Bronchiolites du nourrisson : évolution, révolution ?
scores cliniques, ils ne se sont jamais montrés capables de
prévenir une hospitalisation chez les patients traités en
ambulatoire [5]. De même, l’absence de bénéfice clinique
des corticoïdes est retrouvé, quels que soient le virus respon-
sable de la bronchiolite (VRS+ ou VRS-), l’âge du nourrisson
ou la dose médicamenteuse utilisée [4].
Bien que soient régulièrement proposées de nouvelles études
voulant limiter les supposés biais des études négatives anté-
rieures, aucun résultat récent n’apporte de résultats positifs
cliniquement relevants*.
Ainsi, une nouvelle étude randomisée, en double aveugle, a
comparé l’administration orale de 1 mg/kg de dexaméthasone
à un placebo chez 600 nourrissons âgés de 2 à 12 mois et pré-
sentant un 1er épisode de bronchiolite modérée à sévère [7].
Aucune différence n’a été observée entre les deux groupes sur
le risque d’hospitalisation. L’âge du nourrisson, la présence
d’un terrain atopique personnel ou familial, ou encore l’iden-
tification d’un VRS n’influençaient pas les résultats. Aucune
amélioration n’était observée sur le score clinique, la poly-
pnée ou la saturation en oxygène.
L’utilisation d’une corticothérapie inhalée de courte durée est
non justifiée, que ce soit dans le but d’accélérer la guérison de
l’épisode aigu ou en prévention d’éventuelles rechutes ulté-
rieures. Dans une étude portant sur 165 nourrissons hospitali-
sés pour une première bronchiolite à VRS, l’administration de
budésonide nébulisé 1 mg x2/j a été comparée à un placebo
[8]. Les nébulisations étaient débutées dès l’hospitalisation et
poursuivies pendant 14 jours après la sortie. Un suivi de
12 mois a été réalisé. Dans les 28 jours suivant la sortie,
aucune différence n’a été notée sur les jours avec toux ou
wheezing. Dans les 12 mois après la sortie, aucune différence
n’est apparue entre les deux groupes concernant les réhospi-
talisations pour cause respiratoire ou les consultations pour
cause respiratoire.
Il existe peu de nouvelles pistes thérapeutiques dans la bron-
chiolite. Les quelques espoirs concernant le montelukast n’ont
pas été confirmés. Dans une première étude randomisée de
28 jours, en double aveugle contre placebo, incluant 130 nour-
rissons âgés de 3 à 36 mois et hospitalisés pour bronchiolite
VRS+, le montelukast avait apporté une amélioration clinique
significative [9]. Ce résultat n’a pas été confirmé dans une
étude de 24 semaines, randomisée, en double aveugle, incluant
979 nourrissons âgés de 3 à 24 mois et hospitalisés pour un 1er
ou un 2eépisode de bronchiolite VRS+ [10]. Les nébulisations
de sérum salé hypertonique (3 %) ont été proposées chez les
nourrissons hospitalisés. Un bénéfice moyen de réduction d’au
maximum une journée d’hospitalisation a été mesuré [11].
Bien que ce résultat soit modeste et obtenu sur un nombre
limité d’enfants, il semble néanmoins que le bénéfice soit
supérieur à celui des bronchodilatateurs.
La kinésithérapie respiratoire reste recommandée en France, au
moins dans les formes sécrétantes. Un PHRC vient de se termi-
ner, évaluant le bénéfice apporté par la technique d’accélération
du flux expiratoire. Les résultats devraient bientôt être commu-
niqués. Dans les pays anglo-saxons, les techniques de percus-
sion ou de vibration n’ont pas démontré d’efficacité [12] et ne
sont pas recommandées par la Société Américaine de Pédiatrie.
❚❚ PREVENTION
Un élément essentiel est la prévention des infections à VRS
ou rhinovirus chez le nourrisson. Ces deux virus se trans-
mettent par voie aéroportée ou manuportée. Ils sont princi-
palement transmis lors de contacts rapprochés avec le
malade (< 2 m), par de grosses particules aériennes.
Le VRS survit environ 30 minutes sur la peau ou sur une
blouse en coton, et 2 heures sur les gants médicaux.
La décontamination des mains est l’étape la plus importante
dans la prévention de la transmission nosocomiale du VRS.
Les mains doivent être décontaminées avant et après chaque
contact direct avec les patients, après contact avec des objets de
proximité immédiate avec le patient, et après retrait de gants.
Les solutés hydro-alcooliques sont le moyen préférentiel de
décontamination des mains. Une alternative est l’utilisation
de savons antimicrobiens.
La prévention médicamenteuse par le palivizumab est
réservée à certaines pathologies. La dernière commission de
transparence de la Haute Autorité de Santé (19 déc. 2007) a
clairement défini ces populations, de façon plus restrictive
que l’AMM initiale. Il s’agit :
>>>Des enfants âgés de moins de 6 mois au début de la
période épidémique, nés à un terme inférieur ou égal à
* Depuis la tenue des Journées, un nouvel article important semble
en faveur d’un bénéfice significatif de l’association corticoïdes +
nébulisations d’épinéphrine, alors que chacune de ces mesures thé-
rapeutiques reste sans effet si elle est délivrée individuellement (Plint
et al. N Engl J Med,
2009 ; 360 : 2 079-89). Le nombre d’hospitalisa-
tions est réduit d’un tiers au 7ejour d’évaluation. Ces résultats méri-
tent d’être confirmés avant de modifier nos pratiques.