de son épouse depuis
plusieurs années, mais vient souvent à Dieppe et vit alors chez son épouse, dont le logement
est adapté. Il présente depuis 10 ans des troubles du comportement (apragmatisme et
épisodes de désinhibition verbale) avec plus récemment dépendance dans les activités de la
vie quotidienne (hygiène, changes, alimentation insuffisante et irrégulière, observance
médicamenteuse aléatoire et auto-médication), rendant l’accompagnement lourd avec signes
d’épuisement chez l’épouse. Madame aime les sorties mondaines que Monsieur perturbe (veut
vendre des contrats d’assurance aux participant, devient agressif…)
Les aides proposées (aides professionnelle, accueil de jour, groupe d’aide aux aidants, APA,
ESA) sont refusées par l’épouse. Un fils vit à Dieppe à proximité mais ne vient pas voir son père
et estime que son père doit être en EHPAD, l’autre vit à Bordeaux et prend des nouvelles
régulièrement et souhaite le maintien à domicile de son père.
Situation
Il est hospitalisé à Dieppe, pour une hémorragie digestive sous AINS ; le bilan conduit à
diagnostiquer un ulcère de l’estomac d’évolution favorable sous traitement médical. La
famille s’oppose au retour à domicile à Dieppe ou à Marseille. Le service de gastro-
entérologie sollicite l’équipe mobile de gériatrie.
A l’examen, on ne constate pas de trouble du comportement ; la compréhension de Christian
S … est préservée, il n’est pas constaté de trouble du jugement.
Sur le plan cognitif, le Mini-Mental State (MMS) qui était de 29 sur 30 en 2004, est à présent
de 25 sur 30.
Il a perdu 11% de son poids depuis 6 mois, avec une dénutrition modérée.
Il marche avec une canne.
Il présente par ailleurs quelques problèmes médicaux contrôlés (Pace maker, artérite des
membres inférieurs, antécédents d’accident vasculaire cérébral).
Le bilan social apprend que le « couple » ne peut prétendre ni à l’aide sociale, ni à l’APA
(GIR=5).
Interrogations
L'équipe hésite entre maintien à domicile et admission en établissement médico-social :
La famille de Dieppe demande une admission en EHPAD, et refuse le retour à domicile en
attendant la sortie de l’hôpital : « vous comprenez avec la dépendance ça n’est plus possible, il
ne peut pas rester chez moi, il ne peut pas non plus retourner chez lui à Marseille ».
D’un autre côté, l’épisode médical à l’origine de l’admission paraît réglé, monsieur S…
semble réticent à l’idée de changer son mode de vie, qui lui convient.