L'antibiorésistance est un problème
majeur de santé publique
et vétérinaire.
Accusées de contribuer largement
à la sélection de bactéries
résistantes, les productions hors-sol
sont fréquemment montrées
du doigt dans les médias.
Les données fournies
par les systèmes de surveillance
de la résistance permettent
d'éclairer le débat.
L
’utilisation passée et actuelle des anti-
biotiques en production porcine est
sans doute majoritairement responsable
de la résistance des bactéries présentes
chez le porc, qu’il s’agisse de bactéries
pathogènes, commensales ou zoonotiques.
Cet article vise à rappeler brièvement les
systèmes de surveillance de la résistance,
puis à présenter, en fonction des familles
d’antibiotiques, les mécanismes de résistan-
ce développés par les principales bactéries
isolées chez le porc.
●Nous indiquons, dans la mesure du possi-
ble, les taux de résistance ou la prévalence
des résistances rencontrées dans la filière
porcine française, et tentons de les compa-
rer à ceux d’autres pays producteurs de
porcs.
●Cette première partie de l'article expose
les méthodes de surveillance et les résultats
obtenus ainsi que les mécanismes
de résistance pour les pénicillines, cépha-
losporines et aminosides en filière porcine.
LE SYSTÈME DE SURVEILLANCE
EN FRANCE
Objectifs et méthodes
●En France, plusieurs systèmes de sur-
veillance et des enquêtes récentes permet-
tent d’évaluer les niveaux de résistance de
différentes espèces bactériennes.
Bactéries pathogènes du porc
●Le Resapath assure la surveillance de l'an-
tibiorésistance des bactéries isolées au
cours d'infections animales, grâce aux anti-
biogrammes réalisés en routine par les labo-
ratoires d'analyses vétérinaires adhérant au
réseau. Les données d'antibiorésistance
relatives aux porcs sont ainsi disponibles
depuis 2003*. Elles concernent les principa-
les bactéries pathogènes à croissance rapide
(24 h) :
Escherichia (E.). coli, Actinobacillus
pleuropneumoniae, Pasteurella multocida,
et
Streptococcus suis.
Pour d’autres bactéries pathogènes, surtout
si leur culture est difficile (comme
Mycoplasma hyopneumoniae, Brachyspira ou
Lawsonia
), les données se limitent souvent
aux résultats d’enquêtes particulières [5].
Campylobacter
et bactéries indicatrices
●Des plans de surveillance de la résistance
des bactéries sentinelles ou indicatrices
(
E. coli, Enterococcus faecium
) et des bac-
téries zoonotiques (
Campylobacter
) sont
conduits chaque année depuis 2000, afin de
suivre la résistance des bactéries présentes
dans le microbiote digestif des animaux
sains arrivant à l’abattoir, donc susceptibles
de contaminer la chaîne alimentaire.
●Les bactéries indicatrices sont présentes
dans le microbiote digestif et sont soumises
aux antibiotiques administrés par voie orale
ou éliminés par voie digestive. Elles reflè-
tent ainsi le niveau du réservoir de bacté-
ries résistantes ou de gènes de résistance.
●
Campylobacter coli
est l’espèce de
Campylobacter
la plus fréquente chez le
porc et plus de la moitié des lots est por-
teur de cette bactérie [4] responsable d’en-
viron 15 p. cent des campylobactérioses
chez l’homme en France [20].
La sensibilité des
E. coli, Enterococcus (E.).
faecium
et
Campylobacter
est évaluée par
détermination des concentrations minimales
inhibitrices (CMI) des antibiotiques, et l’in-
terprétation est réalisée en fonction de
seuils “microbiologiques” fournis par
l’EUCAST**.
Ces seuils sont basés uniquement sur la dis-
tribution des CMI mesurées
in vitro
pour des
collections de souches.
l’antibiorésistance
des bactéries isolées
Objectifs pédagogiques
❚Connaître les systèmes de
surveillance de la résistance
des bactéries isolées
chez le porc.
❚Comprendre les stratégies
de résistance
aux antibiotiques
développées par
les principales bactéries.
Isabelle Kempf1, 2
Eric Jouy1, 2
Sophie A. Granier3
Mireille Bruneau4
1Anses, laboratoire de Ploufragan
22440 Ploufragan
2Université Européenne de Bretagne,
France
3Anses, Laboratoire de sécurité
des aliments, Maisons-Alfort,
France
4Anses, Laboratoire de Fougères,
France
chez le porc
PORCS- VOLAILLES
Essentiel
❚En France, la surveillance
de l’antibiorésistance
chez l’animal concerne
essentiellement :
- les bactéries pathogènes
(réseau Resapath) ;
- les bactéries
zoonotiques (
Salmonella,
Campylobacter
,
S. aureus
résistant à la méticilline) ;
- et les bactéries indicatrices
de la flore digestive
(
E. coli, Enterococcus
).
41
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE
élevages et santé vol 6 / n°25
DÉCEMBRE 2013 - 189
❚ Crédit Formation Continue :
0,05 CFC par article
NOTES
* http://www.resapath.anses.fr/
**
EUCAST : European committee on antimicrobial
susceptibility Testing
(http://mic.eucast.org/Eucast2/)