Agriculture Principales vaccinations des volailles et programmes Mots clés : volaille, poules, poulet de chair, maladies, vaccination, prévention La vaccination permet de baisser l’incidence des maladies sur un élevage en augmentant la résistance spécifique des volailles. Auteur(s) : Alain Huart et collaborateurs Date de publication : 2004 Catégorie(s) : Élevage et pêche Province(s) : K inshasa • Bandundu • Équateur • Province Orientale • Nord-Kivu • Sud-Kivu • Maniema • Katanga • Kasaï-Oriental • Kasaï-Occidental • Bas-Congo Partenaire(s) : Centre agronomique et Vétérinaire tropical de Kinshasa Nombre de pages : 3 Identification : F-EP-A5-10 Explications des mécanismes naturels de défense contre les maladies infectieuses et analyse de la vaccination : objectifs, voie d’administration, chronométrage, calendrier, réactions post-vaccales, combinaisons… Programmes de vaccination de production et les conditions générales de l’animal. oocystes de la coccidiose peuvent résister dans ce milieu à PH bas. 1. R APPEL DES CONCEPTS ET PRINCIPES 1.1. La résistance non-spécifique Il existe plusieurs méthodes ou conduites susceptibles de limiter l’entrée de maladies dans un élevage. Une première possibilité, c’est de réduire la pression ou charge infectieuse (nombre d’agents pathogènes dans l’environnement). Ceci peut être réalisé en améliorant les conditions d’hygiène générale de la ferme. Une autre pratique susceptible de baisser l’incidence des maladies c’est d’augmenter la résistance spécifique des volailles par la vaccination. Pour mieux comprendre le mode d’action d’un vaccin, nous devrions d’abord apprendre les mécanismes naturels de défense contre les maladies infectieuses. La résistance ou défense d’un animal contre les agents pathogènes peut être subdivisée en : •L a de • La de résistance passive ou « première ligne défense ». résistance spécifique, « deuxième front défense » ou immunité. Ces deux modalités sont naturellement déterminées par les facteurs génétiques (race, souche), l’âge, le niveau ou l’étape Le premier front de défense est constitué de barrières naturelles. • La peau : protection mécanique par les plumes et les cellules épidermiques kératinisées à forte capacité de regénération (ou réparation). • Les muqueuses (épithélium non kératinisé composé d’une ou plusieurs couches de cellules). Il s’agit notamment de la muqueuse conjonctive de l’œil, la muqueuse respiratoire (poumons et sacs aériens), la muqueuse digestive (du bec au cloaque), de la muqueuse urogénitale (oviducte, utérus et conduit vaginal). • Le proventricule succenturié : Le proventricule est une importante barrière pour les agents pathogènes ingérés par la voie digestive. Le PH très bas (degré très élevé d’acidité) est le résultat de l’acide hydrochlorique (HCl) élaboré par les glandes du gésier. Il tue pratiquement tous les virus et bactéries contenus dans les aliments et eau de boisson. Seules les formes larvaires et les • L’exclusion compétitive ou résistance de colonisation La résistance par colonisation est offerte par la flore bactérienne qui protège la peau et les muqueuses contre les agents pathogènes. Elle est aussi appelée « exclusion compétitive car dans la lutte pour l’occupation de la surface des muqueuses ce sont les bactéries pathogènes qui sont perdantes. Le mode d’action n’est pas seulement mécanique (colonisation par occupation spatiale mais aussi chimique par l’acidification du milieu). Les poussins fraîchement éclos ne disposent pas de cette flore de protection. Ils devraient normalement la recevoir de leur mère. Force est donc d’administrer cette flore de démarrage au couvoir juste à l’éclosion. Plus tard l’administration se fera par l’eau de boisson. • La défense cellulaire Les leucocytes (ou globules blancs) de différentes formes et tailles (neutrophiles et macrophages) sont présents dans le sang, sous la peau, les muqueuses et différents tissus, prêts à neutraliser les agents patho- Ecocongo • 1 Agriculture gènes qui traversent les barrières naturelles. Ces globules blancs agissent de façon non spécifiques et tenteront d’éliminer tout pathogène par la phagocytose. D’autres cellules sanguines, les lymphocytes, procèdent tout autrement vs-à-vis de pathogènes spécifiques. La « résistance spécifique » d’un animal dépend de son « immunité » ou seconde ligne de défense. 1.2. Immunité ou seconde ligne de défense 1.2.1. Introduction L’immunité est un mécanisme de défense spécifique, ceci veut dire que quand un animal a acquis un niveau de résistance contre un agent pathogène donné, par exemple le virus de la maladie de la pseudo peste aviaire, cette immunité ne pourra pas inactiver d’autres pathogènes, par exemple le virus de la maladie de Gumboro. La fulgurante histoire de la vaccination a ainsi commencé en 1796 par Dr Jenner (GB) qui le premier découvrit le vaccin contre la variole humaine au départ de la variante bovin (vaccinia). A sa suite, Pasteur (FR) développera le vaccin contre le choléra aviaire, le charbon et la rage. 1.2.2. Les antigènes C’est une structure ou substance chimique ou encore une particule étrangère à l’organisme. Ils peuvent être des agents pathogènes (virus, bactéries, moisissure, protozoaire, parasites) des toxines produites par ces agents ; des nutriments (lacto-globulines), des organes et cellules étrangers et enfin des médicaments (provaquant des réactions allergiques). Seuls les agents pathogènes et leurs toxines nous intéressent quand il s’agit d’immunité. Les déterminants antigéniques peuvent être l’ADN, l’ARN, la membrane cellulaire , les cellules enzymatiques ou des protéines…du même agent pathogène prvoquant ainsi une réponse immunitaire (formation d’anticorps) spécifique au déterminant. Un agent peut donc développer plusieurs variantes appelées sérotypes. cellules T », les autres passent par la Bourse de Fabricius et deviennent « les cellules B ». Par la suite les cellules B et T migrent vers les organes lymphoïdes (rate, glande de Harder, mœlle osseuse, paroi intestinale). Ces cellules se transforment en véritables « cellules mémoires » responsables du fameux « effet booster » lors des vaccinations de rappel. Les macrophages jouent un rôle déterminant dans la réponse immunitaire. La séquence des actions se présente comme suit : présentation de l’antigène aux cellules T et B ; activation des ces dernières ; phagocytose et ingestion des pathogènes ; réparation tissulaire, sécrétion des différentes substances (interleukins) pour stimuler ou supprimer les réactions immunitaires etc. L’interféron est une glycoprotéine produite directement par les cellules corporelles juste après l’infection. L’interféron quittera la cellule pour protéger les cellules voisines contre l’infection seulement pour une très courte période (approximativement une semaine). C’est pourquoi, il n’est pas recommandé d’administrer deux vaccins vivants dans un court intervalle de temps (jours). 1.2.4. Anticorps Ce sont des protéines appartenant au groupe des globulines et ainsi appelées immunoglobulines (Ig) classées selon leur poids moléculaire, leur structure et leur fonction : on distingue ainsi : IgG : présente dans le sang, et le vitellus. IgA : responsable de l’immunité locale, présente dans les muqueuses. IgM : 5 x la taille des IgG, apparaissent rapidement dans le sérum sanguin juste après l’infection ou la vaccination et disparaissent aussi rapidement. 2 • Ecocongo •P révention des effets des formes subclini­ ques des maladies. Prévenir les pertes de productions et frais en produits vétérinaires liées aux infections secondaires. Exemple : augmentation de la susceptibilité aux maladies opportunistes causée par l’immuno-suppression dans la maladie de Gumboro. 2.2. Éléments du programme de ­vaccination Les trois éléments de base d’un programme de vaccination sont : la souche vaccinale, le chronométrage de l’opération et la voie d’administration. Les autres aspects du programme concernent la fréquence des vaccinations: opération unique (encéphalomyelite aviaire) ou opération multiple avec primo vaccination et rappels (PPA, Gumboro), faisant intervenir plusieurs souches (gumboro forte, Bursine 2, BI H120 et Bi H52… La primovaccination prépare l’organisme au rappel avec une souche généralement plus immunogénique, plus invasive (tel le cas de la PPA avec la souche Hb1 et le rappel avec la souche lasota). Le rappel produit comme nous l’avons dit un effet potentialisateur du premier vaccin aussi appelé « effet booster ». Le pouvoir immunogénique varie selon la voie d’administration. Pour illustration, nous donnons l’exemple du vaccin contre la bronchite infectieuse. Type ou souche Degré immunogénique Voie d’administration 1.2.5. Immunité passive et immunité active Les anticorps que nous trouvons dans le sang proviennent ou sont transmises soit passivement par la mère à travers le vitellus (c’est l’immunité maternelle), soit par la vaccination (immunité active), soit à la suite d’une infection récente (immunité active). 1.2.3. Les lymphocytes En pathologie aviaire, on distingue deux types de lymphocytes : les lymphocytes T et les lymphocytes B tous deux produits par la mœlle osseuse. De la mœlle, certains lymphocytes migrent vers le Thymus et deviennent « les de production liées à la maladie clinique. Par exemple le coryza ou le choléra aviaire. 2. IMMUNISATION ACTIVE OU VACCINATION 2.1. Objectifs • Prévention des maladies : prévenir et maîtriser la morbidité, la mortalité, les pertes Séquences et chronométrage des opérations de vaccination •P our la Bronchite et la PPA, respecter un intervalle de 2 semaines minimum entre deux vaccinations et 4 semaines entre la deuxième vaccination et la troisième. Agriculture • Prévoir au moins 4 semaines entre l’administration du dernier vaccin vivant et un vaccin inactivé (PPA, Gumboro, Réovirus, Bronchite) et un intervalle de 8 semaines est recommandable avant la vaccination contre la BI avec une souche inactivée. • Prévoir 30 à 60 jours pour les vaccinations contre PPA et la bronchite pour les poulettes de ponte. •É viter de donner dans un intervalle rapproché les vaccins AE (encephalomyelite), BI (Bronchite infectieuse), LTI (Laryngotrachéite), choléra souche vivante ou MG (mycoplasma) souche vivante comme ces vaccins se développent sur la muqueuse respiratoire. (Interférence et très forte réaction vaccinale). •L e vaccin contre l’encephalomyelite ne peut être donné aux poulettes futures pondeuses avant l’âge de 6 semaines et au plus tard 4 semaines avant le début de ponte. •L es vaccins bactériens inactivés contre la mycoplasmose, le choléra et coryza aviaire peuvent être admninistrés à partir de 4 à 6 semaines et au plus tard 4 semaines avant le début de ponte. • Respecter une période d’attente de 7 jours après la distribution des antibiotiques dans l’eau de boisson ou dans l’aliment et avant l’administration des vaccins bactériens vivants (choléra, MG, coryza). • Le vaccin contre la maladie de Marek doit être administré au couvoir en dose entière unique le premier jour. Séquence et chronométrage en rapport avec l’immunité maternelle Les poules parentales reçoivent des vaccins vivants et inactivés dans le but de remonter les niveaux d’anticorps circulants qui seront transférés aux poussins éclos. Ces anticorps maternels protègent naturellement le jeune poussin mais peuvent interférer avec les vaccins vivants. Ce problème est bien illustré par la vaccination contre gumboro. Dans les régions exposées aux souches sauvages, pour prévenir les atteintes précoces, il est recommandé de vacciner le plus tôt possible en tenant compte du niveau de rémanence des anticorps maternels qui tombe généralement entre les 2 à 3 premières semaines. Combinaisons de vaccins ­(vaccins polyvalents) Il n’existe plus d’immunité pour éviter la maladie lorsqu’elle résulte d’une contamination tardive, après la 3e et la 4e semaine d’âge. Or, c’est justement entre la 4e et la 7e semaine que les conséquences de l’infection virale sont les plus dangereuses. Le calendrier de vaccination de poulettes futures pondeuses est généralement très long et son exécution très fastidieuse pour de grands effectifs. Pour faciliter l’administration et minimiser le stress, on recourt souvent aux combinaisons de vaccins. Il existe plusieurs combinaisons de vaccins vivants Newcastle-Bronchite-Gumboro (PPA-IB-IBD) ou encore Encephalomyelite et variolo diphterie (AE –Pox) ceci à cause de la ressemblance des vaccins, du calendrier et des voies d’administration. Réactions post vaccinales On distingue deux types de réactions post vaccinales. Le premier type de réaction survient après inoculation d’un vaccin inactivé suite à une mauvaise manipulation. Par exemple une injection tout près de la tête ou dans le cou peut provoquer une inflammation sur le site d’injection, inflammation de la tête et parfois un retournement du cou. Certains vaccins bactériens (MG,Coryza, Pastereula) ont tendance à provoquer une forte réaction tissulaire à cause de la présence d’endotoxines. Un matériel de vaccination contaminé par les bactéries peut aussi provoquer des inflammations sévères et la formation d’abcès. Le deuxième type de réaction survient à la suite d’une administration d’un vaccin vivant au contact de la muqueuse respiratoire causant des signes cliniques d’une pathologie des voies respiratoires supérieures les 3 à 4 jours suivant la vaccination... (larmoiement, écoulement nasal, inflammation de la face, jetage et balancement de la tête). En règle générale, les erreurs d’administration et de manipulation de vaccins suivants peuvent provoquer des réactions plus ou moins sévères : 1. Nébulisation très fine. 2. Vaccination d’un lot positif au test de mycoplasmose. 3. Vaccination de lots malades ou en état d’immunosuppression. 4. L’usage d’une souche vaccinale trop forte pour l’âge du troupeau. 5. Long intervalle entre les premières vaccinations et les vaccinations de rappel. 6. Faible niveau technique d’exécution abandonnant de nombreux poussins non vaccinés. 7. Vaccin vivant se répandant dans des lots d’âges multiples. 8. Atmosphère surchargée en ammoniac et poussières (lésions de la muqueuse nasale et trachéale). Dans les lots de pondeuses commerciales, on connaît beaucoup de combinaisons de vaccins inactivés : Mycoplasma gallisepticum MG, mycoplasma synoviae MS, Vaccin EDS 76 contre la chute de ponte, Newcastle et bronchite infectieuse. Dans les lots de poules parentales, on recommandera les combinaisons suivantes Gumboro, Newcastle, Bronchite et REO. Il est par ailleurs recommandé, toujours dans le souci de diminuer la charge de stress sur les poules, d’associer l’administration d’un vaccin polyvalent à diverses autres manipulations telles que débecquage, comptage ou le transfert (changement de bâtiment). Vaccins vivants vs vaccins inactivés : programmes On distingue deux types de programmes de vaccination pour les poules en ponte. Le premier recourt aux vaccins vivants donnés à 30-90 jours d’intervalle, le second recourt aux vaccins inactivés donnés juste avant le début de la ponte et aucun vaccin vivant durant la période de ponte. Dr César BISIMWA Ecocongo • 3