Introduction
La pauvreté, c’est la faim, la solitude, c’est n’avoir nulle part où aller à la fin de la journée,
c’est la privation, la discrimination, la violence et l’analphabétisme.
Une mère chef de famille
Dorothy Chiredze, une agricultrice du Zimbabwe, exploite une terre d’un hectare. Pour arroser
son lopin de terre, elle se lève avant l’aube et marche pendant quatre heures pour aller chercher
au ruisseau l’eau dont elle a besoin. Une houe lui sert de charrue. Si l’année est bonne, Dorothy
pourra récolter trois sacs de maïs. En les vendant, elle achetera les semences pour l’année
suivante, paiera les frais de scolarité de ses trois enfants et nourrira sa famille en attendant de se
trouver un travail saisonnier rémunéré.
C’est ce qui s’appelle survivre de justesse et la famille de Dorothy s’est retrouvée dans la misère
lorsqu’une sécheresse a détruit sa récolte de maïs. Avec un seul repas par jour de semoule de
maïs bouillie, ses enfants se sont affaiblis et sont tombés malades. « Nous luttons pour rester
vivant, dit Dorothy, mais la vie est tellement difficile ».
OXFAM, Rapport sur la pauvreté, 1995
La vie est très dure lorsqu’il faut inlassablement se battre et souffrir de privation. Telle est
aujourd’hui la réalité de centaines de millions de pauvres dans le monde. Leur pauvreté ne
consiste pas seulement à toucher un faible revenu. Elle est également synonyme de malnutrition,
d’analphabétisme, de maladie, de taux élevé de mortalité infantile, de faible espérance de vie et
d’incapacité d’exercer ses droits humains fondamentaux. Souvent, elle signifie aussi perte de
dignité, de confiance et d’estime de soi.
Parce que la pauvreté est multidimensionnelle, il est notoirement difficile de la mesurer ou de la
définir. L’un des indicateurs universels est celui de la « pauvreté absolue » qui consiste à vivre
avec moins de un dollar par jour. C’est le cas de 1,3 milliard de personnes dans le monde. Plus
de 3 milliards de personnes doivent se contenter de moins de deux dollars par jour. Ce nombre
représente près des deux tiers des habitants des pays en développement.
Au Canada, on peut espérer que personne n’a moins de deux dollars par jour pour vivre, mais la
pauvreté existe tout de même. On parle souvent de pauvreté relative, mais il n’en demeure pas
moins que des millions de personnes continuent de souffrir de privation au milieu de
l’abondance.
La mesure statistique canadienne la plus souvent citée lorsque l’on parle de pauvreté est celle du
seuil de faible revenu (SFR). Selon cette unité de comparaison utilisée par Statistique Canada, les
familles qui consacrent plus de 54,7 p. 100 de leur revenu à se nourrir, à se loger et à s’habiller
sont considérées comme pauvres. En 1997, le seuil de faible revenu (avant impôt) a été fixé à
17 409 $ pour une personne et à 32 759 $ pour une famille de quatre personnes vivant dans une