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ziennes ou bien des bactéries fi xatrices d’azote atmos-
phérique par exemple.
La racine excrète dans la rhizosphère des exsudats et
mucilages qui sont sources d’aliments pour la micro-
fl ore du sol. De plus, lors de sa croissance dans le sol,
en longueur comme en épaisseur, la racine perd les
cellules épidermiques les plus externes qui se des-
quament sous l’eff et des forces de frottement avec le
sol. Les cellules ainsi lysées vont constituer des niches
écologiques de choix pour les bactéries. À son tour, la
microfl ore du sol va émettre des composés utiles pour
la plante, comme des sucres simples ou des acides ami-
nés. Certains champignons émettent des phosphatases
qui vont solubiliser les phosphates précipités du sol,
les rendant ainsi disponibles pour la plante. La rhizos-
phère constitue donc une zone très riche en éléments
nutritifs, dans laquelle tous les protagonistes de l’in-
terface sol-racines vont trouver leur compte. Toutefois,
ce bel édifi ce peut se disloquer si des contraintes
apparaissent, par exemple une sécheresse prolongée
ou bien une carence en un élément indispensable. La
compétition entre racines et êtres vivants du sol peut
alors s’avérer grave et aboutir à un ralentissement,
voire un arrêt de la croissance racinaire. De plus, de
nombreuses maladies des plantes sont dues à des bac-
téries ou champignons vivant dans le sol. Cependant,
il existe des relations non confl ictuelles entre les
racines et la microfl ore-microfaune du sol : ce sont les
symbioses, au premier rang desquelles se trouvent les
mycorhizes. Dans cette association à bénéfi ces réci-
proques, le champignon reçoit de la plante les sucres
qu’il ne peut synthétiser puisqu’il n’est pas capable de
photosynthèse, tandis que la plante reçoit les éléments
minéraux, notamment le phosphore, que le champi-
gnon est capable d’aller puiser très loin de la racine
grâce à ses hyphes. Le volume de sol exploré, réduit à
l’étroite zone rhizosphérique en temps normal, trouve
une extension importante grâce aux mycorhizes.
Les facteurs de la croissance et
de la ramifi cation racinaires
La croissance racinaire est guidée par le gravitropisme
qui lui permet de s’allonger verticalement dans le sol,
stimulée par la gravité. Des expériences de germina-
tion en vaisseau spatial ont montré que la jeune racine
issue de la graine prend des directions aléatoires en
l’absence de pesanteur. La ramifi cation racinaire est
déterminée par la richesse en éléments minéraux du
sol. Ainsi, lorsque la racine atteint un horizon du sol
riche en un ou plusieurs éléments, elle se ramifi e. En
fait, les ébauches des racines latérales, préformées à
l’intérieur de la racine, vont s’allonger dès que la racine
perçoit un enrichissement du sol. Ce mécanisme per-
met à la plante de tirer le meilleur parti de l’explora-
tion des ressources minérales du sol. On ignore encore
la nature moléculaire des systèmes de perception de la
richesse minérale du sol par la racine («sensors») qui
sont probablement des protéines membranaires sem-
blables aux transporteurs. La ramifi cation racinaire, et
plus généralement la croissance des racines, est sous
la dépendance d’une hormone végétale, l’auxine, qui
stimule la croissance. Au contraire, l’éthylène, régula-
teur de croissance synthétisé par la plante sous l’eff et
d’un stress, agit en inhibant la croissance des racines,
mais aussi celle des parties aériennes. Les facteurs
environnementaux, comme la température, le degré
d’humidité, la teneur en oxygène, le pH, les obstacles
physiques, jouent un rôle important dans la croissance
des racines. Ainsi, lorsque la racine atteint une zone
du sol où ces facteurs sont défavorables, sa croissance
va ralentir ou même s’arrêter. Il arrive qu’une racine
meure si elle rencontre une zone très défavorable, par
exemple asphyxiante par manque d’oxygène, ou bien
empoisonnée par la présence d’un élément toxique en
forte teneur (métal lourd, hydrocarbure). La plante a
alors la capacité de compenser cette perte racinaire
par la ramifi cation d’autres racines qui croissent dans
un environnement favorable. De manière étonnante,
il existe des espèces capables de résister à des sols
toxiques, en faisant croître et se ramifi er leurs racines
même dans des zones où aucune autre plante ne peut
survivre. Dans le cas des sols pollués par des métaux
lourds, ces espèces sont particulièrement intéressantes
à des fi ns de dépollution.
Dans le sol, les racines des plantes pérennes, surtout
des arbres, peuvent atteindre des dimensions impor-
tantes (jusqu’à 40 m pour les acacias des vallées sèches
du Sahara). Au cours de leur croissance, elles déve-
loppent une puissance considérable qui peut leur faire
soulever le bitume des routes ou bien agrandir des fi s-
sures dans des murs ou des dalles de béton. Dans le cas
des terrasses ou des jardins sur dalle dans les villes, les
racines deviennent alors très gênantes pour
Image électronique de la rhizosphère
© Pacifi c Northwest National Laboratory, USA