Le Jardin Emmanuel Lopez un jardin à l’image de l’île Sur moins d’un hectare, on retrouve côte à côte des végétaux typiques du bassin méditerranéen, des végétaux naturalisés de plus ou moins longue date et des spécimens curieux de flore exotique souvent utilisés dans les jardins d’agrément. Illustrations : C. Sinsolliez, E. Darvez-Bornoz, B. Deffrennes Texte : D. Quintard, V. Cavalière, N. Crouzet, P. et C. Boesch, Ch. Gérardin Ce jardin fait partie du dernier programme immobilier conduit par la SEFRICIME sur l’île de Porquerolles. En 2004, il a été remis en dotation au Parc national ainsi que la Maison du Parc. Il prolonge l’histoire de celui qui avait été implanté au même 2b - Laurier Sauce ou Laurier Noble - Laurus nobilis. Famille des Lauracées. Il est originaire du pourtour de la Méditerranée. Arbuste à feuilles persistantes souvent utilisées en préparation culinaire. Les pieds femelles vont donner des fruits, petites baies noires non comestibles et même toxiques à haute dose. endroit par M. Fournier, à l’époque où il était propriétaire de l’île. Des étiquettes, portant le nom des plantes, vous aideront à identifier les espèces tout au long de votre visite. 1 - Cyprès de Provence - Cupressus sempervirens. Famille des Cupressaceae. 2c - Laurier tin - Viburnum tinus. Famille des Caprifoliacées. Fréquent dans l’ouest méditerranéen, il se rencontre dans les forêts à feuillage persistant. 3 - Olivier - Olea europa. Famille des Oléacées. Originaire de l’est du bassin méditerranéen et du Proche-Orient. Conifère à grande longévité, monoïque* et thermophile*. Son feuillage vert foncé est persistant. Les fleurs sont à l’extrémité des rameaux et les fruits sont globulaires, de couleur brun verdâtre. Très rustique, il pousse sur tous les types de sols et tolère des températures très basse jusqu’à -20°C. Son excellente résistance au vent, à la sécheresse et aux embruns font qu’il est très souvent utilisé en haie pour contrer les effets du mistral. Arbre cultivé sur tout le pourtour du bassin méditerranéen connu pour son exceptionnel longévité : multiséculaire, voire multimillénaire. Il pousse sur les sols pierreux et craint le froid. Ses fleurs sont disposées en grappes à la naissance des feuilles. La floraison a lieu en mai-juin. Ses fruits, les olives, vertes en septembre arrivent à maturité en novembre et deviennent noires. Ses feuilles sont persistantes, dures, petites, allongées, gris-vert et ont des propriétés hypoglycémiantes.* * monoïque : organes mâles et femelles sur la même plante * thermophile : qui aime la chaleur * hypoglycémiante : qui fait baisser le taux de glucose dans le sang 2 - Lauriers : Trois espèces à découvrir, qui appartiennent à des familles différentes : 2a - Laurier-rose - Nerium oleander. Famille des Apocynacées. A l’état sauvage, il pousse sur sols caillouteux, au bord des cours d’eau temporaires. On le retrouve dans tout le bassin méditerranéen. Ses feuilles sont longues, étroites et coriaces et ses fleurs à 5 lobes de couleur rose vif. Sa robustesse et sa floraison abondante et longue, de mai à août, en ont fait une plante de choix pour les horticulteurs. Il en existe près de 160 variétés cultivées aux couleurs très variées. Attention : toutes les parties de la plante sont très toxiques. 4 - Figuier - Ficus carica. Famille des Moracées. Espèce circumméditerranéenne, il se développe spontanément dans les endroits humides en climat chaud. Ses grandes feuilles caduques sont profondément lobées, ses fleurs, invisibles, sont enfermées dans le futur fruit en forme de poire verdâtre ou brun violet, qui est comestible et savoureux. Il en existe de nombreuses variétés cultivées, dont environ 200 sont conservées dans les collections du Conservatoire Botanique. En France, le département du Var est le premier producteur et exportateur de figues, notamment dans la région de Solliès-Pont, capitale de la figue. « Un jardin sobre » : la plupart des végétaux présents dans ce jardin sont adaptés à la sécheresse et sont économes en eau. Ils ont développé de nombreuses adaptations pour lutter contre l’évapotranspiration : leur feuilles sont petites et dures jusqu’à n’être plus que des épines, ou enroulées, ou couvertes de poils. Les plantes du maquis exhalent un parfum puissant qui les protège. D’autres, comme les cactées, ont une forme géométrique qui limite la surface exposée au soleil et au vent ; elles ont aussi une hypertrophie des tissus qui permet d’accumuler l’eau. 5 - Tilleul argenté - Tilia tomentosa. Famille des Tiliacées. Planté ici en alignement, vestige de l’ancien jardin, c’est un grand arbre commun, à port conique arrondi. Originaire des Balkans, son feuillage caduc est vert sur la face supérieure et argenté sur la face inférieure. Il résiste bien à la sécheresse. Sa floraison, en juilletaoût, est très odorante. Les fleurs sont utilisées en tisane comme calmant antispasmodique. 6 - Figuier de Barbarie ou Figuier d’Inde - Opuntia sp. Famille des Cactacées. Originaire du Mexique, il fut importé en Espagne par les colons, puis s’est ensuite étendu, de façon spontanée, dans la région méditerranéenne et en Afrique du sud. Espèce rustique, il se développe très facilement : une seule raquette mise en terre est un nouveau plant potentiel. Reconnaître les différentes espèces reste une affaire de spécialistes. La fleur, rose ou jaune, laisse place aux fruits, comestibles, à cueillir avec précaution. Le Figuier de Barbarie est utilisée comme espèce ornementale, comme barrière infranchissable et pour la culture de cochenilles. 8 - Autres cactées : 8-a - Echinocactus grusonii ou Coussin de belle-mère. Originaire du Mexique, il présente une forme de coussin arrondi qui peut atteindre 1,50m de diamètre. Ses fleurs sont jaunes ou roses. Il est doté d’épines jaunes acérées. 8-b - Cylindropuntia imbricata : originaire du Mexique et de l’Amérique du sud, il prend souvent une forme buissonnante. Ses fleurs sont de couleur variable (jaune, rouge…). Il présente une bonne résistance au froid. 8-c - Espostoa melanostele : il se trouve dans les montagnes andines de l’Equateur et du Pérou. Plante colonnaire, parfois arborescente, enveloppée d’un fin réseau de soies blanches laineuses. Sa floraison estivale est nocturne. Il doit être protégé en hiver sous serre. 8-d - Ferocactus histrix : originaire du Mexique, il a été utilisé dans la conception de bonbons grâce à sa pulpe confite dans un épais sirop de sucre. Pour plus d’informations : 80 fleurs des îles et du littoral varois. Ed. : Parc national de Port Cros - Libris. L’arrosage du jardin est réalisé avec des eaux de recyclage. 7- Bambou Famille des Poacées. Graminée monocotylédone, il est caractérisé par des tiges formées d’un chaume creux lignifié. Il n’a pas de branches ; celles-ci correspondent en réalité aux feuilles. Préférant les sols humides, il est présent sur tous les continents, à l’exception de l’Europe où sa présence n’est pas naturelle. Les fleurs sont plutôt rares. Il s’est adapté à de nombreux climats : tropicaux, sub-tropicaux et tempérés. Il empêche l’érosion des sols grâce à ses rhizomes qui s’étendent sur une grande surface. Les chiens sont interdits même en laisse. Veuillez garer vos vélos sur la Place des Deux Etoiles. Veuillez remporter vos déchets dans vos sacs. Parc national de Port-Cros / Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles Castel Sainte Claire - BP 70220 - 83406-Hyères cedex Tél. : 04 94 12 82 30 - Fax : 04 94 12 82 31 [email protected] - www.portcrosparcnational.fr 9 - Les Palmiers : une famille aux multiples records Un peu d’histoire… Un jardin, dédié au palmier, peut sembler étrange pour qui découvre aujourd’hui Porquerolles. C’est méconnaître les liens particuliers qui ont associé cette île et ce végétal au point qu’un jardin lui soit consacré. Tout d’abord, le palmier n’est pas étranger aux îles de Méditerranée. Si rien ne permet d’affirmer que Chamaerops humilis, variété de palmier nain, a été présent dans les temps géologiques sur les falaises les plus chaudes de Porquerolles, rien ne permet d’affirmer qu’il ne l’ait pas été… ! Porquerolles fait partie de la commune d’Hyères, dont rappelons-le, le vrai nom depuis les années 1920 est « Hyères-les-Palmiers ». Ce patronyme n’est certainement pas usurpé puisque la culture du palmier y est devenue très importante dès 1867 jusqu’à en devenir le principal centre européen. En 1909, environ 40 hectares étaient dévolus à la culture du palmier d’ornement - Phoenix Canariensis- et 362 000 plants étaient expédiés chaque année à travers l’Europe, pour arriver à plus d’un million de plants en 1925. Malheureusement, le gel de 1929 porta un coup très rude à cette activité. En 1984, l’installation sur l’île pendant une dizaine d’années, du Groupement Français de recherche sur le Palmier-dattier, contribuera à la mise au point des techniques de reproduction de palmiers in vitro. Aujourd’hui, elles permettent aux pépinières hyéroises de produire plus de 100 000 plants annuellement, répartis sur 20 variétés différentes. Ces espèces sont aujourd’hui largement utilisées comme plantes ornementales dans notre pays. Ce jardin vous invite à les découvrir un peu plus… Biologie La famille des palmiers, les ARECACEAE (= PALMAE) présente une diversité impressionnante - environ 2800 espèces - dont certaines présentent des particularités faisant office de record dans le monde végétal. Les palmiers se présentent sous la forme d’un tronc, généralement unique et non ramifié, qui supporte une touffe de feuilles, les palmes. Ce tronc, appelé stipe, peut avoir une hauteur très variable, de 60 m chez les Ceroxylon sp. à 30 cm chez les Reinhardtia sp. Il peut atteindre plus de 5 m de circonférence pour le cocotier du Chili Jubaea chilensis. Chez la plupart des espèces, l’absence de ramifications est dû au mode de croissance du palmier par un unique bourgeon terminal qui ne se divise pas, ce qui n’engendre donc pas de «branches». L’unicité de ce bourgeon le rend vital pour la plante. Le stipe est composé d’un entrelacs très comprimé de fibres, ce qui le rend solide et souple à la fois. Son diamètre n’augmente pas d’années en années. La croissance des palmiers se fait grâce à la chute des anciennes palmes remplacées par les nouvelles. Les motifs présents sur le stipe résultent de ce mécanisme. Ce sont en fait les cicatrices laissées par la base des feuilles (le pétiole) lors de leur chute. Les racines du palmier, d’aspect chevelu, n’augmentent pas en diamètre. Chaque année, de nouvelles racines sont produites. Elles apparaissent d’ailleurs chez certaines espèces au-dessus du niveau du sol. Une partie va croître en profondeur pour l’enracinement et l’autre va s’étendre latéralement pour capter l’eau de pluie et les sels nutritifs. Les palmes sont très variées, les trois types les plus courants sont : les feuilles palmées, de la forme d’un éventail, les feuilles pennées, d’une structure similaire à une plume, et les feuilles costapalmées, feuilles palmées avec un axe central. Néanmoins, pour chaque type, les feuilles diffèrent de taille, par la découpe du limbe. La plus grande feuille du règne végétal est celle du Raphia royal Raphia regalis, dont les palmes atteignent 25 m de long ! Les plus étendues sont celles du Talipot Corypha umbraculifera, qui forment un vaste éventail de 4 m de diamètre. Reproduction Les fleurs des palmiers sont petites, peu colorées (souvent blanches ou jaunes), avec les pétales peu développés. Leur structure florale est de 3 tépales, 3 sépales, 6 étamines. En revanche, les fleurs sont réunies en inflorescences souvent remarquables par leur taille. Ainsi les plus grandes architectures florales du monde sont celles du Talipot, palmier monocarpique (qui ne fleurit qu’une fois à la fin de sa vie). Elles peuvent atteindre 10 m et contenir plusieurs millions de fleurs, ce qui est également un record. Elles produisent un nectar pour être butinées de manière à assurer la reproduction. Les palmiers, suivant les espèces, possèdent, soit les fleurs mâles et femelles sur des plantes différentes (dioïques), soit sur la même plante (monoïques). Dans ce cas, soit les fleurs sont hermaphrodites, soit les fleurs mâles et femelles sont séparées sur chaque pied. Les fleurs, une fois fécondées, vont former les fruits. Certains sont comestibles, d’autres non et peuvent même provoquer des inflammations cutanées. Chaque fruit contient en général une unique graine, parfois trois. Le fruit et la graine les plus gros appartiennent au coco de mer Lodoicea maldivica, qui n’existe qu’aux Seychelles. Le fruit de 25 kg contient une graine d’une vingtaine de kilos appelée « coco-fesse », de par sa forme évocatrice. Distribution et utilisation Les palmiers se rencontrent pour les deux-tiers des espèces dans les forêts tropicales et équatoriales. Ceux-ci apprécient les climats chauds et humides. Mais leur répartition va du 44°N pour le palmier nain au 44°S pour le nikau de Nouvelle-Zélande Rhopalostylis sapida. Le palmier est présent sur tous les continents et jusqu’à 4 000 m d’altitude dans les Andes pour Ceroxylon sp. Sur les îles, de nombreuses espèces de palmiers sont endémiques (n’existent que dans une localité au monde), et font partie, pour la plupart, des espèces les plus menacées à l’état sauvage par la destruction de leur milieu ou par leur exploitation intensive. En effet, de très nombreux palmiers représentent une manne Les espèces principales du jardin 9a - Le palmier nain, le doum (Chamaerops humilis) Le palmier nain est un palmier buissonnant qui peut atteindre quelques mètres de hauteur pour les sujets âgés. Il possède souvent de multiples stipes, dus au grand nombre de rejets qu’il produit. Le stipe est fibreux et terminé par des feuilles palmées au pétiole garni de crochets. Les inflorescences sont courtes et denses et produisent des dattes marron-noires, fibreuses, non toxiques mais à l’odeur repoussante. Réparti sur le pourtour méditerranéen, le palmier nain est le seul palmier indigène de France, il pousse dans les maquis et garrigues, sur des sols pierreux, dans des lieux très ensoleillés. Le Cap Lardier possède une belle population originelle de ce palmier, en extension en France. Il est très planté dans les jardins car résistant au vent, aux embruns, à la sécheresse, et de plus assez rustique. Le plus vieux palmier connu est un Chamaerops humilis planté dans les jardins de Padoue (Italie) en 1585. 9b - Le palmier des Canaries (Phoenix canariensis) Le dattier des Canaries est un grand palmier au stipe unique recouvert de cicatrices laissées par les anciennes feuilles. Ce stipe peut atteindre 20 m de hauteur et forme avec l’âge un cône racinaire à sa base. Les feuilles forment une couronne très garnie, elles sont pennées, vert-foncées, et peuvent atteindre 4 m de long. La base des palmes comporte de longues épines très acérées et vulnérantes. Les inflorescences, en « balayettes » jaunes, sont constituées de petites fleurs blanches. Les fleurs mâles et femelles sont sur des palmiers différents. Les fleurs femelles fécondées donnent des fruits ovoïdes orangés aux graines très fertiles. Ce palmier provient des îles Canaries où il pousse sur des sols volcaniques assez secs. En régression sur son aire d’origine, ce palmier est paradoxalement l’un des plus populaires au monde et il est planté en abondance sur tout le pourtour méditerranéen. Il fut introduit pour la première fois en France à Nice en 1864. C’est un très proche parent du Phoenix dactylifera, le palmier-dattier du monde arabe, qui produit les dattes comestibles. Plus rarement planté chez nous, il a des palmes bleutées plus finement découpées. 9c - Le palmier abricot (Butia capitata) Ce palmier est très décoratif, grâce à ses longues palmes pennées d’un magnifique vert aux reflets gris. Elles sont de plus arquées, et comme pliées en « V ». Le stipe est solitaire, souvent bien marqué par la base des pétioles, après la taille du palmier. Il dépasse rarement les 6 m de haut. Les inflorescences possèdent des fleurs mâles et femelles, de couleur rougeâtre. Les fruits sont parfaitement comestibles. Leur chair est fibreuse et juteuse, et selon les individus, aura une saveur allant du sucré à l’acide. Ils sont jaunes et ressemblent à de petits abricots d’où le nom de la plante. Ils peuvent être consommés sur place ou servir à la préparation de confitures ou d’eau-de-vie. Ce palmier est originaire du Brésil et de l’Uruguay ; il y pousse dans des savanes herbeuses sur des sols sablonneux où la compétition avec d’autres espèces est moins forte. Malgré son origine tropicale, ce palmier résiste bien au froid. En savoir plus : le palmier pas à pas, chez Edisud (2004) La connaissance des Palmiers, Albano, chez Edisud (2002) 2010 Marim Imprimerie 04 98 00 13 00 - Imprimé sur papier recyclé avec de lʼencre écologique. providentielle pour l’homme : utilisation de la sève pour faire des boissons, consommation des fruits, des graines, du bourgeon apical (le cœur de palmier), utilisation des palmes ou du stipe pour la construction, du rotin pour la vannerie… Le cocotier, qui à lui seul concentre presque toutes ces utilisations, est l’une des plantes les plus utiles au monde par ses nombreuses applications dans la vie quotidienne.