FICHE PÉDAGOGIQUE SUR LE MAROC Une conférence de M. Mario Introia Histoire du Maroc En bref Un esprit régionaliste à l’origine d’une succession de dynasties. Un territoire convoité par bien des conquérants. Des Phéniciens aux Français : un pays marqué par diverses influences étrangères. Le Maroc antique Au XIe siècle av. JC, les Phéniciens établissent des comptoirs. Ce sont les premiers des conquérants qui vont convoiter ce territoire alors peuplé de tribus berbères. Les Phéniciens sont évincés par les Carthaginois auxquels succèdent les Romains. Les ruines de Volubilis témoignent de la présence romaine du IIe au IIIe siècle ap. JC. Le Maroc est ensuite envahi par les Vandales puis par les Byzantins. Naissance d’un Etat arabo-­‐musulman C’est en 698 que les Arabes, venus de la péninsule arabique, parviennent à chasser les Byzantins d’Afrique du Nord. A la tête des armées de conquête, Moussa ibn Noceir choisit de sympathiser avec les tribus berbères rebelles et parvient à les convertir à l’islam. Mais si le Coran s’impose dans le pays, il en va autrement des gouverneurs arabes qui en sont chassés. Toutefois en 780, Moulay Idriss, un Arabe qui fuit les persécutions de la dynastie abbasside (Bagdad), arrive au Maroc. Descendant du prophète, il inspire confiance et respect aux tribus berbères. En 788, il établit une dynastie qui domine le Nord. C’est la naissance du premier Etat marocain. Le premier souverain de l’histoire du Maroc prête alors serment à Volubilis. Empoisonné sur les ordres du calife de Bagdad, il meurt en 791. C’est son fils, âgé de 11 ans, qui lui succède en 803. Il fonde la ville de Fès en 809. Sous son règne, le pays connaît une certaine stabilité qui ne lui survit pas longtemps. Au milieu du siècle suivant, l’influence des Idrissides décline. Les dynasties Fatimides et Omeyades tentent de s’immiscer au Maroc. Le chaos qui en résulte profite aux Almoravides, une tribu originaire du Sud. Les dynasties berbères (du XIe au XVe siècle) Berbères du Sud marocain, les Almoravides sont dirigées par Youssef Ibn Tachfin. Ils fondent un vaste empire qui comprend l’ouest de l’Algérie et l’Espagne musulmane. Sous leur règne, le pays connaît une grande prospérité. Ils fondent Marrakech dont ils font leur capitale en 1062 et qui devient un grand centre artistique. Les remparts qui entourent la médina datent de cette époque. Le pouvoir étant éphémère, la dynastie almoravide est évincée par les non moins berbères Almohades. Venus de l’Atlas, ils prennent Marrakech en 1147. A l’instar de leurs prédécesseurs, ils cherchent à étendre leur influence. Leur forte expansion territoriale les mène jusqu’à Tunis et Lisbonne-­‐ Valence. Grands bâtisseurs, ils développent et embellissent les villes. Yacoub el Mansour qui gouverne de 1184 à 1199 fait de Rabat sa capitale. On lui doit la Tour Hassan et la Kasba des Oudaya à Rabat, la Koutoubia à Marrakech. Au terme d’un siècle, les luttes fratricides et l’immensité de l’empire ont raison de la dynastie almohade. Dès 1269, les Mérinides, Berbères des hauts plateaux, prennent le pouvoir. Ils poursuivent les mêmes ambitions : étendre l’empire ibéro-­‐ maghrébin. Ces aspirations ne les empêchent pas d’élever nombre de constructions. Sous le règne d’Abou Hassan (1331-­‐ 1351) sont érigées la nécropole du Chellah à Rabat et de nombreuses médersas. En 1358, les vizirs usurpent le pouvoir et plongent le pays dans un siècle de chaos. Les Saadiens (1554-­‐1659) Prolongeant la reconquête au XVe siècle, les Ibères en profitent pour s’établir sur les côtes marocaines. Les Portugais prennent Ceuta, Tanger, Safi, Azzemour, Mazagan (el-­‐Jadida) et Agadir ; les Espagnols occupent Melilla en 1497. Le pays connaît une crise économique qui se déroule sur fond de luttes de succession. En ces temps de troubles, émergent les Saadiens. Descendante du prophète, cette tribu arabe est originaire des confins du Sahara. Les Saadiens reprennent Agadir aux Portugais (1541) et conquièrent le Maroc. En 1578, la Bataille des Trois Rois met fin à la domination portugaise. En 1603, Ahmed el Mansour s’oppose aux Ottomans qui ont déjà mis la main sur l’Algérie et la Tunisie. De ces victoires militaires, le clan au pouvoir tire prestige et richesse. Aussi connaît-­‐il un âge d’or qui se traduit notamment par la construction de monuments dont le mausolée des Saadiens à Marrakech et le Borj Nord à Fès. Mais l’agitation tribale met un terme au règne de cette famille. L’avènement des Alaouites Pendant que les Saadiens matent les sempiternelles rébellions locales, les chérifs alaouites du Tafilelt, avec à leur tête Moulay er-­‐Rachid, parviennent à s’imposer. Son successeur, Moulay Ismael, fonde Meknès où il installe sa capitale. On lui doit le monumental Bab Mansour qui s’élève dans cette ville. Son goût pour la bâtisse ne l’empêche pas de veiller à la stabilité et à l’indépendance de son pays. Il évince les Espagnols qui ne conservent que quatre comptoirs sur la côte nord. Toutefois, à sa mort, les clans reprennent leurs luttes intestines. Un pays ainsi divisé ne peut que tenter les puissances européennes en mal de colonialisme. 1859. Quant aux Espagnols, ils installent des têtes de pont sur la côte. En avril 1906, la conférence d’Algésiras place le Maroc sous la tutelle de la France et de l’Espagne. En 1909, lorsque Moulay Abdelhafid devient sultan, la France contrôle quasiment le pays et l’Espagne a déjà envoyé des troupes dans le nord du territoire marocain. Le protectorat français (1912-­‐1956) Le Maroc à l’heure des convoitises européennes (1830-­‐1912) En 1830, la France occupe déjà l’Algérie voisine et convoite le Maroc que la Grande-­‐Bretagne et l’Espagne lorgnent aussi. Les tensions entre le royaume et la France sont à leur comble en 1844. Le 14 août éclate la bataille d’Isly. C’est la première grande défaite marocaine face à l’armée française. De leur côté, les Britanniques imposent un traité qui garantit le libre échange en La signature du traité de protectorat à Fès en 1912 provoque de violentes émeutes. Moulay Hafid abdique au profit de son frère Moulay Youssef et le Maréchal Lyautey est nommé résident général. On lui doit l’édification de la partie moderne de trois villes : Fès, Marrakech et Rabat. Dans la capitale, la gare ferroviaire, la poste centrale et la Banque d’Etat figurent parmi les bâtisses érigées à cette époque. La domination européenne et l’arrivée massive des colons donnent lieu à de nombreuses révoltes. La plus importante, la Guerre du Rif (1921-­‐1926), est menée par Abd el-­‐Krim. Petit à petit, l’opposition, née dans les montagnes, gagne les villes. Le mouvement nationaliste urbain constitue en 1930 le premier parti politique, le comité d’action marocaine. Cette formation fondée par Allal el Fassi, Ouazzani et Balafrej, demande l’abolition du protectorat. En 1944, l’Istiqlal, issu d’une scission de ce premier parti, publie un manifeste qui réclame l’indépendance. Parallèlement, de violentes émeutes se multiplient à Rabat, Casablanca et Fès. En 1952, Mohammed V, intronisé sultan en 1927, écrit à Paris pour demander la révision du protectorat. En guise de réponse, la Résidence interdit le parti de l’Istiqlal et le parti communiste. Elle exige la déposition du sultan qui est contraint d’abdiquer. En 1953, Mohammed V est exilé en Corse puis à Madagascar. Néanmoins, le développement de mouvements de résistance marocains se poursuit et le contexte international contraint la France à se retirer. Le sultan rentre au Maroc et l’indépendance est officialisée le 2 mars 1956. Le Maroc indépendant Cinq mois après son retour, Mohammed V, forme le premier gouvernement marocain indépendant. Jusqu’à son décès en 1961, il joue un rôle de médiateur par rapport aux formations politiques. Son fils et successeur, Hassan II, parvient à affaiblir les partis mais se heurte à la résistance de l’armée. Il essuie deux tentatives de coup d’Etat en 1971 et 1972 qui illustrent les difficultés du régime. La Marche Verte, qu’il organise en 1975 pour rattacher au Maroc l’ancien Sahara espagnol, consolide le consensus national et contribue à sa popularité. Mais si Madrid se résigne à abandonner ce territoire, les populations locales souhaitent être autonomes. La détente politique survenue à la suite de la Marche Verte ne dure guère. L’opposition se manifeste chez les masses récemment urbanisées. Elle donne lieu à de sanglantes émeutes. La décennie 1980 est marquée par une sévère répression. L’ouverture politique ne s’esquisse qu’à partir de 1992 avec la tenue d’élections locales et d’un référendum. En 1997, Abderrahmane Youssoufi, un ancien opposant, est nommé Premier ministre. La fin du règne d’Hassan II est marquée par un souffle de démocratisation. Six ans avant sa mort, il inaugure l’un des plus grandioses monuments marocains, la Mosquée Hassan II à Casablanca. Depuis son décès, en juillet 1999, c’est son fils Mohammed VI qui occupe le trône alaouite. La monarchie Le roi Mohammed VI est le chef de l'État marocain depuis le 23 juillet 1999. C'est le 18e souverain de la dynastie alaouite qui règne sur le Maroc depuis 1666. Il a succédé à son père, Hassan II, monté sur le trône en 1961. Les souverains marocains portent le titre de « roi » depuis 1957, dans le passé, ils étaient « sultan ». La succession au trône est héréditaire, mais a fait l’objet de plusieurs modifications entre 1907 et 1955 du fait de l’occupation française. Le roi du Maroc, cumule fonction politique et fonction religieuse ce qui lui confère des pouvoirs très étendus sur lesquels Hassan II s’était appuyé pour instaurer une véritable dictature. Dès son premier discours, Mohammed VI a annoncé qu’il ne renoncerait à aucune de ses prérogatives. Il règne et gouverne : l’essentiel du pouvoir politique demeure entre ses mains. Il nomme et révoque le Premier ministre, peut dissoudre les assemblées, peut suspendre la constitution... Il est aussi le chef des armées. Le pouvoir royal s’inscrit dans un cadre parlementaire très largement formel : les conseillers du roi forment un véritable gouvernement parallèle qui n’a aucun compte à rendre. Depuis 2001, le rois dispose du relais de « super walis » qu'il a nommé dans les grandes régions. Beaucoup de responsables marocains souhaitent une révision de la Constitution dont l'article 19 attribue au roi l'essentiel du pouvoir exécutif. Il est le chef spirituel des Marocains musulmans : la dynastie alaouite affirme descendre du prophète. En 1962, Hassan II avait fait inscrire le titre de « commandeur des croyants », accordé au roi du Maroc, dans la constitution marocaine. Ces dispositions ne peuvent faire l'objet d'une révision constitutionnelle, au même titre que la forme monarchique de l'État. Dates-­‐clés 3 000-­‐800 av. J.-­‐C. -­‐ Âge du bronze : gravures rupestres et inscriptions libyques Oukaïmeden. (Langues paléoberbères) 8e s. av. J.-­‐C. -­‐ Les Phéniciens explorent les côtes marocaines (Lixus). Vers 460 av. J.-­‐C. -­‐ Hannon navigateur et explorateur carthaginois reconnaît les côtes de l’Afrique occidentale et fonde plusieurs comptoirs au Maroc. 25 av. J.-­‐C.-­‐23 ap. J.-­‐C. -­‐ Règne de Juba II (Volubilis). 40 -­‐ Assassinat de Ptolémée. La Maurétanie devient une province romaine (Sala Colonia et Banasa). 285 -­‐ L’administration et l’armée romaine se retirent de la Maurétanie. 681 -­‐ Oqba ben Nafi atteint l’océan Atlantique. 710 -­‐ Soumission des Berbères du Maroc. 711-­‐713 -­‐ Conquête de l’Espagne par Tarik. 740-­‐760 -­‐ Révolte kharidjite (Sijilmassa). 788-­‐792 -­‐ Idriss 1er fonde la première dynastie musulmane (Fès) . 803-­‐828 -­‐ Règne d’Idriss II (Fès). 1053-­‐1070 -­‐ Ascension des Almoravides (Marrakech) . 1086 -­‐ Victoire de Zallaca sur les Espagnols. 1123 -­‐ Amorce du mouvement almohade (Tinmel). 1133-­‐1147 -­‐ Ascension des Almohades. 1159 -­‐ Les Almohades sont maîtres de tout le Maghreb. 1195 -­‐ Victoire d’Alarcos sur les Espagnols (Rabat). 1212 -­‐ Défaite de Las Navas de Tolosa. 1248-­‐1269 -­‐ Ascension des Mérinides. 1270-­‐1358 -­‐ « Âge d’or » des Mérinides (Fès, Salé, Chellah). 1470-­‐1515 -­‐ Conquêtes portugaises (El-­‐Jadida, Safi) . 1521-­‐1554 -­‐ Ascension des Saâdiens (Agadir) . 1541 -­‐ Chute d’Agadir : fin de l’expansion portugaise. 1578 -­‐ Bataille des Trois Rois. 1578-­‐1603 -­‐ Règne d’Ahmed el-­‐Mansour (Marrakech) . 1633-­‐1669 -­‐ Ascension des Alaouites. 1672-­‐1727 -­‐ Règne de Moulay Ismaïl (Meknès) . 1757-­‐1790 -­‐ Règne de Mohammed ben Abdallah (Essaouira) . 1769 -­‐ Mazagan est évacuée par les Portugais (El-­‐Jadida) . 1844 -­‐ Défaite d’Isly (Algérie) contre les troupes françaises. 1859-­‐1860 -­‐ Guerre hispano-­‐-­‐marocaine : prise de Tetouan. 1880 -­‐ Conférence de Madrid. 1907 -­‐ Débarquement des troupes françaises à Casablanca. 1912 -­‐ Traité de Fès (protectorat). 1912-­‐1913 -­‐ Révolte de El-­‐Hiba dans le Sous (Tiznit) . 1912-­‐1925 -­‐ Lyautey résident général. 1921-­‐1926 -­‐ Guerre du Rif. 1932-­‐1934 -­‐ Fin de la conquête du Maroc par l’armée française 1953 -­‐ Déposition et exil de Mohammed V. 1956 -­‐ Retour de Mohammed V. Indépendance du Maroc. 1961 -­‐ Mort de Mohammed V et avènement d’Hassan II. 1975 -­‐ Marche verte et guerre contre le Front Polisario. 1999 -­‐ Mort d’Hassan II et intronisation de Mohammed VI. Principales villes Casablanca : capitale économique 3 299 179 hab. Rabat-­‐salé : capitale du pays 1 819 812 hab. Fès : capitale spirituelle 1 040 563 hab. Marrakech : 1ère ville touristique du pays 920 142 hab. Tanger : zone franche et le plus grand port de commerce 762 166 hab. Meknès : capitale agricole 596 108 hab. Agadir : capitale agricole, le plus grand port de pêche 570 700 hab. Données géographiques Superficie : 446.550 km2 Capitale : Rabat Langues officielles : arabe, tamazight Langues courante : arabe dialectal (darija), langues berbères, français Monnaie : dirham marocain 1 euro = ± 11,2 dirham Fête nationale : 30 juillet (Fête du Trône) Longueur des côtes : 1835km Longueur totale du réseau routier : 58256km Longueurs des routes non goudronnées : 18776km Surface agricole utile : 9,5 millions d’hectares (13% de la superficie totale) Population : 33 millions Densité : 73,9 hab./km2 Croissance démographique : +1,02 % (estimation 2014) Espérance de vie : 76,5 ans Taux d’urbanisation 59%, de la population à moins de 15 ans Taux de natalité : 19‰, Espérance de vie à la naissance : 76 ans Taux d’alphabétisation : 56,1% (84% pour les 15-­‐24 ans) Religions : islam sunnite de rite malékite (99 %), christianisme, judaïsme (1 %) Le désert du Sahara au Maroc Le plus vaste désert chaud du monde, le Sahara, couvre d’immenses étendues de territoires et s’étend sur 10 pays. Traversant le nord de l’Afrique d’Est en Ouest, les paysages du Sahara se découvrent depuis le Maroc. En arabe le Sahara signifie désert, c’est la plus grande zone séche et aride du monde. On trouve des regs aux abords du désert du Sahara au Maroc : soit des étendues arides et caillouteuses inhospitalières et de grands massifs de dunes immaculées nommées ergs qui évoluent en fonction des vents. Parfois, des oasis viennent éclaircir de verdure le désert au Maroc. Elles sont le plus souvent situées au bord des lits de rivières ou au pied de grands massifs montagneux qui bordent le désert, et dissimulent encore des sources. Certaines nappes phréatiques peu profondes ont été aussi propices à la formation des oasis. Ce furent des haltes incountournables pour les anciennes caravanes qui parcouraient ces terres arides grâce aux dromadairs domestiqués pour faire du commerce entre les pays du sud et ceux du nord. Des pistes chamelières sillonnent et jalonnent depuis les temps immémoriaux les grans espaces de sables de dunes et de rochers. Plateaux sans fin, dunes aux arêtes affûtées par le vent, montagnes dévoilant des décors impressionants, les moments passés dans le désert ou dans ses abords ont la saveur de l’authenticité. CLIMAT Le climat marocain est à la fois méditerranéen et atlantique, avec une saison sèche et chaude doublée d'une saison froide et humide, la fin de la période chaude étant marquée par les pluies d'octobre. La présence de la mer atténue les écarts de température, tempère les saisons et accroît l'humidité de l'air (400 à 1000 mm de pluies sur le littoral). Dans l'intérieur, le climat varie en fonction de l'altitude. Les étés sont chauds et secs, surtout lorsque souffle le sirocco brûlant ou le chergui, vent d’été venant du Sahara. À cette saison, les températures moyennes sont de 22 °C à 24 °C. Les hivers sont froids et pluvieux avec gel et neige. La température moyenne évolue alors de -­‐ 2 °C à 14 °C et peut descendre jusqu'à -­‐ 26° C. Dans les régions montagneuses, les précipitations sont très importantes (plus de 2000 mm de précipitations au Rif ou encore 1800 mm au Moyen Atlas). Le Maroc pré-­‐saharien et saharien a un climat désertique sec.