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Depuis une dizaine d’années, les urgences psychiatriques ont fortement augmenté et
représentent en moyenne 10 à 20 % des urgences selon l’implantation urbaine ou rurale et
selon que l’on y inclut ou non les urgences psychosociales.
De multiples facteurs favorisent le recours aux structures d’urgence en psychiatrie : le
relâchement du lien social et familial, la souffrance au travail et l’augmentation de la
précarité, de la violence, des comportements agis et des conduites toxiques (alcool et autres
drogues). S’y ajoutent la mauvaise image de la psychiatrie qui retarde pour certains patients la
prise en charge, la politique de fermeture des lits en psychiatrie de secteur et les problèmes de
fonctionnement des structures ambulatoires avec des délais de rendez-vous qui s’allongent en
raison de la pénurie de psychiatres.
Parmi ces urgences psychiatriques, environ 30 % sont des urgences vraies et correspondent à
des décompensations aiguës ou subaiguës de pathologies psychiatriques connues ou
d’apparition récente : épisode dépressif majeur, accès d’agitation maniaque, bouffée délirante
aiguë, décompensation délirante chez le patient schizophrène ou paranoïaque.
Les autres situations (70 %) sont liées à des situations de crise où la clinique ne correspond
pas exactement à un diagnostic de pathologie psychiatrique avérée.
Il peut s’agir de symptômes psychiatriques aigus associés à une affection somatique, de
patients présentant des états toxiques dans le cadre de conduites addictives ou de conduites
toxiques à visée suicidaire, et plus largement de situations de crise ou de détresse
psychosociale à expression émotionnelle intense dans le cadre des troubles de l’adaptation
(deuils, pertes, chômage, problèmes financiers, problèmes judiciaires, conflits conjugaux,
professionnels, sentimentaux ou familiaux,…) pouvant aller jusqu’à une perturbation de
l’ordre public.
L’accueil et la prise en charge de sujets victimes d’évènements traumatiques individuels ou
collectifs fait aussi partie du travail des urgences psychiatriques, ainsi que l’examen de
personnes en garde à vue dans le cadre d’une réquisition judiciaire.
Les urgences psychiatriques comportent quelques spécificités par rapport aux urgences
médico-chirurgicales. En psychiatrie, il existe des contre-indications cliniques à
l’hospitalisation, ce qui est rarement le cas dans les autres disciplines. Certaines pathologies
peuvent en effet être aggravées par une hospitalisation : déséquilibre des troubles de la
personnalité, exclusion des modes de vie antérieures, chronicisation des séjours
hospitaliers,…