nourrissons inclus de septembre 1993 à septembre 1994 et suivis pendant une à deux saisons jusqu'en juin
1995. Dans cette étude prospective randomisée contre placebo les enfants recevaient à 2, 3 et 5 mois, soit le
RRV-TV (4 x 105 pfu) (n=1191), soit le placebo (n=1207). L'effet du vaccin était apprécié sur la fréquence
des épisodes de diarrhée à rotavirus, leur gravité estimée selon un score validé, la présence de rotavirus
dans les selles, et dans un sous-groupe de 191 enfants, sur les taux sériques d'anticorps antirotavirus.
Deux cent cinquante six épisodes de gastroentérite à rotavirus ont été observés, 65 chez les enfants
vaccinés, 191 chez les enfants témoins. L'efficacité du vaccin était ainsi de 66%. Cent épisodes étaient
sévères, 8 chez les vaccinés, 92 chez les témoins (efficacité de 91%). L'efficacité de la vaccination était
maximale lorsqu'elle précédait immédiatement l'épidémie saisonnière, quoique de façon non significative.
La protection concernait aussi bien les rotavirus de sérotype G1 que G4 qui sont les plus souvent mis en
évidence en Finlande. Cependant près de 30% des nourrissons vaccinés ont eu une réaction fébrile, ont été
irritables après la première dose de vaccin. Même si aucune de ces réactions n'a eu de conséquence, elles
doivent être prises en compte dans l'évaluation du vaccin (10).
Le même vaccin n'a pas fait la preuve de la même efficacité dans un environnement moins privilégié, la
banlieue de Lima au Pérou. A cette latitude la présence du rotavirus est endémique. Six cent quarante
nourrissons ont été répartis au hasard entre l'un des 3 groupes suivants qui recevait : une dose de vaccin
RRV-TV (à un titre de 4 X 104 cfu) à 2, 3 et 4 mois d'âge (groupe 3 doses, n=209), une dose de vaccin, puis
2 doses de placebo (groupe 1 dose, n=212) ou 3 doses de placebo (groupe placebo, n=219). L'efficacité du
vaccin était appréciée comme précédemment sur la fréquence et la sévérité des épisodes de gastroentérite
aiguë, les taux de séroconversion, la recherche du rotavirus dans les selles lors de chaque épisode de
diarrhée.
Faits notables 1) 35% des nourrissons inclus avaient déjà des anticorps IgA antirotavirus au début de l'étude
(contre 0/191 dans l'étude finlandaise) et 2) le nombre d'épisodes de diarrhée par enfant-an était supérieur à
8 dans les 3 groupes alors qu'il était inférieur à 1 dans l'étude Finlandaise. Dans 41% des épisodes de
diarrhée à rotavirus un autre agent pathogène était mis en évidence.
Dans ces conditions, le vaccin, certes donné à un titre de 4 X 104 pfu (et non 4 X 105 ; mais aux Etats-Unis
cette augmentation de la charge virale n'avait pas entraîné d'augmentation de son efficacité), n'a pas diminué
significativement le nombre des épisodes de gastroentérite à rotavirus toutes gravités confondues : le
nombre d'épisodes était en effet de 64 dans le groupe 3 doses, 71 dans le groupe 1 dose et 87 dans le
groupe placebo (n=222 en tout). Par contre, la fréquence des épisodes les plus sévères, marqués par de la
fièvre, des vomissements, ou plus de 6 selles par jour était significativement abaissée dans le groupe 3
doses. Enfin, le vaccin prévenait avec une certaine efficacité (autour de 50%) la survenue d'un épisode dû au
sérotype G1, le plus fréquemment retrouvé (60%). La charge antigénique entérale beaucoup plus élevée,
comme probablement, correlativement, un état nutritionnel moins bon peuvent expliquer ce résultat deçevant
(11).
C'est peut-être parce que la situation sanitaire était moins mauvaise que la dernière grande étude, réalisée
au Venezuela dans une zone urbaine de niveau économique bas à moyen au sud-ouest de Caracas, a
montré une efficacité plus satisfaisante du vaccin RRV-TV. Dans cette étude impliquant 2480 nourrissons
inclus à partir de mars 1992 puis surveillés pendant 20 mois jusqu'en octobre 1995, un groupe (n=1247)
recevait une dose de vaccin (4 X 105 pfu) à 2, 3 et 4 mois de vie, alors que l'autre (n=1233) recevait aux
mêmes âges une dose de placebo. L'efficacité du vaccin était appréciée sur la fréquence et la gravité (selon
un score validé) de la diarrhée, le taux de séroconversion, la recherche de rotavirus dans les selles lors de
chaque épisode de diarrhée. Mille cinq cent cinquante épisodes de diarrhée ont été rapportés (9718 dans
l'étude péruvienne). Un rotavirus était mis en évidence 219 fois (14% des cas) (3,2% des cas dans l'étude
péruvienne). Deux cent cinq des 219 souches de rotavirus isolées provenaient du premier épisode de
diarrhée à rotavirus.
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