directe, sans fixation à l'ADN, de la trans-
cription de gènes codant pour les cyto-
kines proinflammatoires induite par des
facteurs tels que AP-1 et NF-KB (11,12,14).
Ces facteurs de transcription, AP-1 et
NF-KB, se fixent sur des sites spécifiques
au niveau de l'ADN, qui contrôlent la
synthèse de la très grande majorité des
cytokines proinflammatoires (IL-lβ, TNFα,
IL-3, IL-4, IL-5, IL-Il, GM-CSF, chimiokines)
impliquées dans la réaction inflammatoire
bronchique (12).
Les GC peuvent interagir directement
avec ces facteurs de transcription, blo-
quant ainsi leurs eets stimulants sur la
synthèse de ces protéines inflammatoires.
De plus, les complexes GC-récepteurs
migrent dans le noyau, où ils se fixent sur
l'ADN sur des sites spécifiques (GRE, pour
Glucocorticoïd Responsive Element) au
niveau de la région régulatrice de gènes
cibles(15).
Cette fixation entraîne l'activation de la
transcription (ou transactivation) des
gènes cibles. Certains codent pour dié-
rentes molécules pouvant jouer un rôle
dans l'inhibition de l'inflammation: la lipo-
cortine 1, l'endopeptidase 24.11 ou le SLPI
(Secretory Leucocyte Protease Inhibi-
tor). On a longtemps cru que ces actions
étaient le principal mécanisme de l'eet
anti-inflammatoire des corticoïdes, mais il
apparaît aujourd’hui que ce rôle est prin-
cipalement dévolu à l’action inhibitrice
sur les cytokines.
De plus, au-déla de cette acivité anti-in-
flammatoire, il est apparu que les gluco-
corticoïdes favoriseraient, in vitro, l’action
des β 2-mimétique (27)
BÊTA 2-MIMÉTIQUES ET CORTICOÏDES:
UNE POTENTIALISATION RÉCIPROQUE…
Des données récentes, in vitro, sont en
faveur d’une potentialisation réciproque β
2-mimétiques et des glucocorticoïdes.
1/ Les agonistes bêta 2 pourraient poten-
tialiser l’eet anti-inflammatoire des cor-
ticoïdes.
Cette potentialisation a été démontrée sur
des monocytes humains en culture (8) vis-
à-vis de la production de cytokines pro-
inflammatoires. Cette production, réduite
sous corticoïdes , diminue plus fortement
en cas d’association avec un bêta-mimé-
tique.
Un début d’explication de ce phénomène
a été apporté par une étude in vitro sur
des fibroblastes de poumon humain, dé-
montrant une pré-activation (priming) du
récepteur des corticoïdes par agonistes β2
(9).
La fixation des corticoïdes sur leur récep-
teur serait ainsi facilitée et leur eet anti-
inflammatoire serait potentialisé.
2/ les glucocorticoïdes
favorisent l’action des bêta 2-mimétiques.
Parmi les gènes cibles activés par le com-
plexe glucorticoïdes/récepteur figurent
notament les gènes codant pour les ré-
cepteurs β2 (2).
En eet, la stimulation prolongée d’un ré-
cepteur β2-adrénergique peut induire une
diminution progressive des eets bron-
choprotecteurs et de la durée des eets
bronchodilatateurs des β2-stimulant: il
s’agit d’une désensibilisation homologue.
Les mécanismes impliqués, sur le plan bio-
chimique, sont un découplage fonctionnel,
précoce, et une diminution du nombre
de récepteurs, à plus long terme (17,18).
Une baisse de l’ecacité protectrice des
β2-stimulants vis-à-vis des agents bron-
choconstricteurs (métacholine, histamine,
adénosine, exercice, air froid, allergène)
est bien documentée (17,18) (la traduction
clinique reste incertaine).
L’administration simultanée de corticoïdes
diminue le risque de désensibilisation, car
ces substances induisent une régulation
positive des récepteurs 2-adrénergiques,
d’après des études in vitro et in vitro chez
l’animal et in vitro l’homme (19).
L’intérêt des corticoïdes vis-à-vis de
la réponse in vitro aux agoniste β2-
adrénergiques dépasse la seule préven-
tion du risque de désensibilisation homo-
logue lors de traitements prolongés. En
eets, les médiateurs de l’inflamation
(histamine, IL-1β …) peuvent aussi altérer la
fonction des récepteurs β2-adrénergiques,
par phosphorylation des récepteurs et di-
minution des capacités de stimulation de
l’adénylate-cyclase (20, 21).
Cette désensibilisation, qualifiée d’hé-
térologue, pourrait explique en partie
la réponse faible et retardée aux β2-
mimétiques lors des crise l’asthme sévère
(20, 21).
Les corticoïdes peuvent là encore res-
taurer la fonction des récepteurs β2-
adrénergiques, cette fois en diminuant la
synthèse des médiateurs de l’inflamma-
tion (20,21).
...EN CLINIQUE
De nombreux travaux cliniques ont mon-
tré l’intérêt de l’association entre un β2-
mimétique de longue durée d’action et un
corticoïde inhalé.
Dans ces études, l’adjonction au corti-
coïde du β2 mimétique de longue durée
d’action permettait un meilleur contrôle
de l’asthme que le doublement de la dose
quotidienne de corticoïdes inhalés (25,28).
Elle apportait de plus, une réduction du
nombre des exacerbations, suggérant
aussi un meilleur contrôle de l’inflamma-
tion bronchique (25).
Réciproquement, les corticoïdes pré-
servent l’activité des β2-mimétiques. Cet
eet des corticoïdes a été vérifié récem-
ment en clinique avec le salmétérol.
L’eet protecteur de ces β2-mimétiques
de longue durée d’action vis-à-vis d’une
provocation (à l’allergène et à l’adénosine
respectivement) est maintenu par l’admi-
nistration de corticoïdes inhalés (23,24).
Ainsi, la conjugaison d’action entre β2-
mimétique et corticoïde inhalé est mani-
feste. Leur association, telle que celle
entre salmétérol et propionate de flutica-
sone (SERETIDE Discuse); se traduit par
une amélioration tant de la symptomalo-
gie que de la fonction respiratoire (26).
Santé-MAG N°34 - Novembre 2014
DOSSIER
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