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Stantari #6
août-octobre 2006
Nature
La langouste rouge
que la nouvelle cuticule durcit, un nouveau squelette de
remplacement est élaboré.
En Corse, c’est au printemps que la mue est la plus souvent
observée chez l’adulte. Quelques jours avant la mue, la
langouste ne se nourrit plus et se fixe dans un abri. Elle se
gonfle alors par absorption d’eau afin de provoquer, sur sa
face dorsale, une cassure entre le céphalothorax et la queue.
L’animal se dégage ainsi en commençant par extraire son
nouveau céphalothorax. Il semblerait que le changement
de carapace soit rapide et ne dure qu’une quinzaine de
minutes. Pendant la mue, toutes les parties chitineuses* sont
renouvelées, ainsi que certains organes internes tels que la
surface des branchies et une partie du tube digestif. Outre
le gain de poids et de taille, la mue permet, par exemple, de
régénérer les appendices abandonnés sur le champ de bataille
durant les luttes avec les prédateurs. De même, certains
organes nécessaires à la reproduction sont renouvelés,
comme les soies ovigères* chez la femelle. Après la mue, la
langouste qui a revêtu sa nouvelle armure ne parade pas : bien
au contraire, elle reste à l’abri et ne se nourrit plus. En effet,
la nouvelle carapace encore molle laisse l’animal vulnérable
et il doit attendre quelques jours le durcissement complet de
sa protection externe ! La fréquence des mues dans l’année
diminue avec l’âge de l’animal. Chez les petits individus
(70 g), trois mues en moyenne peuvent se produire, alors
que chez les individus plus important (500 g), on n’observe
qu’une seule mue en moyenne par an. Ainsi, le nombre de
mues conditionne la croissance de l’animal : plus la langouste
est grande, plus elle est âgée. Cependant, si les biologistes
marins ont finalement mis en équation le poids et l’âge de
l’animal, le schéma de croissance n’est qu’indicatif. En effet,
puisque les crustacés rejettent régulièrement leur carapace, il
La classe des crustacés (littéralement,
animaux qui ont une croûte) fait partie
de l’embranchement des arthropodes
(ou animaux aux pieds articulés) et
se différencie notamment des autres
classes (arachnides, insectes…) par la
présence de deux paires d’antennes.
Les crustacés sont constitués de trois
régions segmentées : le céphalon (tête),
le péréion (thorax), et le pléon (abdomen
ou queue). Dans cette classe, l’ordre
des décapodes (ils ont 10 pattes !) se
distingue par une fusion des segments
céphaliques et thoraciques, formant ainsi
le céphalothorax. On peut, de façon très
simplifié, diviser les décapodes en deux
groupes : les Natantia et les Reptantia.
Les Natantia sont les “crevettes” et sont
caractérisés par un abdomen comprimé
latéralement et capables de nager.
Les Reptantia sont benthiques et
possèdent des pattes marcheuses. On
peut distinguer :
- les Palinuridae : ce sont les
langoustes et les cigales de mer, qui
ont un abdomen rectiligne et bien
développé. La différence entre ces
deux organismes vient du fait que
les antennes sont transformées en
palettes chez la cigale ;
- les Astacidés : les homards et
langoustines diffèrent des langoustes
par la présence de pinces sur la
première paire de pattes marcheuses
(1er péréiopode*) ;
- les Anomoures : les galathées et les
pagures (bernard-l’ermite) ont un
abdomen à cuticule molle. Pour se
protéger, ils élisent régulièrement
domicile dans des coquilles de
gastéropodes ;
- les Brachyoures : l’abdomen réduit est
replié sous le céphalothorax qui, lui,
est élargi. Ce sont les crabes et les
araignées de mer.
Crevettes, langoustes, crabes, homards… tous dans dans la même “soupe” ?
Document A. Pere / Infographie Stantari