Roselières, prairies et cultures à but énergétique et biodiversité

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Roselières, prairies et cultures à but
énergétique et biodiversité
Etude des opportunités et des risques pour la nature
LPO Alsace - Février 2013
ALSACE
Sommaire Introduction .............................................................................................................................. 5 1 Les roselières naturelles ..................................................................................................... 6 1.1 Les phragmitaies .......................................................................................................... 7 1.2 Les typhaies ................................................................................................................. 9 1.3 Quelques aspects techniques de la « Paludiculture » ................................................ 10 1.4 Roselière et gestion de la biodiversité ....................................................................... 12 1.5 Analyse synthétique des « Forces et des Limites, des Opportunités et des Risques » («analyse FLOR ») de la roselière naturelle à but énergétique : ......................................... 15 2 La production de biomasse énergie à partir des prairies en fauche tardive et autres milieux herbacés ..................................................................................................................... 17 2.1 Biodiversité des prairies et gestion ............................................................................ 17 2.2 La valorisation énergétique du foin de fauches tardives ........................................... 17 2.3 Les autres utilisations du foin .................................................................................... 18 3 La production de biomasse issue de l’entretien des bords de routes et des espaces entretenus par broyage. ......................................................................................................... 19 3.1 Analyse « FLOR » de milieux herbacés à but énergétique : ....................................... 21 4 La production de biomasse à partir de cultures favorables à la biodiversité ................... 23 4.1 Analyse « FLOR » des cultures à but énergétiques et favorable à la biodiversité : ... 25 5 Production de biomasse et lutte contre les plantes exotiques invasives ......................... 27 6 La transformation de la biomasse après récolte ............................................................... 29 6.1 La méthanisation ....................................................................................................... 29 6.2 L’utilisation sous forme de combustible .................................................................... 29 6.3 Le système Prograss ................................................................................................... 30 6.4 La transformation de la biomasse en bio-­‐charbon .................................................... 32 6.4.1 La torréfaction .................................................................................................... 32 6.4.2 Le procédé de carbonisation hydrothermale ...................................................... 33 6.5 Production de matériaux à partir de roseaux ............................................................ 34 7 Quelques principes à respecter pour rendre la production de biomasse énergie favorable à la biodiversité ....................................................................................................................... 36 Conclusion ............................................................................................................................... 37 Références médiagraphiques ................................................................................................. 38 Listes des figures et des tableaux ........................................................................................... 41 LPO Alsace
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Introduction Dans un contexte de lutte contre le changement climatique et de crise énergétique, la production d’énergie à partir de la biomasse se développe. Diverses filières de « biomasse énergie » se mettent en place utilisant du bois, des productions agricoles, divers déchets organiques ou encore des algues. On produit principalement du gaz, des carburants liquides et des combustibles solides (granulés, briquettes, plaquettes de bois, bûches). L’impact de ces diverses productions sur la biodiversité, positive ou négative, dépend de facteurs comme le mode d’exploitation des ressources naturelles, le type de cultures, de l’intensité et de l’étendue du mode de gestion utilisé, ou encore de leurs influences sur l’écologie du paysage. L’objet de cette étude est d’identifier des productions de biomasse énergie qui pourraient constituer des opportunités pour la biodiversité et la protection de la ressource en eau. Elle abordera principalement la biomasse issue de roselières naturelles, de prairies en fauche tardive, des espaces entretenus par broyage (bords des routes, chemins, canaux, fossés, digues) ou de cultures énergétiques qui intègrent les besoins de la biodiversité. LPO Alsace
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1 Les roselières naturelles Dans le cadre de cette étude, nous entendons par « roselières naturelles » des roselières composées d’espèces indigènes qui se sont développées spontanément ou mis en place par l’homme. Dans ce dernier cas, les espèces plantées sont des roseaux typiques du secteur biogéographique où se trouve le site. Les principales espèces sont le Roseau commun (Phragmites australis) et la Massette à larges feuilles (Typha latifolia). Les roselières naturelles doivent être distinguées des autres types de roselières à but énergétique qui sont composées d’espèces exotiques et/ou sélectionnées comme le Miscanthus (Miscanthus sinensis, Miscanthus X giganteus) et le Switchgras (Panicum virgatum). Il faut aussi signaler des variétés horticoles de roseaux « améliorés » pour leur aspects esthétiques (phragmite avec rayures sur les feuilles, massette pour bassin des jardins…) et qui ne peuvent constituer la base d’une roselière dite naturelle du fait d’un risque de pollution génétique des espèces sauvages. L’utilisation du roseau sauvage pour l’énergie, mais aussi pour d’autres utilisations comme les panneaux d’isolation se développe depuis plus de dix ans en Europe centrale et notamment en Allemagne, en Autriche et en Pologne. Elle a débuté dans des parcs naturels avec comme objectif de préserver les roselières naturelles tout en créant de nouvelles filières économiques pour l’agriculture. Par la suite, des roselières ont été créées en lieu et place de champs cultivés en zones humides. On a donné à ces pratiques le nom de « Paludikultur »1 qui peut être traduit par la « culture des paluds », paluds étant un synonyme de marais (voir chapitre 1.3.). Figure 1 : Présentation de la paludiculture dans l’Annuaire 2012 du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) sur le thème des « problèmes émergents de notre environnement mondial ». 1
www.paludikultur.com LPO Alsace
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1.1 Les phragmitaies Les phragmitaies sont des roselières composées de roseaux communs ou phragmites (Phragmites australis). Il existe plusieurs sous-­‐espèces de phragmites en France, chacune étant typique d’un secteur géographique ou d’un écosystème particulier. Pour rester simple, nous raisonnerons sur la base de l’espèce nominale, à savoir Phragmites australis subsp. australis. Signalons, pour éviter les confusions, qu’il existe également deux espèces d’oiseaux portant le nom de phragmites, et que l’on rencontre dans les milieux humides : le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) et le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), le premier étant nicheur en France, l’autre seulement de passage lors des migrations. Les phragmites se récoltent à l’automne et en hiver, soit à la manière du foin (fauche, mise en botte ou ensilage) si le sol est portant, soit par des machines spécialisées sur chenilles sur les sols marécageux ou inondés. Les roseaux sont ensuite généralement transformés en granulés (pellets), en briquettes ou en bottes pour être brûlés dans des chaudières adaptées, individuelles ou collectives. Le roseau peut également servir à produire des panneaux d’isolation, du paillis pour les chevaux, du papier, des produits d’emballage et des assiettes biodégradables (voir chapitre 6.5.). Figure 2 : Roseau commun (Phragmites australis) (photo E. Brunissen). La mise en place d’une phragmitaie peut se faire principalement de deux façons. La première est l’installation spontanée par succession végétale lorsque le roseau est déjà présent sur le site. Une roselière peut gagner de l’ordre de un mètre par an et il n’est pas rare de la voir dans les jachères des zones humides. Pour la favoriser, l’idéal est de la couper après l’hiver pour permettre aux rhizomes de se régénérer. LPO Alsace
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La deuxième manière de mettre en place une phragmitaie est la plantation. Sur des champs cultivés en zone humide on gagnera ainsi du temps en plantant le roseau par repiquage de plants à 1 mètre d’intervalle. Les plants auront été produits par des pépiniéristes spécialisés dans les plantes sauvages, à partir de semis ou de boutures. Il faut noter que le semi de graines de phragmites en plein champ est à priori peu efficace et les semences sont onéreuses. Figure 3 : Plantation d’une roselière de roseau commun en Allemagne (photos : Tiemo Timmermann). Le biotope idéal de la phragmitaie correspond à des milieux régulièrement ou en permanence inondés. En hiver, le niveau de l’eau varie de 30 à 50 cm en moyenne au-­‐dessus du niveau du sol. En été le niveau peut être de 30 cm au-­‐dessus ou 20 cm en dessous. Toutefois, le roseau commun a une tolérance que stress hydrique assez importante et peut se rencontrer sur des sols hydromorphes avec une nappe phréatique présente à un mètre de profondeur. Dans les zones humides alsaciennes, les surfaces potentielles favorables au développement de roselière naturelle sont importantes bien que difficile à chiffrer ; on les trouve notamment dans les bas-­‐fonds des rieds et les vallons humides des régions des collines (Kochersberg, collines sous-­‐vosgiennes…). Bien-­‐sûr si on met en place une phragmitaie, celle-­‐ci doit se faire prioritairement sur des terres cultivées humides, dont les terres nues en hiver sont source de lessivage des intrants agricoles, et non sur les prairies naturelles qui jouent également un rôle important dans l’écologie d’un paysage. LPO Alsace
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1.2 Les typhaies Les typhaies sont des roselières principalement composées de massettes. L’espèce la plus fréquente en Alsace est la Massette à larges feuilles (Typha latifolia). On trouve également la Massette à feuilles étroites (Typha angustifolium) mais elle est rare en Alsace et inscrite sur la liste rouge des espèces menacées. Quant à la Petite massette Typha minor, protégée à l’échelle nationale, elle a disparue d’Alsace. La massette s’installe spontanément sur les terres nues humides grâce au vent qui transporte facilement ses multiples graines (anémochorie). De fait, et contrairement au phragmite, il est possible de créer une typhaie relativement facilement à partir de graines. En Suisse, la station ornithologique de Sempach2 a expérimenté l’utilisation de la massette sur plusieurs années. En bordure de la zone humide du Wauwillermoos une parcelle agricole encerclée a été aménagée avec des digues et un système pour l’inonder. La massette a été semée et la typhaie a rapidement pris place. Les études ont montré qu’une large palette d’espèces animales et végétales s’y sont installées. Après récolte, plusieurs utilisations ont été testées, notamment pour la construction. L’expérimentation a été un succès sur le plan technique et écologique et a été riche d’enseignements sur les valorisations possibles de la massette. Cependant, la concurrence avec des productions agricoles plus rentables et le manque de sites favorables en Suisse n’ont pas permis de développer une filière basée sur les typhaies. Figure 4 : Parcelle expérimentale de massettes à Sempach en Suisse (photo : Eric Brunissen -­‐ 12 juillet 2012). De manière plus générale la massette peut être transformée en combustible pour l’énergie et en panneau d’isolation. Des offres en panneaux d’isolation à base de typha existent sur le marché (Naporo®, Typhatechnik®) mais la matière première provient pour partie de pays lointains tels que le Sénégal. 2
www.vogelwarte.ch/massette.html LPO Alsace
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En Alsace, il serait possible d’installer des typhaies dans les bas-­‐fonds régulièrement inondés des champs cultivés des rieds alsaciens pour ensuite récolter la biomasse en automne ou en hiver. Ces bas-­‐fonds correspondent souvent à d’anciens bras morts de rivières, plus ou moins étroits qui serpentent à travers les parcelles. En donnant une manière écologique de valoriser économiquement ces bas-­‐fonds, on éviterait peut-­‐être leur remblaiement progressif, alors même qu’ils jouent un rôle important de régulation des crues des cours d’eau. En revanche, il est important de respecter la microtopographie naturelle des paysages riediens alsaciens car elle constitue un patrimoine naturel et culturel important. Des travaux de terrassement pour aplanir de grandes parcelles des rieds, en vue de faciliter l’irrigation d’une roselière par exemple, effaceraient les traces de siècles d’évolution du paysage. Par contre la massette convient bien aux petites zones humides artificielles destinées à l’épuration de l’eau. Ces typhaies pourraient ainsi être installées aux débouchés des drains agricoles avant les cours d’eau, ou dans des bassins d’orages du vignoble, comme dans le cas des projets expérimentaux Artweg3 et Phytoret4. Ces micro-­‐zones humides permettraient l’épuration de l’eau tout en gardant une vocation productive, et favoriserait parallèlement la faune paludéenne et piscicole. 1.3 Quelques aspects techniques de la « Paludiculture » L’exploitation des roseaux à but énergétique s’inscrit dans le concept de « Paludikultur5 », néologisme allemand qui désigne la mise en valeur des espaces marécageux et des roselières. La traduction française pourrait être la « paludiculture » ou « culture des paluds ». En anglais on utilise également le terme de « reed cultivation » (culture du roseau). Plusieurs expériences sont menées depuis plus de dix ans en Allemagne, en Autriche, en Pologne et en Biélorussie notamment. Les rendements des roselières naturelles sont très variables en fonction des milieux. Une phragmitaie oscille entre 5 à 25 tonnes de matière sèche à l’hectare et par an et une typhaie entre 4,8 et 22,1 t MS/ha/an. Les tableaux 1, 2 et 3 donnent quelques chiffres de rendements et de coûts de production. La comparaison entre le miscanthus et le phragmite montre des rendements et des valeurs calorifiques équivalents. Toutefois, ces chiffres sont variables d’un site à un autre. Les cultures de miscanthus dans le Bade-­‐Wurtemberg en Allemagne ont des rendements moyens variant de 13,8 à 24,5 d’après le Landwirtschaftliches Technlogiezentrum Augustenberg (ITADA 2011). Pour le roseau phragmite, nous n’avons pas de chiffre de rendement plus précis pour l’Est de la France ou le Bade-­‐Wurtemberg. 3
www.artwet.fr 4
www.phytoret.eu 5
www.paludikultur.de LPO Alsace
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Tableau 1 : Comparaison de plusieurs types de biomasse-­‐énergie. Rendement Biomasse (t MS/ha/an) Valeur calorifique (MJ/kg) Rendement énergétique (GJ /ha/an) Miscanthus (chiffre FNR) 12,8 17,6 225 Roseau commun Phragmites australis 12,5 17,6 220 Taillis à très courte rotation (peupliers ou saules) 10,2 18,4 188 Céréales à paille entière ( Triticale par ex) 11 17 187 Alpiste-­‐Faux roseau Phalaris arundinacea 6,7 16,9 113 Paille de blé 5,1 17,1 87 Foin issu de l’entretien du paysage 3,8 17,4 66 Rémanents forestiers (branches, houppiers) 0,9 18,5 16,7 Sources : Wichmann & Wichtmann, Fachagentur Nachwachsende Rohstoffe (FNR). Tableau 2 : Productivité de différentes plantes paludéennes. Espèces Variation des rendements (t/ha/an) Roseau commun (Phragmites australis) 5 à 25 Massette (Typha latifolia) 4,8 à 22,1 Alpiste-­‐Faux roseau (Phalaris arundinacea) 3,5 à 22,5 Grande glycérie (Glyceria maxima) 4 à 14,9 Laîche des rives (carex riparia) 3,3 à 12 Aulne glutineux (Alnus glutinosa) 2 à 10 En comparaison : Prairie extensive très humide de type cariçaie haute 6,4 à 7,4 Prairie très intensive 8,8 à 10,4 Maïs ensilage 15 à 25 Miscanthus 12 à 25 Sources : Timmermann 2003, Wichmann & Wichtmann 2009, Landwirtschaftliches Technlogiezentrum Augustenberg, 2011. LPO Alsace
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Tableau 3 : Coût du combustible en fonction du rendement et comparaison avec le miscanthus et la paille de blé (source : Wichmann et Wichtmann 2009). Roselières en place Roselière plantée Alpiste – Faux-­‐
roseau Phragmite commun Phragmite commun Rendement (à 15% d’humidité) t/ha 6 9,5 9,5 Coût de la plantation € /ha 0 0 210 Récolte € /ha 322 342 342 Transport € /ha 40 64 64 Stockage € /ha 50 80 80 Coût de production € /ha 412 486 696 Coût de la biomasse € /ha / MS 82 61 87 € /GJ 4,69 3,38 4,83 Espèce En comparaison Miscanthus (15 t MS/ha à 75 €) € /GJ Paille de blé ( 5 t MS/ha à 65 €) € /GJ 4,28 3,76 1.4 Roselière et gestion de la biodiversité Remplacer des champs cultivés dans des zones humides par des roselières à but énergétique serait une grande avancée pour la protection de la ressource en eau. Même récoltée en totalité en hiver, ces nouvelles roselières offriraient déjà en l’état un habitat pour de nombreuses espèces animales et végétales. En fonction de la configuration (trame verte et bleue) et de la diversité écologique du paysage environnant, la roselière à but énergétique accueillera un nombre d’espèces plus ou moins grand. Si par exemple la parcelle exploitée jouxte un cours d’eau, des fossés, des prairies de fauche, des friches et roselières naturelles non exploitées, elle fera partie d’un ensemble favorable à une grande diversité d’espèces aux besoins différents, que ce soit en terme de sites de nidification, de repos ou d’alimentation. Toutefois les avantages pour la faune seraient encore meilleurs avec un mode de gestion spécifique au sein même de la parcelle. On peut ainsi maintenir des portions de roselières sur pieds au moment de la fauche. Le pourcentage et les surfaces de ces zones refuges peuvent varier en fonction des espèces que l’on souhaite favoriser, mais dans ce genre de gestion il est fréquent de laisser 20% de la surface non fauchés, dont la moitié en zone refuge mobile d’une année à l’autre et l’autre moitié fixe. En effet certaines espèces d’oiseaux ont besoin de roselières un peu vieillissantes pour pouvoir installer leurs nids sur un amas de phragmites couchés ou repliés. D’autres espèces préfèrent les roseaux vieux d’un an mais encore debout. Et les espèces moins exigeantes s’installeront dans la roselière en train de repousser. LPO Alsace
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Pour favoriser la diversité au sein de la parcelle, on peut également créer des lisières ou des layons composés de prairies plus ou moins parsemés de roseaux. Ces écotones seront utiles pour la recherche de nourriture de certaines espèces d’oiseaux ou pour favoriser le développement des plantes rares éventuellement déjà présentes sur la parcelle (iris de Sibérie, orchis des marais…). Pour éclaircir ponctuellement une roselière et la faire évoluer vers une prairie, il suffit de pratiquer une fauche en août ou septembre pour épuiser les rhizomes et d’exporter la biomasse pour favoriser la germination des autres espèces herbacées. Si au contraire on souhaite densifier une phragmitaie, une fauche uniquement en hiver s’impose. Hormis le mode d’exploitation, le niveau d’eau dans la roselière influencera certaines espèces. Là où c’est possible, il serait bénéfique de pouvoir inonder la roselière de quelques dizaines de centimètres pour réduire la venue de prédateurs et améliorer la pousse des roseaux (et donc également le rendement de la parcelle). Il existe différents outils pour réaliser ces formes de gestion : il pourrait s’agir notamment de mesures agro-­‐environnementales qui compenseraient le manque à gagner de l’exploitant. S’il s’agit de terrains publics loués à des exploitants, la collectivité locale peut conserver une partie mitoyenne de la roselière pour y réaliser une gestion conservatoire. Cette gestion peut se faire en partenariat avec des écologues professionnels ou associatifs. En zone Natura 2000, une commune peut également utiliser le bail environnemental qui précisera le mode de gestion de la roselière. Au final, la création de nouvelles roselières naturelles en Alsace, accompagnée d’une gestion adaptée, permettrait à des espèces menacées ou disparues de se redéployer dans notre région. C’est le cas notamment pour certains rapaces (busard des roseaux, le hibou des marais) ou échassiers (butor étoilé, blongios nain et héron pourpré). Figure 5 : Récolte hivernale du roseau commun (Photo : Sabine Wichmann). LPO Alsace
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Figure 6 : Briquettes de roseau commun, ou phragmite, dans le Parc National de la Narew en Pologne (photo : L. Lachmann). LPO Alsace
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1.5 Analyse synthétique des « Forces et des Limites, des Opportunités et des Risques » («analyse FLOR ») de la roselière naturelle à but énergétique :  Forces : o Création et extension d’un habitat naturel rare en Alsace ; o Lutte contre le changement climatique ; o Réduction de la dépendance énergétique ; o Reconquête de la qualité de l’eau ; o Synergie de plusieurs fonctions écologiques et économiques sur un même espace (multifonctionnalité des territoires) ; o Utilisation d’une plante locale ; o Réinstallation d’espèces rares ou disparues en Alsace : 
Faune : Busard des roseaux, Busards Saint-­‐Martin, Bécassine des marais, Rousserolle turdoïde, Butor étoilé, Blongios nain, Gorgebleue à miroir… 
Flore : Marisque, Iris de Sibérie, Fougère des marais, Orchis des marais...  Limites : o Approvisionnement en semences et en plants locaux ; o Rentabilité économique en concurrence avec d’autres filières de biomasse ou agricole ; o Faible nombre des acteurs maîtrisant le savoir-­‐faire et disposant du matériel et des compétences techniques nécessaires (repiquage, matériels de récolte et de transformation, chaudières spécialisées) ;  Opportunités : o Nouveau débouché économique pour l’agriculture ; o Energie renouvelable et locale, o Matière première possible pour la fabrication de panneau d’isolation, de béton allégé, de papier, de paillasse, pour le paillage ou comme litière pour animaux ; o Filtration et épuration : LPO Alsace

pour les eaux de ruissellement (vignoble, collines...), 
pour les eaux usées des maisons isolées non raccordées au réseau d’assainissement (bassins de filtration), 
en sortie de station d’épuration pour améliorer la filtration de l’eau (produits phytosanitaires des zones urbaines, médicaments, métaux lourds, nanoparticules…) ; 15

dans des zones de captage d’eau (si le biotope est humide); o Elément supplémentaire de la trame verte et bleue (diversité du paysage) : 
Nouveau type d’habitat dans le paysage ; 
Constitution de corridors écologiques (en complément des bandes enherbées le long des cours d’eau par exemple) ; 
habitat favorable aux frayères à poissons (par exemple à hauteur de barrages de cours d’eau ; inondation de la roselière par l’amont du barrage et évacuation en aval de l’ouvrage, avec passe à poisson et fossés) ;  Risques : o Concurrence avec les prairies, les cariçaies (prairies de carex) et les friches humides (magaphorbiaies), qui constituent d’autres habitats menacés à sauvegarder impérativement ; o Surexploitation et intensification de la ressource ; o Utilisation de plantes modifiées (sélection de variétés plus productives, hybridation ou manipulation génétique) ; o Exploitation non autorisée des roselières naturelles le long des fossés et cours d’eau, voire dans des sites protégés ; o Fauche des roselières en période de reproduction de la faune ; o Concurrence avec la production alimentaire ; o Pollution de l’air (combustible de mauvaise qualité, mauvaise combustion…) ; LPO Alsace
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2 La production de biomasse énergie à partir des prairies en fauche tardive et autres milieux herbacés L’utilisation des prairies en tant que source d’énergie (en l’occurrence en tant que nourriture animale) existe indirectement depuis la domestication du cheval, qui était le principal moyen de locomotion et de traction jusqu’à l’invention de la machine à vapeur puis des véhicules à moteur. De grandes surfaces de prairies en fauche tardive étaient spécialement destinées au foin pour les chevaux. L’arrivée des tracteurs est d’ailleurs une des raisons de l’abandon de l’exploitation des prairies riediennes alsaciennes au profit de la culture des céréales. Réutiliser une partie de notre surface agricole utile pour des prairies à but énergétique en fauche tardive ne serait qu’une forme de retour aux sources si on se réfère à ces pratiques anciennes. Par ailleurs le cheval, via le tourisme équestre, est redevenu aujourd’hui un des principaux débouchés pour les prairies alluviales. 2.1 Biodiversité des prairies et gestion Utiliser des prairies pour l’énergie serait une opportunité pour préserver la biodiversité associée à ces milieux et aujourd’hui très menacée. Par une gestion n’utilisant aucune fertilisation et en pratiquant une fauche tardive de fin juillet à octobre, on contribuerait à la préservation de nombreuses espèces de plantes, insectes et oiseaux des prairies qui profiteraient de ce type de gestion. L’utilisation du foin pour l’énergie donnerait aux prairies extensives une valeur économique aujourd’hui trop faible en comparaison avec d’autres cultures. Cela permettrait donc d’augmenter les surfaces de prairies remarquables, très favorables à la biodiversité, tout en les maintenant dans un rôle économique. Par ailleurs, la progression des surfaces en herbe est également très favorable à la protection de la ressource en eau, la lutte contre l’érosion des sols et des risques d’inondation et de coulée d’eau boueuse. Le long des haies et sur les collines, des bandes enherbées pourront ainsi limiter le ruissellement tout en créant des habitats et des corridors écologiques pour la faune. Concernant la mise en place de nouvelles prairies, il est important d’utiliser des espèces sauvages typiques du secteur concerné. Des semenciers spécialisés en France, Allemagne ou Suisse proposent des semences d’espèces originaires du bassin rhénan. Utiliser des plantes exotiques, améliorées par sélections ou non typique de la région serait une source de dénaturation et de risques pour la biodiversité (pollution génétique, plante invasives…). Sur des terrains situés à proximité des prairies existantes ou ayant encore une importante banque de graines dans le sol, l’idéal serait de laisser la végétation se développer spontanément. Grâce à une fauche annuelle tardive on obtiendrait une prairie à moindre frais et rapidement intéressante pour la faune et la flore. 2.2 La valorisation énergétique du foin de fauches tardives Si la paille de foin est suffisamment sèche, elle peut être directement transformée en granulés, briquettes ou en bottes, comme pour le roseau. Des chaudières spécialisées sont capables d’utiliser de tels combustibles. Des technologies comme la torréfaction ou la LPO Alsace
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carbonisation de la biomasse pourront probablement améliorer les qualités calorifiques de ce combustible à l’avenir (voir chapitre 6.4.) Le foin peut également être utilisé pour la méthanisation (voir chapitre 6.1.). Mais il se pose alors la question de la compatibilité entre la date de fauche et le calendrier de reproduction de la faune. En effet, pour avoir une plus grande production de méthane, les producteurs de biogaz souhaitent un maximum de composants azotés dans le foin, donc une fauche relativement précoce. Enfin le système PROGRASS est une technique qui a été spécialement conçue pour la valorisation de foin en fauche tardive et qui produit simultanément du gaz, de l’électricité et des granulés comme combustibles. Ces techniques seront présentées plus amplement dans le chapitre 6. Figure 7 : Les prairies non fertilisées et en fauche tardive sont riches en biodiversité. Elles offrent également de nombreux services éco-­‐systémiques comme la protection de l’eau et des sols, l’embellissement du paysage, une production de biomasse, de fourrage, de miel et de plantes médicinales (Photo E. Brunissen). 2.3 Les autres utilisations du foin En plus de l’utilisation traditionnelle en tant que fourrage pour les animaux, et potentiellement pour l’énergie, le foin peut également servir pour d’autres utilisations pouvant générer des avantages sur le plan écologique. En agriculture et en jardinage biologique, on voit ainsi se développer le paillage à partir de foin pour lutter écologiquement contre les adventices. Certains agriculteurs cultivent même des pommes de terre de cette manière avec de très bons résultats et des gains de temps de travail. Le foin est ensuite utilisé pour le compostage ou directement intégré au sol. Il serait intéressant de faire une analyse du cycle de vie du foin utilisé comme paillis, et de mesurer les économies d’énergie ainsi réalisées (non utilisation de produits chimiques, réduction des quantités d’eau, engrais naturel…). Ces économies pourraient ensuite être comparées avec les gains réalisés avec la même quantité de foin utilisé en tant qu’énergie. LPO Alsace
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Le foin peut également être utilisé comme litière pour les animaux, comme cela se faisait traditionnellement avec le foin de mauvaise qualité. De manière générale, il faudra veiller à un équilibre entre les différent usages, existants ou à venir, que sont les filières agricoles habituelles (élevages), le tourisme équestre, l’énergie ou encore le paillage. Lors de forte tensions sur le marché, à l’occasion d’une sécheresse par exemple, les prairies à but énergétique pourraient être utilisées exceptionnellement pour le fourrage. 3 La production de biomasse issue de l’entretien des bords de routes et des espaces entretenus par broyage. La végétation herbacée des espaces bordant les routes, les chemins, les canaux, les fossés et les digues constituent un potentiel très important en terme de biomasse énergie. Actuellement, ces espaces sont généralement entretenus par broyage, ce qui réduit la diversité floristique. Si cette biomasse était exportée, après la fauche tardive ou le broyage, la biodiversité augmenterait. Des plantes devenues rares pourraient même s’y installer. Ces bordures herbacées constitueraient ainsi un formidable maillage écologique (trame verte) pour la flore et la microfaune (insectes, micromammifères…). En bordure des milieux aquatiques, l’exportation des résidus du broyage d’entretien, éviterait la décomposition de la matière organique qui peut provoquer une eutrophisation des cours d’eau ou un comblement rapide des fossés. Le choix en matériels pour récolter cette biomasse est pour l’instant relativement restreint. La société NOREMAT6 a développé des engins7 capables de broyer, d’aspirer et de stocker la biomasse des bords de route. Cette société propose aussi une souffleuse8 destinée à chasser les résidus de coupe de la route et qui pourrait être également utilisée à l’avant de la broyeuse pour réduire le risque de mortalité des insectes lors des travaux. L’utilisation de matériels agricoles classiques (faucheuse et ensileuse d’herbe) est possible pour les linéaires les plus accessibles. La France compte environ 500 000 hectares de bordures de routes à entretenir. Cette surface correspond potentiellement à 5 millions de tonnes d’herbe, qui pourrait être ramassée et valorisée en tant que biomasse-­‐énergie. Or pour l’instant cette herbe est laissée sur place après broyage, provoquant en outre une baisse de la diversité floristique. 6
www.noremat.fr 7
www.noremat.fr/fr/materiels-­‐matspe-­‐jumbo-­‐i1.php 8
www.noremat.fr/fr/materiels-­‐matspe-­‐souffleurint-­‐i1.php LPO Alsace
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Figure 8 : Bordures d’un fossé et d’un cours d’eau entretenues par broyage (E. Brunissen). Figure 9 : A gauche, bordure d’une route régulièrement broyée avec omniprésence de l’ortie. A droite, une peupleraie après un broyage (E. Brunissen). LPO Alsace
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3.1 Analyse « FLOR » de milieux herbacés à but énergétique :  Forces : o Redéploiement des prairies en Alsace ; o Création d’une trame prairiale avec une flore diversifiée le long des chemins, routes, fossés, digues… o Lutte contre le changement climatique ; o Reconquête de la qualité de l’eau ; o Renforcement des populations d’espèces rares en Alsace : 
Faune : Courlis cendré, Râle des genêts, Bécassine des marais, Tarier des prés, nombreux papillons et autres insectes… 
Flore : Orchidées, Iris de Sibérie, Gentiane pneumonanthe...  Limites : o Approvisionnement en semences de plantes strictement locales ; o Rentabilité économique en concurrence avec d’autres filières de biomasse ou agricole ; o Faible nombre des acteurs disposant du matériel et des compétences techniques nécessaires (matériels de récolte et de transformation, chaudières spécialisées) ;  Opportunités : o Nouveau débouché économique pour les prairies en fauche tardive, les bords de routes et de chemins ; o Energie renouvelable et locale, o Matière première possible pour la litière des animaux, le paillage de certaines cultures en champs ou en jardins, la protection des plantations d’arbustes ; o Filtration, via les bandes herbeuses, des eaux de ruissellement et limitation des coulées d’eau boueuse (vignoble, collines...), o Ecotone favorable dans le cadre de la trame verte et bleue, via le renforcement des bandes enherbées le long des cours d’eau, par exemple ; o Installation de prairies dans des périmètres de captage d’eau ; o Disponibilité de prairies à but énergétique utilisables exceptionnellement pour produire un surplus de fourrage en cas de sécheresse (régulation des pénuries de fourrage) ;  Risques : o Utilisation de variétés de graminées ou de fleurs sélectionnées ou exotiques ; o Concurrence avec la production alimentaire ; LPO Alsace
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o Pollution de l’air (en cas de combustible de mauvaise qualité ou de mauvaise combustion) ; o Présence de métaux lourd dans la biomasse des bords des routes ; o Risques liés à la méthanisation si elle est mal maîtrisé ; 
Explosion ; 
Odeur pour les riverains ; 
Utilisation de foin en fauche précoce qui est une menace pour la faune ; 
Contamination par des bactéries toxiques en cas de problème de digestat (fig. 10) ; Figure 10 : Schéma représentant une source possible de contamination chronique en toxine botulique dans l’environnement. Le schéma présente le cadavre d’un faon victime d’une fauche précoce dont les restes vont se retrouvés dans le méthaniseur. Les bactéries vont s’y multiplier et plus tard être répandus dans les champs sous forme de spores dans le digestat. Ces spores vont être ingérées par les animaux domestiques et sauvages et les bactéries vont à nouveau se multiplier dans leurs intestins (extrait du magazine de chasse allemand « Wild und Hund » du mois d’octobre 2011). LPO Alsace
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4 La production de biomasse à partir de cultures favorables à la biodiversité Dans les zones de grandes cultures, certaines productions énergétiques peuvent participer à la diversification écologique du paysage et des assolements. En Allemagne, où le maïs peut représenter 50% des plantes utilisées pour la méthanisation, des essais avec un mélange d’espèces favorables à la faune ont donné des résultats intéressants tant au niveau biodiversité qu’au niveau méthanisation. Cette expérience porte le nom de « Farbe ins Feld »9, littéralement « des couleurs dans les champs », du fait des nombreuses espèces de fleurs favorables aux insectes et notamment aux abeilles. Pour être écologiquement cohérents, ces mélanges ne devront pas comporter d’espèces invasives et au contraire posséder une proportion importante de plantes sauvages autochtones. Des espèces domestiques comme le tournesol, le chanvre ou le sorgho papetier, ou des plantes nouvelles ne présentant aucun risque de dissémination, peuvent cependant faire partie de ce mélange. Pour optimiser l’efficacité de la culture énergétique et pour limiter la consommation d’énergie en économisant les labours et les semis, l’idéal est d’avoir des espèces vivaces. Parmi les graminées utilisables pour l’énergie, des espèces comme le szarvasi10 (« l’herbe au cerf » en hongrois), qui offre les meilleurs rendements pour la méthanisation, ou le calamagrostis commun (ou « roseau terrestre ») pourraient être expérimentées. Elles pourraient peut-­‐être présenter un intérêt pour la nidification de certaines espèces d’oiseaux comme le busard cendré ou le busard Saint-­‐Martin, surtout si la date de fauche permet aux jeunes oiseaux d’arriver au terme de leur émancipation. Il s’agit donc de favoriser les modes de transformation de la biomasse qui autorisent les récoltes tardives. Ces graminées pourraient être associées à diverses espèces de fleurs sauvages pour favoriser la présence d’insectes et donc la disponibilité en nourriture dans la chaîne alimentaire. Toujours en Allemagne, de nombreuses plantes sont testées à destination de la méthanisation ou de la production d’agro-­‐combustibles. Ces plantes sont, entre autres : •
La Silphie (Silphium perfoliatum) une grande plante à fleurs jaunes, qui peut aussi servir de fourrage et de plante mellifère ; •
Le Swarvasi, une graminée originaire d’Europe centrale et améliorée par sélection en Hongrie ; •
La Mauve de Virginie (Sida hermaphrodita), utilisable comme fourrage avec des valeurs en protéines équivalentes à la luzerne ; •
La Mauve des sables (Sida cordifoli) ; •
Le Rumex Schatva, une oseille géante sélectionnée déjà beaucoup utilisée en Ukraine ; 9
www.farbe-­‐ins-­‐feld.de 10
www.energiafu.hu/nemesit_de.html LPO Alsace
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•
Le Topinambour ; •
Le Chanvre (Canabis sativa) ; •
Le Mélilot jaune (Melilotus officinalis), qui peut également enrichir le sol en azote ; Le Miscanthus, le Switchgras ou encore l’Igniscum, des plantes déjà connues en Alsace, font également partie de cette panoplie. Pour chacune de ces plantes, une analyse des avantages et des inconvénients sur le plan de la biodiversité, de l’efficacité énergétique et écologique, doit encore être faite afin d’éviter les « erreurs de casting » et leur dissémination irréversible dans les milieux naturels. Figure 11 : Récolte d’une parcelle de swarvasi le 20 juin 2012 (photo : http://hirschgras.de). Figure 12 : Récolte d’une jachère « faune sauvage » en septembre 2011 (photo : B. Janzin – BIOGAS Journal). Des études de comparaison entre le maïs, la silphie, le switchgrass et le szarvasi donnent l’avantage à ce dernier pour la production de méthane comme pour celle de biomasse par hectare (fig.13 et 14). Comme matière première pour la méthanisation, le szarvasi est toutefois récolté en deux fois avec une date pour la première coupe qui poserait des problèmes pour certaines espèces d’oiseaux comme le busard cendré (fig.11). Récolté pour la biomasse, il serait possible de couper l’herbe bien plus tard ce qui deviendrait alors très intéressant pour la faune. LPO Alsace
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Figure 13 : Comparaison de la production de biogaz à l’hectare entre le maïs, la silphie, le switchgras et le swarvasi (source : Markus Heinz & Herbert Geißendörfer / www.triesdorf.de). Figure 14 : Comparaison de la production de matière sèche à l’hectare entre le maïs, la silphie, le switchgras et le swarvasi (source : Markus Heinz & Herbert Geißendörfer / www.triesdorf.de). 4.1 Analyse « FLOR » des cultures à but énergétiques et favorable à la biodiversité :  Forces : o Lutte contre le changement climatique ; o Reconquête de la qualité de l’eau ; o Création de cultures favorables pour les espèces des milieux agricoles, avec un renforcement, en fonction des types de cultures et de gestion, des populations d’espèces champêtres en Alsace : LPO Alsace
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Faune : Caille des blés, Perdrix grises, Faisan de Colchide, Tarier pâtre, Busard cendré, Lièvre d’Europe, Grand hamster, abeilles sauvages et domestiques, Carabe doré… 
Flore : plantes messicoles et éventuellement variétés domestiques anciennes... 25
 Limites : o Approvisionnement en semences de plantes locales et non invasives ; o Rentabilité économique face aux autres filières de biomasse ou la maïsiculture ; o Savoir faire et besoins techniques (transformation de la biomasse en combustible et chaudières spécialisées) ;  Opportunités : o Nouveau débouché économique pour l’agriculture en zone céréalière ; o Energie renouvelable et locale, o Renforcement de la trame verte ; o Augmentation des insectes auxiliaires, favorables aux cultures ; o Augmentation de la valeur des lots de chasse dans les plaines agricoles ; o Installation de cultures énergétiques dans les périmètres de captage d’eau ; o Restauration des sols ; o Diversification des assolements et du paysage dans les zones céréalières ;  Risques : o Impact négatif sur la faune et la flore en cas de fauche précoce si utilisation pour la méthanisation ; o Utilisation de plantes potentiellement invasives ; o Foyer à espèces indésirables pour les cultures voisines (chrysomèle ?) ; o Concurrence avec la production alimentaire ; o Pollution de l’air (combustible de mauvaise qualité, mauvaise combustion…) ; LPO Alsace
o Risque bactériologique (bactéries toxiques pouvant être répandues par les digestats de la méthanisation) 26
5 Production de biomasse et lutte contre les plantes exotiques invasives La production de biomasse pour l’énergie peut participer à la maîtrise des plantes invasives en exploitant certaines espèces, telles que la renouée du Japon ou la verge d’or du Canada. Il s’agira toutefois de faire très attention à ne pas disperser d’avantage encore les graines et boutures de ces plantes (importance de la date de fauche). Figure 15: A gauche, verge d’or du Canada avant floraison. A droite une station d’oeuillet superbe (Dianthus superbus) concurrencée par le développement de la verge d’or sous une peupleraie (E. Brunissen). La Verge d’or du Canada (Solidago canadensis) peut recouvrir de grandes surfaces laissées en friche. On la rencontre par exemple sous les peupleraies, sur les terrains vagues ou les bordures des chemins. Généralement elle domine les autres plantes de sorte que la diversité florale est très faible. Dans les prairies de fauche, la coupe régulière de l’herbe, même tardive, empêche son installation. En revanche, les interventions hivernales comme le broyage sans exportation ou l’absence d’intervention semble la favoriser. La biomasse produite par la verge d’or est importante. La hauteur de la végétation peut atteindre 2 mètres et la densité est importante. La période idéale pour récolter cette biomasse serait après la période de reproduction de la faune et avant la floraison de la plante, c’est à dire vers entre fin juillet et début août. Nous manquons encore de retours d’expériences pour savoir si cette fauche estivale avec exportation permettrait de transformer ces champs de verge d’or en milieu herbacé plus diversifié. Les techniques menées pour éliminer la plante utilisent une fauche précoce en mai et une deuxième en été pour épuiser la plante. Mais la fauche précoce est trop risquée pour la faune. LPO Alsace
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L’utilisation de cette biomasse encore verte pourrait se faire par méthanisation classique ou hybride, par le système Prograss ou par la carbonisation hydro-­‐thermale (voir chapitre 5). A moyen ou long terme, on peut espérer le retour d’une végétation de type prairie de fauche utilisable pour l’énergie ou pour l’élevage. La récolte hivernale est également possible et les tiges sèches récoltées peuvent être directement utilisées comme combustible. Toutefois le risque de dissémination des graines est important à ce stade et il n’est pas certain de voir la végétation évoluer vers une prairie à long terme. La Balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera) est également une plante omniprésente dans les friches humides un peu ombragées et les sous-­‐bois clairs aux sols frais. La balsamine peut aussi se mêler aux roselières naturelles, en dehors de celles qui sont souvent inondées car elle est très sensible à la submersion durant la germination et la levée des plantules. Ses populations peuvent donc être fortement réduite par une mise sous eau des parcelles au début du printemps (mars-­‐avril). Réalisée durant 2 à 3 années consécutives, la gestion de la balsamine de l'Himalaya par le fauchage donne aussi de très bons résultats. Après une année de fauche, les résultats sont déjà notables. En effet la balsamine est une plante annuelle et la durée germinative des graines de dépasse pas trois ans. La végétation évoluera donc rapidement vers une prairie ou une roselière. La végétation récoltée encore verte peut-­‐être utilisée pour la méthanisation ou transformée par carbonisation hydro-­‐thermale. La Renouée du Japon (Fallopia japonica) peut également être récoltée quand la plante est sèche en hiver et être utilisée comme combustible, à l’instar de l’igniscum, un hybride cultivé. Mais il semble difficile de récolter efficacement la renouée, qui pousse fréquemment sur des terrains difficiles d’accès, et plus difficile encore de la faire reculer de cette manière. En résumé, la production d’énergie réalisée à partir de la biomasse issue de plantes invasive a deux avantages : non seulement elle repose sur des parcelles déjà pourvues en plantes (pas de nécessité d’ensemencer une parcelle), mais en plus elle contribue à la lutte contre sa propagation, néfaste pour la biodiversité, voire contribue localement à sa disparition. LPO Alsace
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6 La transformation de la biomasse après récolte 6.1 La méthanisation L’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME11) définit la méthanisation (encore appelée « digestion anaérobie ») comme étant « une technologie basée sur la dégradation par des micro-­‐organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (réaction en milieu anaérobie, contrairement au compostage qui est une réaction aérobie). Cette dégradation aboutit à la production : -­‐ d’un produit humide, riche en matière organique partiellement stabilisée, appelé « digestat ». Après une éventuelle phase de maturation par compostage, ce digestat est généralement retourné au sol; -­‐ de biogaz, mélange gazeux saturé en eau à la sortie du digesteur et composé d’environ 50% à 70% de méthane (CH4), de 20% à 50% de gaz carbonique (CO2) et de quelques gaz traces (NH3, N2, H2S). Cette énergie renouvelable peut être utilisée sous différentes formes (combustion pour la production d’électricité et de chaleur ou production d’un carburant). Il existe plusieurs formes de méthanisation. La plus utilisée actuellement dans l’agriculture est le process “mésophile en infiniment mélangé” où la matière solide est broyée finement avant d’être intégrée dans le digesteur. Les autres formes sont le « digesteur piston » qui accepte une charge en matière sèche (MS) plus forte qu’un digesteur classique (jusqu’à 25-­‐
30 %) et requière un chauffage moindre. Il existe encore la méthanisation hybride qui associe la voie sèche (compostage avec récupération du biogaz) et la voie liquide. Le site Internet des Chambres d’agriculture12 donnent de nombreuses informations sur la méthanisation ainsi que des retours d’expériences. 6.2 L’utilisation sous forme de combustible L’utilisation de la biomasse sous forme de combustible se fait par transformation de la matière en granulés, de type pellets, ou en briquettes. La biomasse sèche peut également être brûlée dans des chaudières spécialisées en vrac ou sous forme de bottes carrées ou rondes. Plusieurs fabricants proposent des presses13 ou des chaudières14 pour transformer ou utiliser la biomasse après pressage. Une des particularités de la combustion de la biomasse comme le roseau, le foin, le miscanthus ou la paille de céréales, est qu’elle produit beaucoup de cendres. C’est la raison 11
www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-­‐1&cid=96&m=3&catid=15555 12
www.chambres-­‐agriculture.fr/thematiques/produire-­‐durablement/energies-­‐et-­‐climat/la-­‐methanisation-­‐bien-­‐
plus-­‐que-­‐de-­‐lenergie 13
www.oliotechnology.fr 14
www.top-­‐pellet.fr LPO Alsace
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pour laquelle les chaudières utilisant ces combustibles doivent être spécialement conçues pour cet usage. De nouvelles techniques, telles que la carbonisation et la torréfaction (voir chapitre 5.4.) semblent pouvoir pallier à ces inconvénients, en améliorant les caractéristiques des granulés, pour les adapter à tous types de chaudières à granulés à bois. Une utilisation généralisée de la biomasse herbacée comme combustibles domestiques ou dans des chaufferies collectives, soulève également des questions relatives à son impact sur la qualité de l’air. Le projet Green-­‐pellet15, soutenu par l’Europe, a pour objet de tester la combustion de différents types de biomasses herbacées pour des chaudières de petites puissances (10 à 500kW). Alors que le miscanthus et le switchgrass respectent les normes « Biocombustible Qualité Haute Performance », les résidus d’entretien du territoire (landes bretonnes, roseaux), même s’ils poussent sur des espaces naturels, contiennent trop de minéraux pour être utilisés purs dans des chaudières de petites puissances. Les granulés doivent être mélangés à du bois. Par ailleurs, d’après les tests de Greenpellets, « pour le roseau, les seuils de la norme EN 303-­‐5 sont respectés mais les teneurs variables en azote, soufre et chlore engendrent des émissions de NOX , SO2 et HCl pouvant dépasser les limites des référentiels. Ces résultats posent la question de la variabilité de la composition de la matière première et soulignent l’importance de réaliser des analyses préalables ». Toutefois, ces résultats ne sont pas généralisables. En effet, d’après les études allemandes (Wichtmann 2009), si la récolte du roseau se fait vers la fin de l’hiver, lorsqu’il est bien sec, et s’il n’a pas poussé sur des sols trop chargés sur le plan minéral, comme c’est le cas pour les eaux légèrement salées des estuaires par exemple, la combustion reste dans des niveaux tout à fait conformes aux normes en vigueur en Allemagne. Là encore, il sera peut-­‐être envisageable d’améliorer et standardiser la qualité des pellets de biomasse herbacée avec les techniques de carbonisation et de torréfaction que nous verrons plus loin. 6.3 Le système Prograss Le système « Prograss »16 a été développé en Allemagne spécifiquement pour contribuer à mieux protéger les prairies naturelles menacées d’abandon ou d’être converties en terres cultivées. Le système Prograss permet de multiplier jusqu’à trois fois le rendement énergétique d’une prairie en comparaison avec une utilisation standard par méthanisation. Le système utilise le foin de fauche tardive, à la fois pour la production de pellets et la production d’électricité via la méthanisation. Une unité de production de base, d’une valeur de 1,7 M €, peut transformer le foin de 788 ha de prairies extensives (avec un rendement moyen de 3 tonnes de matières sèches à l’hectare) en 2200 tonnes de pellets de bonne qualité, et produire 50 KW d’électricité lors du processus. Et les résidus sont utilisés comme fertilisants. 15
www.aile.asso.fr/cultures-­‐energetiques/GreenPellets/green-­‐pellet 16
www.prograss.eu LPO Alsace
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Démarrée en 2008 pour 3 ans et demi d’expérimentation, le projet Prograss s’est intéressé aux possibilités (rentables économiquement et acceptables d'un point de vue écologique) d'utiliser les prairies pour produire de la bioénergie en Europe. Doté de 1,6 millions d'euros accordés par l'Union Européenne, le projet a permis la mise au point d'un système agronomique qui d'une part, garantit la conservation des habitats et d'autre part, ouvre la possibilité d'une production de bioénergie n'entrant pas en concurrence avec la production alimentaire. Le potentiel de surfaces concernées est important : 1,5 million d'hectares de prairies en Allemagne, 2,2 millions en Angleterre et 0,6 million en Estonie seraient, en principe, utilisables pour une production de biomasse et de bioénergie, même si les compositions et la qualité sont très inégales. Certaines font l'objet de mesures de protection. L'un des enjeux du projet est aussi la création de nouvelles sources de revenus pour les petites entreprises agricoles et la revalorisation de régions économiquement défavorisées. Prograss rassemble des partenaires allemands, britanniques et estoniens, qui étudient sur les plans scientifique et pratique, les aspects environnementaux, socio-­‐économiques et techniques de cette nouvelle approche. L'Union européenne soutient le projet dans le cadre du programme de politique et de gouvernance environnementale LIFE+. Les participants à Prograss sont l'Université de Kassel (coordinateur), l'Université de Bonn, l'Université estonienne des sciences de la vie, l'Institut des prairies et de recherche environnementales du Pays de Galles, la Région du Vogelsberg, le Ministère régional de l'environnement de Hesse et des partenaires industriels impliqués dans l'application. Présentés en janvier 2012, les tests et les démonstrations du projet Prograss ont donné de très bons résultats. Il en ressort par exemple les constatations suivantes : -
le fluide comprimé est plus facilement digestible avec de fortes productions de méthane et des temps de rétention faibles ; -
les propriétés de combustion des combustibles solides de plantes herbacées sont comparables à celles de granulés de bois de qualité moyenne ; -
en comparaison avec la digestion complète d’une culture dans une unité de biogaz conventionnelle, le système Prograss obtient les plus hauts rendements nets en énergie (car la biomasse fibreuse est également utilisée) ; -
le combustible solide obtenu est à la fois stockable et transportable ; L’investissement dans une usine de biogaz de type Prograss est rentable et permet d’assurer un revenu supplémentaire aux agriculteurs dans les régions où la production agricole est la moins favorable. LPO Alsace
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6.4 La transformation de la biomasse en bio-­‐charbon La transformation de la biomasse en « charbon », appelé bio-­‐charbon ou biochar, utilise des procédés comme la torréfaction (chaleur) et la carbonisation hydro-­‐thermale (chaleur et vapeur sous pression). 6.4.1 La torréfaction La torréfaction (ou dépolymérisation) consiste à chauffer la biomasse dans une atmosphère inerte à une température de 280 à 320 °C pendant quelques minutes. Le combustible torréfié présente une meilleure broyabilité. Il a également des propriétés hydrofuges qui le rendent résistant aux atteintes biologiques et à l'humidité, ce qui en facilite l'entreposage. Ce processus requiert peu d'énergie, car une partie des gaz volatils libérés pendant le chauffage sont brûlés, générant 80 % de la chaleur nécessaire à la torréfaction. La biomasse torréfiée est densifiée sous forme de granulés ou de briquettes, augmentant encore plus sa masse volumique et améliorant ses propriétés hydrofuges. En France il existe par exemple la société Thermya, rachetée par AREVA en 2012, est capable de produire du biochar par torréfaction. D’après J-­‐B Michel de l’institut de Génie Thermique de la Haute Ecole d'Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-­‐VD), « les avantages17 des pellets torréfiés par rapport aux pellets du commerce sont multiples : •
Une réduction de 70 à 90% de l'énergie nécessaire au broyage de la biomasse initiale, •
Une densité d'énergie de l'ordre de 15 GJ/m3 soit supérieure de 50% aux granulés conventionnels et donc des coûts de stockage et de transport nettement réduits ; •
Son caractère hydrophobe, ce qui permet un stockage à l'air libre et sur de longues périodes ; •
Sa production à partir d'une grande variété de sources telles que plaquettes forestières, résidus forestiers ou agricoles ou autres résidus de l'industrie alimentaire (écorces, noyaux, etc.) ; •
Son pouvoir calorifique (par unité de masse) de 25 à 30% supérieur ; •
Le rendement énergétique global de sa production est de l'ordre de 91% au lieu de 85% pour les pellets ordinaires ; •
Les impacts sur la santé humaine (-­‐60%) en terme d’émission de gaz lors de la combustion et sur les émissions de gaz à effet de serre (-­‐50%). » 17
http://www.heig-­‐vd.ch/rad/igt/pellets-­‐de-­‐bois-­‐torr%C3%A9fi%C3%A9s LPO Alsace
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Figure 16 : Pellets torréfiés à gauche, pellets classiques à droite (photo HEIG-­‐VD). 6.4.2 Le procédé de carbonisation hydrothermale Le processus de carbonisation hydrothermale, ou HTC pour Hydrothermal Carbonisation en anglais, a été exploré en 1913 par Friedrich Bergius (prix Nobel de chimie en 1931). Le procédé HTC, dans certaines conditions de température et de pression, dégage l’eau de la biomasse et transforme le carbone en biocharbon de haute qualité en l’espace de quelques heures. D’abord la biomasse est chauffée sous forme de solution aqueuse dans un réservoir sous pression jusqu’à ce qu’un procédé exothermique entre en action. A partir de ce moment l’exploitation de l’installation ne requiert aucune énergie additionnelle. La carbonisation hydrothermale se distingue entre autres par le fait qu’elle permet même le traitement d’une biomasse végétale contenant de grandes quantités d’eau. Le procédé de carbonisation hydrothermale présente plusieurs avantages : •
Il permet de produire du charbon à partir de biomasse en valorisant les déchets végétaux et sans émettre de CO2 : le CO2 dégagé par la combustion du charbon fabriqué artificiellement à partir de biomasse ne fait que relarguer du carbone qui avait été auparavant stocké par les végétaux pendant leur croissance. •
Il permet le traitement d’une biomasse végétale variée (bois, feuillage, déchets de tonte, purin, boues d’épuration…), même si elle contient de grandes quantités d’eau. •
Il est très puissant et fait usage de l’ensemble du carbone présent dans la biomasse. •
Les produits obtenus sont variés selon la durée du processus : produits pétroliers, humus, acide humique (utile pour la régénération des sols dégradés), houille ou lignite (utilisables comme combustibles de chauffage). •
Il libère la totalité de l’énergie chimique contenue dans la biomasse, se révélant ainsi plus efficace que les autres procédés dans lesquels les restes fermentés contiennent encore la moitié de leur énergie : le bioéthanol permet de transformer seulement 10% de la canne à sucre, le biogaz utilise au maximum la moitié du carbone, alors que la carbonisation à froid atteint presque 100%. •
Grâce à son caractère exothermique, le bilan énergétique de la réaction est très bon. De plus, la carbonisation repose sur un procédé chimique purement catalytique qui reste très stable, même en cas de forte variation des matériaux de départ. LPO Alsace
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En Allemagne et en Suisse, une fédération18 rassemble plusieurs entreprises et établissements de recherche dans le secteur des technologies propres au sein de la « Bundesverband Hydrothermale Carbonisierung e.V. ». Fin octobre 2012 à Relzow, en Allemagne, l’entreprise AVA-­‐CO2 a démarré les opérations pilotes de la première installation industrielle au monde de carbonisation hydrothermale de la biomasse. L’entreprise allemande TerraNova propose quant à elle des unités décentralisées19, plus petites, qui peuvent traiter 1.200 à 12.000 tonnes de biomasse par an. Figure 17 : Conteneur-­‐machine de TerraNova avec entonnoir de réception, conteneur-­‐entrepôt avec poste de commande et conteneur de déhydration/séchage (source : www.terranova-­‐energy.com ). 6.5 Production de matériaux à partir de roseaux La production de matériaux à partir de roseaux est une autre alternative qui pourrait permette la création de nouvelles roselières dans des zones cultivées humides. La production de panneaux d’isolation à partir d’espèces locales de roseaux, comme le phragmite et la massette, aurait plusieurs avantages. Le premier avantage est le développement de nouvelles roselières sur les espaces agricoles les plus humides. Il s’agit donc du même bénéfice que pour une production d’énergie à savoir la reconquête de zones humides mis en culture depuis quelques décennies suite à des drainages. Le deuxième avantage est de pouvoir offrir une alternative aux matériaux d’isolation tels que les laines minérales et le polystyrène, peu écologiques. En terme de pollution de l’eau et de santé publique, l’isolation à partir de polystyrène présenterait en effet de graves problèmes, comme semble le démontrer l’enquête de journalistes de la chaîne allemande NDR. En 2012, un reportage télévisé intitulé « Wärmedämmung : Der Wahnsinn geht weiter »20 (« isolation extérieure, la folie continue »), montrait différents risques pour la qualité des eaux, en plus des effets négatifs pour la santé et la sécurité des habitants des maisons isolées avec du polystyrène (risque d’incendie accru). En cas d’incendie, les résidus chimiques sont lessivés 18
http://www.bv-­‐htc.de/index.php 19
http://www.terranova-­‐energy.com/fr/installations-­‐industrielles.php 20
http://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/45_min/hintergrund/waermedaemmung117.html LPO Alsace
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par les pluies et l’eau des lances à incendie, et se retrouvent dans les cours d’eau et les nappes phréatiques. Par ailleurs, des biocides sont ajoutés aux crépis pour empêcher le développement des algues sur les façades isolées des maisons. Ceux-­‐ci sont régulièrement lessivés par les pluies, si bien que les cours d’eau en aval de grosses agglomérations, comme la Spree en aval de Berlin, ont des taux de substances chimiques démultipliés par rapport à l’amont. Les matériaux isolants plus écologiques comme le roseau ou le chanvre laissent « respirer » les murs tout en régulant l’humidité des parois. Ils sont donc moins sujet au développement des algues et présentent l’avantage d’être biodégradables et non toxiques en cas d’incendie. Figure 18 : Panneaux d’isolation 100 % biodégradables à base de roseau de type massette (source : www.naporo.com). Les autres utilisations du roseau peuvent être la création de papier, de vaisselle et divers objets biodégradables. Ils peuvent aussi servir pour la litière des chevaux et autres animaux d’élevage ou de compagnie ou de paillis dans les jardins et espaces verts urbains (dans le cadre d’un plan zéro-­‐phyto), etc. Figure 19 : La marque suisse Naturesse produit des couverts à partir de palmiers et d’autres restes cellulosiques (source : www.naturesse.ch). LPO Alsace
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7 Quelques principes à respecter pour rendre la production de biomasse énergie favorable à la biodiversité Pour que la production de biomasse-­‐énergie soit profitable à la biodiversité, il s’agit d’élaborer un cahier des charges dont les principes pourraient être les suivants :  Respecter le calendrier de reproduction de la faune et de la flore, présentes ou potentiellement présentes sur le site ;  Limiter autant que faire se peut l’impact sur les milieux, les sols et la faune lors des phases de récolte (tassement, vitesse de la récolte, sens de la fauche…) ;  Préserver des zones refuges au sein des roselières, prairies et autres cultures énergétiques pour conserver des abris pour la faune en hiver, au cœur des parcelles ou en bordures ;  Ne pas surexploiter les espaces de marges et conserver des friches, des broussailles, des ourlets non fauchés et autres délaissés ;  Protéger les éléments remarquables de la nature et des espaces naturels sans vocation productive, de petites et grandes dimensions ;  Ne pas disperser les graines d’éventuelles plantes invasives lors de l’exportation de la biomasse ;  Ne pas planter d’espèces exotiques potentiellement invasives pour les cultures à but énergétique (se limiter à utiliser les plantes exotiques déjà installées) ;  Intégrer les productions de biomasse énergie dans une volonté de cohérence écologique du territoire pour viser la multifonctionnalité des espaces productifs, le renforcement de la trame verte et bleue et la protection des milieux et des ressources naturels. LPO Alsace
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Conclusion Cette étude présente plusieurs opportunités pour produire de la biomasse pour l’énergie tout en renforçant la biodiversité. L’extension ou la création de nouveaux espaces dédiés aux roselières naturelles, aux prairies et aux cultures favorables à la faune sauvage, l’utilisation des déchets verts issues de l’entretien de divers milieux herbacés ou de la lutte contre des plantes invasives peuvent être profitables aux espèces animales et végétales de ces milieux, à la protection de la ressource en eau, à la lutte contre l’érosion des sols et des risques naturels, tout en embellissant le paysage. Toutefois, la mise en valeur de ces milieux naturels s’accompagne également de risques qu’il faudra limiter. Ainsi, les technologies de transformation de la biomasse présentées dans cette étude ouvrent la possibilité d’une utilisation excessive et systématique de toute la biomasse produite par nos milieux naturels. Si elles sont utilisées uniquement avec des visées mercantiles ou en considérant nos écosystèmes que comme des producteurs de kilowatts potentiels, les conséquences risquent d’être dramatiques pour la biodiversité. A l’opposé, si elles sont utilisées de manière raisonnée et maitrisée, et en conservant des espaces pour la nature libre et non valorisée, il est tout à fait possible de trouver un équilibre entre les enjeux écologiques, économiques et sociaux. En attendant, les sources d’énergie à partir de biomasse se développent de plus en plus mais avec des cultures ou des pratiques qui n’ont pour l’instant pas ou peu intégrées la biodiversité dans leurs réflexions. Contribuer à essayer d’aiguiller ce développement vers plus « d’efficacité écologique » est donc l’objectif de ce document. Mais l’émergence continuelle de nouvelles techniques dans le domaine des énergies renouvelables nous demandera une attention permanente pour que la biodiversité ne reste pas en marge d’un développement qui se prétend durable. « Le but vers lequel tendre, c’est une civilisation où la technique servira à épargner la nature et non pas à la détruire. » Robert Hainard LPO Alsace
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methanisation-­‐bien-­‐plus-­‐que-­‐de-­‐lenergie •
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www.heig-­‐vd.ch/rad/igt/pellets-­‐de-­‐bois-­‐torr%C3%A9fi%C3%A9s •
www.bv-­‐htc.de/index.php •
www.terranova-­‐energy.com/fr/installations-­‐industrielles.php Informations sur la biodiversité des roselières et l’épuration de l’eau : •
www.butor-­‐etoile.lpo.fr •
www.artwet.fr •
www.phytoret.eu Presses à granulés, chaudières, matériel de récolte : •
www.oliotechnology.fr •
www.top-­‐pellet.fr •
www.hartmut-­‐mueller-­‐gmbh.de •
www.noremat.fr •
www.grpanderson.com/fr/biomasse/systeme-­‐biobaler Plantes et cultures énergétiques : •
www.energiafu.hu/nemesit_de.html •
www.farbe-­‐ins-­‐feld.de Matériaux d’isolation : •
www.naporo.com •
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www.ndr.de/fernsehen/sendungen/45_min/hintergrund/waermedaemmung117.html LPO Alsace
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Listes des figures et des tableaux Figures : Figure 1 : Présentation de la paludiculture dans l’Annuaire 2012 du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) sur le thème des « problèmes émergents de notre environnement mondial ». ....................................................................................................... 6 Figure 2 : Roseau commun (Phragmites australis) (photo E. Brunissen). ................................. 7 Figure 3 : Plantation d’une roselière de roseau commun en Allemagne (photos : Tiemo Timmermann). .......................................................................................................................... 8 Figure 4 : Parcelle expérimentale de massettes à Sempach en Suisse (photo : Eric Brunissen -­‐ 12 juillet 2012). ......................................................................................................................... 9 Figure 5 : Récolte hivernale du roseau commun (Photo : Sabine Wichmann). ...................... 13 Figure 6 : Briquettes de roseau commun, ou phragmite, dans le Parc National de la Narew en Pologne (photo : L. Lachmann). ............................................................................................. 14 Figure 7 : Les prairies non fertilisées et en fauche tardive sont riches en biodiversité. Elles offrent également de nombreux services éco-­‐systémiques comme la protection de l’eau et des sols, l’embellissement du paysage, une production de biomasse, de fourrage, de miel et de plantes médicinales (Photo E. Brunissen). ......................................................................... 18 Figure 8 : Bordures d’un fossé et d’un cours d’eau entretenues par broyage (E. Brunissen). 20 Figure 9 : A gauche, bordure d’une route régulièrement broyée avec omniprésence de l’ortie. A droite, une peupleraie après un broyage (E. Brunissen). ......................................... 20 Figure 10 : Schéma représentant une source possible de contamination chronique en toxine botulique dans l’environnement. Le schéma présente le cadavre d’un faon victime d’une fauche précoce dont les restes vont se retrouvés dans le méthaniseur. Les bactéries vont s’y multiplier et plus tard être répandus dans les champs sous forme de spores dans le digestat. Ces spores vont être ingérées par les animaux domestiques et sauvages et les bactéries vont à nouveau se multiplier dans leurs intestins (extrait du magazine de chasse allemand « Wild und Hund » du mois d’octobre 2011). .................................................................................... 22 Figure 11 : Récolte d’une parcelle de swarvasi le 20 juin 2012 (photo : http://hirschgras.de).
................................................................................................................................................ 24 Figure 12 : Récolte d’une jachère « faune sauvage » en septembre 2011 (photo : B. Janzin – BIOGAS Journal). ..................................................................................................................... 24 Figure 13 : Comparaison de la production de biogaz à l’hectare entre le maïs, la silphie, le switchgras et le swarvasi (source : Markus Heinz & Herbert Geißendörfer / www.triesdorf.de). ................................................................................................................. 25 Figure 14 : Comparaison de la production de matière sèche à l’hectare entre le maïs, la silphie, le switchgras et le swarvasi (source : Markus Heinz & Herbert Geißendörfer / www.triesdorf.de). ................................................................................................................. 25 LPO Alsace
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Figure 15 : A gauche, verge d’or du Canada avant floraison. A droite une station d’oeuillet superbe (Dianthus superbus) concurrencée par le développement de la verge d’or sous une peupleraie (E. Brunissen). ...................................................................................................... 27 Figure 16 : Pellets torréfiés à gauche, pellets classiques à droite (photo HEIG-­‐VD). .............. 33 Figure 17 : Conteneur-­‐machine de TerraNova avec entonnoir de réception, conteneur-­‐
entrepôt avec poste de commande et conteneur de déhydration/séchage (source : www.terranova-­‐energy.com ). ............................................................................................... 34 Figure 18 : Panneaux d’isolation 100 % biodégradables à base de roseau de type massette (source : www.naporo.com). .................................................................................................. 35 Figure 19 : La marque suisse Naturesse produit des couverts à partir de palmiers et d’autres restes cellulosiques (source : www.naturesse.ch). ................................................................. 35 Tableaux Tableau 1 : Comparaison de plusieurs types de biomasse-­‐énergie. ....................................... 11 Tableau 2 : Productivité de différentes plantes paludéennes. ............................................... 11 Tableau 3 : Coût du combustible en fonction du rendement et comparaison avec le miscanthus et la paille de blé (source : Wichmann et Wichtmann 2009). ............................. 12 LPO Alsace
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