évolution des organismes à
reproduction sexuée se fonde sur
deux éléments préexistants, l’héri -
tabilité des traits et la variabilité entre
les individus se reproduisant entre eux.
Cette variabilité est mise en place par des
mécanismes aux résultats en très grande
partie aléatoires. Les changements de la
variabilité interindividuelle préexistante, qui
ont lieu au cours du temps (proportions
dans lesquelles sont présentes dans les
populations les différentes versions des gènes
et séquences : les allèles), que ce soit par
hasard (dérive) ou par sélection, conduisent
à des divergences entre les groupes. Ces
différences s’accumulent jusqu’à empêcher la
reproduction entre les individus de deux
groupes évoluant indépendamment, et
continuent à s’accumuler au cours du temps,
pour produire les larges divergences mor -
pho logiques observées actuellement entre
les groupes plus éloignés. Le texte qui suit se
concentre sur la description des mécanismes
de l’évolution chez la plupart des méta zo -
aires (animaux aux cellules dotées de noyaux,
pour la plupart pluricellulaires).
L'HÉRITABILITÉ DES TRAITS
Le concept d’une transmission physique des
caractéristiques des parents lors de la
reproduction est très ancien. Malgré l’ab -
sence de connaissances sur le médium de
cette transmission, ainsi que sur la part
respective des deux parents, la sélection
artificielle a été employée avec succès depuis
plusieurs millénaires par les éleveurs et les
agriculteurs. Les progrès de la compré -
hension des mécanismes de l’hérédité sont
plus récents : seconde moitié du XIXesiècle
(lois de Mendel sur l’hérédité, séparation
des lignées cellulaires somatiques* et ger -
minales*), et surtout recherches au cours
du XXesiècle (l’ADN en tant que support de
l’hérédité, sa structure, les caractéristiques
de sa réplication).
LA VARIABILITÉ ENTRE LES INDIVIDUS
Le concept de transformation au cours du
temps des êtres vivants remonte à bien avant
le XIXesiècle. Cependant, dans les propositions
(qu’elles soient fixistes ou transformistes) qui
précèdent la publication de Darwin, les
variations entre les individus restent
considérées comme des déviations d’un idéal.
Il y a deux nouveautés radicales dans la pro -
position de Darwin par rapport aux
hypothèses précédentes : la place centrale
accordée à la variabilité entre les individus,
qui n’est plus considérée comme un détail
sans importance mais comme le matériau
permettant la transformation des espèces, et
l’idée que la source de la variation est liée au
hasard. La théorie ne se fondait à l’époque
que sur des connaissances fausses ou très
incomplètes des mécanismes sous-jacents.
Nous commençons maintenant à avoir une
bonne idée des mécanismes situés au niveau
moléculaire (génotype*) qui sous-tendent
l’apparition de la variabilité.
La réplication de l’ADN est un processus
semi-conservatif qui permet une copie avec
une très bonne fidélité des brins d’ADN
parentaux. Malgré des processus cellulaires
de correction très performants, la taille même
des génomes fait qu’un très faible taux
d’erreur représentera un nombre conséquent
de différences (les mutations). L’ADN peut
également être endommagé ou remanié de
manière plus ou moins importante à la suite
de processus endogènes (qui ont une cause
interne) ou exogènes (qui ont une cause
externe). D’autres phénomènes peuvent
entraîner, en un seul événement, la modi -
fication d’un grand nombre de paires de
bases, voire de chromosomes entiers : les
insertions et recombinaisons dues à des
éléments transposables* (transposons, rétro -
posons) et à des rétrovirus (qui peuvent être
responsables de certains cancers), les crossing-
over (recombinaisons entre les chromosomes
lors de la méiose), les recombinaisons de
séquences répétées, qui, tous, créent des
allèles ou des combinaisons inédites d’allèles.
Si on considère l’ensemble des modifications
possibles, il y a de nom breuses différences
entre les génomes des parents et ceux des
descendants.
3
DOSSIER
Les mécanismes de l’évolution
Sélection et dérive (© A. Dettaï/MNHN)
L’