À découvrir
La Tròba. Anthologie chantée des
troubadours, XIIe et XIIIe siècles
Avec le soutien de la Région Languedoc-
Roussillon et du CIRDOC, Gérard
Zucchetto a entrepris depuis 2007
de faire découvrir au grand public
les chansons des troubadours dont la
notation musicale nous est parvenue
par les manuscrits médiévaux. Ce
projet ambitieux comprendra 8
coffrets, contenant chacun 4 CD-Rom
et des livrets donnant la transcription
et la traduction intégrale des textes.
A ce jour, trois coffrets ont été édités.
Le troisième vient juste de sortir.
Le « Troubadours Art Ensemble » y
interprète, entre autres, des poèmes
de Peire Vidal, de Raimbaut de
Vaqueiras, de Perdigon ou de Ramon
de Miraval. Une manière originale
d’aborder et d’apprécier la poésie
lyrique méridionale.
Édité par le Conseil général de l’Aude
Centre administratif départemental
11855 Carcassonne cedex 9
Directeur de la publication :
Alain Tarlier
Rédaction :
Archives départementales de l’Aude
41 avenue Claude Bernard
11855 Carcassonne cedex 9
Responsable de la rédaction :
Sylvie Caucanas
Photographies : A. Estieu,
A. Fernandez (Archives
départementales)
ISSN : 4141-0180 R
Tirage : 3 000 exemplaires,
publication gratuite
Compogravure :
t2p numéric 04 68 77 22 22
Impression : De Bourg - Narbonne
de La Cansó voit dans cette mort un
crime perpétré sur l’ordre des croisés.
Maladie ou crime, il est bien difficile de
trancher. Toujours est-il que cette mort
vient conforter la position de Simon de
Montfort à la tête de la vicomté.
L’hiver interrompt les combats. En
mars 1210, un nouveau contingent de
croisés vient en Languedoc renforcer les
troupes de Simon de Montfort. L’armée
peut passer de nouveau à l’offensive.
Du printemps à l’automne
1210 : à l’assaut des
châteaux et des villages
Au printemps 1210, Montlaur se
soulève contre la garnison française
qui occupe le village. La répression ne se
fait pas attendre et Montfort fait pendre
les habitants qui ne se sont pas enfuis. Les
croisés entreprennent de reconquérir le
terrain qu’ils avaient perdu à l’automne et
d’étendre leurs conquêtes. Bram assiégé
ne résiste aux assauts que trois jours.
Le traitement subi est des plus cruels :
« quant aux défenseurs de cette place, plus
d’une centaine eurent les yeux crevés, le
nez coupé : un seul fut éborgné afin de
mener à Cabaret le cortège ridicule de nos
ennemis » (Pierre des Vaux-de-Cernay).
Le résultat est immédiat : les populations
sont frappées de terreur et le Minervois
se soumet. Seule la cité de Minerve et
le château de Ventajou, près de Félines,
résistent. En avril, le château d’Alaric
tombe aux mains de l’armée croisée.
Vers la mi-juin, le comte de Montfort
prend position devant Minerve.
Protégée par deux ravins très profonds,
la ville paraît imprenable. Mais l’armée
croisée, qui a reçu le renfort de troupes
d’Ile-de-France et qui, de surcroît, a obtenu
le concours du vicomte de Narbonne, est
nombreuse et bien armée. Elle dispose de
machines de guerre : deux mangonneaux
et une « grande et excellente » pierrière
surnommée « Malevoisine ». Le résultat
ne se fait pas attendre : de larges brèches
dans les remparts et au bout de quelques
jours les vivres qui manquent. Le seigneur
Guillaume de Minerve capitule. Les
croisés pénètrent dans la ville au chant
du Te Deum. Cent quarante cathares, qui
ont refusé d’abjurer leur foi, périssent
par le feu.
Après la prise de Minerve le 22 juillet
1210, les redditions se précipitent.
C’est d’abord le seigneur de Ventajou, puis
Aimery, seigneur de Montréal. Et la guerre
se poursuit : tout le pays doit se soumettre
à Simon de Montfort, le nouveau vicomte
de Carcassonne. C’est au tour de Termes
d’être assiégé. Pierre des Vaux-de-Cernay
est fortement impressionné par le site :
« Termes… était d’une force étonnante
et incroyable. Il semblait humainement
tout à fait imprenable : il était bâti au
sommet d’une haute montagne sur un
grand rocher naturel, entouré de ravins
profonds et inaccessibles… De plus, à un
jet de pierre du château, un piton isolé
portait un fortin de petite dimension,
mais d’une grande solidité, nommé
Termenet ». Le siège dure neuf mois,
les assiégés résistent avec vaillance et
Guillaume de Tudèle, qui pourtant leur
est hostile, leur rend hommage dans La
Cansó : « Jamais ne dit-on aussi solide
garnison que celle qui occupait ce
château… Il s’y fit maint corps à corps,
maint arçon y fut rompu, il y eut force
chevaliers et force robustes Brabançons
tués [il s’agit de mercenaires], mainte
enseigne et maint beau gonfalon perdus
que les assiégés emportèrent de force
là-haut dans leur donjon, en dépit des
efforts des croisés, qu’ils le voulussent
ou non. Ni mangonneaux, ni pierriers
ne faisaient aucun mal aux assiégés, qui
avaient des vivres en abondance, de la
viande fraîche et du lard salé, du vin et
de l’eau pour boire et du pain à foison.
Si le Seigneur Dieu ne leur avait envoyé
quelque fléau, comme il fit par la suite en
Les ruines du château de Minerve
au début du XXe siècle
(A. D. Aude, 2 Fi 1378)