Intervention de M. Bruce Clemenger – président de l`Alliance

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Intervention de M. Bruce Clemenger – président de l’Alliance
évangélique du Canada
[English follows]
Nous sommes solidaires ici aujourd’hui, en tant que dirigeants de nos communautés de foi
respectives (juive, musulmane et chrétienne), pour exprimer les graves inquiétudes que nous
avons envers la décriminalisation du suicide assisté et de l’euthanasie. Nous croyons que toute
action qui vise à mettre fin à la vie humaine est moralement et éthiquement mauvaise.
Le Canada se trouve à un seuil important. La question de l’aide au suicide et l’euthanasie
soulève de profondes questions morales, sociales, médicales et légales qui atteignent en son
cœur même la trame de notre société.
Le respect de la vie humaine et la croyance en la dignité de toutes et de tous, quelles que soient
nos capacités ou nos habiletés, sont des principes fondamentaux de la société canadienne. Ces
principes expriment le devoir que nous avons de prendre soin les uns des autres, non seulement
individuellement mais aussi collectivement, ils formulent notre engagement à protéger les
personnes vulnérables et à ne pas les mettre en danger par nos décisions collectives, et ils
soulignent l’importance de réagir avec compassion et sollicitude envers celles et ceux « qui
traversent les ravins de la mort ».
La prudence est de mise. Nous demandons à toutes les Canadiennes et tous les Canadiens, et en
particulier à nos parlementaires, de s’arrêter et de considérer les conséquences sociales et
institutionnelles qu’entraînerait le fait de franchir ce seuil.
Les confessions affiliées à l’AÉC regroupent plus de 7 000 églises dont les pasteurs offrent
régulièrement des conseils spirituels, du réconfort et de la sollicitude à des personnes en fin de
vie. Nous sommes convaincus que les seules façons d’aider les personnes à vivre et à mourir
dans la dignité sont de veiller à ce qu’elles soient entourées d’amour et de sollicitude ; de leur
fournir des soins holistiques qui comprennent le contrôle de la douleur et un soutien
psychologique, spirituel et affectif ; ainsi que d’améliorer et d’accroître les ressources pour les
soins palliatifs et les soins à domicile.
Ensemble, avec nos diverses communautés de foi, nous sommes résolus à travailler pour alléger
la souffrance humaine sous toutes ses formes, mais jamais en éliminant les personnes
souffrantes.
Intervention by: Mr. Bruce Clemenger – President of The
Evangelical Fellowship of Canada
We stand together today, leaders within our respective faith communities – Jewish, Muslim and
Christian – to express our grave concern over the decriminalization of assisted suicide and
euthanasia. We believe that any action intended to end human life is morally and ethically
wrong.
Canada stands at a threshold. The issues of assisted suicide and euthanasia raise profound
moral, social, medical and legal issues which drive to the very heart of the fabric of our society.
Respect for human life, a belief in the dignity of all regardless of our capacities or abilities are
core principles of Canadian society. These principles affirm the duty of care for one another not just individually but collectively – our commitment to protect vulnerable persons and not
expose them to risk by our collective actions, and the importance of responding with
compassion and care for those who are “walking in the shadow of death.”
We urge caution. We call upon all Canadians, and in particular our Parliamentarians, to pause
and consider the societal and institutional implications of crossing this threshold.
The EFC’s affiliate denominations include over 7,000 churches whose pastors regularly provide
spiritual counsel, comfort and care to those nearing the end of their lives. We are convinced the
only ways to help people live and die with dignity are: to ensure they are supported by love and
care; to provide holistic care which includes pain control as well as psychological, spiritual and
emotional support; and, to improve and increase resources in support of palliative and home
care.
Together, with our diverse communities of faith, we are determined to work to alleviate human
suffering in every form but never by intentionally eliminating those who suffer.
Intervention de l’imam Sikander Hashmi, Conseil des imams du
Canada
[English follows]
Il n’y a aucun doute que la question de l’aide médicale au suicide inquiète beaucoup de
Canadiennes et de Canadiens. En tant que croyants porteurs d’une longue tradition de secours
aux malades, nous avons été témoins des terribles répercussions que la maladie et la souffrance
représentent pour les patients et leurs familles.
Nous comprenons que, dans certains cas, les patients qui endurent des niveaux extrêmes de
douleur et de souffrance, et que ceux qui s’attendent à la pareille dans un avenir proche,
peuvent désirer mettre fin à leurs jours. Nous sympathisons avec eux et, en puisant dans nos
traditions de foi, nous sommes appelés à prier pour eux afin qu’ils soient soulagés dans leurs
souffrances et à faire de notre mieux pour pourvoir à leur confort en leur offrant les meilleurs
soins possibles.
Dans ces cas-là, la mort peut sembler la seule solution pour soulager le patient. Mais ouvrir la
porte à la mort comme à une option possible pour soulager la douleur envoie un message
profondément perturbant aux personnes qui vivent dans la marge de notre société.
Nos amis, les membres de notre famille et nos concitoyens qui souffrent de maladie terminale,
de handicap physique, de troubles psychiatriques, ou qui se trouvent autrement isolés ou
enfermés dans la solitude, méritent d’être accueillis et embrassés comme des membres aimés
de notre société. Or l’appui à l’euthanasie et à l’aide au suicide fait exactement le contraire
puisqu’il envoie le message que la vie parfois ne vaut tout simplement pas la peine d’être vécue.
En d’autres mots, il présente la mort comme étant une option valable pour ceux qui font face à
des problèmes difficiles dans leur vie.
Dès qu’il sera devenu acceptable de choisir consciemment la mort plutôt que la vie, il sera
virtuellement impossible de protéger les personnes vulnérables contre les incitations indirectes
et les encouragements à aller dans ce sens.
En tant que Canadiennes et Canadiens, nous sommes convaincus que nous devons faire
davantage pour fournir aux malades des soins de compassion et trouver des moyens plus
efficaces d’alléger leur souffrance et d’améliorer leur qualité de vie. Au lieu de promouvoir la
mort, unissons-nous pour cultiver et chérir la vie.
Intervention by: Imam Sikander Hashmi, Canadian Council of
Imams
Undoubtedly, the issue of physician-assisted death is of concern to many Canadians. As people
of faith with a long tradition of tending to those who are ill, we have witnessed first-hand the
terrible toll illnesses and pain can take on patients and their families.
We understand that in some cases, patients experiencing extreme levels of pain and suffering,
and those expecting the same in the future, may desire an end to their life. We empathize with
them and as we draw from our faith traditions, we are instructed to pray for them to gain relief
from their suffering and to try our best to make them comfortable by providing the best
possible care.
In such cases, death may appear to be the only avenue to relief for the patient. However,
opening the door to death as an acceptable option for relief sends a deeply troubling message
to those living on the margins of our society.
Our friends, family members and fellow citizens who are suffering from a terminal illness,
physical disability, psychiatric illness - or are otherwise isolated or lonely - deserve to be
embraced and welcomed as cherished members of society. Support for euthanasia and assisted
suicide does the exact opposite. It sends the terrible message that sometimes, life is just not
worth living. In simple terms, it presents death as a viable option for those facing difficult
challenges in life.
Once voluntarily choosing death over life becomes acceptable, it will be virtually impossible to
protect the vulnerable against indirect encouragement and promotion of this act.
We firmly believe that as Canadians, we must do more to provide compassionate care to those
who are ill and to find better and more effective ways to alleviate their suffering and improve
their quality of life. Instead of promoting death, let us come together to enhance and cherish
life.
Commissaire Susan McMillan – Chef du territoire de l’Armée du
Salut au Canada et aux Bermudes
Pour un meilleur accès aux soins palliatifs
[English follows]
La semaine dernière, j’ai reçu une lettre d’une femme dont le père a été hébergé dans un
établissement de santé de l’Armée du Salut où l’on offre des soins palliatifs. Elle écrit : « Il y a un
mois que mon père est décédé. Je veux que vous sachiez à quel point vous avez fait une
différence pendant une période très difficile. Je vous suis profondément reconnaissante, car j’ai
vu mon père s’éteindre dans un cadre serein et accueillant. Nous avons été reçus à bras ouverts
dans votre communauté. Je savais que mon père se trouvait à un endroit où on prendrait bien
soin de lui. On m’a offert un refuge où me reposer et on m’a témoigné beaucoup d’affection. J’ai
découvert un niveau plus profond de compassion, de tendresse et d’acceptation. Le travail que
vous faites pour les personnes est un don extraordinaire. »
Au moment où nous discutons d’aide médicale à mourir, il faut reconnaître la valeur et
l’importance des soins palliatifs pour les personnes, les familles et la société. Avec son approche
holistique (physique, émotionnelle, psychologique, sociale et spirituelle), les soins palliatifs se
fondent sur un idéal qui veut qu’on se soucie des patients au lieu de seulement en prendre soin.
Cette approche peut atténuer la douleur et les symptômes des maladies graves et améliorer la
qualité de vie des patients et des membres de leur famille.
Le 14 avril 2016, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il s’engageait à développer une
stratégie sur les soins palliatifs au Canada. Voilà qui est encourageant vu le manque de lits de
soins palliatifs partout au pays. À ce jour, il n’y a guère plus de 30% des Canadiennes et
Canadiens qui ont accès à des soins palliatifs de qualité 1. Avec une population qui vieillit
rapidement, nous savons que la demande ne peut qu’augmenter pour ce genre de services.
Ce qui nous inquiète, toutefois, comme il y a si peu d’options de soins palliatifs disponibles
actuellement, c’est que pour nombre de personnes atteintes de maladies graves, il sera plus
facile d’avoir accès à l’aide médicale à mourir qu’aux soins médicaux nécessaires pour gérer leur
douleur et leur inconfort. Dans les Consultations sur l’aide médicale à mourir 2 menées par le
gouvernement, on a souligné que les Canadiennes et Canadiens ne veulent pas que l’aide
médicale à mourir devienne l’option privilégiée simplement parce que les autres options ne
seraient pas accessibles. Si on n’arrive pas à offrir assez de soins palliatifs de qualité, on ne peut
s’attendre à ce que les gens prennent des décisions vraiment éclairées pour répondre à leurs
besoins en matière de soins de santé.
Il faut aussi remarquer que les soins palliatifs ne sont pas là pour accélérer ou retarder la mort. Il
s’agit d’aider les gens à vivre leurs derniers jours dans le confort et la dignité. On ne doit donc
pas imposer aux équipes et aux établissements de soins palliatifs de collaborer à l’offre d’aide
médicale à mourir.
1
2
http://www.chpca.net/
http://www.justice.gc.ca/fra/rp-pr/other-autre/pad-amm/pad.pdf
Nous croyons qu’en assurant un meilleur accès aux services de soins palliatifs ainsi qu’aux autres
services aux patients, notamment ceux offerts aux personnes atteintes de maladies mentales ou
aux personnes handicapées, on aidera les Canadiennes et Canadiens plus vulnérables à obtenir
les soins et le soutien qui leur conviennent. Nous incitons les gouvernements fédéral et
provinciaux à faire des soins palliatifs de qualité une priorité d’un bout à l’autre du pays et à
veiller à ce qu’ils soient également accessibles à tous les membres de la société.
Commissioner Susan McMillan – Territorial Commander for The
Salvation Army in Canada and Bermuda
Greater Access to Palliative Care
Last week I received a letter from a woman whose father had stayed in a Salvation Army health
facility that provides palliative care. She writes, “It has been a month since my father passed
away. I want you to know what a difference you made during a very difficult time. I was so
grateful that my father died in a peaceful and accepting setting. We were welcomed into your
community with open arms. I knew my father was in a place where he would be well taken care
of. I was offered a haven to rest and shown such tenderness. I learnt a deeper level of
compassion, tenderness and acceptance. The work you do for individuals is such a gift.”
As we discuss medical assistance in dying, the conversation should acknowledge the significant
value that palliative care provides to individuals, families and society. With its holistic approach
(physical, emotional, psychological, social and spiritual), palliative care is grounded in the ideal
that patients should be cared about and not just cared for. It can alleviate the pain and
symptoms of serious illness and improve the quality of life for both patients and family
members.
On April 14, 2016, the Federal Government announced its commitment to develop a stronger
palliative care strategy in Canada. This is encouraging given the serious shortage of palliative
care beds across the country. Today, only approximately 30% of Canadians have access to
quality palliative care. 3 With a rapidly aging population, we know that the demand for these
services will only increase.
The concern, however, is that since there are so few palliative care options currently available,
many people with life-threatening illnesses will have an easier time accessing medical-assisted
death than receiving the support needed to adequately manage their pain and discomfort. In
the Government’s Consultations on Physician-Assisted Dying 4, it noted that Canadians do not
want assisted death to become the preferred option simply because other options are not
accessible. If there is a lack of quality palliative care available, then we can’t expect people to
make a truly informed choice about how to respond to their health care needs.
It should also be noted that palliative care does not exist to accelerate or delay death. It is about
helping people live out their lives in comfort and dignity. As such, palliative-care teams and
3
4
http://www.chpca.net/
http://www.justice.gc.ca/eng/rp-pr/other-autre/pad-amm/pad.pdf
facilities should not be required to involve themselves in the provision of medically assisted
death.
We believe that greater access to palliative care services, as well as other patient services,
including mental-health care and support for people with disabilities, will help more vulnerable
Canadians seek out appropriate care and support. We encourage the Federal and Provincial
Governments to make quality palliative care a priority across Canada and ensure that it is
equally available to all members of society.
Présentation du Dr. Caroline Girouard
[English follows]
Bonjour,
Je suis Dr.Caroline Girouard, médecin hématologue-oncologue au Québec. Depuis 20 ans, mon
travail consiste à traiter et à accompagner des personnes atteintes de cancer, souvent
métastatique et donc incurable.
Quand un patient vient me voir, il sait qu'il joue sa vie et moi aussi. Je veux qu'il soit aussi bien
traité que dans les meilleurs hôpitaux au monde. Et me battre pour chacun de ces patients pour
l'accès aux meilleurs soins c'est ma vie depuis 20 ans, que ce soit pour des soins actifs ou des
soins palliatifs.
Bien sûr que le patient peut accepter ou non ce que je suis en train de lui proposer; et dans la
vraie vie, quand le patient ne veut pas ce que je lui offre, il va consulter ailleurs et je respecte ça.
Depuis le début de l'année, comme des centaines de collègues, je sens une menace de
représailles si éventuellement je ne participais pas à la mise à mort de mes patients qui en
feraient la demande. Référer mes patient à un autre médecin qui va faire leur homicide, pour
moi c'est moralement de la complicité. M'obliger à organiser la référence, à monter le dossier,
remplir les formulaires et faire avancer la demande, c'est me forcer à la complicité. Cette
position est moralement insoutenable pour moi.
Il y a quelques mois, un de mes confrère palliativiste s'est fait menacer publiquement par le
ministre de la santé du Québec de sanctions disciplinaires s'il ne se soumettait pas à l'obligation
de participer à l'euthanasie-- appelée communément Aide médicale à mourir -- dans son propre
hôpital à Montréal.
À ma connaissance, nulle part ailleurs au monde les médecins ne sont obligés, par force de loi ,
de tuer ou de faire tuer leurs patients.
Depuis, plusieurs médecins ont affirmé qu'ils quitteront leur pratique s'ils perdent leur liberté de
conscience et doivent participer contre leur gré à des homicides.
Et je suis de ceux-là.
Ce que je demande au gouvernement fédéral, c'est une clause qui garantit la liberté de
conscience de chaque professionnel de la santé partout au pays. Ne laissez pas cette question à
la discrétion des provinces car on sait déjà ce qui s'annonce.
Une telle clause n'enlèverait aucune liberté au patient, qui pourra toujours
trouver ce qu'il veut comme il le fait déjà. Car plusieurs médecins se sont déjà affichés et
proposés volontaires pour appliquer librement la nouvelle loi, du moins au Québec.
Mais en ajoutant une clause de liberté de conscience explicite dans la nouvelle loi fédérale, ça
assurerait que, dans un pays démocratique comme le Canada , les médecins comme moi et mes
collègues dont je vous ai parlé, ne seront pas contraints d'abandonner leur travail à cause des
politiques intolérantes des provinces ou des Collèges de médecins provinciaux.
Je fais un des plus beaux métiers du monde, et j'aimerais continuer à aider ces personnes qui
me font confiance avec la même honnêteté, la même intégrité, avec la même passion et la
même compassion.
Merci.
Dr. Caroline Girouard MD, FRCPC, Hematologist - Oncologist at
the Hôpital du Sacré-Cœur, Montreal, and Assistant Clinical
Professor, Department of Medicine, University of Montreal
Good morning,
I am Dr. Caroline Girouard, a hematologist - oncologist from Quebec. For 20 years, my work has
consisted of treating and accompanying people with cancer, often metastatic and therefore
incurable.
When a patient comes to see me, we both know that their life is at stake. I hope for the person
that they will be treated in the world’s best hospital. My life for 20 years has consisted of
fighting to get the best care for these people, whether it be active treatment or palliative care.
The patient is of course free to accept or reject what I propose; in real life, when the patient
doesn’t care for what I am offering, they are free to consult someone else. I respect that.
From the beginning of this year, along with hundreds of my colleagues, I have felt a threat of
possible reprisals if eventually I should not participate in the killing of my patients who might ask
for it. To refer my patients to another physician who will kill them is, for me, moral complicity.
To force me to organize the referral, prepare the file, fill out the forms and send the request, is
to force me to be complicit. This position is morally unacceptable to me.
A few months ago, one of my colleagues in palliative care was publicly threatened by Quebec’s
Minister of Health with disciplinary sanctions if he did not submit to the obligation to participate
in euthanasia -- commonly labelled Medical Assistance in Dying -- in his own hospital in
Montreal.
To my knowledge, nowhere else in the world are doctors forced by law to kill their patients or to
arrange to have them killed.
Since then, a number of doctors have affirmed that they will leave the practice of medicine if
they lose their freedom of conscience and have to take part in homicide against their will.
And I am among them.
What I ask of the federal government is that a clause should guarantee the freedom of
conscience of each healthcare professional across the country. Do not leave this question up to
the provinces; we already know what is in store at that level of government.
Such a clause would not infringe on the liberty of the patient, who could still find what he or she
wants as is the case now. A number of physicians have voluntarily made it known that they will
freely apply the new law, at least in Quebec.
Adding an explicit freedom-of-conscience clause to the federal law will ensure that in a
democratic country such as Canada, I and the physicians I mentioned a moment ago will not be
forced to give up their work because of intolerable policies from the provinces or the provincial
Colleges of Medicine.
Mine is one of the most wonderful jobs in the world, and I would like to continue to help the
people who trust me with the same honesty, integrity, passion, and compassion as I do now.
Thank you.
Intervention du rabbin Reuven P. Bulka, C.M., de la
Congrégation Machzikei Hadas, Ottawa
[English follows]
Ce dont nous discutons actuellement risque d’être diamétralement opposé à ce qui a été de
tout temps l’objectif de la profession médicale : de sauver et prolonger la vie. Demander, voire
exiger des médecins qu’ils mettent un terme à la vie, ou qu’ils se rendent complices de quelque
façon d’une mise à mort, c’est de retourner la pratique de la médecine sens dessus dessous.
Quelle que soit la législation proposée, aucun médecin ne devrait être contraint de participer à
ce qui était considéré jusqu’ici dans bien des cas comme un meurtre. Il va sans dire qu’il est
inacceptable d’obliger un médecin à mettre fin à une vie, tout comme il est inacceptable de
forcer un médecin à rediriger un patient dans ce but. Ce serait contraindre le médecin à se
rendre complice d’un meurtre, et il s’agirait certainement d’une violation des droits de la
personne. Il n’y a aucune logique en pensant qu’il ne s’agit là « que d’aiguillage ».
Par ailleurs, il faut s’assurer que dans tous les cas d’objection de conscience, le médecin,
l’infirmière ou l’infirmier, la pharmacienne ou le pharmacien ou tout autre professionnel de la
santé qui refuse de participer à ce genre d’action ne sera aucunement victime de discrimination.
Tous les protocoles qui seront adoptés dans le cadre de la future loi devront offrir une
protection à toute épreuve pour empêcher que cela se produise.
Cette protection est essentielle non seulement pour garantir les droits fondamentaux des
professionnels de la santé ; non seulement pour l’intégrité de la profession médicale ; ils sont
essentiels au maintien du caractère sacré de la vie comme valeur durable au Canada. Cette
valeur continuera de nous définir, quelle que soit la législation adoptée.
Intervention by: Rabbi Dr. Reuven P. Bulka, C.M.,
Congregation Machzikei Hadas, Ottawa.
What is being discussed is potentially diametrically contrary to the age-old objective of doctors
in the medical profession, to save and extend life. To ask, even demand of doctors that they
terminate life, or be in any way complicit in terminating life, is to turn the world of medical
practice upside down.
No matter what legislation is proposed, no doctor should be forced to be part of what
heretofore was in many cases considered to be murder. It goes without saying that forcing a
physician to actively terminate life is unacceptable. It is also unacceptable to force a physician to
refer a patient for that purpose. This effectively forces a physician to be complicit in murder, and
is certainly a breach of human rights. There is no logic to think in terms of “only referring.”
Additionally, we need to be sure that in all instances of such principled objection, the physician,
nurse, pharmacist, or any other social or health care professional, who refuses to take part in
such action is not in any way be discriminated against. Whatever protocols are adopted in the
wake of the impending legislation must build in rock solid protections to prevent this from
happening.
These protections are vital not only for the fundamental human rights of health care
professionals; not only for the integrity of the medical profession; they are vital to maintaining
the sanctity of life as an enduring Canadian value. That value continues to define us whatever
legislation is adopted as law.
Déclaration du cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto
Conférence de presse multiconfessionnelle sur
l’euthanasie et l’aide au suicide – 19 avril 2016
Bonjour. Je suis le cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto. Je traiterai
brièvement du besoin de respecter la liberté de conscience des établissements de soins
de santé.
Bien avant que le Canada ne devienne un pays, des communautés croyantes, inspirées
par leur foi, avaient créé des havres d’espérance pour servir les malades et les personnes
souffrantes. Dans ma propre tradition religieuse, l’Église catholique, nous avons des
groupes comme l’Alliance catholique canadienne de la santé qui représente
110 établissements de soins de santé d’un bout à l’autre du pays, avec près de 18 000 lits
et 60 000 employés. Qu’il s’agisse du travail remarquable de l’Armée du Salut, de la
communauté juive ou de nombreuses autres confessions, le Canada serait un pays
beaucoup plus froid et plus dur, si ces communautés croyantes n’offraient pas des soins
et du soutien de première ligne.
Nous demandons simplement pour la même protection qui a été accordée aux
établissements de ce genre dans tous les États où l’euthanasie et l’aide au suicide ont été
légalisées ; c’est-à-dire, de ne pas forcer les hôpitaux, les résidences pour personnes
âgées, les résidences de soins palliatifs ou les autres établissements à trahir leur mission
et leurs valeurs qui sont notre conscience institutionnelle.
Ces établissements se sont engagés à prendre soin des gens, à accompagner des patients
et à être avec eux jusqu’à leurs derniers instants. Ce à quoi nous nous opposons, c’est le
fait de leur enlever la vie.
Il est important de noter qu’il n’y a pas d’établissements de santé au Canada qui offre à
ses patients toutes les procédures possibles. Il n’est ni pratique, ni responsable ou
prudent financièrement de le faire.
Nous ne voyons aucune allusion à la liberté de conscience dans le projet de loi qui a été
présenté le 14 avril. Il semble que le gouvernement fédéral laisse l’étude de cette
question aux provinces et aux territoires. Mais si le gouvernement, comme il l’a dit,
souhaite que cette loi soit appliquée de manière cohérente dans tout le pays, il doit faire
preuve de la même cohérence pour protéger la liberté de conscience partout au pays.
Soyons respectueux envers les pionnières et les pionniers des services de santé de notre
pays et veillons à ce que leurs successeurs puissent poursuivre leur mission de
sollicitude et de guérison.
Statement from Cardinal Thomas Collins, Archbishop of Toronto
Multi-faith press conference regarding
Euthanasia/Assisted Suicide – April 19, 2016
Good morning. I am Cardinal Thomas Collins, Archbishop of Toronto. I will speak
briefly on the need for conscience protection for health care facilities.
Long before Canada was a country, faith-based communities established havens of hope,
inspired by their faith, to serve the sick and suffering. In my own faith tradition, the
Catholic Church, we have groups like the Catholic Health Alliance of Canada that
represent 110 healthcare facilities across the country with almost 18,000 beds and
60,000 staff. Whether it is the outstanding work of the Salvation Army, the Jewish
community or many other faiths, we would be a much colder, harsher country were faith
communities not serving on the front lines of care and outreach.
We ask, simply, for the same protection that has been provided to these facilities in
every foreign jurisdiction in the world that has legalized euthanasia/assisted suicide;
that is, never to force hospitals, nursing homes, hospices and other care facilities to go
against their mission and values, which are their institutional conscience.
These facilities are committed to caring for people, to journeying with patients and
being with them till their final moments. What we object to is taking their life.
It is important to note that no health care facility in Canada makes every procedure
available to its patients. It is not practical, fiscally responsible or prudent to do so.
We see no reference to conscience rights in the draft legislation that was tabled on April
14. It appears that the federal government is leaving this issue to the provinces and
territories for consideration. However, if the government, as it has expressed, wishes to
have consistency in the delivery of this legislation across Canada, there also needs to be
consistency in the protection of conscience rights across the country.
Let us be respectful of the pioneers of healthcare in this country and ensure that their
successors may continue their mission of care and healing.
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