Un dépistage rapide d’une primo-infection permettra donc d’éviter de nouvelles contaminations. Du-
rant cette phase, les partenaires stables encourent le plus grand risque. Mais un dépistage précoce
de l’infection par le VIH est également très avantageux pour la personne récemment infectée elle-
même. En effet, il existe de plus en plus d’indices prouvant qu’un traitement antirétroviral d’urgence au
cours de la phase de primo-infection contribue à une diminution des dommages corporels causés par
l’infection au VIH et à un meilleur contrôle du système immunitaire sur le long terme.
La charge virale augmente considérablement au cours de la phase de primo-infection
Les virus IH attaquent avant tout les lymphocytes T4. Ceux-ci sont également appelés « cellules auxi-
liaires » et appartiennent à la famille des globules blancs. Ils sont un composant essentiel du système
immunitaire humain. Si le sang d’une personne infectée est analysé une à deux semaines après l’in-
fection, on peut détecter une grande quantité de virus. Parallèlement à cela, le nombre de lympho-
cytes T4 diminue. Cette phase est souvent accompagnée de symptômes semblables à ceux de la
grippe. Les anticorps ne sont pas encore détectables à ce stade. Ceci est dû au fait que le système
immunitaire humain produit les anticorps pour se défendre contre le virus avec un certain retard. Une
fois que le système immunitaire produit des anticorps pour lutter contre le VIH, la charge virale dimi-
nue. Mais le système immunitaire ne réussit pas à éliminer les virus IH de l’organisme et l’infection de-
vient chronique.
En d’autres termes : dans les trois à six premiers mois suivant une infection, les virus se multiplient
considérablement dans le corps. Les fluides corporels comme le sang, le sperme ainsi que les sécré-
tions du rectum et du vagin sont particulièrement contagieux durant cette phase.
Dans les zones à forte concentration urbaine notamment, où l’on observe un changement fréquent de
partenaire, on peut supposer qu’une part élevée des nouvelles infections par le VIH (jusqu’à 50 pour
cent
d’après différentes études) provient de personnes atteintes d’une primo-infection.
Les primo-infections par le VIH sont rarement détectées
Quand on est infecté par le VIH, on ne s’en rend pas nécessairement compte pendant la phase pré-
coce. Au contraire : en Suisse, dans près d’un tiers de tous les cas, le diagnostic VIH n’est établi que
lorsque le déficit immunitaire est déjà très avancé (nombre de lymphocytes T4 inférieur à 200/µl).
L’une des raisons de ce constat est la suivante : de nombreuses personnes concernées ne vont con-
sulter un médecin que lorsque leur état physique général s’est déjà tellement dégradé qu’elles sont
atteintes du sida.
La primo-infection est souvent accompagnée de symptômes plus ou moins spécifiques. Il est alors
question d’une infection par le VIH aiguë ou d’un syndrome rétroviral aigu.
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