HEMORRAGIE DE LA DELIVRANCE 221
Compte tenu de la gravité du tableau hémodynamique et biologique, l’embolisation
doit être réalisée le plus rapidement possible. C’est la raison pour laquelle, nous préco-
nisons l’embolisation du tronc antérieur de l’artère hypogastrique si cela est nécessaire
pour raccourcir le temps de la procédure [6]. La quantité de produit de contraste utili-
sée est variable. Chaque série consiste à injecter 10 ml de produit de contraste iodé. La
dose cumulée habituellement utilisée varie entre 100 et 200 ml de produit de contraste
à 300 mg par ml ce qui correspond à une dose d’iode comprise entre 30 et 60 g, compa-
rable à la dose injectée au cours d’un simple examen tomodensitométrique. L’irradiation
pelvienne doit également être une préoccupation de l’opérateur. Il a récemment été
démontré que la dose cumulée sur les ovaires reste bien en deçà du seuil susceptible
d’interférer avec la fécondité ultérieure [12].
6. RESULTATS
Les taux de succès de l’embolisation utérine rapportés dans la littérature varient
entre 90 et 100 %. Ce taux est voisin de 100 % dans le cas d’une hémorragie de la
délivrance en rapport avec une atonie utérine [5, 6]. Après césarienne ou en cas de
traumatisme de la filière génitale, le taux d’efficacité est compris entre 85 et 95 % [5, 6].
Il faut signaler que ces taux de succès sont identiques chez les patientes ayant une
coagulopathie même gravissime, ce qui n’est pas le cas avec les traitements chirurgi-
caux. Les anomalies d’insertion placentaire (placenta accreta et percreta) peuvent
également être traitées par embolisation même si les résultats sont moins encoura-
geants [5, 6]. De même, l’embolisation après hystérectomie ou ligature artérielle
préalable, a souvent démontré son efficacité même si l’expérience du radiologue de-
vient primordiale dans cette situation difficile sur le plan technique [6, 7].
7. COMPLICATIONS
Le cathétérisme de l’artère hypogastrique ou de ses branches n’est habituellement
pas difficile chez des patientes jeunes, ayant des artères saines et à fort débit.
Ainsi, des complications ischémiques de l’embolisation utérine ont surtout été rap-
portées chez les patientes âgées ayant un cancer utérin ou ovarien préalablement traité
par radiothérapie, ce qui compromet le réseau collatéral. Des complications nerveuses,
des nécroses vésicales, des fistules vésico-vaginales ou des ischémies digestives ont
été rapportées [10, 13-15]. Des reflux indésirables de fragments d’embolisation vers
les membres inférieurs peuvent survenir après ralentissement du flux utérin.
8. EMBOLISATION DANS DES CIRCONSTANCES PARTICULIERES
En cas de saignement persistant après embolisation initiale angiographiquement
satisfaisante, une deuxième artériographie doit être pratiquée. Nous préconisons de laisser
en place l’introducteur artériel pendant 24 heures environ. Cela permet un cathétérisme
rapide en cas de nouvelle séance d’embolisation et évite les problèmes au point de
ponction chez une patiente au bilan de coagulation perturbé.
L’opérateur explore alors successivement les artères déjà embolisées car elles peu-
vent être recanalisées de façon précoce surtout lorsqu’elles étaient spasmées initialement.
Le radiologue explore également le système iliaque externe, largement anastomosé avec
les artères à destinée utérine.
Enfin, il étudie les artères ovariennes, naissant de l’aorte et qui peuvent être respon-
sables d’une récidive du saignement [16]. Ainsi, les artères ovariennes ou les artères du
ligament rond seront embolisées en cas de nécessité [9, 16]. L’embolisation de ces ter-