CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 CHIMIE DES SIDEROPHORES : VERS DE NOUVELLES MOLECULES POUR UNE SANTE DE FER ? I. STRATEGIES INNOVANTES POUR LA CONCEPTION D’ANTIBIOTIQUES SABRINA NOEL, FREDDY RIVAULT, ISABELLE J. SCHALK, GAËTAN L.A. MISLIN Equipe « Transports Membranaires Bactériens », UMR7242 CNRS/Université de Strasbourg, ESBS, Boulevard Sébastien Brant, F-67400 Illkirch, France ([email protected]) Résumé : Le fer est un élément chimique constitutif de nombreuses biomolécules. Ce métal ubiquitaire intervient ainsi dans des processus vitaux essentiels à la grande majorité des êtres vivants et les bactéries n’échappent pas à cette règle. Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia sont deux pathogènes nosocomiaux responsables d’infections graves chez les patients atteints de mucoviscidose. Ces deux microorganismes utilisent un sidérophore appelé pyochéline pour subvenir à leur besoins en fer. Notre connaissance du système d’assimilation du fer dépendant de la pyochéline nous a conduit à développer des stratégies antibiotiques innovantes ciblant spécifiquement ces microorganismes. Dans ce contexte deux stratégies ont été plus particulièrement étudiées : d’une part, la synthèse de conjugués pyochéline-antibiotique dans le cadre d’une approche de type prodrogue et, d’autre part, la conception d’inhibiteurs potentiels d’un récepteur de membrane externe FptA, spécifique de la pyochéline. Le présent article a la double ambition de vulgariser les connaissances actuelles sur le transport du fer chez les bactéries en donnant, de plus, un aperçu sur les données collectées par notre équipe dans le domaine de la mise au point de nouveaux antibiotiques. Cet article fait suite à la présentation d’une conférence organisée par l’Institut Grand-Ducal du Luxembourg – Section des Sciences, le 5 mai 2008. Mots-clés : fer, sidérophore, bactérie Gram-négative, pyochéline, antibiotique, fluoroquinolone, inhibiteur Abstract : Iron is a chemical element constituent of a huge number of biomolecules. This ubiquitous metal is involved in metabolic processes crucial for the wide majority of living beings and bacteria are not an exception. Pseudomonas aeruginosa and Burkholderia cepacia are two nosocomial pathogens responsible of severe infections especially for cystic fibrosis affected patients. These two microorganisms synthesize and excrete a siderophore called pyochelin in order to promote iron acquisition. Thus, our knowledge of the pyochelin-dependant iron uptake system led to the development of new antibiotic strategies targeting iron assimilation systems of pathogenic microorganisms. In this context, two strategies were especially explored: on one hand, the synthesis of pyochelin-antibiotic conjugates used in a prodrug approach and, on the other hand, the design of potential inhibitor targeting FptA, the specific outer membrane receptor of pyochelin. The two main goals of the present article are to popularize the more recent data 121 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 available on bacterial iron uptake systems and giving, at one and at the same time, an overview on all the data collected in our group during the development of new antibiotic strategies. This article is based on the conference given the May 5th 2008 to the Institut Grand-Ducal du Luxembourg – Section des Sciences. Keywords : iron, siderophore, Gram-negative bacteria, pyochelin, antibiotic, fluoroquinolone, inhibitor 1. Préambule : il fallait le fer… L’histoire qui lie les métaux et les molécules du vivant est presque aussi ancienne que cette planète. Les planètes telluriques, comme la Terre, sont essentiellement constituées de métaux et d’autres éléments lourds. La structure interne de notre planète, en couches concentriques de nature et de richesse variable en métaux est à l’origine des ceintures électromagnétiques de VAN ALLEN, qui en agissant comme des déflecteurs contre les rayonnements délétères venus du cosmos ont fortement contribué à l’apparition et la multiplication des premières formes de vie. S’il existe actuellement de nombreuses controverses sur les origines et le développement de la Vie sur notre planète. Une chose est cependant acquise pour tous les chercheurs, les premières formes de vie sont apparues et ont évolué au sein d’un milieu primordial extrêmement minéral et très riche en métaux. Dans ce contexte, il est surprenant de constater que toutes les théories actuelles négligent la part des éléments chimiques autre que le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre dans la chimie pré-biotique. Il est pourtant très probable que les métaux et certains éléments minéraux se soient mêlés très tôt, et de façon très intime, aux molécules de la vie pour en promouvoir à la fois l’évolution et la complexification. Du microorganisme à l’être humain en passant par les plantes, les métaux participent aux transformations métaboliques de toutes les espèces vivantes qui peuplent actuellement la biosphère. Parmi ces métaux certains ne sont nécessaires qu’à un nombre restreint d’espèces alors que d’autres éléments métalliques sont quasiment ubiquitaires. A ce titre, le fer est probablement le plus important de ces métaux, car de la photosynthèse à l’oxygénation des tissus vivants, il a participé à l’émergence et à la pérennité du monde aérobie tel que nous le connaissons. 2. Introduction 2.1. Le fer, un nutriment essentiel mais faiblement biodisponible Le spirochète Borrelia burgdorferi, agent pathogène responsable de la maladie de Lyme (POSEY & GHERARDINI, 2000), et Lactobacillus (WEINBERG, 1997) n’ont pas besoin de fer pour prospérer et se multiplier. Exception faite de ces deux microorganismes, le fer constitue un nutriment vital pour les êtres vivants. La prédominance de la chimie 122 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 du fer dans une multitude de transformations métaboliques est probablement liée au fait que ce métal est capable d’exister sous plusieurs degrés d’oxydation avec la capacité de catalyser efficacement une grande variété de réactions redox. Le fer est l’un des constituants principaux de la croûte terrestre et malgré cette abondance, à pH neutre et en milieu aérobie, le fer existe principalement au dégré d’oxydation (III) sous forme d’hydroxydes insolubles. Dans ces conditions, la concentration en fer libre a été estimée à 10-9 M (RATLEDGE & DOVER, 2000 ; CHIPPERFIELD & RATLEDGE, 2000), cette concentration diminuant même à 10-18 M dans un hôte où la plus grande partie du fer est en général stockée dans des protéines. Il est communément admis que les bactéries ont besoin d’une concentration en fer de 10-7 M au minimum pour une croissance optimale. Au cours de l’évolution, ces microorganismes ont mis au point des systèmes d’assimilation du fer permettant de subvenir efficacement à leurs besoins en fer. Ce métal peut être absorbé par les microorganismes sous différentes formes. Ainsi, certaines voies d’assimilation intègrent directement le fer issu des ferriprotéines de stockage de l’hôte (GOMEZ et al., 1998) alors que d’autres systèmes récupèrent uniquement le fer héminique (WANDERSMAN & STOJILJKOVIC, 2000). Plus rarement et en conditions anaérobies, certains microorganismes sont même capables d’assimiler le fer ferreux (KAMMLER et al., 1993; CARTRON et al., 2006). Même si ces systèmes de transport sont loin d’être anecdotiques, dans la grande majorité des cas, les microorganismes aérobies synthétisent puis excrètent des molécules de faible poids moléculaire (300-2000 Da) appelées sidérophores qui solubilisent le fer avant de le transporter à l’intérieur de la cellule via des transporteurs membranaires (PATTUS & ABDALLAH, 2000). 2.2. Les sidérophores Les sidérophores sont des métabolites secondaires riches en hétéroatomes notamment oxygénés et azotés susceptibles d’interagir avec l’ion métallique. Les ions fer(III) sont hexacoordinés et les hétéroatomes du sidérophore impliqués dans la sphère de coordination sont positionnés aux angles d’un octaèdre. Les hétéroatomes sont en général appariés pour former des fonctions bidentates comme les catécholates, les hydroxamates et les hydroxyacides carboxyliques. Il faut par conséquent trois fonctions bidentates pour satisfaire aux règles de coordination de l’ion Fe(III). Ces fonctions bidentates sont associées à un squelette carboné, parfois de nature peptidique, qui permet d’asservir les motifs chélatants en termes d’angle et/ou de distance pour une complexation optimale de l’ion métallique. Les quelque 500 sidérophores recensés jusqu’ici présentent une très grande diversité structurale. Ainsi certains sidérophores sont extrêmement simples comme la pyochéline 1 (Pseudomonas aeruginosa, Burkholderia cepacia), la cépabactine 2 (Burkholderia cepacia) ou l’acide rhodotorulique 4 (Rhodotorula pilimanae) alors que d’autres présentent des architectures moléculaires nettement plus complexes comme la pyoverdine 3 (Pseudomonas aeruginosa). Certains sidérophores possèdent trois groupes chélatants 123 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Chimie des sidérophores Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 plus complexes comme des la catéchols pyoverdine 3 (Pseudomonas aeruginosa). Certains coli, sidérophores identiques, dans le cas de l’entérobactine (Escherichia Klebsiellapossèdent troi groupes chélatants identiques, deshydroxamates catéchols dans de l’entérobactine pneumoniae) 5 ou des pourlelecas ferrichrome 6 (Ustilago(Escherichia sphaerogena).coli, Klebsiell pneumoniae) Cependant, 5 ou des hydroxamates pour le ferrichrome (Ustilago sphaerogena). la majorité des sidérophores sont 6mixtes, c’est-à-dire pourvusCependant, de groupesla majorité de sidérophores bidentates sont mixtes, pourvuscomme de groupes bidentates3 de différente commeunla pyoverdine dec'est-à-dire nature différente la pyoverdine parnature exemple qui contient par exemple qui contient un et motif deux groupes(Fig. hydroxamates (Fig. 1). motif catéchol deuxcatéchol groupesethydroxamates 1). Fig. 1 : Structures de quelques sidérophores bactériens représentatifs. Les dans la complexation de l’ion ferrique sont colorés rouge. Fig. hétéroatomes 1 : Structuresimpliqués de quelques sidérophores bactériens représentatifs. Les en hétéroatomes impliqué dans la complexation de l’ion ferrique sont colorés en rouge. Cette diversité structurale est à l’origine d’une large palette de stœchiométries de complexation ligand/Fe(III). Ainsi, bien évidemment, des sidérophores comme la Cettepyoverdine diversité 3, structurale est à5 l’origine d’une large palettetrois de groupes stœchiométries de complexatio l’entérobactine ou le ferrichrome 6 possèdant bidentates, ligand/Fe(III).sont Ainsi, bien évidemment, des sidérophores comme la pyoverdine 3, l’entérobactine 5 ou l capables de lier l’ion ferrique avec une stoechiométrie 1:1 (ALBRECHT-GARY ferrichrome 6etpossèdant trois groupes bidentates, sont capables de lier l’ion ferrique avec une stoechiométrie 1: al., 1994). Il faut par contre deux pyochélines 1 ou trois cépabactines 2 pour ARY et al.,un 1994). Il faut par contre deux pyochélines 1 ou trois cépabactines 2 pour complexer u (ALBRECHT-Gcomplexer ion Fe(III). L’acide rhodotorulique 4 est un cas plus complexe car trois ion Fe(III). L’acide rhodotorulique 4 est un cas plus complexe car trois ligands doivent s’associer pou ligands doivent s’associer pour complexer deux ions Fe(III) (BOUKHALFA et al., et al., 2000). choisis, Comme l’évolution le montrentaces choisis, complexer deux ionsComme Fe(III) (B 2000). le OUKHALFA montrent ces exemples faitexemples apparaître une l’évolution fait apparaîtremultitude une multitude de structures différentes qui ont pourtant une fonction commune de structures différentes qui ont pourtant une fonction commune : solubiliser : solubiliser e chélater fortement le pour former des former complexes très stables.trèsLestables. complexe sidérophore-Fe(III) o et chélater fer fortement le fer pour des complexes Le complexe ferrisidérophore, une fois formé, doit rentrer à l’intérieur du microorganisme, or la limite d’exclusion pa sidérophore-Fe(III) ou ferrisidérophore, une fois formé, doit rentrer à l’intérieur diffusion passive par les porines bactériennes est en général inférieure à 500 Da. Les ferrisidérophores ont, dan leur grande majorité, une masse supérieure à cette limite, aussi les microorganismes ont-ils développé de systèmes de transport actif capables d’assurer la translocation de ces molécules de grande taille au travers de 124 membranes. 2.3. Le transport du fer médié par les sidérophores chez les bactéries à Gram négatif CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 du microorganisme, or la limite d’exclusion par diffusion passive par les porines bactériennes est en général inférieure à 500 Da. Les ferrisidérophores ont, dans leur grande majorité, une masse supérieure à cette limite, aussi les microorganismes ont-ils développé des systèmes de transport actif capables d’assurer la translocation de ces molécules de grande taille au travers des membranes. 2.3. Le transport du fer médié par les sidérophores chez les bactéries à Gram négatif Ces systèmes d’assimilation du fer dépendant des sidérophores sont loin d’être parfaitement connus. Cependant, les études menées actuellement, notamment sur les bactéries à Gram-négatif, permettent d’accroître progressivement nos connaissances sur les mécanismes permettant à ces microorganismes d’assimiler les quantités de fer nécessaires à leur prolifération. L’enveloppe des bactéries à Gram négatif est constituée de deux membranes, l’une externe et l’autre cytoplasmique. Ces deux membranes sont séparées par l’espace périplasmique (ou périplasme) pouvant représenter jusqu’à 40% du volume total de la bactérie et qui contient le peptidoglycanne qui, comme la carcasse radiale d’un pneu, permet de conserver la forme de la bactérie en résistant à la pression osmotique. C’est donc véritablement trois barrières physiques, avec des propriétés chimiques et mécaniques très différentes, que doivent traverser les ferrisidérophores pour atteindre le cytoplasme. La diversité structurale qui prévaut parmi les sidérophores implique que les mécanismes d’incorporation peuvent être sensiblement différents d’une espèce bactérienne et/ou d’un sidérophore à l’autre. Cependant les travaux effectués sur divers microorganismes permettent de dégager un processus général. Les sidérophores sont synthétisés dans le cytoplasme (GEORGES & MEYER, 1995) et le périplasme puis sont exportés vers le milieu extracellulaire, probablement grâce à des pompes d’efflux. Les sidérophores complexent alors le fer disponible dans le milieu extracellulaire et le ferrisidérophore ainsi formé est reconnu par un récepteur spécifique enchâssé dans la membrane externe de la bactérie. La structure tridimensionnelle des récepteurs spécifiques FepA de l’entérobactine 5 (BUCHANAN et al., 1999), FhuA du ferrichrome 6 (LOCHER et al., 1998; FERGUSON et al.,1998), FecA du citrate (FERGUSON et al., 2002), FpvA de la pyoverdine 3 (COBESSI et al., 2005) et enfin FptA de la pyochéline 1 (COBESSI et al., 2005) ont été décrits dans la littérature. Ces structures présentent une organisation commune en deux parties principales : un tonneau β, constitué de 22 brins antiparallèles, forme un pore transmembranaire alors que la partie N terminale de la protéine se replie pour obturer le pore en formant un « bouchon » (Fig. 2). 125 ortés xportés versvers le milieu le milieu extracellulaire, extracellulaire, probablement probablement grâce grâce à des à des pompes pompes d’efflux. d’efflux. LesLes sidérophores sidérophores nt exent alors alors le fer le disponible fer disponible dansdans le milieu le milieu extracellulaire extracellulaire et leetferrisidérophore le ferrisidérophore ainsiainsi formé formé est reconnu est reconnu par par eur epteur spécifique spécifique enchâssé enchâssé dansdans la membrane la membrane externe externe de la de bactérie. la bactérie. La La structure structure tridimensionnelle tridimensionnelle des des et al., et al., 1999), 1999), FhuA FhuA du ferrichrome du ferrichrome 6 (L6OCHER (LOCHER et et seurs spécifiques spécifiques FepA FepA de l’entérobactine de l’entérobactine 5 (B5UCHANAN (BUCHANAN et al.,1998), et al.,1998), FecA FecA du citrate du citrate (FERGUSON (FERGUSON et al., et al., 2002), 2002), FpvA FpvA de la depyoverdine la pyoverdine 3 (C3OBESSI (COBESSI et et 98; FERGUSON FERGUSON et al., et al., 2005) 2005) ont ont été été décrits décrits dansdans la littérature. la littérature. CesCes structures structures 05) et enfin et enfin FptA FptA de la depyochéline la pyochéline 1 (C1OBESSI (COBESSI CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 ttent uneune organisation organisation commune commune en en deux deux parties parties principales principales : un: un tonneau tonneau β, constitué β, constitué de de 22 22 brins brins èles, rallèles, forme forme un pore un pore transmembranaire transmembranaire alors alors queque la partie la partie N terminale N terminale de la de protéine la protéine se replie se replie pourpour rpore le pore en formant en formant un «unbouchon « bouchon » (Fig. » (Fig. 2). 2). Fig.Fig. 2 : Vues 2 : Vues en ruban en ruban de la destructure la structure tridimensionnelle tridimensionnelle du récepteur du récepteur FpvA FpvA de la depyoverdine la pyoverdine 3 chargé 3 chargé β est β est coloré coloré en vert, en vert, le bouchon le bouchon en rouge, en rouge, la partie la partie périplasmique périplasmique en en n ferripyoverdine. en ferripyoverdine. Le tonneau Le tonneau Fig. 2 : Vues desuivant la structure tridimensionnelle du récepteur FpvA de la leu, bleu, et laetferripyoverdine la ferripyoverdine est en colorée estruban colorée suivant la nomenclature la nomenclature standard. standard. pyoverdine 3 chargé en ferripyoverdine. Le tonneau β est coloré en vert, le bouchon en rouge, la partie périplasmique en bleu, et la ferripyoverdine est colorée suivant la Après Après l’étape l’étape de de reconnaissance reconnaissance spécifique, spécifique, uneune modification modification de de la la structure structure du du nomenclature standard. teur, r, ouvrant ouvrant probablement probablement le le pore pore central, central, permet permet ensuite ensuite au au ferrisidérophore ferrisidérophore de de Après l’étape de reconnaissance spécifique, une modification de la structure du rrser la membrane la membrane externe. externe. Cette Cette modification modification de de structure structure est est liéeliée à l’intervention à l’intervention de de la la récepteur, ouvrant probablement le pore central, permet ensuite au ferrisidérophore de ine TonB TonB parpar ailleurs ailleurs impliquée impliquée dans dans le transport le transport d’autres d’autres nutriments nutriments essentiels essentiels comme comme traverser la membrane externe. Cette modification de structure est liée à l’intervention de mine tamine B12B(B RADBEER (Bprotéine RADBEER , 1993). , 1993). Cette Cette protéine, protéine, associée avec avec ExbB ExbB et et ExbD, ExbD, fournit fournit 12 la TonB par ailleurs impliquée dans leassociée transport d’autres nutriments essentiels ergie nécessaire nécessaire au au passage du du nutriment en en couplant couplant l’ouverture l’ouverture du du pore pore avec avec la etforce la force , 1993). Cette protéine, associée avec ExbB comme lapassage vitamine B12nutriment (BRADBEER ExbD, fournit l’énergie nécessaire au passage du nutriment couplant l’ouverture du RAUN , 1995; , 1995; MOECK MOECK &C &OULTON COULTON , 1998; , 1998; HIGGS HIGGS etenal., et al., 1998; 1998; HIGGS HIGGS et al., et al., motrice n-motrice (BRAUN (B pore avec la force proton-motrice (B RAUN , 1995; M OECK & C OULTON , 1998; H IGGS Le ). Le ferrisidérophore ferrisidérophore est est ensuite ensuite prispris en en charge charge parpar la la protéine protéine périplasmique périplasmique d’un d’un et al., 1998; H(ATP IGGS et al., 2002). Le ferrisidérophore est ensuite pris en charge par la porteur teur de de type type ABC ABC (ATP Binding Binding Cassette) Cassette) dont dont le rôle le rôle est est d’exporter d’exporter le complexe le complexe protéine périplasmique d’un transporteur de type ABC (ATP Binding Cassette) dont que versvers le cytoplasme le le cytoplasme (QUIOCHO (QUIOCHO &L &EDVINA LEDVINA , 1996; , 1996; SPRENCEL SPRENCEL et al., et al., 2000; 2000; KÖSTER KÖSTER , , rôle est d’exporter le complexe ferrique vers le cytoplasme (QUIOCHO & LEDVINA, Ce ). Ce transporteur transporteur est est en en fait fait constitué constitué de de trois trois protéines protéines distinctes distinctes dont dont la la protéine protéine 1996; SPRENCEL et al., 2000; KÖSTER, 2001). Ce transporteur est en fait constitué de mique, lasmique, la protéine latrois protéine constituant constituant ledont pore le pore enfin et enfin la protéine la protéine qui qui lie lie puis puis hydrolyse hydrolyse l’ATP l’ATP protéines distinctes la et protéine périplasmique, la protéine constituant le pore et enfin la protéine lie puis hydrolyse pour le fournir l’énergie nécessaire au urnir fournir l’énergie l’énergie nécessaire nécessaire auqui au transport. transport. Dans Dans lal’ATP cellule, la cellule, fer le fer peut peut ensuite ensuite êtreêtre libéré libéré transport. Dans la cellule, le fer peut ensuite être libéré soit par une digestion partielle par uneune digestion digestion partielle partielle du du sidérophore sidérophore (HENING (HENING et al., et al., 2005) 2005) et/ou et/ou parpar un un processus processus du sidérophore (HENING et al., 2005) par un al., processus réductif la, 1992; ctif permettant permettant la transition la transition Fe(III)→Fe(II) Fe(III)→Fe(II) (COOPER (Cet/ou OOPER et al., et 1978; 1978; HALLE HALLE &permettant M &EYER MEYER , 1992; transition Fe(III)→Fe(II) (COOPER et al., 1978; HALLE & MEYER, 1992; MIES et al., al., et al., 2006). 2006). Dans Dans ce ce deuxième deuxième cas,cas, le ligand le ligand intact intact pourrait pourrait êtreêtre recyclé recyclé en en étant étant re- re2006). Dans ce deuxième cas, le ligand intact pourrait être recyclé en étant re-excrété par té par la bactérie la bactérie (Fig. 3). 3). par (Fig. la bactérie (Fig. 3). 126 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Chimie des sidérophores Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 Fig. 3 : Processus général du transport du fer dans une bactérie à Gram négatif par tridentate. L’ion Fe3+ orange) chélaté àpar le sidérophore Fig. un 3 : sidérophore Processus général du transport du(sphère fer dans une bactérie Gram négatif parestun sidérophore 3+ reconnu puis transporté à travers la membrane externe par un récepteur spécifique. transporté à travers tridentate. L’ion Fe (sphère orange) chélaté par le sidérophore est reconnu puis Ce transport requiert un transducteur d’énergie : le complexe TonB-ExbB-ExbD qui d'énergie : le la membrane externe par un récepteur spécifique. Ce transport requiert un transducteur permet de coupler ce transport à la force proton-motrice. Une protéine périplasmique complexe TonB-ExbB-ExbD qui permet de coupler ce transport à la force proton-motrice. Une protéine (PP) permet transport à traversàletravers périplasme jusqu’à un transporteur périplasmique (PP)ensuite permetleensuite le transport le périplasme jusqu’à un transporteur ABC ABC, responsable de l’entrée du ferrisidérophore dans le cytoplasme où complexe responsable de l’entrée du ferrisidérophore dans le cytoplasme où le complexeleest dissocié. est dissocié. Ce schéma général est en fait un résumé des connaissances actuelles sur les Ce schéma général en fait un des résumé des d’assimilation connaissances surdes les différentes différentes étapes est et composants systèmes du actuelles fer dépendant étapes et composants des systèmes d’assimilation du fer dépendant des sidérophores. Ainsi sidérophores. Ainsi, dans la réalité, en fonction de l’espèce bactérienne étudiée et du sidérophore considéré, processus bactérienne mis en jeu est étudiée une déclinaison ce mécanismeconsidéré, le dans la réalité, en fonction delel’espèce et du de sidérophore très schématique. En outre, pour nombre des flèches rouges processus mis en jeu est une déclinaison de de cesidérophores, mécanismecertaines très schématique. En outre, pour pourraient être assorties de points d’interrogations. Ces mécanismes de transport nombre de sidérophores, certaines des flèches rouges pourraient être assorties de points extrêmement performants permettent aux bactéries de subvenir efficacement à d’interrogations. Ces mécanismes de transport extrêmement performants permettent aux leurs besoins en fer même si elles sont en compétition avec l’hôte ou d’autres bactéries demicroorganismes. subvenir efficacement à leurs besoins en fer même si elles sont en compétition avec l’hôte ou d’autres microorganismes. 3. Les systèmes d’assimilation du fer chez les bactéries : une piste dans le développement de nouveaux antibiotiques pour les patients atteints de mucoviscidose 3. Les systèmes d’assimilation du fer chez les bactéries : une piste dans le développement de nouveaux antibiotiques pour les patients atteints de sidérophore-dépendantes mucoviscidose A l’heure actuelle, les voies de transport du fer de microorganismes pathogènes pour l’être humain sont les plus étudiées. Ces en effet A l’heure actuelle, les voies de transport du fer sidérophore-dépendantes de microorganismes pathogènes pour l’être humain sont les plus étudiées. Ces systèmes d’assimilation 127 permetten en effet aux bactéries d’accéder à un nutriment indispensable et sont donc à ce titre des cibles thérapeutiques potentielles. Ainsi avec le soutien financier répété de l’association « Vaincre la Mucoviscidose », notre groupe s’intéresse aux mécanismes d’assimilation du fer chez deux pathogènes opportunistes nosocomiaux Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 aux bactéries d’accéder à un nutriment indispensable et sont donc à ce titre des cibles thérapeutiques potentielles. Ainsi avec le soutien financier répété de l’association «Vaincre la Mucoviscidose», notre groupe s’intéresse aux mécanismes d’assimilation du fer chez deux pathogènes opportunistes nosocomiaux Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia, responsables d’infections graves, souvent létales, chez les patients atteints par la mucoviscidose. 3.1 Mucoviscidose et infections à Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia La mucoviscidose est l’une des maladies génétiques les plus répandues puisque elle représente une naissance sur 3300 dans la population caucasienne. Cette maladie est due à un dysfonctionnement d’une protéine canale appelée CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator) permettant la sécrétion des ions chlorure tout en contribuant à la réabsorption des ions sodium. Un mauvais fonctionnement du CFTR perturbe la composition ionique, le volume et la viscosité de certains fluides corporels notamment au niveau des poumons. Dans cet organe, la production massive d’un mucus très épais constitue un terrain qui favorise l’installation d’agents pathogènes opportunistes. Au nombre de ces derniers, Pseudomonas aeruginosa et le complexe Burkholderia cepacia, bactéries à Gram négatif, sont connues pour être les principaux responsables des infections nosocomiales contractées par ces patients en milieu hospitalier. Les infections chroniques qui affectent ces patients entraînent une inflammation permanente des tissus épithéliaux des voies aériennes inférieures, mais aussi, à plus long terme, des épithéliums artériels qui finissent par se nécroser. Dans un stade plus avancé de la maladie, et en l’absence de greffe cardio-pulmonaire, les patients décèdent en général suite à une insuffisance cardio-pulmonaire ou à des septicémies, formes ultimes et généralisées des infections pulmonaires liées à la présence de Pseudomonas aeruginosa et/ou Burkholderia cepacia. Qu’ils soient sous forme planctonique ou inclus dans des biofilms, ces microorganismes sont peu perméables aux antibiotiques et mutent rapidement pour conduire à des souches multirésistantes. Ceci explique que les infections ayant pour origine de telles bactéries sont de plus en plus difficiles à combattre par les antibiothérapies classiques (AARON et al., 2000; LEDSON et al., 1998). Ces deux bactéries synthétisent et excrètent plusieurs sidérophores pour subvenir à leurs besoins en fer. Pseudomonas aeruginosa utilise ainsi la pyoverdine 3 et la pyochéline 1 (voir Fig. 1) alors que Burkholderia cepacia utilise la pyochéline 1, la cépabactine 2 et les ornibactines (STEPHAN et al., 1993). La pyochéline 1 est donc un sidérophore commun aux deux espèces pathogènes que nous souhaitons combattre (DARLING et al., 1998). Aussi, une stratégie thérapeutique fondée sur des molécules structuralement proches de la pyochéline doit nous permettre d’atteindre efficacement et sélectivement les deux microorganismes ciblés, en laissant intactes les populations bactériennes nécessaires au bon fonctionnement du corps humain. 128 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 C’est sur ce postulat que se sont fondées nos recherches sur de nouveaux antibiotiques contre Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia cepacia. 3.2. Pyochéline : rôles biologiques et données chimiques La pyochéline 1 est un sidérophore isolé et caractérisé pour la première fois à la fin des années soixante-dix (LIU & SHOKRANI, 1978). Dès sa découverte, la pyochéline fut immédiatement décrite comme un sidérophore présentant une faible affinité pour le fer(III) : la constante d’affinité déterminée était alors de l’ordre de 2 x 105 M-1 dans le méthanol (COX, 1980; COX et al., 1981). La stoechiométrie apparente du complexe ferrique de la pyochéline a été établie à deux ligands pour un ion fer(III) bien que des études physicochimiques et cristallographiques viennent régulièrement remettre en doute cette propriété en suggérant des rapports ligand/métal différents (CUPPELS et al., 1987; SCHLEGEL et al., 2006; TSENG et al., 2006). Cette incertitude est liée d’une part à la méconnaissance des hétéroatomes impliqués dans la chélation et d’autre part à la faible stabilité du complexe ferrique, qui rendent plus hasardeuses les études par titration directe. L’existence d’un motif 2-hydroxyphényl-thiazoline au sein de la pyochéline procure à ce sidérophore des propriétés de fluorescence (HOEGY et al., 2005). Cette fluorescence est inhibée par la complexation de certains métaux, dont le fer(III). La propriété biologique principale de la pyochéline est la complexation des ions fer(III) dans le milieu extracellulaire et leur transport à l’intérieur de la bactérie. Ainsi, à l’instar des autres sidérophores excrétés par les Pseudomonas, la pyochéline est considérée comme l’un des principaux facteurs de virulence de cette famille de bactéries. Dès la découverte de la pyochéline, les chimistes ont essayé de synthétiser ce sidérophore efficacement et de façon stéréocontrôlée. Plusieurs approches ont permis d’obtenir la pyochéline (RINEHART et al., 1995; ANKENBAUER et al., 1988; ANKENBAUER et al., 1994; INO et al., 1998; INO & MURABAYASHI, 1999; INO et al., 1999; ZAMRI & ABDALLAH, 2000; INO & MURABAYASHI, 2001). A l’heure actuelle nous utilisons le protocole de synthèse suivant mis au point au laboratoire. Les deux substrats de départ, le 2-hydroxybenzonitrile 7 et la D-cystéine 8, sont condensés dans un tampon phosphate à pH 6,4 (ZAMRI & ABDALLAH, 2000). La thiazoline résultante 9 est recristallisée à deux reprises. L’amide de Weinreb 10 est ensuite obtenu en couplant la fonction carboxylique de la thiazoline 9 avec la N,O-diméthylhydroxylamine en présence de l’hydrochlorure de 1-(3-diméthylaminopropyl)-3éthylcarbodiimide (EDCI). L’utilisation de cet agent de couplage ne modifie en rien l’excès énantiomérique et facilite grandement les étapes de purifications. La réduction de l’amide de Weinreb 10 par l’hydrure mixte d’aluminium et de lithium dans le tetrahydrofurane (THF) conduit à la formation de l’aldéhyde 11 (FEHRENTZ & CASTRO, 1983). Ce dernier est condensé avec la (R)-N-méthylcystéine (BLONDEAU et al., 1967) pour conduire à la pyochéline 1 (Sch. 1). 129 L’amide de Weinreb 10 est ensuite obtenu en couplant la fonction carboxylique de la thiazoline 9 avec la N,O-diméthylhydroxylamine en présence de l’hydrochlorure de 1-(3diméthylaminopropyl)-3-éthylcarbodiimide (EDCI). L’utilisation de cet agent de couplage ne modifie en rien l’excès énantiomérique et facilite grandement les étapes de purifications. La réduction de l’amide de Weinreb 10 par l’hydrure mixte d’aluminium et de lithium dans le tetrahydrofurane (THF) conduit à la formation de l’aldéhyde 11 (FEHRENTZ & CASTRO, 1983). DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 et al., 1967) pour conduire Ce dernier CHIMIE est condensé avec la (R)-N-méthylcystéine (BLONDEAU à la pyochéline 1 (Sch. 1). Sch. 1 : Synthèse de la pyochéline : i. D-Cystéine.HCl, K2CO3, MeOH/tampon Sch.phosphate 1 : Synthèse de lapH pyochéline : i.puis D-Cystéine.HCl, K2COii.3, CH MeOH/tampon phosphate 0,1M, pH 6,4, 0,1M, 6,4, 60°C recristallisation. ONHCH3.HCl, DIPEA, 3 .HCl, -40°C DIPEA, EDCI, CH 60°CEDCI, puis recristallisation. ii. CH 2Cl2, 0° à 20°C. iii LiAlH4, THF, CH2Cl2, 0° à 20°C. iii3ONHCH LiAlH4 , 3THF, à -20°C. iv. N-(R)-méthylcystéine. 40°CHCl, à -20°C. iv. EtOH/H N-(R)-méthylcystéine. HCl, AcOK, EtOH/H2O, 20°C. AcOK, O, 20°C. 2 Ce protocole est utilisé couramment au laboratoire pour synthétiser la pyochéline Ce protocole est utilisé laboratoire pour permet synthétiser la pyochéline avec avec un rendement de couramment 60% sur quatreau étapes. Ce protocole d’accéder à des un rendement de 60% sur quatre étapes. Ceplusieurs protocole permet d’accéder à des quantités de quantités de sidérophore allant jusqu’à grammes et cela rapidement (quatre et jusqu'à à partir de produits grammes de départ commerciaux fort peu onéreux. outreetceà partir de sidérophorejours) allant plusieurs et cela rapidement (quatre En jours) protocole de synthèse a ouvert la voie pour la synthèse d’analogues de la pyochéline produits de départ commerciaux fort peu onéreux. En outre ce protocole de synthèse a ouvert visée thérapeutique. Dans cede contexte, deux approches été privilégiées. D’une la voie pourà la synthèse d’analogues la pyochéline à viséeont thérapeutique. Dans ce contexte, part la préparation de conjugués antibiotique-sidérophore capables d’adresser deux approches ont été privilégiées. D’une part la préparation de conjugués antibiotiquesélectivement/efficacement la molécule active aux microorganismes ciblés. D’autre sidérophore capables d’adresser sélectivement/efficacement la molécule active aux part le développement d’inhibiteurs des récepteurs de membrane externe de microorganismes ciblés. Ces D’autre part le seront développement d’inhibiteurs récepteurs de ferrisidérophore. deux approches abordées successivement dans des la suite de membrane cet externe ferrisidérophore. deux approches serontpyochéline. abordées successivement article de en prenant l’exemple deCes nos travaux sur le sidérophore dans la suite de cet article en prenant l’exemple de nos travaux sur le sidérophore pyochéline. 3.3. Synthèse de conjugués antibiotique-pyochéline La de résistance bactérienne aux antibiotiques peut avoir trois origines : la faible 3.3. Synthèse conjugués antibiotique-pyochéline perméabilité membranaire aux xénobiotiques, l’existence de pompes d’efflux et l’expression massive capables de dégrader l’antibiotique. le cas perméabilité de La résistance bactérienne auxd’enzymes antibiotiques peut avoir trois origines :Dans la faible Pseudomonas aeruginosa et de Burkholderia cepacia, la succession des trois barrières membranaire aux xénobiotiques, l’existence de pompes d’efflux et l’expression massive physiques que sont la membrane externe, le périplasme et la membrane cytoplasmique d’enzymes explique capablesla de dégrader l’antibiotique. Dansdeleces casmicroorganismes. de Pseudomonas aeruginosa et de faible perméabilité aux antibiotiques La stratégie Burkholderia cepacia, la succession des trois barrières physiques que sont lalamembrane prodrogue permet d’accroître la quantité d’antibiotique traversant les membranes de externe, le bactérie. périplasme et la membrane cytoplasmique explique lamédicamenteuses faible perméabilité aux Une prodrogue est un composé bioactif dont les propriétés antibiotiques de ces microorganismes. La stratégie prodrogue permet d’accroître indésirables (manque de spécificité, faible biodisponibilité, instabilité chimique,la quantité solubilité) sont « masquées » de façon réversible par couplage avec d’autres entités chimiques. Une variante de cette stratégie consiste à faire pénétrer dans la cellule à 130 Chimie des sidérophores Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 d’antibiotique traversant les membranes de la bactérie. Une prodrogue est un comp bioactif dont les propriétés médicamenteuses indésirables (manque de spécificité, fa CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Nat. Phys.»Math. NS 46 réversible biodisponibilité, instabilité chimique, solubilité) sont « Sci. masquées de façon couplage avec d’autres entités chimiques. Une variante de cette stratégie consiste à f pénétrer dans la cellule à détruire, une molécule cytostatique (ou dans notre cas antibiotique) sous en (ou utilisant une cas voie transportsous naturelle détruire, une forme moléculeinactive cytostatique dans notre un de antibiotique) forme de la cel inactive en utilisant une voie de transport naturelle de la cellule. Cette démarche est : la cellul Cette démarche est souvent, de façon très imagée, comparée au cheval de Troie souvent, de façon très imagée, comparée au cheval de Troie : la cellule va internaliser internaliser le conjugué puis les enzymes autochtones ou les conditions physiologiques le conjugué puis les enzymes autochtones ou les conditions physiologiques vont alors alors démasquer l’activité antibiotique du composé (Fig. 4). démasquer l’activité antibiotique du composé (Fig. 4). Fig. : Fonctionnement d’une prodrogue type chevaldedeTroie Troie : laprodrogue prodrogueest constituée Fig. 4 :4Fonctionnement d’une prodrogue de de type cheval : la est constituée d’un sidérophore (croissant bleu ciel), connecté à un antibiotique sidérophore (croissant bleu ciel), connecté à un antibiotique (carré vert) par un bras espaceu (carré vert) par unlebras conjugué dans complexe le fer (sphère métallisée) conjugué complexe fer espaceur. (sphère Le métallisée) le milieu extracellulaire permettant ains dans le milieu extracellulaire permettant ainsi sa reconnaissance par le récepteur soit au nivea reconnaissance par le récepteur de membrane externe et le transport du conjugué de membrane externe et le transport duconditions conjugué soit au niveau du périplasme soit périplasme soit jusqu’au cytoplasme. Les physiologiques (présences d’enzymes, condition jusqu’au cytoplasme. Les conditions physiologiques (présences d’enzymes, conditions pH, etc.) vont alors permettre de cliver le bras espaceur pour libérer la molécule active (carré rouge deainsi pH, etc.) vont sa alors permettre de cliver le bras espaceur pour libérer la molécule peut atteindre cible biologique et induire la mort bactérienne. active (carré rouge) qui peut ainsi atteindre sa cible biologique et induire la mort bactérienne. Des pyochélines fonctionnalisées peuvent ainsi servir de structure de base pou préparation Des de prodrogues ciblées sur lapeuvent voie de transport fer pyochéline-dépendante pyochélines fonctionnalisées ainsi servir de du structure de base pour la préparation de prodrogues ciblées sur la voie de transport du fer effet la pyochéline est un sidérophore commun à toutes ces souches etpyochélineà la plupart des sou dépendante. En effet pyochéline est munies un sidérophore à toutescomme ces souches et de spécif de B. cepacia. Ainsi, desla prodrogues de lacommun pyochéline motif à la plupart des souches de B. cepacia. Ainsi, des prodrogues munies de la pyochéline devraient adresser l’antibiotique spécifiquement aux bactéries exprimant le récepteur FptA la pyochéline. Dans notre projet les « chevaux de Troie » sont constitués d’une pyoché fonctionnalisée en position C5. Cette position a été choisie dans une première approche ca 131 fonctionnalisation est aisée d’un point de vue synthétique. En outre nous avons montré qu présence de substituants en C5 n’altère pas les propriétés chélatantes du sidérophore. fonction amine localisée à l’extrémité d’une extension propylique souple ou propargyl rigide permet de connecter les sidérophores à l’antibiotique par l’intermédiaire de CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 comme motif de spécificité devraient adresser l’antibiotique spécifiquement aux bactéries exprimant le récepteur FptA de la pyochéline. Dans notre projet les « chevaux de Troie » sont constitués d’une pyochéline fonctionnalisée en position C5. Cette position a été choisie dans une première approche car sa fonctionnalisation est aisée d’un point de vue synthétique. En outre nous avons montré que la présence de substituants en C5 n’altère pas les propriétés chélatantes du sidérophore. Une fonction amine localisée à l’extrémité d’une extension propylique souple ou propargylique rigide permet de connecter les sidérophores à l’antibiotique par l’intermédiaire de adaptés. L’antibiotique choisi dans une première approche la NS 46 Chimiebras desespaceurs sidérophores Arch. Sci. Nat. Phys.estMath. norfloxacine, une molécule de la famille des fluoroquinolones, connues pour être de puissants inhibiteurs des topoisomérases bactériennes (MITSCHER, 2005). Cette particulièrement efficace contre les microorganismes de les la famille des Pseudomonas (F famille d’antibiotiques est particulièrement efficace contre microorganismes de la famille des Pseudomonas. Au cours de travaux antérieurs, des conjugués entre la Au cours de travaux antérieurs, des conjugués entre la pyoverdine, un autre sidéropho pyoverdine,aeruginosa un autre sidérophore Pseudomonas aeruginosa et des antibiotiques de Pseudomonas et desdeantibiotiques de la classe des fluoroquinolones on la classe des fluoroquinolones ont été préparés et testés. Le motif de reconnaissance préparés et testés. Le motif de reconnaissance spécifique, la pyoverdine, était alors spécifique, la pyoverdine, était alors fixé à l’antibiotique soit par un bras non l’antibiotique soit par un bras non hydrolysable soit par un bras labile hydrolysable in v hydrolysable soit par un bras labile hydrolysable in vivo. Il a ainsi été montré que les a ainsiconjugués été montré qued’un les bras conjugués équipés d’un bras labile avaient une activité antibio équipés labile avaient une activité antibiotique supérieure à ceux supérieure ceux munis d’un bras (H non hydrolysable (HENNARD et al., 2001). Compte ten munisàd’un bras non hydrolysable ENNARD et al., 2001). Compte tenu des résultats résultats encourageants avec la pyoverdine, été appliqué trèstrès encourageants obtenusobtenus avec la pyoverdine, cette stratégiecette a été stratégie appliquée àa la pyochéline et des conjugués munis d’une part de bras hydrolysables in vivo (composés pyochéline et des conjugués munis d’une part de bras hydrolysables in vivo (compos de ou typede 12)bras ou de bras succinate (composés de type stabledans dans les les conditions conditions physiolog type 12) succinate (composés de type 13)13) stable physiologiques ont été synthétisés (Fig. 5). ont été synthétisés (Fig. 5). Fig. 5 : Structure des conjugués norfloxacine-pyochéline de type 12 et 13. 132 Fig. 5 : Structure des conjugués norfloxacine-pyochéline de type 12 et 13. La synthèse de ces conjugués a débuté par la préparation des pyoch CHIMIE DES SIDÉROPHORES Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 La synthèse de ces conjugués a débuté par la préparation des pyochélines fonctionnalisées. Le 2-cyanophénol commercial 7 est traité par le N-iodosuccinimide en présence d’acide tétrafluoroborique pour conduire au 5-iodo-2-hydroxybenzonitrile 14. Ce composé est mis en réaction avec la monopropargylamine protégée par un groupe Boc, dans les conditions de couplage de type Sonogashira. Le 2-cyanophénol acétylénique 15 recherché est ainsi isolé avec un rendement de 86% sur deux étapes. Une réduction de la triple liaison par hydrogénation catalytique permet d’obtenir le 2-cyanophénol de type 16. Les 2-cyanophénols fonctionnalisés 15 et 16 ont ensuite servi de produits de départ pour la synthèse des pyochélines fonctionnalisées 17 et 18 en utilisant le schéma de synthèse mis au point au laboratoire pour préparer la pyochéline naturelle 1 moyennant quelques modifications mineures de protocole. Les pyochélines fonctionnalisées 17 et 18 ont ainsi été isolées en quatre étapes avec des rendements de 70% en moyenne (RIVAULT et al., 2006; RIVAULT et al., 2007) (Sch. 2). Sch. 2 : Synthèse des pyochélines fonctionnalisées 17 et 18. i : NIS, HBF4.Et2O, CH3CN, -10°C. ii : Pd(PPh3)4, CuI, BocNHCH2C≡CH, DMF, 20°C. iii. H2, Pd/C 10%, EtOH, 20°C. iv. Cystéine, tampon phosphate pH 6.4/MeOH, 50°C. v. MeONHMe. HCl, DIPEA, EDCI, CH2Cl2, 0°C à 20°C. vi. LiAlH4.THF, THF, -40°C à -20°C. vii. (R)-N-Méthylcystéine, AcOK, EtOH/H2O, 20°C. Dans un deuxième temps nous avons procédé à la synthèse des blocs bras espaceur-antibiotique. La norfloxacine 19 est mise en réaction avec l’anhydride succinique dans le DMSO en présence de pyridine conduisant ainsi à l’adduit 20. La fonction acide de la molécule 20 est ensuite estérifiée par le pentafluorophénol en présence d’EDCI (SCHUELLER et al., 1996) et l’ester activé 21 est ainsi isolé avec un rendement de 75 % sur les deux étapes. Afin d’obtenir la norfloxacine couplée à un bras espaceur hydrolysable in vivo, l’antibiotique 19 est tout d’abord mis en réaction avec le chloroformiate de chlorométhyle. Le chlorure 22 ainsi formé est traité par l’hémisuccinate de tert-butyle en présence de carbonate d’argent, conduisant ainsi à la formation de l’ester 23. Ce dernier est ensuite déprotégé en présence d’acide trifluoroacétique (TFA) et l’acide carboxylique résultant est transformé en l’ester de pentafluorophénol 24 ainsi obtenu en quatre étapes avec un rendement de 40% à partir de la norfloxacine 19 (Sch. 3). 133 CHIMIE DES SIDÉROPHORES Chimie des sidérophores Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 Arch. Sci. Nat. Phys. Math. NS 46 Sch. 3 : Synthèse des blocs norfloxacine-bras espaceur : i. anhydride succinique, pyridine, DMSO, 95°C. ii. C6F5OH, EDCI, dioxanne, 90°C. iii. ClCH2OCOCl, bis-diméthylaminonaphtalène, CHCl3, 20°C. iv.: i.tBuOOCCH CH2COOH, Ag2CO3, Sch. 3 : Synthèse des blocs norfloxacine-bras espaceur anhydride succinique, pyridine, DMSO, 2 F5OH, EDCI, dioxanne, 90°C. iii. ClCH2OCOCl, bis-diméthylaminonaphtalène, CHCl3, DMF, 95°C. 90°C.ii. v.C6TFA/CH Cl 5%, 20°C. 2 2 20°C. iv. tBuOOCCH2CH2COOH, Ag2CO3, DMF, 90°C. v. TFA/CH2Cl2 5%, 20°C. Avant de pouvoir construire les prodrogues en greffant les substances bioactives sur les analogues fonctionnalisés de la pyochéline, les fonctions amines de ces derniers Avant de pouvoir construire les prodrogues en greffant les substances bioactives sur devaient êtrefonctionnalisés libérées. L’utilisation d’un mélange à 6% de TFAde dans dichlorométhane les analogues de la pyochéline, les fonctions amines ceslederniers devaient s’est révéléeL’utilisation être une méthode très efficace les amines être libérées. d’un mélange à 6% de permettant TFA dans led’obtenir dichlorométhane s’est attendues révélée sansune dégradation deefficace la structure de la d’obtenir pyochéline. Les pyochélines 17 dégradation et 18 présentant être méthode très permettant les amines attendues sans de laune structure de laamine pyochéline. et 18 présentant uneavec fonction amine libre ont 21 fonction libre Les ontpyochélines ensuite été17mises en réaction les esters activés ensuite en réaction avec les esters activés 21 ouen 24présence dans la DMF anhydreDans à ou 24 été dansmises la DMF anhydre à température ambiante de DIPEA. température ambiante en présence de DIPEA. Dans ces conditions, les conjugués 25, 26 et 27, ces conditions, les conjugués 25, 26 et 27, 28 dérivés des analogues 17 et 18 de la 28 dérivés des analogues 17 et 18 de la pyochéline ont été isolés avec un rendement de 80% pyochéline ont été inhibitrice isolés avec rendement de 80% (Fig. 6.A.). inhibitrice (Fig. 6.A.). L’activité desunconjugués pyochéline-antibiotique 25,L’activité 26 et 27, 28 sur la des conjugués pyochéline-antibiotique 26 et 27, 28 sur la croissance bactérienne a croissance bactérienne a été testée sur une25, période de 24 heures sur des Pseudomonas aeruginosa souche PAOde cultivés en milieu minimum. Dans le cadre de ces expériences, été testée de surlaune période 24 heures sur des Pseudomonas aeruginosa de la souche les bactéries sont mises en présence des complexes ferriques des composés 25, 26 et bactérienne 27, 28 en PAO cultivés en milieu minimum. Dans la culture témoin, la croissance utilisant comme témoin une culture de bactéries mises en présence de ferripyochéline. Dans la se déroule normalement. En présence des conjugués munis d’un bras espaceur stable culture témoin, la croissance bactérienne se déroule normalement. En présence des conjugués 25 (code et 27stable (code25LC069), cette et croissance n’est que faiblement munis d’un FR051) bras espaceur (code FR051) 27 (code LC069), cette croissanceinhibée. n’est Lorsque ces expériences sontces menées en présence des prodrogues 26 (code FR064) que faiblement inhibée. Lorsque expériences sont menées en présence des prodrogues 26 et (code FR064) et 28 (code LC067), un bras hydrolysable in vivo, la croissance 28 (code LC067), possédant un possédant bras hydrolysable in vivo, la croissance bactérienne bactérienne est totalement (Fig. 6.B.) (RIVAULT et al.,2007). 2007). Ce Ce résultat ainsi et al., résultatvalide valide ainsi est totalement inhibée inhibée (Fig. 6.B.) (RIVAULT notre approche prodrogue utilisant la pyochéline pour vectoriser un antibiotique et notre approche prodrogue utilisant la pyochéline pour vectoriser un antibiotique et promouvoir son passage au travers des membranes bactériennes. promouvoir son passage au travers des membranes bactériennes. 134