REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE
Département de l'économie et de la santé
Direction générale de la santé
Actualisation le 27.09.2010
Questions-Réponses sur la vaccination
contre la grippe
Document rédigé par la Professeure Claire-Anne Siegrist,
Unité de vaccinologie-immunologie, Hôpitaux universitaires de Genève
f Pourquoi faut-il se faire vacciner contre la grippe saisonnière ? Que préconise
l’Office Fédéral de la santé (OFSP)?
L’OFSP recommande de protéger les personnes vulnérables à risques de complications
graves ou mortelles de la grippe – en particulier les personnes âgées ou malades, les
femmes enceintes, les enfants nés prématurément – en les vaccinant.
Malheureusement, lorsque les défenses immunitaires sont affaiblies, la vaccination
n’est pas pleinement efficace. Ainsi, l’OFSP recommande de diminuer les risques de
contamination par la vaccination de leur entourage familial et professionnel.
f A-t-on des statistiques sur le nombre total de décès pour la grippe A/H1N1?
Dans son bilan du 6 août 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique 214
pays ont rapporté plus de 18’449 décès confirmés (PCR, culture) comme étant dus à
la grippe A/H1N1. La particularité de la grippe A/H1N1 est d’avoir touché des sujets
jeunes (aux USA, 53% des hospitalisations et 25% des décès ont touché des jeunes
de moins de 25 ans), les personnes plus âgées bénéficiant d’une meilleure immunité
résiduelle.
f Sait-on maintenant pourquoi la grippe A/H1N1 a été bien moins grave que prévu ?
La grippe A/H1N1 s’est révélée aussi contagieuse que prévu – mais bien moins grave.
Au début de l’épidémie, le risque de décès ou de complications a été surévalué faute
de réaliser qu’à côté des nombreuses hospitalisations ou décès (Mexique, Etats-
Unis…), il y avait de très nombreuses personnes qui résistaient à la grippe sans
complications. En particulier les personnes âgées, qui sont celles qui meurent le plus
souvent de la grippe, ont montré une résistance inattendue à ce virus H1N1/09. Cette
compréhension n’est devenue disponible qu’au mois d’août 2009 – à temps pour
limiter les recommandations de vaccination aux groupes à risques mais trop tard pour
éviter la commande de millions de doses de vaccin dès lors inutiles.
Par la suite, la raison de la moindre sévérité de ce virus est devenue claire: ce
« nouveau virus » était bien nouveau, mais il était suffisamment proche des virus ayant
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déjà circulé pour que les défenses immunitaires fabriquées en réponse à une infection
ou une vaccination puissent souvent le contrôler efficacement.
f Pourquoi faut-il se refaire vacciner toutes les années contre la grippe saisonnière ?
Il y a 2 raisons : d’une part, les virus mutent régulièrement – nécessitant des vaccins
toujours adaptés. D’autre part, les vaccins actuels contre la grippe ne sont pas les
meilleurs vaccins : comme ils ne contiennent pas d’adjuvant et qu’on en donne une
seule dose, leur immunité diminue rapidement après quelques mois. Une vaccination de
rappel est donc nécessaire chaque année – que les virus aient changé ou non.
f Quelle est la composition du vaccin cette année ? Y a-t-il un adjuvant dans ce
vaccin ?
Le vaccin 2010 contre la grippe saisonnière ne contient pas d’adjuvant. Il contient les
3 souches de virus considérées comme les plus à même de circuler dans notre pays
cet hiver : la souche A/H1N1/09 qui était la souche pandémique en 2009, une nouvelle
souche A/H3N2 isolée en Australie en 2009 et une souche B isolée en Australie en
2008.
f Est-ce qu’il y a plusieurs types de vaccins disponibles ?
Tous les vaccins contre la grippe contiendront les 3 souches A/H1N1/09, A/H3N2/09
et B/08. Tous sont des vaccins inactivés contenant seulement des protéines purifiées.
Un seul vaccin sera disponible avec un adjuvant de type squalène (Fluad, Novartis) :
son utilisation est actuellement réservée aux personnes dès
65 ans.
f Si l’on a contracté la grippe A/H1N1 l’année dernière, est-ce qu’il faut se refaire
vacciner contre la grippe cette année ? Est-ce que cela n’est pas dangereux du fait de
la présence de la souche A/H1N1 dans le vaccin de cette année?
Il est probable qu’une infection confirmée (PCR positive) donne une immunité
suffisante pour éviter les complications en cas de réinfection. Mais un an après
l’infection, les taux d’anticorps seront vraisemblablement trop bas pour éviter d’être
infecté - et donc éviter le risque de contaminer son entourage. La vaccination reste
fortement recommandée pour la grippe A/H1N1, et bien sûr pour les 2 autres souches
contenues dans le vaccin. Il est habituel qu’un vaccin contre la grippe soit donné à des
personnes déjà immunisées parce qu’elles ont attrapé la grippe au cours de l’année
précédente : il est démontré que cela ne représente aucun risque supplémentaire
d’effets secondaires.
f Combien de temps le vaccin est-il efficace ?
L’efficacité est maximum pendant environ 6 mois. C’est la raison pour laquelle le mois
d’octobre est une bonne période pour éviter une grippe dont l’épidémie survient
habituellement entre décembre et mars.
f Au bout de combien de temps après la vaccination est-on protégé contre la grippe ?
Il faut environ 2 semaines pour être protégé après un vaccin sans adjuvant.
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f Si l’épidémie arrive et que je viens de me faire vacciner, pendant combien de temps
dois-je porter un masque?
Durant 2 semaines car il faut environ 2 semaines pour être protégé après un vaccin
sans adjuvant.
f Le vaccin protège-t-il à 100% contre la grippe ? Si une autre souche que le A/H1N1
devait apparaître, est-ce que je serais quand même partiellement protégé avec le vaccin
2010 ?
Aucun vaccin ne protège 100% des personnes vaccinées, puisque son efficacité
dépend de la qualité des défenses immunitaires. Le vaccin ne protège que contre les
virus contenus dans le vaccin. Le vaccin 2010 protègera donc contre les 3 souches
(A/H1N1, A/H3N2 et B) estimées comme les plus à risques de provoquer une épidémie
pendant l’hiver 2010-2011.
f Existe-t-il d’autres moyens que la vaccination pour se protéger contre la grippe ? Les
vaccins homéopathiques ou à base de plantes sont-ils efficaces ?
Il est difficile d’éviter le risque de contamination – à moins de ne pas sortir de chez soi
pendant toute l’épidémie ! Il existe des médicaments antiviraux qui peuvent être
prescrits aux malades très fragiles, mais cela nécessite de prendre un traitement
chaque jour pendant plusieurs mois et fait courir le risque d’induire des résistances.
Avoir une bonne santé, éventuellement soutenue par des approches naturopathiques,
diminue le risque de complications mais n’empêche pas le risque d’infection et donc de
contamination de son entourage. Aucun vaccin homéopathique ou à base de plantes
n’a jamais fait la preuve de son efficacité contre la grippe.
f Quels sont les effets secondaires du vaccin ?
Le vaccin étant inactivé, il ne peut pas donner la grippe. Les effets secondaires sont
essentiellement de faire une réaction inflammatoire (douleur, rougeur, chaleur) au site
de l’injection. Cette réaction peut – rarement – être accompagnée de maux de tête,
d’un peu de fièvre, de frissons ou de courbatures. Le tout disparaît en 2-3 jours.
Le risque le plus grave est celui d’une réaction allergique, en particulier chez les
personnes qui ne peuvent pas manger des œufs sans une réaction anaphylactique
grave. C’est la seule contre-indication formelle à la vaccination.
f Quel est le risque de contracter une maladie neurologique après le vaccin ? Ma sœur
a une sclérose en plaques, puis-je sans risque me faire vacciner contre la grippe ?
Le vaccin étant inactivé, les seuls risques sont que le corps ne réagisse pas
normalement à la vaccination – par une réaction inflammatoire, allergique ou auto-
immune. Il est extrêmement rare que ces réactions touchent le système nerveux. En
particulier, le risque d’une sclérose en plaques n’est absolument pas augmenté par la
vaccination – même s’il y a une personne atteinte dans la famille.
Le risque d’une autre maladie neurologique (le syndrome de Guillain-Barré) est bien
établi : ce risque est rare dans la population générale (1-3 pour 100'000), il est
augmenté de 15-20 fois dans les semaines qui suivent une grippe-infection (virus
vivant), mais il n’est pas augmenté après une vaccination (virus tué, purifié).
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f Quelles sont les contre-indications à la vaccination ?
Le vaccin est formellement contre-indiqué chez les rares personnes qui réagissent aux
œufs avec un choc anaphylactique. Celles-ci devraient bénéficier d’un bilan
allergologique complet.
La seule autre contre-indication formelle est pour les enfants de moins de 6 mois, chez
lesquels les vaccins n’ont pas encore été étudiés malgré le risque que représente la
grippe chez les bébés.
Enfin, en Suisse la vaccination n’est pas recommandée pendant le premier trimestre de
la grossesse – pour éviter le risque d’une association fortuite avec une fausse-couche,
fréquente au premier trimestre. Mais cela ne signifie pas que la vaccination représente
un risque au premier trimestre : de nombreux pays recommandent la vaccination quel
que soit le stade de la grossesse.
f Si je suis enceinte, est-ce que je peux me faire vacciner ?
Oui ! Depuis 2009, la vaccination contre la grippe est officiellement recommandée en
Suisse aux femmes enceintes – comme c’est le cas depuis longtemps dans d’autres
pays. La vaccination est conseillée dès le début du 2e trimestre.
f Si je me vaccine alors que je suis enceinte, est-ce que mon enfant sera protégé à la
naissance ?
Oui ! Les anticorps maternels traversent le placenta et protègent l’enfant pendant 4-6
mois après la naissance. Sachant que 1-4% des bébés de moins d’un an doivent être
hospitalisés à cause d’une grippe, cette protection est bienvenue.
f Est-ce que je peux prendre un anti-inflammatoire après la vaccination ?
Les anti-inflammatoires sont des médicaments efficaces, qui peuvent être pris si une
réaction inflammatoire est suffisamment importante pour empêcher les activités
quotidiennes. Il ne faut pas hésiter à prendre un anti-inflammatoire en cas de douleur
locale importante, de maux de tête, de fièvre ou de courbatures musculaires. Mais ces
médicaments ne doivent pas être pris en prévention, avant de savoir si le vaccin va –
ou non – créer une réaction : sinon, l’efficacité du vaccin pourra être diminuée.
f Je prends un traitement corticoïde, est-ce que l’effet du vaccin sera diminué ?
L’efficacité du vaccin sera peut-être diminuée par un traitement oral de plus de
2 semaines avec plus de 20 mg / jour de prednisone. Mais le vaccin restera en partie
efficace, et comme les corticoïdes augmentent les risques de complications en cas de
grippe, la vaccination est recommandée aux personnes sous corticoïdes.
f Je prends un traitement immunosuppresseur, est-ce que je dois me faire vacciner ?
L’efficacité du vaccin sera peut-être diminuée par un traitement immunosuppresseur.
Mais le vaccin restera en partie efficace, et comme l’immunosuppression augmente les
risques de complications en cas de grippe, la vaccination est recommandée aux
personnes sous immunosuppresseur.
Pour en savoir plus, consultez le site www.uniscontrelagrippe.ch
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