Rachid deviendra sultan en 1666 et écrasera les révoltes qui sévissent àMarrakech. Une chute de
cheval qui lui est fatale projette son successeur, Moulay Ismail à la tête du sultanat en 1672. Cette
date rime avec autorité, le nouveau sultan purge à coups de sévères répressions toute forme
d’opposition à son régime. Ce qui permettra enfin à l'Empire chérifien d'accéder à la puissance, à la
sécurité et à la crédibilité auprès de ses protagonistes étrangers. Moulay Ismaïl forme une grande
armée composée essentiellement d'esclaves-soldats noirs originaires du Sénégal, du Mali et
de Guinée (les Abid al-Bukhari, équivalent marocain desJanissaires et des Mamelouks de l'Empire
ottoman) et de soldats issus de tribus militaires arabes comme les Oudayas. Grâce à cette force dont
l'effectif atteint 150000 hommes49, Moulay Ismail chasse les Ottomans venus d’Algérie qui tentent
d'occuper Oujda, les Espagnols qui tenaient Larache et Asilah et les Anglais installés à Tanger. Les
prisonniers de guerre seront détenus dans la célèbre prison de Meknès, sa capitale, et leur rançon
permettra de financer d’importantes rénovations. Parallèlement, le Maroc se tourne vers les
puissances étrangères et nouera des relations diplomatiques et commerciales avec ces dernières.
L’une des plus connue étant la demande de mariage avec l’une de filles de Louis XIV, la princesse de
Conti (Marie Anne de Bourbon (1666-1739)). La mort du célèbre sultan entraînera une nouvelle
période de troubles internes. La famine et la peste font des ravages parmi la population. Sept fils de
Moulay Ismail tentent de se faire reconnaître comme souverains de l'Empire chérifien, mais sont
périodiquement renversés par les Abids tandis que l'anarchie gagne les tribus, les provinces et les
villes aux ambitions autonomistes. L'anarchie ou siba gagne en importance et met à mal l'autorité d'un
makhzen affaibli par les querelles dynastiques.
Mais en 1757 la montée de Mohammed III du Maroc au trône, un profond croyant dont le principal
souci est le développement de son sultanat, amorce le début d’une nouvelle ère. Alors que Moulay
Ismaïl était intransigeant et ferme, Mohammed III penchait plus pour une politique plus souple. Il
allège les impôts et conclut la paix avec les Espagnols après avoir repris Mazagan aux Portugais.
Tout aussi soucieux de l’économie, il signe des traités commerciaux avec le Danemark, la Suède,
l’Angleterre, l'Espagne, le royaume de Naples, la République de Venise et les jeunes États-Unis. Le
Maroc est d'ailleurs le premier pays à reconnaître l’indépendance américaine. Moulay Yazid Ben
Abdallah règne deux ans sur l'empire après la mort de Mohammed III en1790. Ses successeurs
subissent la politique expansionniste européenne, et de par ce fait participent avec les Algériens dans
leurs guerre contre la France (Bataille d'Isly et défaite en 1844, puis guerre hispano-marocaine
de 1860). Ces tensions avec les puissances occidentales se poursuivront durant plus de trente ans. Et
le Maroc, en jouant habilement des rivalités étrangères, parviendra tant bien que mal à préserver son
indépendance, du moins jusque sous le règne de Hassan Ier.
XXe siècle
En 1906, la Conférence d’Algésiras placera le Maroc sous contrôle international et accordera à la
France des droits spéciaux50. Ces droits sont néanmoins contestés par l'Allemagne de Guillaume II,
qui convoite l'Empire chérifien et se heurte aux appétits français (affaires marocaines de la crise de
Tanger et du coup d'Agadir en 1905 et 1911).