2-l`arabe marocain - Forums français Maroc

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Université Moulay Ismail –
Faculté des lettres et des
sciences humaines
Département de langue et
de littérature françaises
Mémoire de licence
LE FRANÇAIS AU CONTACT DE
L’ARABE MAROCAIN
(Analyse des interférences linguistiques au milieu scolaire)
L'année universitaire : 2005 - 2006
TABLE DES MATIERES :

LA PREMIERE PARTIE : LE CONTACT DES LANGUES AU MAROC
 Présentation
Chapitre I : La situation linguistique au Maroc
1- La tamazight
a. Le tarifit
b. Le tachelhit
c. Le tamazight
2 - L’arabe marocain
3 - L’arabe classique
4 - Le français
5 - L’espagnol
6 - L’anglais
Chapitre II : les attributs de l’arabe dialectal et du français
1- Les attributs
2 - Les domaines d’usage
3 - Les fonctions sociales
Chapitre III :Les conditions de l’acquisition de la deuxième langue
1 - Le mode institutionnel :
2 - Le mode informel :
a. La famille
b. La communauté
1. Le voisinage
2. Le groupe religieux.
3. Le groupe de travail.
Chapitre IV : Le bilinguisme
1 - Définition
2 - Le bilinguisme tel qu’il se conçoit au Maroc.
a. Les facteurs géographiques :
b. Les facteurs socio-économiques :
c. Les facteurs religieux
d. Les facteurs éducatifs
 LA DEUXIEME PARTIE : LES INTERFERENCES
Chapitre I : Les interférences :
1 - Définition
Chapitre II : Les interférences phonologiques
1 - Au niveau syllabique
2 - Au niveau de l’articulation
a. Les voyelles orales
b. Les voyelles nasales
Chapitre III :Les interférences syntaxiques
1- La phrase simple
a. Le genre
b. L’accord
c. Les morphèmes fonctionnels
2 - La phrase complexe
a. L’omission du pronom relatif :
b. Pronom relatif doublé d’un pronom anaphorique :
c. Le mauvais choix du pronom relatif :
Chapitre IV : Les interférences sémantiques
1 - L’introduction de nouvelles unités
2 - L’introduction de nouvelles structure
 Conclusion
 Corpus

Bibliographie
 REMERCIEMENT
D’abord, je remercie Mme BOUGRINE SAIDA qui m’a encadré dans ce
travail et m’a aidé pour dépasser certains obstacles jugés difficiles avant. Je
remercie également Mr FALLOUS ALI qui m’a aidé à faire le premier pas vers
une connaissance assez suffisante dans le domaine laquelle m’a servi de base à
ce travail de recherche. Je voulais remercier aussi tous les lycéens qui ont
accepté de photocopier certains de leurs textes écrits.
Les abréviations utilisées
A.M : l’Arabe marocain
PH.C : phrase correcte
C : consonne
V : voyelle
LES SONS DE L’ARABE
1- les consonnes
Occlusives orales
Bilabiales
b
Occlusives
constructives
nasales
sourdes
sonores
m
Labiodentales
f
Inters dentaux
θ
ð
s
z
Alvéodentales
t
d
Emphatiques
Ť
ð
Ј
k
x
ɤ
ħ
ʕ
q
Pharyngales
laryngales
ʔ
h
2-Les voyelles
Les voyelles
brèves
r
ž
ɲ
Vélaires
Uvulaires
l
s¯
š
Pre-palatales
Palatales
Post-palatales
n
longues
w
i
i:
u
a
u:
a:
LES SONS DU FRNCAIS
1- les consonnes
Occlusives orales
sourdes
Bilabiales
p
Occlusives
nasales
constructives
sonores
b
Médianes
latérales
sourdes
sonores
f
v
s
z
š
ž
vibrantes
Semiconsonnes
m
Labiodentales
Inters dentaux
Alvéodentales
t
d
n
l
r
Emphatiques
Pre-palatales
Palatales
ɲ
Ј Ч
ŋ
w
Post-palatales
Vélaires
k
g
Uvulaires
Pharyngales
laryngales
R
2- les voyelles
antérieures
postérieures
orales
arrondies
nasales
Non
arrondies
arrondies
orales
Non-
arrondies
arrondies
nasales
Non-
Arrondies
arrondies
Fermées
y
i
u
Semi
Ø
e
o
œ
a
a
Nonarrondies
u
fermées
Ouvertes
Semi
ouvertes
PLAN
ε
œ̃
ɛ̃
ɔ
ɑ̃
ɔ̃
LA PREMIERE PARTIE : LE CONTACT DES LANGUES AU MAROC
Chapitre I : La situation linguistique au Maroc
Chapitre II : Les attributs de l’arabe dialectal et du français
Chapitre III : Les conditions de l’acquisition de la deuxième langue
Chapitre IV : Le bilinguisme
LA DEUXIEME PARTIE : LES INTERFERENCES
Chapitre I : Les interférences
Chapitre II : Les interférences phonologiques
Chapitre III : Les interférences syntaxiques
Chapitre IV : Les interférences sémantiques
INTRODUCTION GENERALE
L’objet d’étude de ce travail est consacré au contact de langues au Maroc
notamment de l’arabe dialectal et du français.
Cette étude s’inscrit dans un cadre sociolinguistique. La sociolinguistique est
définie selon le dictionnaire de la langue française, LE PETIT LAROUSSE
comme étant une science qui étudie les relations entre le langage, la culture et la
société. C’est une discipline qui étudie la langue telle qu’elle se pratique dans la
société.
Le choix de ce sujet est dû à deux raisons :
1.
Il s’agit de mettre en lumière le contact de langues au Maroc et de
montrer comment ce contact est conçu dans différents secteurs.
2.
Il s’agit de voir comment les utilisateurs marocains du français, une des
langues en contact avec l’arabe marocain, procèdent à l’écrit ? Quelles sont les
caractéristiques du français de l’arabophone ?
Cette étude sera basée sur l’analyse d’un corpus de phrases tirées de
quelques copies appartenant à certains lycéens poursuivant leur étude à la
terminale au lycée IBEN SINAE dans les régions de la ville de Meknes. L’âge
de ces lycéens varie entre 19 et 21 ans.
Ce travail comportera principalement deux parties. La première partie est
théorique et la deuxième est pratique.
Dans la partie théorique, il sera question du contact de langues au Maroc. Ce
volet comportera trois chapitres. Le premier chapitre sera consacré à la situation
linguistique au Maroc. Dans le chapitre suivant, il sera question du statut de
deux codes linguistiques qui sont clairement en contact à savoir le français et
l’arabe marocain. Le troisième chapitre sera réservé aux différents modes de
l’acquisition de la deuxième langue et en fin, le dernier chapitre comportera la
définition du bilinguisme et la description de ce phénomène tel qu’il est conçu
au Maroc.
La deuxième partie est d’ordre pratique. Dans cette partie nous mettrons en
lumière le phénomène de l’interférence dans l’écrit de l’arabophone. Bien
évidement, ce volet sera composé de quatre chapitres qui traitent chacune un type
d’interférence en analysant des phrases relevées du corpus obtenu.
Le premier chapitre sera consacré à la définition de l’interférence dans son
acceptation générale. Le deuxième chapitre comportera l’analyse des
interférences phonologiques. Dans le chapitre suivant, il sera question de
l’analyse des interférences syntaxiques et en fin le dernier chapitre sera consacré
à l’analyse des interférences sémantiques. Pour conclure, ce travail n’est qu’une
étude préparatoire à une autre recherche dans le même cadre.
La première partie:
contact de langues au
Maroc
INTRODUCTION
Cette première partie comportera trois chapitres. Le premier chapitre sera
consacré à la situation linguistique au Maroc. Dans le deuxième chapitre, il sera
question du statut de l’arabe et du français au Maroc. C'est-à-dire leur valeur
dans la société marocaine. Le troisième chapitre abordera le problème de
l’acquisition de la seconde langue comme le français. Dans ce secteur, nous
parlerons des deux modes de l’acquisition à savoir le mode institutionnel
« l’école » et le mode informel « la société ». Le dernier chapitre comportera la
définition de la notion de bilinguisme et la description de ce phénomène
linguistique dans la communauté marocaine.
Chapitre I : La situation linguistique au Maroc
Les langues en présence au Maroc sont au nombre de six : le tamazight,
l’arabe marocain, l’arabe classique, le français, l’espagnol, et l’anglais.
1-le tamazight
Le tamazight est un parler dont l’origine est encore inconnue mais certaines
hypothèses le rattachent à la branche chamito-sémitique[1]. L’aire berbérophone
s’étend de l’oasis de Siwa (désert occidental égyptien) aux îles canaries
jusqu’aux massifs du Sahara central. La communauté berbérophone est formée
de plusieurs locuteurs issus d’ethnies différents habitant divers pays : Maroc,
Algérie, Niger et Mali et également Tunisie, Libye et Egypte.
Les berbérophones en général et les berbérophones du Maroc en particulier
ont continué à utiliser leur parler malgré la conquête arabe au VII siècle. Le
tamazight au Maroc se subdivise en trois variantes différentes. Il y a le tarifit, le
tamazight et le tachelhit.
a- Le tarifit
Le tarifit est une variante de tamazight parlée principalement dans la partie
nord du Maroc. Il est parlé principalement dans les régions de la ville de Nador
et de Elhoussima1.
b - Le tachelhit
Le tachelhit est une variante berbère occupant la partie sud du pays. Il est
pratiqué principalement dans la plaine du Sous1.
c - Le tamazight
Le tamazight est parlé dans la partie centrale du pays. L’aire de cette
variante s’étend de l’extrémité sud des montagnes du rif jusqu'à l’extrémité sud
du grand atlas[2].
2-l’arabe marocain
L’arabe dialectal marocain est une variante de l’arabe classique, c’est un
code linguistique oral. L’aire de l’utilisation de ce code s’étend du nord au sud
du pays.
Le linguiste marocain ABBASSI qui à consacré son étude à l’analyse
sociolinguistique du plurilinguisme au Maroc a montré dans le chapitre intitulé
« language use and language attitudes in morocco : A survy »[3] que l’arabe
marocain dialectal est divisé en deux parlers différents ; le parler bédouin et le
parler citadin.
D’après ABBASSI, le dialectal bédouin est parlé dans les milieux ruraux, les
bidonvilles et certains quartiers populaires. Le parler citadin est opéré dans les
milieux urbains1.
3-l’arabe classique
L’arabe classique est une langue appartenant au groupe des langues
sémitiques. L’arabe est apparenté à l’hébreu, langue parlée en Israël et à
l’amharique, une langue parlée en Ethiopie.
L’aire de cette langue couvre plusieurs pays asiatiques et africains. Dans
certains de ces pays, il est considéré comme la langue officielle. Au Maroc, il est
la langue officielle du pays mais il n’est la langue première d’aucun groupe. La
valeur spéciale de cette langue dans la communauté arabe en général et
marocaine en particulier la tienne de son caractère sacral. C’est la langue du
coran[4].
4-le français
Le français est une langue romaine appartenant au groupe italique de la
famille des langues indo-européennes. Le français est parlé principalement en
France métropolitaine, dans les départements français d’outre-mer, au Canada,
dans certains pays d’Europe comme la Belgique et la Suisse, ainsi que dans
certains pays d’Afrique et d’Asie. Le français est utilisé aussi dans certains pays
à travers le monde entier comme une langue seconde.
Au Maroc, le français est un héritage colonial. Pendant la période coloniale,
il a été considéré comme la deuxième langue officielle du pays mais après
l’indépendance, le français est devenu la première langue étrangère [5].
5- l’espagnol
L’espagnol est une langue romaine. L’espagnol est parlé principalement
dans la péninsule ibérique et dans certaines colonies anciennes de l’Espagne, en
Amérique du sud et central où il est considéré comme une langue officielle.
Au Maroc, cette langue est estimée comme un apport du colon. Pendant la
période coloniale, il avait le statut de la langue officielle, principalement dans la
partie nord du pays, mais après l’indépendance, l’espagnol est devenu une
simple langue étrangère[6].
6- l’anglais
L’anglais est une langue germanique appartenant au groupe des langues
indo-européennes.
L’anglais est utilisé en Grand Bretagne, Aux états unis et au Canada. Il est
utilisé aussi dans les nouvelles colonies britanniques soit comme une deuxième
langue officielle soit comme une langue étrangère. La présence de cette langue
au Maroc s’explique par son statut qu’occupe sur le plan international[7].
En conclusion, le tamazight et l’arabe marocain sont des codes linguistiques
purement oraux. Ils sont réservés à la communication quotidienne. En revanche,
l’arabe classique et l’anglais sont des langues écrites mais le français et
l’espagnol sont des langues à la fois orales et écrites.
Chapitre II : Les attributs de l’arabe dialectal et du français.
Les langues qui sont en présence sur le marché linguistique marocain
fonctionnent comme des produits ayant chacun une valeur bien déterminée. Le
français et l’arabe avec ces deux variantes sont considérés comme des langues
dotées d’un certain prestige. Cette valeur leur a été conférée selon leurs attributs,
leurs domaines d’usage et leurs fonctions sociales.
1- les attributs
Les attributs qui caractérisent les langues, selon le linguiste marocain
Ahmed BOUKOUS, sont la standardisation, l’autonomie, l’historicité et la
vitalité. Puisque l’objet de ce travail porte sur le problème de contact entre
l’arabe et le français dans l’écrit du bilingue, nous essayerons de décrire ces
deux codes linguistiques en terme de ces quatre attributs.
- La standardisation : la standardisation est la codification de la langue en terme
de normes.
- L’autonomie : l’autonomie est un attribut relatif à l’apparenté génétique des
langues.
- L’historicité : l’historicité est un attribut qui concerne les modalités de la
genèse des langues.
- La vitalité : la vitalité est un attribut qui spécifie les langues maternelle[8].
La classification de ces langues en terme des attributs se présente comme suit :
Tableau [9] :
Les
L’arabe dialectal
Le français
codes
Les attributs
La standardisation +
L’autonomie
-
+
L’historicité
+
+
La vitalité
+
-
Le type
dialecte
Standard
Selon les données de ce tableau, l’arabe marocain est un code linguistique
historique et vital parce qu’il fonctionne comme une langue maternelle dans la
communauté marocaine. Mais il n’est pas standard ni autonome parce qu’il n’est
présent qu’en code oral. Le français est une langue standardisée, historique et
autonome mais il n’est pas vital au Maroc.
2-les domaines d’usage
L’arabe dialectal a des domaines d’usage étendus. Son usage est seulement
oral. Il est la langue de communication de tous les jours et le moyen
d’expression de la production artistique.
Le français a des domaines d’usage plus étendus que l’arabe dialectal. Son
usage est à la fois oral est écrit. Le français est utilisé dans certaines institutions
telle que l’école, il est le moyen d’expression de la presse orale et écrite et le
moyen de production littéraire[10].
En conclusion, ces deux codes linguistiques ont une plus grande extension
occupant des places valorisées par rapport aux autres langues qui sont en
présence.
3 - les fonctions sociales
Le français et l’arabe marocain peuvent assumer diverses fonctions. Ils
servent à déminuer ou rendre plus intense la gravité d’un propos ou d’une
expression.
Les berbérophones et les arabophones peuvent, en parlant, introduire des
mots provenant de la langue française dans leurs énoncés. L’introduction de ces
mots étrangers a pour fonction de modifier le sens social attribué à un mot qui
désigne un tabou par exemple. Comme exemple, dans l’énoncé suivant dit par
un policier qui demande à un passager de lui donner sa carte d’identité. Le
policier préfère l’arabe classique, qui a le même statut que le français dans ce
cadre, au lieu de l’arabe dialectal. Il dit en s’adressant au passager [hawiyyatuk]
« Donne moi ta carte d’identité ».
Le choix de l’arabe classique ici a pour fonction de rendre le propos moins
agressif par contre s’il avait choisi de le dire en arabe dialectal. L’expression
peut susciter chez le destinataire un certain sentiment de violence[11].
De même, dans les relations qui rassemblent un jeune homme est une jeune
fille. La discussion prend pour moyen l’arabe marocain entremêlé des
expressions qui appartiennent au français. Ces expressions désignent, dans la
majorité des cas, des mots tabous. Ces mots sont strictement interdits et
inacceptables s’ils sont dits en arabe marocain. Mais ils peuvent être plus au
mois acceptables s’ils sont dits en français.
En revanche, le cas inverse est aussi possible. On peut trouver des mots qui
appartiennent à l’arabe dialectal dans des phrases en arabe classique ou en
français. L’utilisation de ces mots a pour fonction de manifester le sentiment
négatif de l’auteur. Dans la littérature d’expression française ou arabe, on peut
remarquer la présence de ce phénomène. Dans certains passages, on peut
rencontrer quelques mots en arabe dialectal. Ces mots désignent des interdits
religieux et sociaux (alcool, tabac, drogue… etc.). L’auteur utilise ces mots quoi
qu’ils ont leurs équivalents dans la langue première d’écriture. Ce choix, dans ce
cas, est pour juger négativement la réalité et pour susciter un certain sentiment
défavorable chez le lecteur envers la réalité[12].
En conclusion, le français est une langue a une valeur de qualité qui assume
la fonction de modificateur du sens des mots tabous dans la société marocaine
par contre, l’arabe dialectal est souvent un moyen pour manifester un sentiment
agressif. La valeur de la langue déterminée par le domaine d’usage et la fonction
sociale est la raison qui fait souvent d’un code linguistique une langue
dominante à une grande influence sur les autres codes et sur les dimensions
linguistique de l’acquisition des langues.
Chapitre III : Les conditions de l’acquisition de la deuxième
langue.
La langue est un moyen de communication propre à une communauté ou à
un groupe déterminé. Apprendre une langue, c’est connaître un ensemble
d’unités lexicales et des règles grammaticales.
La langue apprise après la langue maternelle est appelée généralement la
deuxième langue le cas au Maroc de la langue française. L’apprentissage de
cette langue se fait principalement au moyen de deux modes différents ; le mode
informel et le mode institutionnel.
La deuxième langue au Maroc est considérée comme une langue de prestige.
L’apprenant marocain est généralement motivé par deux raisons : une raison
intégrative et une raison instrumentale. On apprend la deuxième langue soit pour
s’assimuler à un autre groupe soit pour une raison socio-économique ou
culturelle[13]. Dans ce sens, il faut distinguer deux types d’apprenants, il y a
ceux qui adoptent le mode institutionnel et ceux qui adoptent le mode informel.
1-Le mode institutionnel :
Le mode institutionnel est une méthode d’apprentissage des langues basée
sur des programmes préalablement planifiés qui s’appliquent dans les
institutions et les établissements réservés à l’enseignement des langues. A
travers ce mode, la langue peut avoir deux fonctions ; elle peut être enseignée
comme matière ou utilisée comme moyen de transmission.
Ces deux fonctions sont présentes dans l’école marocaine. Ces deux
fonctions se subdivisent en deux. Il y a le moyen de transmission unique et
double et le moyen de transmission particulier[14]..
La transmission unique consiste à utiliser le français comme moyen unique de
l’enseignement.
La transmission double consiste à utiliser deux langues comme moyen de
transmission.
Le moyen de transmission particulier repose sur l’utilisation de la deuxième
langue comme matière parmi d’autres et non comme moyen de transmission[15].
Au Maroc, depuis le décret national de l’arabisation du système éducatif, le
moyen particulier est devenu une loi imposée à l’école face aux langues
étrangères, notamment le français[16].
En conclusion, du point de vu pédagogique, il a été constaté que les
apprenants qui ont appris la deuxième langue dans les écoles qui adoptent le
moyen de transmission unique ou double possèdent une compétence linguistique
plus développée dans la deuxième langue que ceux qui l’ont appris dans les
écoles qui adoptent le moyen de transmission particulier.
2- le mode informel
A travers le mode informel, le contact entre les langues peut être au sein de
deux milieux différents à savoir la famille et la communauté.
A-la famille
La situation linguistique des foyers au Maroc varie selon l’origine
linguistique des deux composants de la famille à savoir l’homme et la femme.
Selon Mackey, on peut arriver à une situation linguistique caractérisée par la
présence de deux langues différentes chez l’enfant dans le cas où la langue du
foyer n’est pas celle de la communauté[17]. En se sens, toutes les familles qui
ont changé les limites linguistiques, en se déplaçant, peuvent engendrer des
enfants possédant deux langues différentes. Le cas des familles berbérophones,
qui ont changé de milieu, où le tamazight est la langue unique du
foyer. Toujours d’après Macky, contrairement aux foyers à langue unique, les
foyers qui adoptent deux langues différentes peuvent engendrer un autre cas.
Les mariages mixtes qui unissent deux époux provenant de deux groupes
linguistiques différents comme un homme berbérophone et une femme
arabophone ou un homme qui adopte le parler citadin et une femme parlant le
parler dédouin, posent des problèmes de choix de langue. On peut opter pour la
langue de l’époux, pour la langue de la femme ou pour les deux. Dans les
familles marocaines c’est la condition économique du mari et son statut dans la
famille qui devient l’élément décisif. C’est le mari qui décide. En conclusion,
dans la majorité des familles, on opte pour la langue du père, mais dans d’autres
cas on opte pour les deux.
Du point de vu linguistique, les foyers marocains sont caractérisés par la
diversité. Il y a des foyers unilingues et des foyers où il y a utilisation de deux
codes linguistiques différents tels que l’arabe dialectal et le berbère.
En somme, les foyers où il y a utilisation de deux codes linguistiques
différents peuvent engendrer des apprenants capables d’utiliser les deux codes
en même degré sans rencontrer d’obstacles dans l’un ou l’autre.
b- la communauté
Le contact de langues, dans la communauté, est considéré toujours comme le
résultat d’un fait de contact entre les personnes et les groupes. Sur ce point, on
parle de ce contact linguistique qui est appelé d’après HYMES un mélange de
codes qu’il défini ainsi « le mélange de codes, phénomène linguistique issue du
contact de langues, est l’utilisation, de façon alternative, de deux ou plus de
deux langues, variétés de langue, ou même niveaux de langue »[18]. De ce
propos, ce mélange de code peut être défini comme le résultat de contact entre
les personnes dans une communauté constituée d’un seul groupe ou de plusieurs
groupes linguistiques[19].
Au Maroc, la possibilité de contact entre les langues est réalisable pour deux
raisons : la diversité des codes linguistiques et les changements qui ont modifié
les rapports entretenant les personnes et les groupes.
Dans la communauté, un individu peut avoir accès à une autre langue. Cette
langue peut être soit parlée par le voisinage, soit par son groupe religieux ou son
groupe de travail.
1- le voisinage
D’après william Mackey, l’enfant baigne dans la langue que parlent les gens
du voisinage où il est né. Un individu peut changer sa situation linguistique en
s’introduisant dans la langue du voisinage à condition que la langue parlée dans
ce voisinage soit différente de celle palée dans son milieu natal. Le voisinage, de
ce fait, constitue l’influence la plus importante sur la situation linguistique de la
personne. Au Maroc, l’exemple se résume dans le cas de certains enfants
appartenant à des familles berbérophones installées dans un milieu
arabophone[20].
2- le groupe religieux.
La volonté de l’intégration d’une personne dans un groupe religieux, qui
adopte une langue différente de celle qui il utilise, peut influencer sa situation
linguistique. Ainsi, plusieurs berbérophones et arabophones parlant l’arabe
dialectal ont dû apprendre l’arabe classique par le moyen de la religion et
certains berbérophones l’arabe dialectal marocain[21].
3- le groupe de travail.
La nature du métier exercé par un individu peut l’obliger à travailler avec un
groupe qui se sert d’une langue différente de celle qu’il utilise à la maison. Cet
individu peut apprendre la langue de ce groupe. Parallèlement, si un individu est
employé par exemple dans un service où on utilise, en plus de sa langue, une
autre langue, le cas du français au Maroc, cet individu aura une chance d’avoir
cette deuxième langue.
L’apprentissage de la deuxième langue au sein de la communauté et de la
famille semble facile à réaliser parce qu’il y a absence des règles qui gèrent
l’utilisation de cette deuxième langue. La deuxième langue au sein de la société
est apprise sur le tas. Par contre, au sein de l’école, le résultat cible demande un
effort considérable. La réalisation du résultat voulu demande le respect de la
norme scolaire qui guide les apprenants à reproduire d’une façon
grammaticalement correcte la langue objet de l’apprentissage mais il est constaté
que le résultat obtenu n’est comparable à ce obtenu au sein de la société malgré
certains efforts fournis pour résoudre le problème. Ces efforts consistent à
intervenir certains organes de diffusion comme les livres, les enregistrements
sonores et des travaux pratiques encourageant l’échange linguistique entre les
apprenants. Dans le milieu social, l’échange linguistique est encouragé par la
fonction sociale de la langue. En revanche, dans le milieu scolaire, la fonction de
la langue est la langue pour elle-même. Ainsi, l’échange linguistique à
l’intérieur des classes ne peut avoir de résultats efficaces[22].
En conclusion, l’apprentissage d’une langue se fait selon deux modes
différents à savoir le mode institutionnel et le mode informel. A travers le mode
informel, l’apprentissage linguistique se fait au sein de la société avec des
normes conventionnelles. Quant à l’apprentissage linguistique moyennant au
mode institutionnel, la langue n’est possible d’être acquise que d’une manière
méthodique, le cas du français au Maroc. On apprend cette langue, bien entendu
à l’école, telle qu’elle se pratique dans les ouvrages de grammaire et les
dictionnaires
Le chapitre IV : Le bilinguisme
1 – Définition :
La notion de bilinguisme est composée de deux mots. Le mot « bi » vient de
l’élément grec « bis » qui signifie deux ou double. Le mot tout entier signifie la
présence de deux langues dans une utilisation linguistique. Le bilinguisme est un
phénomène complexe qui résulte de la cohabitation des langues. D’après le
dictionnaire de la langue française, LE PETIT LAROUSSE le bilinguisme est
défini par la qualité d’un individu ou d’une population qui utilise deux langues
différentes. La majorité des linguistes ne sont pas d’accord sur une définition
précise de ce concept. Pour certains, il y a bilinguisme que dans le cas d’une
maîtrise parfaite des deux langues en cause comme le montre le propos suivant
de Todorov « le bilinguisme c’est écrire, parler et penser »[23]. Pour certains
d’autres, le bilinguisme commence dès qu’il y a emploi concurrent de deux
langues quelle que soit l’aisance avec laquelle le sujet manipule chacune d’elle.
Cela est éclairé dans le propos suivant de Tabouret killer « par plurilinguisme ou
bilinguisme, il faut entendre le fait général de toutes les situations qui entraînent
un usage, généralement parlé et dans certain cas écrit, de deux ou plusieurs
langues par un même individu ou même groupe. ‘Langue’ est prise ici dans un
sens très général et peut correspondre à ce qu’on désigne communément comme
un dialecte ou un patois »[24].
De ce fait, le bilinguisme peut être subdivisé en plusieurs types selon le
degré de la maîtrise des deux langues.
1- le bilinguisme est dit « composé » lorsque les deux langues sont utilisées
d’une manière égale.
2- le bilinguisme est dit « asymétrique » lorsque la maîtrise des deux langues
est inégale.
3- Le bilinguisme est dit « soustractive » lorsque la deuxième langue est
valorisée au dépend de la première langue.
4- Le bilinguisme est dit « mixte » lorsqu’il y a mélange des deux codes
linguistiques.
2- Le bilinguisme tel qu’il se conçoit au Maroc.
La situation linguistique au Maroc est bilingue où s’affrontent les différents
codes linguistiques qui sont en présence.
L’arabe marocain et le berbère sont deux langues maternelles. Dès sa
naissance, le jeune marocain se trouve confronter à ces deux codes linguistiques.
Néanmoins, certains d’entre eux n’ont affaire qu’ à un, mais officiellement, à
l’âge de 7 ans l’enfant, quelle que soit son origine, arabe ou berbère, entre en
contact avec l’arabe classique, et à l’âge de 9 ans, le français puis l’anglais et
l’espagnol à l’âge de 15 ans[25].
Tous les bilingues marocains ont tendance à utiliser la langue seconde dans
leurs messages et cela pour plusieurs raisons : premièrement soit qu’ils trouvent
de difficultés en cherchant les mots adéquats dans la langue qui sert de base à
l’acte de parole, soit qu’ils ignorent des mots équivalents surtout quand il s’agit
d’un sujet de discussion technique, soit qu’ils veulent montrer leur appartenance
à un groupe ou à une classe sociale[26].
Le bilinguisme au Maroc est décrit par le nombre des langues qui sont en
présence et par quelques facteurs qui ont favorisé le contact entres ces langues.
Parmi ces facteurs, on peut citer quelques uns selon l’étude sociolinguistique du
linguiste marocain ABBASSI, qui sont géographiques, socio-économiques,
administratifs, religieux et éducatifs.
a- Les facteurs géographiques :
D’après ce linguiste, ces facteurs provient de la division du Maroc en trois
parties à savoir les chaînes montagneuses, les plaines et les villes. A chacune de
ces trois parties correspond un groupe linguistique distinct. Les montagnes sont
occupées par les berbérophones, les plaines par les locuteurs de l’arabe marocain
bédouin et les villes par les arabophones parlant l’arabe marocain citadin. Ces
facteurs ont contribué d’une manière très particulière à la modification de la
situation linguistique individuelle et ethnique.
b - Les facteurs socio-économiques :
Les facteurs socio-économiques proviennent de la différence qui caractérise
les classes sociales.
Le déplacement interne des berbérophones et des habitants des plaines vers
les milieux urbains a changé les rapports entre ces trois groupes à savoir les
berbérophones, arabophones bédouins et les arabophones citadins. Après le
déplacement, ces derniers se sont trouvés dans un milieu totalement différent du
premier, obligés de devenir bilingues ou plurilingues. Il leur arrivent donc
d’utiliser deux codes linguistiques ou plus en dehors des milieux intimes.
Par une motivation intégrative ou instrumentale, les berbérophones ont
appris les langues ou les codes linguistiques véhiculaires dans les milieux
d’accueil comme l’arabe marocain et les autres langues étrangères comme le
français et l’espagnol. Ces derniers leur arrivent, en parlant, de mélanger le
berbère et l’arabe marocain et le berbère et d’autres langues tel que le
français[27].
Quant aux arabophones qui se subdivisent en deux groupes s’inscrivent dans
le même cas. Le groupe qui adopte l’arabe dialectal bédouin, en découvrant la
valeur accordée à l’arabe dialectal de l’autre groupe, peuvent avoir tendance à
mélanger leur parler et le parler citadin. De l’autre coté, le groupe arabophone
parlant l’arabe dialectal citadin n’adopte pas l’arabe dialectal bédouin à cause de
sa valeur inférieure. Ces locuteurs leur arrivent de mélanger leur parler et les
autres langues étrangères comme le français et l’espagnol[28].
c – Les facteurs religieux
Suivant le même linguiste, ABBASSI, Dans le domaine religieux, au Maroc,
on utilise plusieurs codes linguistiques. L’arabe classique est la langue originale
et légitime de la religion. Nous avons vu dans les chapitres précédents qu’il n’est
la langue maternelle d’aucun groupe au Maroc. C’est une langue étrangère.
Tous les marocains, pour saisir les principes de la religion, se sont contraints
de dépasser les limites linguistiques instaurées par la langue maternelle. Dans ce
domaine, il est aussi possible d’utiliser deux langues au plus. Toutes les activités
religieuses s’effectuent dans la langue arabe classique. Mais dans d’autres cas,
on introduit d’autres langues selon la situation linguistique de la région. Par
exemple, dans les régions berbérophones, les serments de vendredi faits par
l’imam se présentent en arabe classique et s’explique en berbère. De même dans
les conversations concertant les enseignements de l’islam, au Maroc en générale,
l’intervenant tient la parole en code linguistique régional. Au cours de son
discours, il peut utiliser des mots provenant des autres codes ou changer la
langue du discours d’une manière toute entière. Si le berbère est la langue du
discours, il peut utiliser l’arabe classique par exemple chaque fois quand il s’agit
d’une citation coranique ou d’un hadith du prophète[29].
d – Les facteurs éducatifs
Le bilinguise dans le domaine de l’enseignement se manifeste par la
présence des deux langues maternelles, le berbère et l’arabe dialectal et les
autres langues imposées par la réforme telle que l’arabe classique et le français.
Dans ce domaine, l’utilisation linguistique fait appel à plus qu’un seul code
linguistique. Et ceci commence de l’école primaire jusqu’à l’établissement
éducatif universitaire. Dans le primaire, toutes les matières enseignées sont
programmées en arabe classique, mais les enseignants utilisent aussi l’arabe
marocain. Par exemple la lecture se fait en langue du programme alors que
l’explication force l’enseignant à changer la langue du texte par un autre code
linguistique tel que l’arabe dialectal. Aux collèges et aux lycées où on enseigne
d’autre langues, les enseignants optent pour l’arabe marocain pour faciliter le
transfert des idées. Dans ces établissements, un enseignant de français par
exemple peut tenir la parole en français et le reprendre en arabe marocain ou
mélanger les deux en parlant en français et en arabe dans le même discours.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’université marocaine adopte
deux langues principales, le français et l’arabe classique. Ces langues sont
utilisées séparément mais dans quelques matières d’ordre scientifique, le
français ou une autre langue étrangère peut assumer la fonction d’une langue
entretenant un rapport de complémentarité avec la langue première du
programme. En ce sens, on peut parler de l’utilisation linguistique double dans
ce domaine chez les étudiants qui sont inscrits dans des branches adoptant la
langue étrangère comme le français[30].
En conclusion, l’utilisation de plus d’un code linguistique au Maroc a pour
but de régler les problèmes de l’incompréhension et de l’intercompréhension
entre les personnes au milieu informel et entre l’enseignant et l’apprenant au
milieu institutionnel.
Toutes les langues qui sont en présence au Maroc peuvent être considérées
comme des produits ayant une valeur précise. Cette valeur commande le statut
accordé au code linguistique et sa fonction en tant que produit social. Le statut
attribué à la langue est généralement la première raison qui justifie la volonté
d’une personne ou d’une communauté d’apprendre une langue. D’après les
linguistes, la deuxième langue ne peut être bien maîtrisée et utilisée séparément
de la première langue s’elle est acquise à un âge tardif. Contrairement,
l’apprenant est conduit à mélanger les codes en parlant la deuxième langue
comme c’est le cas au Maroc du français. Cette langue est parlée mélangée avec
l’arabe dialectal soit implicitement, au milieu institutionnel, soit explicitement
au milieu informel. L’influence d’une langue sur l’autre se manifeste clairement
dans le phénomène des interférences, un phénomène connu par des erreurs
commises accidentellement dans la deuxième langue. Ce phénomène est dû à
l’utilisation de certaines règles grammaticales de la première langue pour parler
ou écrire la deuxième.
La deuxième partie :
Les interférences
INTRODUCTION
Cette partie comportera quatre chapitres. Le premier chapitre sera consacré à
la définition de l’interférence. Dans le deuxième, il sera question de
l’interférence phonologique. Le troisième chapitre sera réservé à l’analyse des
interférences syntaxiques. Quant au quatrième, il sera consacré à l’analyse des
interférences sémantiques.
Chapitre I : Les interférences.
Définition
L’interférence est un phénomène linguistique issu du fait du contact de
langues. Selon MACKEY « l’interférence est l’utilisation d’éléments
appartenant à une langue tandis que l’on en parle ou que l’on en écrit une
autre »[31]
Lorsqu’il y a introduction dans la langue du bilingue d’unités et de
combinaisons de parties de discours, de catégories grammaticales et de
morphèmes fonctionnels provenant d’une autre langue, on dit qu’il y a
interférence. L’interférence est donc une caractéristique du discours et non du
code.
Dans ce cas, il est possible de dire que l’interférence est un phénomène qui
affecte le mot en tant qu’un ensemble composé de sons et affecte aussi la
structure énonciative1. Dans les chapitres suivants, il sera question de trois types
d’interférences qui sont largement connus surtout dans le code écrit à savoir
l’interférence phonologique, syntaxique est sémantique.
Chapitre II : Les interférences phonologiques.
L’interférence phonologique est l’utilisation de sons appartenant à une autre
langue quand on parle ou on écrit une autre langue.
L’interférence phonologique touche les unités et les structures en particulier de
syllabation et d’articulation.
1- au niveau syllabique
L’interférence au niveau de la structure syllabique dépend de la différence
qui existe ente les langues que parle le bilingue. Ce type d’interférence
phonologique est plus fréquent à l’oral qu’à l’écrit. Par exemple en arabe, il peut
affecter une structure mais appartenant au code oral parce que c’est à l’oral
qu’on peut trouver un mélange entre deux langues. C’est à l’oral qu’un énoncé
peut être composé de mots provenant des deux langues. A l’écrit, ce cas est très
rare. L’exemple suivant illustre bien ce cas.
1- La couche terrestre supérieure est un filter aquatique naturel.
PH.C : La couche terrestre supérieure est un filtre aquatique naturel.
(re) → (er), (CV) → (VC)
Ici l’arabophone substitue la structure syllabique française CV à la structure
syllabique VC. Si l’arabophone a substitué la structure RE par ER, c’est parce
qu’il est influencé par la règle phonologique arabe. En arabe, il y a une
ressemblance entre l’oral et l’écrit. On écrit ce qu’on entend. Autrement dit, tous
les sons prononcés s’écrivent. Dans le mot « filtre », la suite de sons révèle qu’il
y a une voyelle entre le phonème /t/ et le phonème /r/. Ce mot est prononcé dans
la bouche de l’arabophone [filεr] au lieu de [filtr].
En conclusion, la syllabe qui subit des changements au niveau de l’ordre des
sons peut subir aussi des changements au niveau des sons qui le constitue. Nous
parlerons de ceci dans le volet réservé à l’interférence phonologique au niveau
de la structure articulatoire.
2- au niveau de l’articulation.
Les sons d’une langue peuvent être utilisés par un usagé d’une langue
étrangère. Un arabophone peut interférer des phonèmes appartenant à la langue
source, l’arabe, dans la langue cible qu’est le français.
L’interférence phonologique au niveau articulatoire touche les voyelles orales
et nasales.
a- Les voyelles orales.
Tous sons conçus comme absents du système phonologique arabe se
substituent à d’autres sons qui y sont proches le cas du phonème [y] qui change
de statut pour devenir [i] comme le montre bien les exemples dans les phrases
suivantes :
[y] : voyelle orale, antérieure, fermée, arrondie.
[ i] : voyelle orale, antérieure, fermée, non-arrondie.
1- l’autobis est un moyen de circilation irbain.
PH.C : L’autobus est un moyen de circulation urbain.
2- dans la phrase passive, le complément sibit l’action.
PH.C : Dans la phrase passive, le complément subit l’action.
3- la révolition française est un événement historique.
PH.C : La révolution française est un événement historique.
[y] → [i]
[y] → [i]
[y] → [i]
On remarque que le [y] est substitué à [i]. Cette transformation est due au
fait que la voyelle [y] partage le même trait antérieur avec la voyelle [i] et que la
voyelle [y] n’existe pas en arabe. Le choix de cette voyelle sans les autres est
due au rapprochement existant entre les deux voyelles [y] et [i]
Le chevauchement peut être entre d’autres voyelles telles que [i], [e] et [ε].
L’arabophone conditionné par les règles phonologiques de la langue source peut
articuler le [i] là où il devra articuler [e] ou [ε] comme c’est le cas dans les
phrases suivantes.
[i ] : voyelle orale, antérieure, fermée, non-arrondie.
[e] : voyelle orale, antérieure, semi fermée, non-arrondie.
[ε] : voyelle orale, antérieure, semi ouverte, non-arrondie.
1- la porte est lissé ouverte.
PH.C : La porte est laissée ouverte .
[ε] → [i]
2- la diffirence ixiste entre les gens de la même classe sociale.
PH.C : La différence existe entre les gens de la même classe sociale. [ε] → [i]
3- le tailleur utilise le di pour coudre le tissu dur.
PH.C : le tailleur utilise le dé pour coudre le tissu dur.
[e] → [i]
Les sons [ε] et [e] sont transposés en [i]. Cette substitution se justifie par le
voisinage existant entre ces trois sons. Il sont tous antérieurs, non-arrondis et ne
s’opposent que par le degré d’aperture.[32]
En conclusion, les voyelles orales françaises conçues comme manque dans
le système arabe se substituent par les voyelles qui leur sont plus proches.
b - Les voyelles nasales
Les voyelles nasales sont absentes du système phonétique arabe.
L’arabophone, dans ce cas, se trouve confronter à une autre difficulté. Cette
réalité phonologique française oblige l’utilisateur à substituer certaines voyelles
nasales par certaines d’autres. Cette substitution ce fait dans la plus part des cas
suivant la voyelle orale constituant la nasale.
[ ] : voyelle nasale, postérieure, semi ouverte, arrondie.
[ ] : voyelle nasale, antérieure, ouverte, non-arrondie.
1- le pain brin est riche de protéines.
PH.C : Le pain brun est riche de protéines.
[ ]→[ ]
[ ] : voyelle nasale, antérieure, semi ouverte, arrondie.
[ ] : voyelle nasale, antérieure, semi ouverte, non-arrondie.
2- il a acheté un moutan.
PH.C : Il a acheté un mouton.
[ ]→[ ]
De ces exemples, nous remarquons que la voyelle nasale [ ] est devenue
[ ] et la voyelle nasale [ ] est devenue [ ]. Le premier changement s’explique
par le rapprochement entre ces deux voyelles nasales [ ] et [ ]. Elles sont
toutes ouvertes et ne s’opposent que par le trait de l’arrondissement. Dans le
deuxième changement, le [ ] se substitue à [ ]. Toutes les substitutions peuvent
être justifiée par le voisinage existant entre ces deux voyelles nasales. Les deux
sont postérieures et elles s’opposent par le degré d’aperture ; la première est
semi ouverte alors que la deuxième est ouverte. Le changement, dans les deux
cas, s’explique aussi par la règle appliquée précédemment sur les voyelles
orales.
Dans d’autre cas, il y a tendance également à confondre d’autres voyelles
nasales ; un chevauchement phonique peut s’établir entre [ ] et [ ] comme dans
les phrases suivantes.
[ ] : voyelle nasale, antérieure, semi ouverte, non-arrondie.
[ ] : voyelle nasale, antérieure, ouverte, non-arrondie.
1- le lange est dans la machine à laver.
PH.C : Le linge est dans la machine à laver.
[ ]→[ ]
2- les vacances commenceront dès le mois prochan.
PH.C : les vacances commenceront dès le mois prochain.
[ ]→[ ]
Dans ce cas, on remarque que le [ ] est transposé en [ ]. Cette
transformation est due au fait que l’arabe ne comprend pas le son [ε] qui
compose la voyelle nasale [ ] et que le [ ] est proche de [ ] et parce que La
voyelle nasale n’est qu’une voyelle orale plus une consonne nasale. Les deux
voyelles partagent les mêmes traits non-arrondi et antérieur.
D’une manière générale, d’après la phonologie générative, un son est
susceptible d’être changé en un autre à condition que les deux sons partagent au
moins un même trait distinctif sans compter les traits désignant les groupes. Une
voyelle nasale se substitue à une autre voyelle nasale si les deux phonèmes
partagent au moins un trait en plus que les traits qui les distinguent des autres
groupes tels que nasal et vocalique. De même pour les voyelles orales, une
voyelle orale peut se transposer en une autre si les deux, c'est-à-dire les voyelles
transformées et les voyelles résultat de la transformation, partagent au minimum
un seul trait distinctif sans compter le trait qui les classent dans le même groupe
vocalique, c'est-à-dire les traits voyelle et orale[33].
En conclusion, l’arabophone perçoit toujours les sons du français à travers
les règles phonologique de l’arabe[34].
Chapitre III : Les interférences syntaxiques.
L’interférence syntaxique est un phénomène linguistique qui affecte la
structure formelle de la phrase. Pour MACKEY, l’interférence syntaxique est
due à l’introduction du bilingue dans sa deuxième langue d’éléments
appartenant à la première langue comme le défini le propos suivant « Il y a
interférence syntaxique lorsqu’il y a introduction dans la langue des bilingues
d’unités et de combinaisons de parties de discours, de catégories grammaticales
et de morphèmes fonctionnels, provenant d’une autre langue »[35].
Il y a donc interférence syntaxique lorsqu’il y a emploie de caractères
provenant de différentes catégories grammaticales. Ce type d’interférence
affecte bien évidement les deux formes énonciative, la phrase simple et la phrase
complexe.
1- la phrase simple
Dans le cadre de la phrase simple, on peut parler du genre, de l’accord et de
certains morphèmes fonctionnels.
a- le genre
L’arabophone peut avoir tendance à reporter dans la langue cible la règle du
genre de la langue source[36]. Les phrases suivantes montrent bien ceci.
1-le boite est tout vide.
A.M [lbbataxawja]
PH.C : La boite est toute vide.
( la ) → ( le )
2- la problème est de cacher la vérité.
A.M [llmu∫kilahijatxabbaʕεlhaqiqa]
PH.C : le problème est de cacher la vérité.
( le ) → ( la )
La substitution de l’article « la » à « le » dans le premier exemple et le
changement de « le » par « la » dans le deuxième s’explique par le fait que en
français il n’y a pas de règles qui distinguent le masculin du féminin au niveau
formel. En français, il n y a aucune règle à appliquer pour déterminer le genre
exacte d’un mot par exemple le mot français « arbre » il n y a aucun indice qui
détermine si c’est un mot masculin ou féminin. Par contre, l’arabe dispose de
ces règles. Pour les mots en arabe, le féminin est distingué du masculin au
niveau de la structure morphologique. Ce qui distingue le féminin du masculin
est un phonème qui s’attache en position finale du mot. Ce phonème se
prononce [a]. De plus, en arabe, il n y a qu’un seul déterminant utilisable avec
les deux genres. Ce déterminant se prononce [l] avec la gémination.
b- l’accord
Au même titre, l’interférence dans les catégories grammaticales peut toucher
le phénomène syntaxique de l’accord. Les phrases suivantes illustrent bien ce
type d’interférence au niveau de la relation liant deux mots.
1- il entre de petit fenêtre laissé ouvert.
A.M [dxalmən∫aržεmbqamaħlul]
PH.C : Il entre de petite fenêtre laissée ouverte.
2- la porte est ouvert.
A.M [llbabmaħlul] ou [llbabmaħlula]
PH.C : La porte est ouverte.
3- J’ai apporté un autre chaise.
A.M [žεbtkursixar]
PH.C : J’ai apporté une autre chaise.
4- Les routes fermée sont ouverte.
A.M [εttarqanmasduda]
PH.C : Les routes fermées sont ouvertes.
A travers ces exemples, on remarque bien que le rapport d’accord n’est pas
marqué entre les noms et les adjectifs et les noms et les déterminants. L’absence
de l’accord entre les déterminants et les noms s’explique par la nature du
déterminant existant en arabe. Le système syntaxique arabe dispose d’un seul
déterminant défini [el] ou [ll] qui détermine les mots de genre féminin et
masculin à la fois[37]. En revanche, en français, il y a deux déterminants de
genres différents ; un pour les mots masculins et un pour les mots de genre
féminin[38]. L’absence de rapport d’accord entre les noms et les adjectifs se
justifie par le postulat suivant ; l’arabe dans certain cas ne fait pas d’accord
entre les noms et certains adjectifs parce qu’il existe des adjectifs invariables
qu’on peut utiliser avec un nom singulier et pluriel l’exemple dans la phrase
numéro (4). L’adjectif [masduda] [ferme] ne fait pas d’accord avec le nom qui
le précède. En arabe dialectal, on peut dire (la route fermée) et (les routes
fermée). Les deux possibilités sont justes.
c- les morphèmes fonctionnels
L’interférence syntaxique touche aussi les morphèmes fonctionnels comme
les prépositions, les conjonctions…etc. Nous essayerons de montrer
l’interférence syntaxique au niveau des prépositions à travers ces énoncés
suivants.
1- Il lave ses mains chez chaque repas.
A.M [tajaɤsaljadu‫؟‬andkulwažba]
PH.C : Il lave ses mains à chaque repas. (à) → (chez)
2- Il est dans la maison.
A.M [rahfddar]
PH.C : Il est à la maison.
(à) → (dans)
L’arabophone ici change la préposition « à » par la préposition « chez » et
substitue la préposition « à » à la préposition « dans ». Cette substitution peut
être justifiée par l’influence de la règle qui commande la phrase dans la langue
source. Le système syntaxique de l’arabe ne comporte pas la préposition (à).
Donc cette préposition se substitue automatiquement par une autre existante en
arabe qui a la même valeur qui caractérise la préposition changée.
Les morphèmes d’amalgame comme (du, au) sont également susceptibles
d’être touchés par l’interférence syntaxique. Les morphèmes d’amalgame, en
français sont généralement composés d’une préposition et d’un déterminant. Ce
type d’interférence force ces deux mots de rester l’un indépendant de l’autre.
1- la couverture de le livre est sale.
A.M [laɤtadjallaktabmwassax]
PH.C : La couverture du livre est sale. (du) → (de le)
Dans ce cas, la substitution de « du » à « de le » est expliquée par l’absence
de la préposition « du » qui relie un nom et son complément déterminé de genre
masculin. En générale, les morphèmes d’amalgames n’existent pas en arabe.
Dans d’autres cas, en français, il y a des mots qui s’attachent aux autres mots par
l’intermédiaire d’un morphème fonctionnel comme un verbe à un autre verbe.
Ces morphèmes disparaissent.
1- J’ai quelque chose te dire.
A.M [ʕandi∫iħažangulhalεk]
PH.C : J’ai quelque chose à te dire.
(à) → (Ø)
Dans cette exemple, le morphème « à » est effacé. L’effacement de « à »
dans ce cas provient du fait que en arabe il n y a pas d’intermédiaire entre un
verbe et un autre quand ils se suivent[39].
1- La phrase complexe
L’interférence syntaxique est présente aussi dans la phrase complexe. Cette
présence se manifeste clairement dans les deux propositions subordonnées
relative et conjonctive.
Dans la proposition relative, il y a approximativement trois types d’erreurs
possibles qui peuvent être commises sous la condition d’interférence à savoir
l’omission de la conjonction, le mauvais choix de la conjonction et la
reproduction du pronom anaphorique qui répercute l’antécédent.
a -L’omission du pronom relatif :
Au niveau de la phrase complexe, l’arabophone peut enlever le pronom
relatif reliant la proposition relative et la proposition principale comme
exactement dans les phrases suivantes :
1- Je connais un ami travaille en France.
A.M [tanaʕrafwaħdεssadiqtajaxdεmfransa]
PH.C : Je connais un ami qui travaille en France.
(qui) → (Ø)
2- Nous vivons dans une société les femmes sont inférieures aux hommes.
A.M [tanʕiʃufmužtamaʕlaʕjalatmʕandhumʃqimaʕlarržal]
PH.C : Nous vivons dans une société où les femmes sont inférieures aux
hommes.
Nous pouvons remarquer ici qu’il y a effacement du pronom relatif. La
proposition relative s’attache à la proposition principale moyennant en deux
possibilités. Elle peut y s’attacher par l’intermédiaire d’un pronom relatif ou
directement sans conjonction. Par exemple dans la deuxième phrase, la relative
peut se séparer de la principale par un pronom relatif mais la présence de cette
conjonction introduit un autre type d’erreur au niveau de la relative.
b - Pronom relatif doublé d’un pronom anaphorique.
Dans d’autre cas, même si le pronom relatif est marqué, il se peut que
d’autres caractéristiques appartenant à la phrase complexe arabe soient
interférées. L’exemple des propositions relatives composant ces phrases
complexes suivantes.
1- le gâteau que ma mère l’a préparer.
A.M [llgatullisawbatummi]
PH.C : Le gâteau que ma mère a préparé.
2- la maison où j’y habite.
A.M [εddarfintanskun]
PH.C : La maison où j’habite.
3- la voiture que mon père me l’a acheté.
(Ø) → (le, pronom anaphorique)
(Ø) → (y, pronom anaphorique)
A.M [ettumubillliʃralibba]
PH.C : La voiture que mon père m’a acheté. (Ø) → (la, pronom anaphorique)
4- le cousin d’Ahmed dont je ne connais pas son nom.
A.M [waldʕamAHMEDllimatanʕarafʃsmijtu]
PH.C : Le cousin d’Ahmed dont je ne connais pas le nom. (Ø) → (son, pronom
anaphorique)
D’une manière générale, toutes les subordonnées relatives sont introduites
par des pronoms relatifs qui sont conformes à leur structure mais cette
réalisation est doublée de la reproduction de l’antécédent par un pronom
anaphorique qui tient place après le sujet de la relative. Ces phrases sont formées
selon le modèle de la phrase en arabe où le pronom relatif et le pronom
anaphorique remplacent l'antécédent dans la subordonnée. Le pronom relatif est
conçu comme un élément qui relie la proposition principale et la subordonnée
relative, c'est un simple relateur alors que le pronom anaphorique reprend
réellement l'antécédent[40].
c - Le mauvais choix du pronom relatif :
Il se peut que l'antécédent, dans la proposition relative, soit répercuté par le
pronom relatif seul sans pronom anaphorique qui tient place après le sujet de la
relative. Dans ce cas, le relatif qui introduit la proposition se généralise en
« que » comme le montrent bien ces exemples.
1- La maison que j'habite.
A.M [εddarllitanaskun]
PH.C : La maison où j'habite.
2- La personne que tu m'as parlé.
A.M [εʃʃaxslligaltili]
PH.C : La personne dont tu m'as parlé.
Dans ces exemples, toutes les subordonnées relatives sont introduites par la
conjonction « que ». L'arabophone convertit toutes les conjonctions à « que ».
Cette réalisation peut être expliquée par la nature de la conjonction de
subordination en arabe dialectal. En arabe dialectal, il n' y a qu'une seule
conjonction [lli]. C'est pourquoi toutes les conjonctions sont transposées en
« que ».
L'interférence syntaxique touche aussi la proposition subordonnée
conjonctive. Elle peut être marquée soit par l'effacement de la conjonction
« que » soit par l’attraction modale entre les deux propositions. L'exemple dans
les phrases suivantes.
1- Il n'a pas dit qu'il ne peut pas répondre à la question.
A.M [magalʃanhumajaqdarʃiʒawεbʕlassual]
PH.C : Il n'a pas dit qu'il ne puisse pas répondre à la question.
2- il faut que je fais mon travail.
A.M [xasnindirxdamti]
PH.C : Il faut que je fasse mon travail.
3- il faut te rencontrer.
A.M [xasnintlaqak]
PH.C : Il faut que je te rencontre.
Dans l'exemple numéro (3), on constate que la conjonction «que » est
effacée. Cet effacement est justifié par l'absence de la conjonction reliant la
proposition conjonctive à la principale comme le montre cette phrase
[xasnintlaqak] (Il faut te rencontrer). L'interférence dans les exemples (1) et (2)
affecte le verbe de la subordonnée conjonctive. L'apprenant utilise ici le même
mode pour conjuguer le verbe de la proposition principale et de la proposition
subordonnée. Si cette réalisation a été autorisée, c'est parce que, en arabe, on
distingue les verbes par le temps et non pas par le mode. Autrement, les verbes
en arabe se conjuguent selon un seul mode. Par contre, en français, le mode est
intimement lié au temps et le temps se conjugue selon plusieurs modes. Sur ce
plan, la règle grammaticale française cite que si la proposition principale est de
modalité négative ou interrogative ou bien le verbe de la principale désigne une
action non encore accomplie, la conjonctive doit avoir un verbe au mode
subjonctif. Cette règle n'est pas valable pour l'arabe[41].
Chapitre IV: Les interférences sémantiques.
L'interférence sémantique est un phénomène linguistique défini par le
linguiste WILLIAM. F. Mackey de la manière suivante « l’interférence
sémantique due au fait que des pratiques ou des phénomènes connus sont
ordonnés ou structurés différemment dans l’autre langue »[42]
De ce propos, il faut comprendre que l’interférence sémantique est
l’introduction de nouvelles unités et de nouvelles structures sémantiques dans la
langue du bilingue.
1 – l’introduction de nouvelles unités
Concernant l’introduction de nouvelles unités, le bilingue peut former des
phrases où il y aura utilisation de nouveaux mots crées par sa propre compétence
linguistique comme exactement dans les phrases suivantes.
1- j’ai écorcé la pomme.
A.M [qaŠŠarttaffaħa]
PH.C : J’ai épluché la pomme.
2- on a prisoné le coupable.
A.M [ħabbasnaεlmužrim]
PH.C : On a arrêté le coupable.
Ici, on remarque qu’il y a utilisation de nouveaux mots, les verbes
« écorcer » et « prisoner ». Ces verbes n’existent pas en français. Ils sont créés
par la propre compétence linguistique de l’arabophone. Ces deux verbes sont
dérivés respectivement des noms « écorce » et « prison ». En arabe, la majorité
des verbes sont dérivés des noms c’est par ce postulat qu’on peut expliquer
l’apparition de ces nouveaux mots dans le français de l’arabophone.
2 – l’introduction de nouvelles structures
A travers l’interférence sémantique, il se peut aussi qu’une nouvelle
structure sémantique soit introduite sous la forme d’un nouveau mode de
combinaison.
1- attends moi, je n’ai pas encore mangé.
A.M [ʕajannimazalmaklit]
PH.C : attends moi, je n’ai pas encore pris mon repas.
2- tu parles de vide.
A.M [tathdεrmnfaraɤ]
PH.C : Tu parles sans référence.
Dans la phrase (1), la structure présente un sens complet d’après la règle
grammaticale arabe. Le verbe a été privé de sa transitivité parce qu’en arabe
c’est un verbe qu’on peut utiliser, sans complément, pour exprimer un sens
complet. De plus, le verbe « manger » ici acquiert un autre sens qui renvoie à
l’action de prendre le repas, par contre en français, le verbe « manger » utilisé
sans complément rend la phrase comme présentant un sens incomplet. Pour
l’exemple (2), les deux langues, le français et l’arabe disposent de tous les mots
composants cette phrase, mais lorsque l’arabophone utilise cette expression au
sens figuré, il introduit dans sa langue une structure sémantique imitée de
l’arabe.
En conclusion, l’interférence, dans son acceptation générale est un
phénomène linguistique appartenant au domaine de la parole et non de la langue
parce que la manière d’interférer est différente d’une personne à l’autre. Les
trois types d’interférences, phonologique, syntaxique et sémantique sont
intimement liés puisque l’apparition de l’un peut entraîner l’apparition de
l’autre.

CONCLUSION GENERALE
Les codes linguistiques qui sont en présence, comme le montre le chapitre
réservé à la situation linguistique au Maroc, sont au nombre de six. Cette
diversité n’est pas sans influence sur la situation linguistique des usagés.
D’après ce travail de recherche, la présence de plus qu’un code linguistique dans
un milieu force l’individu de devenir bilingue, la personne qui possède en plus
de sa langue première une autre qui se trouve en présence dans son milieu.
La cohabitation de deux codes linguistiques met forcément en place une
interchangeabilité entre les codes engendrant un phénomène linguistique appelé
l’interférence. Selon les phrases analysées, l’interférence est subdivisé en trois
types à savoir l’interférence phonologique, syntaxique et sémantique. Dans le
français de l’arabophone, il y a des caractéristiques qui caractérisent l’arabe
marocain.
Au niveau phonologique, il y a des changements qui visent l’ordre des sons
constituant la structure syllabique. La structure CV devient VC. Au niveau
articulatoire, tous les sons orales [e], [ε] et [y] se substituent à [i]. les voyelles
nasales [ ] et [ ] deviennent [ ] et la voyelle [ ] devient [ ].
Au niveau syntaxique, il y a le problème de la détermination du genre. La
structure morphologique en français n’est pas apte à déterminer le genre des
mots c’est pourquoi on ne trouve pas d’accord entre le nom et le déterminant.
Dans certains cas, le déterminant « le » devient « la » et « la » devient « le ». Il
y a aussi le problème de l’accord entre les noms et les adjectifs et le participe
passé et l’auxiliaire. La préposition « à » se substitue à « dans » et à « chez ». Le
morphème d’amalgame « du » devient « de le ». La préposition « à » reliant un
verbe conjugué à un verbe à l’infinitif disparaît. Dans la phrase complexe, le
premier cas est caractérisé par l’omission de la conjonction de subordination qui
attache la proposition subordonnée à la proposition principale. Dans d’autres
cas, le pronom relatif même s’il est marqué un autre pronom apparaît que l’on
appelle le pronom anaphorique. Ce pronom reprend l’antécédent et le pronom
relatif joue qu’une fonction d’un simple connecteur. Dans d’autres formes, la
principale est liée à la subordonnée par un seul pronom qui reprend l’antécédent
mais cette conjonction se généralise en « que ». En ce qui concerne la
proposition conjonctive, il y a des cas où la conjonctive s’attache à la
proposition principale sans conjonction et d’autres où l’erreur est marquée par la
conjugaison du verbe de la conjonctive selon un mode inadéquat. Le verbe au
lieu de le conjuguer au mode subjonctif, l’arabophone le conjugue au mode de
l’indicatif.
Au niveau sémantique, il y a des mots qui apparaissent nouveaux comme
les verbes qui sont créés par dérivation de certains noms. Dans l’autre cas, il y a
des réalités sémantiques restructurée autrement selon la grammaire de l’arabe
comme quelques verbes transitifs qui sont utilisés intransitivement et
l’utilisation de certaines structures composées d’expressions qui expriment un
sens figuré, selon les règles qui commandent le sens en arabe, pour produire le
même sens que ces mots expriment en arabe. Pour conclure, ce travail n’est
qu’une étude préparatoire à une autre recherche dans le même cadre.
 LE CORPUS
1. La couche terrestre supérieure est un filter aquatique naturel.
2. L’autobis est un moyen de circilation irbain.
3. Dans la phrase passive, le complément sibit l’action.
4. La révolition française est un événement historique.
5. La porte est lissé ouverte.
6. La diffirence ixiste entre les gens de la même classe sociale.
7. Le tailleur utilise le di pour coudre le tissu dur.
8. Le pain brin est riche de protéines .
9. Il a acheté un moutan.
10. Le lange est dans la machine à laver.
11. Les vacances commenceront dès le mois prochan.
12. Le boite est tout vide.
13. La problème est de cacher la vérité.
14. Il entre de petit fenêtre laissé ouvert.
15. La porte est ouvert.
16. J’ai apporté un autre chaise.
17. Les routes fermée sont ouverte.
18. Il lave ses mains chez chaque repas.
19. Il est dans la maison.
20. La couverture de le livre est sale.
21. J’ai quelque chose te dire.
22. Je connais un ami travaille en France.
23. Nous vivons dans une société les femmes sont inférieurs aux hommes.
24. Le gâteau que ma mère l’a préparer.
25. La maison où j’y habite.
26. La voiture que mon père me l’a acheté.
27. Le cousin d’Ahmed dont je ne connais pas son nom.
28. La maison que j'habite.
29. La personne que tu m'as parlé.
30. Il n'a pas dit qu'il ne peut pas répondre à la question.
31. Il faut que je fais mon travail.
32. Il faut te rencontrer.
33. J’ai écorcé la pomme.
34. On a prisoné le coupable.
35. Attends moi, j’ai pas encore mangé.
36. Tu parle de vide.
 BIBLIOGRAPHIE
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- Encyclopédie
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[8]- Cohen. M, du bilinguisme. Edition Denoël, 1985. p. 46
[9]- Cohen. M, du bilinguisme, édition Denoël, 1985. p.148
[10]- Cohen. M, du bilinguisme, Edition Denoël, 1985, p.47 - 48
[11] Cohen. M, du bilinguisme, Edition Denoël, 1985, p. 154 - 158
[12]- Cohen. M, du bilinguisme, Edition Denoël, 1985, p.158 - 160
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[14] - William. F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
[15] William. F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
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20- William. F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
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[23] - Cohen. M, du bilinguisme. Edition Denoël, 1985, p.55
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[25] - Cohen. M, du bilinguisme. Edition Denoël, 1985
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[26] John pleines, la linguistique au Maghreb, Edition Okad, 1990 Rabat, p 51
[27] - John pleines, la linguistique au Maghreb, Edition Okad, 1990 Rabat, pp 55-56
[28]- John pleines, la linguistique au Maghreb, Edition Okad, 1990 Rabat, p56
[29] - John pleines, la linguistique au Maghreb, Edition Okad, 1990 Rabat, p 57
[30] - http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/AFRIQUE/maroc.htm
[31] - William . F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
[32] - Mansour SAYAH, phonétique et phonologie « étude comparative de l’arabe et du français », Edition Puf.
[33] - François DELL, les règles et les sons. Edition Klincksiek, Paris
[34] - Mansour SAYAH, phonétique et phonologie « étude comparative de l’arabe et du français », Edition Puf
[35] - William. F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
[36] -- William. F. MACKEY, op. cité, 1976
[37] - ENCYCLOPEDIE Universalis, l’arabe dialectal marocain, in langue arabe, Collection Encarta, Edition 2004
[38] -JEAN Dubois, GUY Jourdain, la grammaire, Edition LAROUSSE, 1989
[39] Encyclopédie universalis, l’arabe, in langue, collection Encarta, édition 2004
- http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/15/akouaou.html
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[41] - JEAN Dubois, GUY Jourdain, la grammaire, Edition LAROUSSE, 1989
[42] - William . F. MACKEY, bilinguisme et contact des langues, Edition Klincksieck, Paris 1976
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