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Forum Med Suisse   2011 ;11(41):713–717 716
Dans  la  plupart  des  cas  décrits,  la  transmission  a  été 
rapportée à des greffes de dure-mère ou à l’utilisation 
d’extraits  d’hypophyse  humaine  (hormone  de  crois-
sance et gonadotrophine); dans d’autres cas, il s’agissait 
de  greffes  de  cornée,  de  transfusions  de  sang  et  de 
l’usage  d’électrodes  EEG  stéréotaxiques  [9].  Aucune 
conclusion  dénitive  n’est  possible  pour  le  risque  de 
transmission par des instruments chirurgicaux. Les cas 
comme ceux des deux patients ayant contracté une MCJ 
en  Suisse  en  1977  après  l’implantation  d’électrodes 
EEG précédemment implantées chez un patient atteint 
de  sMCJ  font  penser  que  le  risque  est  élevé  (les  élec-
trodes  avaient  été  stérilisées  avec  un  mélange  à  70% 
d’alcool et de formaldéhyde; après 18 mois encore, l’une 
d’entre elles a inoculé une MCJ à un chimpanzé) [10]. 
Toutefois, des travaux plus récents font douter du risque 
d’infection élevé lié à du matériel chirurgical [11]. 
Jusqu’ici, la transmission hématogène n’a été observée 
que pour la vMCJ, mais elle est théoriquement possible 
aussi pour la sMCJ. L’ analyse des cas de vMCJ a mon-
tré que la contamination par des transfusions du sang 
d’un  patient  contaminé  peut  avoir  eu  lieu  au  moins 
trois ans avant la manifestation clinique de la maladie 
[9]. Le temps d’incubation d’une vMCJ est moitié moins 
long  lors  d’une  contamination  par  voie  sanguine  que 
pour une infection par la voie intestinale ordinaire [12]. 
En résumé, le risque de transmission iatrogène d’une 
MCJ est surtout  lié  aux  produits sanguins, aux trans-
plantations et aux opérations. Pour minimiser ce risque, 
il  est  important  de  prendre  des  mesures  préventives 
telles que choisir soigneusement les donneurs de sang 
et de transplants, contrôler les procédés de fabrication 
des  produits  sanguins  et  améliorer  les  techniques  de 
stérilisation pour les interventions chirurgicales.
La situation en Suisse (au 27 janvier 2011)
En  Suisse,  tout  cas  clinique  suspect  doit  être  déclaré 
(site de l’Ofce fédéral de la santé publique, OFSP) de fa-
çon qu’il soit possible de prendre des mesures, par ex., 
pour établir  si  la personne a donné  son sang dans le 
passé: si c’est le cas, une procédure de recherche (look-
back)  est  lancée  et  les  produits  sanguins  issus  de  ce 
donneur sont contrôlés. Si le patient n’est pas suspect 
de  vMCJ,  le  fabricant  doit,  pour  les  produits  stables, 
évaluer les risques an de décider s’il laisse le lot sur le 
marché. En cas de suspicion de vMCJ, il est tenu de re-
tirer tous les lots concernés. Si la personne a subi une 
intervention chirurgicale, le service du médecin canto-
nal doit vérier les  techniques  de  stérilisation.  La  re-
cherche d’une activité passée de donneur de sang et des 
produits sanguins est organisée comme suit: l’OFSP in-
forme Swissmedic, l’Institut suisse des produits théra-
peutiques.  Celui-ci  informe  le  Service  de  transfusion 
sanguine (CRS), qui représente le Centre national de ré-
férence pour les  infections  transmises  par  le  sang  et 
ses dérivés (CNR). Le CRS Berne coordonne, au sein du 
centre de transfusion, la recherche des éventuels dons 
de  sang  du  patient,  rappelle  les  produits  sanguins 
concernés et informe Swissmedic des mesures prises. 
Les  fabricants  de  produits  sanguins  stables,  de  leur 
côté, évaluent les risques et prennent les mesures qui 
s’imposent. 
Durant la période 2008 à 2010, 69 cas suspects de MCJ 
ont été déclarés. La recherche de dons de sang a été faite 
via le CNR pour 58 d’entre eux (g. 3 x) et celle des pro-
duits sanguins lancée dans 9 cas (16%). Les recherches 
 e ffectuées  en  2008  et  2009  ont  permis  de  constater  
une activité de donneur 
chez  6  patients,  avec 
104  dons  concernés 
entre 1989 et 2006. Au 
total,  la  procédure  a 
permis d’identier 57 conserves de sang qui avaient été 
livrées en vue de transfusions à d’autres patients ou uti-
lisées  pour  la  transformation  industrielle  en  produits 
sanguins. La collecte des données pour 2010 n’est pas 
encore terminée. Dans la période étudiée, aucun lot de 
produits sanguins stables n’a dû être retiré du marché 
suisse pour les raisons citées ci-dessus. 
Le  diagnostic  clinique  et/ou  autopsique  de  MCJ  a  été 
posé  dans  43  cas.  Pour  95%  d’entre  eux  (41/43),  il 
s’agissait  d’une  forme  sporadique.  Durant  la  période 
étudiée,  la  cause  suspectée  a  été  une  transfusion  de 
sang dans un cas et une intervention chirurgicale dans 
27 cas; aucune forme iatrogène avec une preuve nette 
de la chaîne de transmission n’a été observée et aucun 
cas  de  vMCJ,  d’IFF  ou  de  GSS  n’a  été  enregistré  en 
Suisse. 
Le  Centre  national  de  référence  pour  les  maladies  à 
prions, l’Institut de neuropathologie de l’Université de 
Zurich,  effectue  les  analyses  neuropathologiques  sur 
mandat de l’OFSP. Il est recommandé de lui coner les 
autopsies ou au moins de lui envoyer les biopsies céré-
brales. 
Résumé et commentaire
Les  maladies  à  prions  sont  des  maladies  rares,  non 
curables et potentiellement transmissibles. Le diagnos-
tic de suspicion peut être posé, chez le sujet vivant, par 
Figure 3
En Suisse, tout cas clinique 
suspect doit être déclaré