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GÉNÉRALITÉS
Le développement de la cuniculture au cours des vingt dernières années a entraîné,
du fait de l'intensification des techniques d'élevage, une augmentation de la fréquence
et de la gravité des affections respiratoires et digestives. L'étiologie de ces deux
syndromes a fait l'objet de recherches bactériologiques d'autant plus nombreuses que
le rôle exact des bactéries mises en évidence (pasteurelles, colibacilles, clostridies) est
souvent indissociable de celui des conditions d'environnement des animaux
(claustration, alimentation, hyperproductivité).
Bien que de nombreux virus aient été isolés chez le lapin, surtout lors de contrôles
réalisés chez les animaux de laboratoire, la virologie a longtemps été axée sur l'étude
de la seule maladie économiquement importante et dont l'étiologie virale soit
indiscutable : la myxomatose.
La mise en évidence en République populaire de Chine, en 1984 (16, 27, 34) d'une
maladie hémorragique virale (ou pneumonie hémorragique virale) à évolution
foudroyante a marqué un tournant dans l'étude de la pathologie du lapin (Oryctolagus
cuniculus).
C'est seulement en 1988 que le rapprochement a été fait entre cette maladie et
une affection cliniquement identique apparue sur le continent européen : d'abord
dans le sud de l'Italie en 1986 puis dans d'autres pays européens, ainsi qu'en Afrique
(Egypte et Tunisie) et même en Amérique (Mexique).
La nature hémorragique des lésions, l'atteinte hépatique massive, l'origine
apparemment alimentaire des troubles, ont été interprétées d'emblée, comme autant
d'éléments orientant vers une étiologie toxique. Cette hypothèse reprise et amplifiée
par les média a été présentée comme le résultat d'une pollution de l'environnement,
ce qui était un défi à la logique puisque seuls les lapins semblaient sensibles aux
toxiques (3, 5, 21).
Dans certains pays, comme l'Italie, une campagne de presse, attribuant l'origine
du problème aux retombées radioactives de Tchernobyl, a été à l'origine d'un véritable
désastre économique pour les éleveurs.
Enfin, les observations épidémiologiques et virologiques, jointes aux études
anatomopathologiques, ont clairement démontré l'origine infectieuse et plus
particulièrement virale de cette hépatite nécrotique primaire, secondairement
responsable de troubles de la coagulation (14, 15, 19, 21, 23, 33).
Au mois de mai 1989, l'Office International des Epizooties donnait à cette affection
l'appellation de «maladie hémorragique virale du lapin» et, en anglais, de viral
haemorrhagic disease (VHD), avec inscription sur la Liste B du Code zoo-sanitaire
international.
Si les particules virales sont facilement mises en évidence au niveau des hépatocytes,
leur adaptation en milieu cellulaire a longtemps été un échec, aussi la culture réussie
par des chercheurs chinois (notamment C.-Y. Ji) et rapportée dans le présent ouvrage
par W.-Y. Xu et H.-B. Huang fait-elle figure de première mondiale. Auparavant,
faute de pouvoir obtenir ce virus par culture, ses caractéristiques ont été étudiées sur
des broyats de foie, avec des résultats souvent discordants, suivant les auteurs : virus