![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/ec7ca857ecec16641d551ed7bbd36ea2/1/001158839.htmlex.zip/bg4.jpg)
Il est très difficile de ne pas voir dans le spectacle de la nature le résultat d’une sorte de grand
horloger qui serait à l’origine non seulement de la régularité des mouvements des astres mais encore
plus de l’organisation infiniment complexe du vivant. Les lois de la nature semblent obéir à une
nécessité si forte qu’on imagine mal comment ceci pourrait être le fruit du hasard. De même qui
pourrait imaginer que l’œil, avec son infinie complexité et sa perfection fonctionnelle, pourrait
également être le résultat du hasard ? Ce serait comme imaginer qu’un Airbus A380 puisse se
fabriquer et être parfaitement opérationnel après le passage d’une tempête dans une casse !
L’observateur naïf de la nature ne peut pas s’empêcher de voir dans cette structure infiniment
détaillée la preuve de l’existence de Dieu. On peut même dire que ceci constitue le cœur de la
justification du christianisme par l’apologétique médiévale dans ce qu’on appelait alors la preuve
cosmologique de l’existence de Dieu. Ainsi au 15ème siècle Raymond Sebond dans sa Theologia
Naturalis, sive liber creaturerum (Théologie Naturelle, ou livre des créatures) prétendait qu’une
science naturelle permettrait d’asseoir la vérité du christianisme qui se révèlerait ainsi au bon sens.
Plus récemment encore le Pape Pi XII prononçait en 1951 un discours désormais devenu
célèbre et selon lequel la théorie du Big Bang était une preuve supplémentaire de l’existence de Dieu
et, plus précisément, du Fiat lux, c'est-à-dire de la création divine de toutes les choses de l’univers et
à partir du néant
.
Mais le créationnisme trouve bien davantage de grain à moudre dans son opposition au
Darwinisme.
La théorie Darwinienne est une explication mécanique de l’évolution des espèces. Par
mécanisme on entend parler de l’exercice des forces aveugles de la nature, des relations de cause à
effet induites par résistance, frottement, attraction et répulsion, relations qui sont propres à la
physique et à la chimie. Ainsi le vivant se serait organisé de la même manière que les galets d’une
plage qui vont se séparer entre gros et petits galets sous l’effet mécanique de la gravité et du
frottement. Un regard non averti croirait qu’ils ont été rangés intentionnellement.
Bien entendu cette impression d’ordre établi, d’harmonie et de structure immanente à une
nature qui doit forcément avoir un grand architecte est autrement plus puissante lorsqu’on observe
le règne du vivant.
Mais bien souvent l’on croit ainsi s’opposer au Darwinisme qui est reçu, à tort, comme une
théorie qui ferait de l’évolution le résultat de phénomènes aléatoires. La complexité des espèces
serait, selon l’opinion reçue, le résultat d’une combinaison aléatoire entre les attributs des individus
et leur environnement si bien que, par hasard, certaines mutations permettraient une survie plus
longue que d’autres. Cette idée paraît totalement incongrue car il suffit de regarder la structure
parfaitement coordonnées des organes d’un corps aussi petit que celui d’une fourmilière ou bien
encore de contempler l’extrême organisation de leurs modes de subsistance pour réaliser à quel
point le hasard ne peut pas être une explication recevable.
S. S. Pie XII, « Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature », discours
prononcé à l’Académie pontificale des sciences le 22 novembre 1951, trad. parue dans La Documentation
catholique, no 1110 (16 décembre 1951)