Note : vers une autre conception du vivant
commensalisme. C'est une idée qui vient de la biologie elle-même. Il y a des êtres vivants qui sont des commensaux
des autres. Ils se distinguent de leur hôte, dont ils vivent la même vie, déjà en « mangeant » la même chose que leur
hôte, dans un partage involontaire. Commensal vient étymologiquement du latin cum, avec et mensa, table, mais
cela ne se limite pas à la nourriture. Le commensal profite de son hôte sans entrer en confrontation avec lui. Son
hôte lui sert de biotope, mais il n'en abuse pas. Le commensal reste sous le charme de son hôte et ne le dégrade
pas. Il ne s'oppose pas à lui et le respecte, tout en profitant de la situation. Exemple : les bactéries de l'intestin
comme commensales de l'homme. Elles bénéficient d'une certaine protection vis à vis des agressions externes,
d'une bonne nourriture, d'une température quasi constante, d'une humidité utile, d'un moyen de déplacement et de
diffusion efficace (comme pour les rémoras attachés aux requins) etc.
La vie profite comme cela d'une possibilité logique non aristotélicienne, qui s'écrit : « ainsi et non-ainsi ». Le
commensal fait partie de l' « ainsi » de l'hôte, en étant non séparable de lui. En même temps, il s'en distingue comme
un être vivant à part entière : « non-ainsi ». Il allie les deux propositions logiques. Il profite de son hôte comme
biotope, mais il n'en profite pas comme proie.
L'hôte est une espèce vivante, résultant des réductions possibles de la vie. La vie, en général, subit une « spéciation
» par effet réducteur en multiples branches. Ce sont les espèces dont on ne connaît pas encore tous les
représentants. Dans toutes ces branches, il y a des espèces qui vont devenir des hôtes et des espèces qui vont
devenir commensales. Le commensal est donc, comme son hôte, un être vivant, avant toute différentiation des
espèces. Nous touchons là à une quatrième proposition logique, qui s'écrit : « ni ainsi ni non-ainsi ». L'hôte comme le
commensal, c'est du vivant, avant toute spéciation.
Il nous faut les quatre propositions de cette logique non-aristotélicienne, tétravalente, pour comprendre le
commensalisme en biologie. Le commensal profite de l'hôte, mais ne perturbe que marginalement son hôte. Les
crustacés cirripèdes ne modifient pas significativement l'hydrodynamisme des baleines. Les renards mangent les
détritus des hommes en ville, mais s'arrangent pour ne pas être trop visibles. [1]
Le parasitisme, c'est quand un petit animal vit au détriment d'un plus gros, tandis que la prédation caractérise le
comportement d'un gros au détriment d'un plus petit. L'humain est capable des deux ! Ces agressions ont été
considérées comme un moteur important de l'évolution des espèces, dans une course aux armements infinie entre
parasites/prédateurs et victimes. C'est considérer que la compétition/coopération pour les ressources disponibles
n'est pas suffisante pour obtenir un perfectionnement des êtres vivants. La logique aristotélicienne des antagonismes
empêche de voir le parasitisme/prédation comme une déglingue du vivant, comme un retour dénaturant à l'entropie
de la matière physique, comme une maladie de la vie. Se créent pour cela des espèces qui agressent d'autres et
celles-ci deviennent des proies. De même, la création d'espèces parasites nous montre la vertu commensale de la
vie s'estomper. C'est alors l'équilibre entre espèces qui se crée, par des équilibres d'écosystèmes. Cela ne va pas
toutefois, jusqu'à l'anéantissement de l'espèce victime, sauf pour certaines espèces vraiment dégradées, dont
l'humanité, sous certains de ses aspects.
Le respect du vivant se voit quand l'hôte protège son commensal d'une manière ou d'une autre, d'abord
involontairement, puis de manière de plus en plus active, par exemple dans le développement de la reproduction. Un
statut de « mère animale » protectrice va pouvoir se développer. Le rejeton « commensal » va être protégé
activement. La vie protège la vie.
Le commensalisme est spécialement mis à l'honneur chez les mammifères pour leur reproduction. Des organes
spécialisés de protection sont élaborés pour le foetus. Chez les marsupiaux, une poche et des glandes nourricières
abritent le foetus, pendant une période de transition vers l'autonomie vitale. Chez les placentaires, l'organe
protecteur est carrément intériorisé comme utérus et le bébé est censé naître viable.
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