le voile du palais et le joint velo

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2001-2002
UNIVERSITE DE NANTES
LE VOILE DU PALAIS ET LE JOINT VELO-PALATIN
EN PROTHESE COMPLETE MAXILLAIRE
Par
PERRIN David
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2001-2002
UNIVERSITE DE NANTES
LE VOILE DU PALAIS ET LE JOINT VELO-PALATIN
EN PROTHESE COMPLETE MAXILLAIRE
Par
PERRIN David
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
2
Remerciements sincères à :
Monsieur le professeur R. ROBERT
pour m’avoir confier ce sujet et accompagné dans mes recherches.
Monsieur le Professeur L. HAMEL
pour m’avoir accompagné dans mes recherches.
Madame le Docteur S. CAZAUX
sans qui je n’aurais pu jongler entre la faculté de médecine et celle de dentaire.
Madame le Docteur E. PEUVREL
qui m’a permis de découvrir l’imagerie médicale.
Messieurs S. LAGIER et Y. BLIN
pour avoir su me motiver pendant toute cette année, et pour m’avoir permis de
travailler dans la bonne humeur.
Monsieur G. MORTIER
pour sa grande disponibilité ainsi que pour celle de son ordinateur.
3
PLAN
Introduction
1 Rappels de morphogenèse, d’anatomie et de physiologie
1.1 Morphogenèse
1.2 Anatomie
1.2.1 La charpente fibreuse
1.2.2 Les muscles
1.2.3 Les vaisseaux
1.2.4 L’innervation
1.2.5 Variations anatomiques
1.3 Fonctions du voile
1.3.1 La phonation
1.3.2 La déglutition
1.3.3 La nausée
1.3.4 L’audition
2 Matériel utilisé et méthodes de dissections
2.1 Matériel utilisé
2.2 Méthodes de dissections
2.3 Imagerie ORL
3 Résultats
3.1 Dissection de face
3.2 Dissection sagittale
3.3 Dissection postéro-latérale
3.4 Radiographie de profil
4 Applications cliniques vis à vis du joint vélo-palatin
4.1 Le joint vélo-palatin
4.2 Localisation du joint par rapport aux structures anatomiques
Conclusion
Bibliographie
Annexes
4
Le voile du palais et le joint vélo-palatin de la
prothèse complète maxillaire.
Introduction
Le voile du palais est un organe à part entière. Son rôle dans la phonation était déjà
connu des philosophes grecs. Cependant les prothèses adjointes totales sont plus récentes et la
réalisation du joint vélo-palatin (bord postérieur de la prothèse au contact du voile) reste
source de problème du fait des variations anatomiques et physiologiques de celui-ci.
Actuellement la connaissance de l’anatomie du voile du palais permet de comprendre les
mouvements de celui-ci destinés à ses différentes fonctions.
Nous rappellerons successivement l’embryologie, l’anatomie et la physiologie propre
du voile bien que celui-ci fonctionne toujours en association avec un autre organe.
Des dissections effectuées au laboratoire d’anatomie de Nantes permettront une
meilleure compréhension de la position du voile par rapport à son environnement.
Une approche radiologique effectuée grâce au service de phoniatrie et au service de
radiologie du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes a permis d’observer le voile en
mouvement mettant en évidence son rôle dans la déglutition et la phonation.
Le but de cette étude est de trouver une position idéale et systématique du joint vélopalatin par rapport au voile pour permettre la meilleure adaptation possible du patient à la
prothèse.
5
1 Rappels de morphogenèse, d’anatomie et de physiologie
1.1 Morphogenèse 1
C’est à partir de la fin de la sixième semaine intra utérine que se forment les ébauches
du palais osseux, support du voile du palais.
A ce stade, il existe déjà le processus fronto-nasal, les bourgeons maxillaires et
mandibulaires qui sont apparues à la fin de la quatrième semaine intra utérine, ainsi que les
bourgeons nasaux latéraux et médiaux qui sont l’aboutissement des placodes nasales formées
pendant la cinquième semaine intra utérine.
A la fin de la sixième semaine intra utérine, les dépressions nasales, entre les
bourgeons nasaux latéraux et médiaux, s’approfondissent et fusionnent avec le versant supéro
postérieur du processus intermaxillaire (lien entre les deux bourgeons maxillaires). Puis elles
s’amincissent en une membrane. Cette membrane se rompt au cours de la septième semaine
intra utérine pour constituer le choane primitif. A ce stade, le plancher de la cavité nasale
comprend une extension postérieure du processus intermaxillaire, le palais primaire.
Au cours des huitième et neuvième semaines intra utérine, les parois médiales des
processus maxillaires produisent une paire de fines expansions médiales, les processus
palatins. Au départ, ces processus grandissent vers le bas, parallèlement aux faces latérales de
la langue. Cependant, à la fin de la neuvième semaine intra utérine, ils pivotent rapidement,
vers un plan transversal, puis ils s’unissent l’un à l’autre ainsi qu’au palais primaire pour
constituer le palais secondaire. La fusion s’opère d’abord à l’extrémité ventrale des
processus palatins et elle progresse en direction dorsale.
Des condensations mésenchymateuses, dans la portion ventrale du palais secondaire,
subissent une ossification endochondrale pour donner naissance au palais dur. Dans la
portion dorsale du palais secondaire, le mésenchyme myogène se tasse pour former la
musculature du voile du palais.
Pendant que se constitue le palais secondaire, l’ectoblaste et le mésoblaste du
processus fronto-nasal et les processus nasaux médiaux prolifèrent pour constituer un septum
nasal médian qui croît vers le bas, depuis le toit de la cavité nasale, pou s’unir sur la ligne
médiane, à la face supérieure des palais primaire et secondaire. La cavité nasale est ainsi
divisée en deux couloirs nasaux qui s’ouvrent dans le pharynx, en arrière du palais secondaire,
par un orifice appelé choane définitif.
LARSEN illustre la formation du palais chez l’homme de la septième à la dixième
semaine intra-utérine. Fig 1.
6
Fig 1 vue inférieure et coupe frontale de la formation du palais chez l’humain pendant la
septième, huitième et dixième semaine intra-utérine.
7
Le voile du palais est une cloison musculo-membraneuse mobile qui prolonge en bas
et en arrière la voûte palatine (le palais secondaire). Certains muscles proviennent du
mésenchyme myogène du palais secondaire mais d’autres sont issus du mésoblaste para-axial
des arcs branchiaux. Ainsi le tenseur du voile du palais est issu du premier arc. C’est par ce
fait qu’il est le seul muscle du voile à être innervé par un rameau du V. Le constricteur
supérieur du pharynx et l’élévateur du voile du palais proviennent du quatrième arc branchial
et recevront ainsi une branche du X.
Chez le nourrisson comme chez le chimpanzé 2, l’épiglotte, qui permet la séparation
complète entre les voies aériennes et les voies digestives, est placée derrière le voile. Cet
agencement permet la réalisation simultanée de la respiration et de la déglutition, la nourriture
transitant vers l’œsophage dans les gouttières latérales pharyngo-laryngées. Chez l’homme
adulte, le larynx est situé plus bas. De ce fait, l’épiglotte n’atteint plus le voile du palais ce qui
rend impossible la réalisation simultanée de la respiration et de la déglutition et rend possible
les fausses routes alimentaires. La situation plus basse du larynx détermine par ailleurs un
accroissement de volume de la cavité pharyngée, ce qui facilite grandement les possibilités
d’articulation de la parole. Ainsi l’homme a acquis la possibilité de parler au prix de celle
d’avaler de travers.
1.2 Anatomie
Le voile du palais est une cloison musculo-membraneuse mobile qui prolonge en bas
et en arrière, presque perpendiculairement, la voûte palatine 3.
Le voile du palais est constitué par une lame fibreuse : l’aponévrose palatine, sur
laquelle s’insèrent des muscles, eux même recouverts d’une muqueuse. Le tiers antérieur du
voile du palais est fibreux, tandis que les deux tiers postérieurs seulement sont musculaires.
1.2.1 La charpente fibreuse
Elle est formée par l’aponévrose palatine qui poursuit en arrière et en bas le plan
résistant de la voûte osseuse. C’est une lame fibreuse grossièrement quadrilatère dont le bord
antérieur s’attache au bord postérieur de la voûte osseuse (formée par les lames horizontales
des os palatins) et dont les bords latéraux se fixent au bord inférieur et au crochet de l’aile
interne de l’apophyse ptérygoïde. En arrière, le bord postérieur de cette charpente, très mal
limité, se perd dans l’épaisseur du voile.
Cette aponévrose semble prolonger en arrière le périoste de la paroi inférieure des
cavités nasales, ce qui pourrait permettre de diviser le voile du palais en un étage nasal
comprenant de bas en haut l’aponévrose palatine et les muscles palato-pharyngiens, élévateurs
du voile et uvulaire, et un étage oral comprenant de haut en bas les tendons des muscles
tenseurs du voile et la terminaison des muscles palato-glosses 5.
8
Tous les auteurs ne sont pas d’accord avec cette répartition des muscles par rapport à
l’aponévrose palatine. ROUVIERE 2, LE HUCHE et ALLALI 3, BOUCHET 6, LERAULT 7
proposent chacun une autre configuration. Celle décrite plus haut par VACHER et PAVY 5
est un compromis entre les autres.
LEJOYEUX nous montre, par une coupe sagittale du voile du palais, Fig 2, les
différentes structures qui composent le voile.
Fig 2 : coupe sagittale du voile du palais par LEJOYEUX.
1.2.2 Les muscles 6,7
-Le palato-pharyngien
Appartenant à la fois au pharynx et au voile, il forme la charpente du pilier postérieur
du voile du palais.
Son action tire le voile en arrière et en bas, complétant l’occlusion pharyngée haute. Il
prend surtout appui sur l’ensemble rigidifié des autres muscles véliques mis en tension et
rapproche ainsi les piliers postérieurs fermant ainsi l’isthme pharyngo-nasal pour
accompagner les mouvements de la langue pendant la déglutition. En outre, il élève le larynx
et le pharynx et par son faisceau tubaire, participe à l’ouverture de la trompe.
9
-Le palato-glosse
Il appartient à la fois aux muscles du voile du palais et aux muscles de la langue. Il
forme la charpente du pilier antérieur du voile.
Son action abaisse le voile, ferme l’isthme du gosier et élève la langue vers l’arrière. Il
intervient également dans l’articulation des nasales.
-L’uvulaire
C’est en fait deux muscles accolés l’un à l’autre de part et d’autre de la ligne médiane.
Ils forment un petit cylindre allongé d’avant en arrière à la face supérieure du voile du palais.
Son action rigidifie la luette qui se rétracte. Le mât ainsi formé sert d’appui aux quatre
autres paires musculaires. Cette contraction entraîne un épaississement du voile qui jouera un
rôle dans la phonation.
-Le tenseur du voile du palais
Etendu de la base du crâne au voile, il forme une partie essentielle de l’armature de ce
dernier. Son trajet est entièrement extra-pharyngé.
Il est élévateur et tenseur du voile pendant la déglutition. En outre, il ouvre la trompe
auditive. Son équipement en fuseaux neuromusculaires proprioceptifs en fait un muscle barosensible jouant un rôle dans la tension subconsciente de la tension vélaire.
-L’élévateur du voile du palais
Tendu de la base du crâne au voile, il longe le bord postérieur de la trompe auditive, à
l’intérieur de la musculature pharyngée.
Son action élève le voile et dilate la trompe auditive. Il est très actif pendant la parole.
10
1.2.3 Les vaisseaux 2,6
-Les artères
L’artère palatine ascendante est une branche de l’artère faciale, de la carotide
externe ou de la pharyngienne ascendante. Elle s’anastomose à l’intérieur du voile du palais
avec la branche postérieure de l’artère palatine descendante et vascularise les muscles de
celui-ci.
L’artère palatine descendante, branche de l’artère maxillaire interne, naît au fond de
la région ptérygo-maxillaire au contact de l’os palatin et descend verticalement dans le canal
grand palatin. Avant sa sortie du canal, l’artère palatine descendante donne quelques grêles
collatérales qui traversent la voûte osseuse par les canaux petits palatins en arrière du canal
grand palatin et vont irriguer la muqueuse du voile.
-Les veines
Les veines forment un plexus sous muqueux d’une part et un plexus périphérique
d’autre part, qui se jettent dans les veines jugulaires internes.
-Les réseaux lymphatiques
Les réseaux lymphatiques de cette région aboutissent dans les ganglions de la chaîne
jugulaire interne sauf ceux de la face supérieure du voile du palais qui se rendent aux
ganglions rétro-pharyngiens.
1.2.4 L’innervation 6, 7, 8, 9
-innervation motrice
Le tenseur du voile du palais est innervé par le nerf grand palatin qui est un rameau du
nerf maxillaire (V2). Tous les autres muscles du voile du palais sont innervés par le nerf
vague (X). Il est à noter que le muscle palato-glosse, lorsqu’il est traité comme un muscle de
la langue, est considéré comme étant innervé par le nerf lingual issu du nerf facial (VII) ou
par l’anse de Haller (anastomose du facial au glosso-pharyngien (IX)).
Le signe du voile, où l’on voit la luette se rétracter d’un coté pendant la phonation,
indique une atteinte motrice du nerf vague. La luette se rétracte du coté sain : là où les
muscles peuvent se contracter.
11
-innervation sensorielle, Fig 3
Les nerfs grands et petits palatins, branches du nerf maxillaire (V2) et du nerf facial
(VII) apportent la sensibilité au voile du palais.
Le plexus tonsillaire constitué par les rameaux du glosso-pharyngien (IX) innerve les
piliers du voile du palais et les amygdales.
Le plexus pharyngé formé d’anastomoses entre les rameaux du glosso-pharyngien
(IX), du pneumogastrique (X) et du grand sympathique innerve les parois latérales et
postérieure du pharynx.
Fig 3 : représentation de l’innervation sensitive de la cavité buccale sur une vue de face par
NETTER.
=
12
1.2.5 Variations anatomiques4
Avec LANDA, on peut diviser les voiles du palais en trois types. Fig 4 :
-les voiles qui prolongent presque horizontalement les palais osseux (Fig A). Ils sont
très favorables à la rétention, car ils permettent une extension postérieure appréciable de la
prothèse ;
-les voiles qui tombent brusquement, à la façon d’un rideau, à partir du bord postérieur
de la lame horizontale du palatin (Fig C). Ils sont défavorables à la confection d’un joint
postérieur convenable ;
-entre ces deux extrêmes, certains voiles ont une inclinaison moyenne (Fig B). Il va
falloir alors composer pour déterminer leur ligne de flexion et la situation idéale de la limite
de la surface d’appui supérieure.
Fig 4 : représentation par LANDA des variations de la position au repos du voile du palais par
trois vues sagittales.
Prothèse
totale
adjointe
Voile
horizontal
Voile en
rideau
Voile en
position
moyenne
13
1.3 Fonctions du voile 2,7,10
Le voile du palais peut s’élever pour obturer la communication entre le rhinopharynx
et la cavité nasale par le contact entre le plafond du rhinopharynx et la partie moyenne de la
face supérieure du voile. Le bord postérieur reste constamment libre. Cela permet d’agrandir
du même coup le passage entre le pharynx et la cavité buccale. A l’inverse, il peut s’abaisser
et interrompre, conjointement avec l’élévation du dos de la langue, la communication entre le
pharynx et la cavité buccale. Ces mouvements permettent de réaliser les fonctions : la
phonation, la déglutition, la nausée et l’audition.
1.3.1 La phonation
Les mouvements véliques lors de la phonation sont complexes et multiples. Ils
s’inscrivent dans un ensemble de mouvements laryngés, linguaux, buccaux, etc.… Les
quelques mouvements cités permettent d’appréhender le mécanisme. Ils montrent les
positionnements respectifs du voile et de la langue pendant l’émission de certaines phonèmes.
Les sons peuvent être produits selon trois modalités : l’écoulement, l’explosion, la vibration
La formation des voyelles est avant tout d’origine laryngée. Les cavités bucco-nasales
ne servant qu’à moduler les harmoniques. Le rôle principal est dévolu aux rapports languepalais qui vont modifier le volume de la caisse de résonance. Le rôle du voile est plus simple,
ouvrant ou fermant le résonateur nasal.
Pour la formation des consonnes, le voile a une participation plus effective avec
notamment des effets vibratoires. On retrouve, de façon très schématique, trois types de
configuration vélique :
-ouverture du naso-cavum par relâchement du voile pour les consonnes nasales « n » et
« m ».
-fermeture totale du cavum pour les constrictives palatales antérieures « ill » et « el ».
-semi-ouverture avec effet vibratoire pour les constrictives palatales postérieures
« re »et « er ». Le voile et la luette ont alors un mouvement ondulatoire de basse fréquence.
Dans tous les cas, on retrouve la notion constante de fixité antérieure et de mobilité
postérieure du voile. Que ce soit pour la formation des voyelles ou celles des consonnes, la
non-occlusion vélique nasalise la parole.
14
1.3.2 La déglutition
L’acte de déglutition est classiquement divisé en trois temps : le temps buccal, le
temps pharyngien, le temps œsophagien.
Au cours du temps buccal, la langue propulse le bol alimentaire formé par la
mastication vers l’oropharynx grâce à un mouvement de péristaltisme. Pendant ce temps le
voile du palais se relève pour empêcher le reflux du bol alimentaire vers la cavité nasale.
Le temps pharyngien commence dès que les aliments arrivent dans l’oropharynx. La
déglutition devient dès lors un acte automatique sous la dépendance des zones réflexogènes de
l’oropharynx. On assiste à un mouvement d’ascension pharyngo-laryngé et à la bascule de
l’épiglotte vers l’arrière. Les constricteurs du pharynx engendrent une onde péristaltisme qui
est responsable de la progression du bol alimentaire vers la cavité gastrique. Le voile du palais
reste relevé pendant ce temps.
Le temps œsophagien commence au moment où l’onde péristaltique atteignant
l’orifice œsophagien supérieur provoque son ouverture puis sa fermeture. Le pharynx, le
larynx (l’épiglotte en particulier) et le voile du palais reprennent leur position normale ; l’air
pénètre à nouveau dans les voies aériennes. Le bol alimentaire progresse dans l’œsophage
jusqu’à l’estomac.
1.3.3 La nausée
C’est l’expression d’un réflexe qui découle de l’excitation d’un centre nerveux. Ce
réflexe peut être d’origine périphérique ou muqueux consécutif à la stimulation du voile du
palais et du dos de la langue. Les nausées provoquées par le port d’une prothèse complète
maxillaire au niveau du voile sont dues :
-à une localisation trop postérieure du joint vélo-palatin entraînant lors de la phonation
des pertes et des reprises de contacts entre le voile et l’intrados de la prothèse ;
-à une compression insuffisante du joint vélo-palatin : en effet, il faut que la partie
aponévrotique du voile ne vibre pas sur place sinon ces vibrations peuvent être source de
réflexe nauséeux.
1.3.4 L’audition
L’ouverture de la trompe auditive est obtenue par la contraction conjointe des muscles
tenseurs et élévateurs du voile du palais.
15
2 Matériel utilisé et méthodes de dissections
2.1 Matériel utilisé
-manche de bistouri n° 4 et lame n° 23
-manche de bistouri n° 3 et lame n° 15
-ciseaux à disséquer droits, à bout pointu
-ciseaux à disséquer courbes, à bouts ronds
-pince à disséquer très fine, sans griffes
-pince à disséquer standard, sans griffes
-scie GIGLI pour la section de la mandibule
-scie à ruban pour réaliser la coupe sagittale
-scie circulaire pour l’ouverture de la boite crânienne
-curette à os
-rugine
-écarteur
-fraise boule sur moteur
sujets : 2 sujets féminins formolés de 92 ans pour la première dissection et de 96 ans
pour la dernière.
2 sujets masculins frais injectés puis formolés de 73 ans pour la deuxième
dissection et d’age inconnu pour la troisième.
2.2 Méthodes de dissections
Le voile a été abordé de trois façons différentes.
La première dissection a été effectuée de face. Une incision a été réalisée d’un tragus à
l’autre en passant par le menton. Cela a permis une plus grande ouverture de la cavité buccale
et ainsi un meilleur accès au voile pour la vue antéro-inférieure.
La deuxième dissection a été effectuée sur un sujet frais. Nous avons injecté les artères
de la base du crâne par l’artère carotide. La tête a été mise au congélateur puis découpée selon
l’axe sagittal, donnant ainsi deux hémi têtes.
La troisième dissection est réalisée selon un abord postérieur sur un sujet injecté. Nous
incisons depuis la protubérance occipitale externe vers le bas et réclinons les deux bords
latéralement. Les vertèbres sont enlevées et la moelle est sectionnée au raz du foramen
magnum. Nous incisons aussi jusqu’à la région génienne pour obtenir une vue latérale qui est
disséquée plan par plan.
La quatrième dissection est réalisée comme la troisième de façon à avoir une vue
d’ensemble du voile du palais. Elle n’avait pas été obtenue précédemment.
16
2.3 Imagerie ORL
En collaboration avec le Dr E. PEUVREL, nous avons effectué des enregistrements
radio-cinématographiques sur des patients ayant des troubles de la déglutition. Ces
enregistrements ont été effectués dans le service de radiologie du Centre Hospitalier
Universitaire de Nantes avec un SIREGRAPH-D2 de marque SIEMENS. C’est une table de
radiodiagnostic universelle commandée par un microprocesseur. Les images sont retransmises
par télévision de 625 ou 1249 lignes avec 50 Hz, ou 525 ou 1050 lignes avec 60 Hz. Au cours
de l’examen, les patients ingèrent de l’eau rendue radio-opaque grâce à de l’HEXABRIX et
plus ou moins épaisse avec du NUTILIS. Nous avons obtenu les résultats suivants.
Patient n°1 ; né en 1948. Au cours d’un bilan ORL, cette personne a présenté une
dysphagie et une baisse de l’audition. Ces symptômes, liés à un tableau dépressif, s’aggravent.
Patent n°2 : né en 1946. Cette personne souffre d’une sclérose en plaque et d’une
tétraplégie incomplète. Elle fait des fausses routes avec les liquides et les solides. Elle a une
prothèse adjointe totale au maxillaire et à la mandibule.
3 Résultats
3.1 Dissection de face
Photo 1 : vue de face de la cavité buccale.
Cette vue permet de voir plus aisément ce que l’on aperçoit quand quelqu’un ouvre la
bouche. L’articulation temporo-mandibulaire est en hyper extension de façon à bien dégager
les piliers du voile du palais et la luette. Les tubérosités palatines sont bien visibles
contrairement aux fossettes. Cela est dû aux méthodes de conservation.
De forme quadrilatère, la longueur du voile du palais est en moyenne de 4 cm, sa
largeur de 5cm et son épaisseur de 1 cm. Sa face antéro-inférieure (buccale) est concave. Son
bord postérieur présente au milieu un prolongement cylindro-conique de 10 à 15 mm : la
luette. De chaque coté de la luette, le bord postérieur présente deux replis curvilignes : les
piliers antérieur et postérieur du voile du palais. Les piliers antérieurs vont se terminer sur les
bords de la langue et les piliers postérieurs sur la paroi pharyngée. Entre les piliers antérieur et
postérieur se trouve de chaque coté une dépression : la fosse amygdalienne dans laquelle se
trouve l’amygdale palatine. Les piliers antérieurs du voile limitent avec la base de la langue
un orifice : l’isthme du gosier qui constitue la limite entre le pharynx et la bouche.
17
Photo 1 : vue de face de la cavité buccale.
Tubérosité palatine
Emplacement
supposé des
fossettes palatines
Pilier postérieur du
voile du palais
Luette
Pilier antérieur du
voile du palais
18
3.2 Dissection sagittale
Photo 2 : : coupe sagittale de la base du crâne.
Cette dissection est réalisée sur une tête injectée coupée sagittalement.
Photo 3 : vue médiane gauche du muscle palato-glosse.
Nous réséquons l’arrière et la partie supérieure de la langue afin d’accéder aux deux
piliers et l’amygdale palatine située entre eux deux. La muqueuse est réséquée au niveau du
pilier antérieur de façon à disséquer le muscle palato-glosse.
Il s’insère à la face antéro-inférieure de l’aponévrose du voile avec les fibres de son
homologue opposé et celles du muscle uvulaire. Son corps musculaire est d’abord aplati et
formé de fibres concaves en bas et en dedans puis devient cylindrique pour former le pilier
antérieur. Il se termine au niveau de la langue en deux faisceaux. D’après la littérature 3, l’un
suit le bord latéral de la langue et se mêle aux fibres du muscle stylo-glosse, l’autre se dirige
transversalement vers le septum lingual.
Photo 4 : vue antéro-médiane gauche du muscle palato-pharyngien.
Le muscle palato-glosse est récliné afin d’aborder le muscle palato-pharyngien et de
le disséquer par rapport au muscle constricteur supérieur du pharynx.
Le muscle palato-pharyngien s’insère en haut par trois faisceaux :
-un faisceau principal naît par des fibres en éventail sur la face antérieur de
l’aponévrose du voile ;
-un faisceau tubaire naît de la portion cartilagineuse de la trompe auditive. Certains
auteurs différencient ce faisceau en un muscle : le salpingo-pharyngien. Il est visible sur la
photo 10 ;
-un faisceau ptérygoïdien naît du crochet du processus ptérygoïde de l’os sphénoïde.
Les trois faisceaux convergent en dehors et se réunissent en une lame musculaire
unique qui va former l’armature du pilier postérieur, et pénétrer dans l’épaisseur de la paroi
latérale du pharynx. Le corps musculaire se termine en se divisant d’après la littérature en
deux faisceaux :
-un faisceau pharyngien qui s’étale sur les faces latérale et postérieure du pharynx ;
-un faisceau thyroïdien qui va se terminer au bord supérieur du cartilage thyroïde.
19
Photo 5 : vue médiane gauche des muscles élévateur et tenseur du voile du palais.
Pour disséquer le muscle élévateur du voile du palais, nous devons, après avoir
réséqué la muqueuse et les muscles du pharynx, utiliser une fraise montée sur moteur pour
dégager l’os sphénoïde et remonter jusqu’à l’insertion osseuse de ce muscle. Au passage, nous
isolons un cours segment de l’artère carotide interne lors de son passage près du sinus
sphénoïdal.
Le muscle élévateur du voile du palais se fixe en haut sur la face inférieur du rocher
en dedans de l’orifice d’entrée du canal carotidien et sur le bord postéro-interne de la partie
cartilagineuse de la trompe. Son corps musculaire est oblique en bas et en dedans. Ses fibres
s’épanouissent en éventail à la face postérieure de l’aponévrose du voile.
L’artère palatine descendante vient de l’artère maxillaire interne et irrigue les
muscles tenseur et élévateur du voile du palais. Elle émerge du canal grand palatin à la partie
postéro-externe de la voûte palatine osseuse et se divise en deux branches :
-une branche antérieure qui suit d’arrière en avant le bord externe de la voûte osseuse
et va s’anastomoser au niveau du foramen incisif avec l’artère palatine antérieure, branche de
la sphéno-palatine (branche terminale de l’artère maxillaire interne) ;
-une branche postérieure qui, dès la sortie du canal palatin postérieur, se dirige en
arrière dans l’épaisseur du voile qu’elle irrigue puis va s’anastomoser avec l’artère palatine
ascendante. Celle-ci a gagné le voile après avoir traversé le muscle constricteur du pharynx.
Photo 6 : vue médiane gauche du muscle tenseur du voile du palais et du crochet du
processus ptérygoïdien.
En réséquant l’élévateur du voile du palais au niveau de sa terminaison palatine en
éventail, nous pouvons mettre en évidence le passage du tendon du muscle tenseur du voile du
palais sous le crochet du processus ptérygoïde. Ce muscle est accolé médialement au muscle
ptérygoïdien médial que nous voyons en fond.
Le muscle tenseur du voile s’insère en haut sur l’épine du sphénoïde, sur la racine de
la grande aile, en dedans du trou ovale, sur la face externe de l’aile interne du processus
ptérygoïde et sur la face externe de l’extrémité antérieure de la trompe auditive. Son corps
musculaire descend d’abord verticalement dans l’angle dièdre des deux ailes du processus
ptérygoïde et se jette rapidement sur un tendon. Ce tendon se réfléchit à angle droit sur le
crochet du processus ptérygoïde et se dirige obliquement en bas et en dedans en s’étalant en
éventail.
Cette terminaison n’est pas bien définie et varie d’un auteur à l’autre. En effet, on ne
sait pas si ce tendon forme l’aponévrose palatine ou bien s’il se termine au-dessus ou encore
en dessous 5.
20
Photo 2 : coupe sagittale de la base du crâne.
Ostium du
conduit
auditif
interne
Paroi
postérieure
du pharynx
Epiglotte
Cornet
nasal
inférieur
Palais
osseux
Voile du
palais
21
Photo 3 : vue médiane gauche du muscle palato-glosse.
Amygdale
palatine
Muscle
palatoglosse
Pilier
postérieur
22
Photo 4 : vue antéro-médiane gauche du muscle palato-pharyngien.
Muscle
constricteur
supérieur
du pharynx
Muscle
palatopharyngien
Tendon du
muscle
tenseur du
voile du
palais
Rameau du
crochet
ptérygoïdien
23
Photo 5 : vue médiane gauche des muscles élévateur et tenseur du voile du palais.
Muscle
élévateur du
voile du
palais
Artère
carotide
interne
Artère
palatine
ascendante
Processus
ptérygoïde
Muscle tenseur
du voile du
palais
Rameau
antérieur de
l’artère
palatine
descendante
24
Photo 6 : vue médiane gauche du muscle tenseur du voile du palais et du crochet du processus
ptérygoïdien.
Muscle
tenseur
du voile
du palais
Muscle
élévateur
du voile
du palais
Processus
ptérygoïdien
Muscle
ptérygoïdien
médian
Crochet du
processus
ptérygoïdien
25
3.3 Dissection postéro-latérale
Photo 7 : vue latérale gauche du processus ptérygoïde. Artère carotide externe et nerf
lingual.
Latéralement, à gauche, la mandibule est sectionnée à la jonction entre le corps et la
branche montante de la mandibule à l’aide d’une scie GIGLI puis libérée de ses insertions
musculo-capsulo-ligamentaires afin d’être réséquée. Les muscles ptérygoïdiens latéraux et
médiaux sont réséqués. Nous obtenons alors un plan avec l’artère carotide externe et ses
différentes branches, ainsi que le nerf lingual.
A sa base, l’artère carotide externe donne naissance à l’artère faciale qui, elle-même,
donne naissance à l’artère palatine ascendante. Celle-ci se plaque immédiatement contre la
paroi pharyngée, passe entre les muscles stylo-glosse et stylo-pharyngien et donne des
rameaux au pharynx, à la base de la langue et à l’amygdale. Puis elle gagne le voile en
traversant le constricteur supérieur du pharynx.
Photo 8 : vue latérale droite du processus ptérygoïde. Muscles tenseur et élévateur du
voile du palais.
Pour le coté droit, nous utilisons la même méthode d’approche, mais en conservant le
muscle tenseur du voile du palais. L’artère et le nerf sont réséqués au niveau de leur entrée
dans la boite crânienne puis réclinés. Nous avons alors les muscles tenseur et élévateur du
voile du palais directement derrière le processus ptérygoïde. Ils descendent verticalement de
leur insertion osseuse jusqu’au muscle constricteur supérieur du pharynx. De là, ils obliquent
médialement vers le voile.
Photo 9 : vue postérieure du voile du palais.
Si nous incisons la paroi musculaire constituée par les muscles constricteurs du
pharynx, nous obtenons une vue postérieure du voile du palais. A l’aide d’une scie circulaire,
nous enlevons la boite crânienne afin d’avoir une meilleure visibilité sur les fosses nasales.
La face postéro-supérieure du voile est en continuité avec le plancher des fosses
nasales.
26
Photo 10 : vue postérieure des muscles du voile du palais.
La muqueuse est réséquée pour mettre en évidence les muscles du voile. Nous
apercevons l’amygdale palatine coincée entre les piliers antérieur et postérieur.
On peut voir le faisceaux tubaire du muscle palato-pharyngien ou muscle salpingopharyngien.
Le muscle uvulaire se fixe en haut et en avant sur la face postérieure de l’aponévrose
du voile et sur le bord postérieur du palais osseux. Son corps cylindrique, situé au contact de
son homologue du coté opposé, descend obliquement en arrière et en bas. Il se termine dans le
tissu sous-muqueux de la pointe de la luette.
Photo 11 : vue postérieure des muscles palato-pharyngien et constricteur supérieur du
pharynx.
Au niveau des piliers gauches, l’amygdale palatine est réséquée. On peut ainsi mettre
en évidence le muscle palato-pharyngien et le muscle constricteur supérieur du pharynx.
Celui-ci ne fait pas partie du voile mais il y est étroitement lié.
27
Photo 7 : vue latérale gauche du processus ptérygoïde. Artère carotide externe et nerf lingual.
Artère
maxillaire
interne
Processus
styloïde
Nerf
lingual
Artère
carotide
externe
Artère
faciale
Artère palatine
ascendante
28
Photo 8 : vue latérale droite du processus ptérygoïde. Muscles tenseur et élévateur du voile du
palais.
Muscle
élévateur
du voile du
palais
Foramen
ovale
Processus
ptérygoïde
Processus
styloïde
Muscle
constricteur
supérieur
du pharynx
Muscle
tenseur du
voile du
palais
29
Photo 9 : vue postérieure du voile du palais.
Ostium du
conduit
auditif
interne
Cornet
nasal
inférieur
Luette
Paroi
musculaire
du pharynx
Epiglotte
30
Photo 10 : vue postérieure des muscles du voile du palais.
Muscle
élévateur
du voile
du palais
Muscle
uvulaire
Muscle
salpingopharyngien
Muscle
palatopharyngien
Amygdale
palatine
31
Photo 11 : vue postérieure des muscles palato-pharyngien et constricteur supérieur du
pharynx.
Muscle
constricteur
supérieur du
pharynx
Muscle palatopharyngien
Muscle
élévateur du
voile du
palais
Muscle
palato-glosse
32
3.4 Radiographie de profil
Photo 12 : patient n°1, radiographie de profil gauche, le voile du palais étant au repos.
Ce voile du palais est au repos. Il est particulièrement long et en position verticale, à la
façon d’un rideau. On peut ainsi le classer dans la deuxième catégorie de LANDA 4 (Fig 4,C).
Cette photo et la suivante ont été diaphragmées de façon à mettre en valeur les
structures buccales.
Photo 13 : patient n°1, radiographie de profil gauche pendant la prononciation du son
« AH ».
Le voile est en position plié. Nous pouvons ainsi voir la ligne de flexion postérieure.
Photo 14 : patient n°2, radiographie de profil gauche, le voile étant au repos.
Cette patiente a des prothèses maxillaire et mandibulaire qui sont radio transparentes.
Nous avons demandé à ce patient d’effectuer des déglutitions avec et sans ses prothèses. Les
mouvements du voile n’ont pas subi de changement.
Photo 12 : patient n°1, radiographie de profil gauche, le voile du palais étant au repos.
Palais
osseux
Mandibule
Voile du
palais
Rachis
33
Photo 13 : patient n°1, radiographie de profil gauche pendant la prononciation du son « AH ».
Palais
osseux
Ligne de
flexion
postérieure
Voile du
palais
34
Photo 14 : patient n°2 , radiographie de profil gauche, le voile étant au repos.
Voile du
palais
Mandibule
Rachis
35
4 Applications cliniques vis à vis du joint vélo-palatin
4.1 Joint vélo-palatin10
Le joint vélo-palatin a un rôle dans la rétention, la stabilisation, la sustentation des
prothèses complètes maxillaires, ainsi que des intérêts accessoires.
Avec la rétention, ensembles de forces de réactions qui s’opposent à l’éloignement de
la prothèse vis à vis des tissus d’appuis, on retrouve la notion de joint en prothèse totale : une
fonction étanche entre le bord prothétique périphérique et la muqueuse mobile est nécessaire
pour établir et maintenir la dépression atmosphérique sous-prothétique indispensable à la
rétention. En ce qui concerne plus précisément le joint vélo-palatin :
-il doit être étanche dans les conditions statiques ;
-le rester sans gêne en fonction (phonation, déglutition), c’est à dire que lors des
mouvements du voile, le contact intime de celui-ci avec le bord postérieur de la prothèse doit
être conservé ;
-il doit avoir une pérennité suffisante ; ceci dépend de sa situation (pas sur le palais
dur) et de sa bonne appréciation de la viscoélasticité de la muqueuse.
Pour la stabilisation, ensemble des forces de réactions qui s’opposent aux mouvements
de translations horizontales et aux mouvements de rotations de la prothèse, le joint vélopalatin permet de s’opposer aux forces de bascule en complétant le joint périphérique.
L’extension distale maximale du joint vélo-palatin permet d’augmenter l’aire de
sustentation de la prothèse. C’est l’ensemble des forces de réactions qui s’opposent à
l’enfoncement de la prothèse dans les tissus qui la soutiennent.
De plus, le joint vélo-palatin :
-évite l’infiltration d’aliments sous la prothèse ;
-compense le phénomène de rétraction de la résine lors de la polymérisation de la
prothèse ;
-constitue une poutre de consolidation transversale de la plaque palatine ;
-élimine le réflexe nauséeux ;
-permet entre la prothèse et le voile une transition qui n’est pas gênante pour la langue.
36
4.2 Localisation du joint par rapport aux structures anatomiques
D’après les travaux de SILVERMAN et NIKOUKARI 11, 12, le joint vélo-palatin doit
se situer entre les deux lignes de flexions du voile. La ligne antérieure est située à la jonction
entre le palais osseux et le palais mou. Elle est délimitée à l’aide d’un brunissoir que l’on va
passer sur le palais d’avant en arrière. De cette manière, on sentira le changement de structure.
La ligne postérieure est visible quand on demande au patient de prononcer le « Ah » grave ; le
voile va se plier alors à angle droit. Photo 12.
Nous obtenons ainsi une zone entre ces deux lignes. Les mesures réalisées par
SILVERMAN 11 indiquent que cette zone a en moyenne 35,8 mm de large entre les
tubérosités palatines avec une fourchette de 25 à 48 mm ; et 8 mm de profondeur avec une
fourchette de 5 à 12 mm. Ces mesures sont plus grandes chez les hommes que chez les
femmes
D’après les essais de SILVERMAN 11, on s’aperçoit que le bord postérieur de la
prothèse peut être allongé de 8 mm jusqu’à la ligne de flexion postérieure en augmentant ainsi
la surface de rétention et de sustentation sans toute fois altérer les fonctions du voile.
Sur la photo 15, la ligne de flexion postérieure a été dessinée sur le voile du palais du
patient afin de réaliser le joint vélo-palatin avec rigueur.
LEJOYEUX 13 confirme cela en s’appuyant sur des données anatomiques. En effet, la
partie antérieure du palais mou possède un certain degré de dépressibilité. Cependant, le bord
postérieur de la prothèse dit se terminer assez loin en arrière pour éviter les insertions
aponévrotiques des muscles du voile. La dépressibilité limitée de ces insertions ne peut
favoriser la création d’un joint. Au contraire, elle risque de provoquer une sensibilité de la
muqueuse comprimée, un chatouillement par perte et reprise de contact intermittent, des
nausées et un déplacement de la prothèse. Pour éviter ces ruptures de joint postérieur, le
contact avec les seules fibres musculaires est impérativement requis. Tous les déplacements
physiologiques des fibres musculaires au cours des principales fonctions de déglutition et
phonation seront ainsi prévus et compensés.
On peut voir sur la photo 16 une prothèse maxillaire complète qui a été enduite d’un
matériau à empreinte au niveau du joint vélo-palatin. Cela a permis d’enregistrer les structures
du voile du palais pendant le mouvement. Au final, nous voyons que, dans ce cas là, le bord
n’est pas fonctionnel.
37
Photo 15 : prothèse complète adjointe du maxillaire.
Photo 16 : empreinte du joint vélo-palatin sur prothèse vue de haut.
38
Conclusion
L’étude anatomique du voile du palais n’apporte rien de plus aux travaux réalisés
auparavant. Il subsiste néanmoins quelques zones d’ombre telle la terminaison du muscle
tenseur du voile du palais.
Les dissections de part les méthodes de conservation ne permettent pas de se rendre
compte de la mobilité du voile qui apparaît aussi rigide que le palais osseux. Les lignes de
flexion ne sont donc pas visualisables, empêchant par-là l’étude du joint vélo-palatin de la
prothèse maxillaire adjointe totale sur pièces anatomiques.
La radio-cinématographie, à condition de diaphragmer sur le voile pour gagner en
contraste, apporte des éléments intéressants pour situer le meilleur emplacement pour le joint
vélo-palatin. Il faut cependant prendre en considération le fait que le patient subit au cours de
cet examen une forte irradiation. On peut alors se demander si l’amélioration que l’on pourrait
apporter au joint vélo-palatin est suffisamment importante par rapport à ce problème.
La position du joint vélo-palatin par rapport au voile est donc dépendante de chaque
patient et doit être étudiée au cas par cas avec le plus grand soin.
39
40
Bibliographie
1-Larsen (W.J.), Embryologie humaine. Ed De Boeck Université, 1996, 479 p.
2-le Huche (F.) et Allali (A.), Anatomie et physiologie des organes de la voix et de la parole.
Ed Masson, 1991, 272 p.
3-Rouvière (H.), Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle, Tête et cou.
rev. et augm. par A. Delmas. Paris, Ed Masson, 1991, 608p.
4-Landa (J.S.), Practicall full denture prosthesis. London, Ed Henry Kimpton, 1954, 501 p.
5-Vacher (C.) et Pavy (B.), Aponévrose palatine et terminaison du muscle tenseur du voile du
palais. Rev. Stomatol. Chir. Maxillofac., 2001; 102, 3-4, 159-161.
6-Bouchet (A.) et Cuilleret (J.), Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle, tome 1.
Ed Simep, 1983, 597 p.
7-Lerault (P.) et collaborateurs, Anatomie du voile. Ed CCA, 1993, 41 p.
8-Guerrier (Y.), Charachon (R.), Dejean (Y.), Morgon (A.) et Freyss (G), Pathologie
fonctionnelle du voile du palais et sa réhabilitation. Ed Librairie Arnette, 1978, 239 p.
9-Netter (F.H.), Atlas d’anatomie humaine. Ed Novartis, 1997, 525 p.
10-Begin (M.) et Rohr (M.), Le joint vélo-palatin en prothèse complète maxillaire. Cah.
Prothèse, 1983, 43 : 55-78.
11-Silverman (S.I.), Dimensions and displacement patterns of the posterior palatal seal. J.
Prosth. Dent., 1971, 25, 470-488.
12-Nikoukari (H.), A study of posterior palatal seals with varying palatal forms. J. Prosth.
Dent., 1975, 34, 605-613.
13-Lejoyeux (J.), Prothèse complète. Examen clinique, matériaux et techniques d’empreintes.
Tome I. Paris, Ed Maloine, 1979, 577 p.
41
Annexes
Liste des figures
Fig 1 : vue inférieure et coupe frontale de la formation du palais chez l’homme
pendant la septième, huitième et neuvième semaine intra-utérine.
Fig 2 : coupe sagittale du voile du palais par LEJOYEUX.
Fig 3 : représentation de l’innervation sensitive de la cavité buccale sur une vue de
face par NETTER.
Fig 4 : représentation par LANDA des variations de la position au repos du voile du
palais par trois vues sagittales.
Liste des photos
Dissections :
Photo 1 : vue de face de la cavité buccale.
Photo 2 : coupe sagittale de la base du crâne.
Photo 3 : vue médiane gauche du muscle palato-glosse.
Photo 4 : vue antéro-médiane gauche du muscle palato-pharyngien.
Photo 5 : vue médiane gauche des muscles élévateur et tenseur du voile du palais.
Photo 6 : vue médiane gauche du muscle tenseur du voile du palais et du crochet du
processus ptérygoïdien.
Photo 7 : vue latérale gauche du processus ptérygoïde. Artère carotide externe et nerf
lingual.
Photo 8 : vue latérale droite du processus ptérygoïde. Muscles tenseur et élévateur du
voile du palais.
Photo 9 : vue postérieure du voile du palais.
Photo 10 : vue postérieure des muscles du voile du palais.
Photo 11 : vue postérieure des muscles palato-pharyngien et constricteur supérieur du
pharynx.
Radiographies de cas cliniques :
Photo 12 : patient n°1, radiographie de profil gauche, le voile du palais étant au repos.
Photo 13 : patient n°1, radiographie de profil gauche pendant la prononciation du son
« AH ».
Photo 14 : patient n°2, radiographie de profil gauche, le voile étant au repos.
Photo du centre de soins dentaires :
Photo 15 : prothèse complète adjointe du maxillaire.
Photo 16 : empreinte du joint vélo-palatin sur prothèse vue de haut.
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