Zongxia CAI
Institut de géographie et des
ressources naturelles
Académie des sciences de
Chine, Pékin
Les ressources en eau et leur
gestion en Chine
En valeur relative, la Chine ne dispose que de
2 260 m
3
deau par personne et par an, soit 1/4 de
la moyenne mondiale. De même, les disponibilités
hydriques par hectare cultivé ne dépassent pas
2 8 320 m
3
, soit 80% de la moyenne mondiale. A
titre d’exemple, les ressources en eau du Japon ne
repsentent que 20% de celles de la Chine, mais
les quantis disponibles par habitant y sont deux
fois plus élevées. La faiblesse des ressources en
eau par habitant et par ha cultivé constitue un
facteur limitant de taille pour leveloppement de
la Chine.
Une répartition très inégale des ressources en eau
dans l’espace et le temps
En Chine, les précipitations, qui proviennent
principalement de la mousson de locéan
Pacifique, diminuent progressivement du littoral
(au sud-est) vers l’intérieur (au nord-ouest du
pays). En matière de précipitation moyenne
annuelle, la Chine se divise en quatre ensembles
climatiques : zone humide, semi-humide, semi-
aride et aride, qui représentent respectivement
32,4%, 14,7%, 21,9% et 31,0% du territoire. Les
régions arides et semi-arides occupent 52,9% de la
superficie de la Chine, au lieu de 47,1% pour les
régions humides et semi-humides. Concernant les
ressources en eau, la Chine peut être divisée en
cinq zones (fig. 1), en fonction de la quanti des
précipitations et de la hauteur de la lame d’eau
contribuant au débit moyen annuel (Wu, 1998).
Le tableau 1 (Lu, 1999) montre de grandes
variations interrégionales en matière de
ressources en eau par habitant. Les provinces ou
municipalités les mieux pourvues occupent une
vaste superficie et comptent peu d’habitants,
comme aux Tibet, au Qinghai, au Yunnan et au
Xinjiang, qui, toutes, dépassent le seuil des
50 0 0 m
3
/hab. Le Tibet dispose me, quant à lui,
de plus de 186 750 m
3
d’eau par personne. Les
provinces ou municipalités les moins dotées en
ressources hydriques sont à la fois de petite taille
et ts peupes. Cest le cas notamment de
Shanghai ou Pékin, ainsi que des provinces du
Ningxia, du Hebei et du Shandong, dont les
disponibilités sont inrieures à 400 m
3
d ’ e a u / h a b .
Pour Tianjin, elles ne dépassent me pas
1 5 9 m
3
.
L’inégale répartition des ressources en eau dans le
temps se manifeste principalement à travers
lampleur des variations annuelles et inter-
annuelles des quantités deau. Au cours de
l’année, les précipitations et le débit des cours
d’eau se concentrent normalement en été ou en
automne, notamment vers le mi-juillet et au début
août au sud et les mois d’at-septembre au nord.
Pour la plupart des cours d’eau, la crue principale
se produit en été ou à la fin de l’été. Une crue
intervient au printemps : on l’appelle alors la "crue
LES RESSOURCES EN EAU ET LEURS
CARACTÉRISTIQUES EN CHINE
Les ressources en eau en Chine
Avec une superficie de 9,6 millions de km
2
, la
Chine dispose de ressources en eau considérables.
Mais, compte tenu de limportance de sa
population (environ 1,3 milliard d’habitants), les
disponibilités par habitant s’avèrent très limies.
On estime que le volume total moyen des eaux de
surface est de l’ordre de 2 711,5 milliards de m
3
,
tandis que celui des eaux souterraines avoisine
828,8 milliards de mètres cubes (Zhao et Chen,
1999). Une fois déduits les doubles comptes, la
quantité totale des ressources hydriques atteint
environ 2 812,4 milliards de m
3
, soit 5,8% de celles
du monde. C’est ainsi que la Chine est classée par
ses ressources en eau au 6
e
rang, après le Bsil, la
Russie, le Canada, les États-Unis et l’Indonésie. La
lame d’eau moyenne contribuant au débit
superficiel est, quant à elle, de l’ordre 284 mm, soit
90% de la moyenne mondiale, ce qui place la
Chine au 7
e
rang après l’Indonésie, le Japon, le
Brésil, l’Inde, les États-Unis et le Canada. La
richesse de la Chine en ressources hydriques
provient de diverses origines.
En Chine, les cours deau sont ts nombreux. On
compte plus de 50 000 cours deau dont la
superficie du bassin versant dépasse 100 km
2
,
ainsi que 1 500 dont la superficie du bassin s’étend
sur plus de 1 000 km
2
. Les huit fleuves les plus
grands du pays sont, par ordre de débit, le Yangzi
(Changjiang), premier fleuve de l’Asie et troisième
fleuve du monde, la rivière des Perles (Zhujiang),
le fleuve Jaune (Huanghe), le Haihe, le Liaohe, le
Songhuajiang et le Yaluzhuanbu.
En Chine, la superficie totale des lacs sélève à 71 7 8 7
k m
2
, pour un volume deau stocké de 709 m i l l i a r d s
de mètres cubes. On compte 2 3 0 0 grands lacs dont
la superficie unitaire dépasse 1 k m
2
.
Avec une superficie totale de 58 500 km
2
, les
glaciers chinois représentent l’équivalent d’une
réserve d’eau de 5 100 milliards de m
3
(Zhao et
Chen, 1999). La fonte des glaces est assez faible,
seulement 56 milliards de m
3
par an au total, soit à
peine 2% du débit total des cours d’eau du pays.
Néanmoins, ces eaux de fonte alimentant les
cours deau jouent un rôle majeur pour
l’agriculture irriguée des gions arides et semi-
arides de la Chine de l’Ouest.
Les précipitations constituent l’origine principale
des ressources en eau en Chine. Leur volume total
moyen est estimé à 6 188,9 milliards de m
3
/ a n
(Zhao et Chen, 1999). Toutefois, leur moyenne
annuelle ne passe pas 648 mm, au lieu de
8 3 4 mm pour la moyenne mondiale. Surtout, leur
répartition très inégale constitue un obstacle
majeur au veloppement durable du pays.
R É S U M É
Avec une superficie de
9 , 6 millions de kilotres
carrés, la Chine dispose de
ressources en eau
considérables en volume
absolu. Mais, compte tenu
de limportance de sa
population (environ
1 , 3 milliard d’habitants), les
disponibilités per capita
sarent très limitées. La
répartition très igale des
ressources en eau dans
lespace et le temps, et par
rapport à la population et
aux terres cultivées, pose
actuellement de grands
probmes pour le
développement durable du
pays. De plus, la pénurie
deau dans les villes
chinoises est de plus en plus
marquée, notamment en
Chine du Nord, par exemple
dans la ville de Pékin. Face à
linsuffisance des ressources
en eau se pose la question
de lamélioration de leur
gestion, et notamment de la
lutte contre la pollution et le
gaspillage de l’eau en milieu
rural et urbain. Plusieurs
mesures ont été prises : la
réalisation du transfert de
leau du sud (bassin du
Yangzi) vers le nord (grande
plaine de Chine du Nord) et
des opérations
daménagement desties à
économiser l’eau agricole,
industrielle et domestique.
MOTS-CS
Yangzi, ressources en eau,
aménagement hydraulique.
A B S T R A C T
With an area of 9.6 millions
k m
2
, China disposes of
considerable water
resources in term of
absolute volume. H o w e v e r ,
when this is compared with
the considerable size of the
population (1.3 billion
inhabitants), per capita
amounts are extremely
limited. The problem raised
for sustainable
developpement to China is
linked to the very unequal
distribution of water
35
ÉOCARREFOUR VOL 79 1/2004
ressources en eau, soit 556 m
3
d’eau par habitant,
niveau représentant à peine un quart de la
moyenne nationale. C’est pourtant une région
stratégique se trouvent la gapole de kin,
la capitale, mais aussi Tianjin, grand foyer
industriel et port maritime.
La Chine du Nord possède les 3/5
e
des terres
culties de la Chine, mais ne dispose que de 1/5
e
de ses ressources en eau, soit 9 465 m
3
d’eau par
hectare. À l’inverse, la Chine du Sud dispose de
2 / 5
e
des terres culties, mais 4/5
e
des ressources
en eau, soit 28 695 m
3
d’eau par hectare. Parmi les
quinze provinces chinoises la terre cultivée
manque le plus d’eau (moins de 1 500 m
3
/ h a ) ,
treize provinces se trouvent en Chine du Nord.
L’insuffisance des ressources en eau constitue
donc un frein majeur au développement de
léconomie régionale, notamment pour
l’agriculture et l’élevage en Chine du Nord et du
N o r d - O u e s t .
La pénurie d’eau dans les villes chinoises
Parmi les 668 villes chinoises, on estime que près
de 300 d’entre elles manquent d’eau ; parmi
celles-ci, 108 se trouvent dans une situation
critique et 164 doivent limiter l’utilisation de l’eau.
Cette insuffisance conduit à une exploitation
excessive de leau souterraine en ville.
Actuellement dans l’ensemble du pays, l’eau
souterraine représente un tiers de lensemble des
eaux consommées par les villes chinoises. On
compte 310 villes où leau souterraine représente
la source principale d’approvisionnement. C’est le
cas notamment en Chine du Nord, où leau
souterraine repsente la moitié de l’eau utilisée
par lindustrie et un quart de l’eau consommée par
l ’ a g r i c u l t u r e .
En raison de cette surexploitation des nappes
phréatiques, nombre de villes ont subi des
des ches", car elle correspond à la riode de
floraison deschers. Sur le littoral du Sud-Est, les
typhons venant du Pacifique occasionnent
également de grandes crues d’automne. La forte
concentration du débit des cours d’eau sur une
courte riode, notamment estivale, provoque de
fréquentes inondations, notamment en Chine
m é r i d i o n a l e .
Les variations pluviométriques inter-annuelles
jouent également un rôle majeur. Les années
fortement arrosées ou relativement arroes
peuvent se produire parries ou ponctuellement.
Ces fortes variations résultent surtout de
l’instabilité des flux de mousson. Elles provoquent
fréquemment des inondations catastrophiques,
comme au cours de l’été 1998 dans le bassin
moyen du Yangzi, elles ont provoq la mort
de plus de 3 000 personnes. Il arrive aussi que le
sud de la Chine connaisse simultanément des
inondations, tandis que le Nord est frappé par la
s é c h e r e s s e .
La superficie affece par des inondations ou des
cheresses atteint en moyenne 267 000 km
2
/ a n
en Chine. Les régions les plus touchées par les
inondations sont surtout les bassins moyen et
inférieur des sept grands fleuves du pays : Yangzi,
fleuve Jaune, Haihe, Huaihe, Songhuajiang,
Zhujiang et Liaohe. Les bassins moyen et inférieur
du Yangzi et du fleuve Jaune sont les zones les
plus touces. La surface des zones affectées par
ces phénomènes extmes y représente les trois
quarts de celles du pays dans son ensemble.
Les régions les plus touchées par lacheresse se
concentrent principalement dans la Grande Plaine
de Huang-Huai-Hai (c’est-à-dire la vaste plaine
alluviale des fleuves Jaune, Huaihe et Haihe), le
Plateau du loess, la plaine de Songhuajiang-Liaohe
(ex-Mandchourie), le Nord-Est du Sichuan. À elle
seule, la plaine Huang-Huai-Hai occupe presque
50% de la superficie du pays affectée par des
cheresses riodiques.
L’inégale partition des ressources en eau par
rapport à la population et aux terres cultivées
La Chine du Nord possède 42,41% de la
population chinoise (483,44 millions de
personnes), mais ne dispose que de 19,84% de ses
ressources en eau (544,93 km
3
), soit 1 127 m
3
d’eau par habitant. En revanche, la Chine du Sud
héberge seulement 57,59% de la population
(656,56 millions de personnes), mais concentre
80,16% des ressources hydriques (2 201,1 km
3
) ,
soit, par habitant, environ le triple de la Chine du
Nord avec 3352,5 m
3
par habitant (Zhao et Chen,
1 9 9 9 ) .
La plaine de Huang-Huai-Hai posde 26% de la
population du pays pour seulement 6% de ses
36
VOL 79 1/2004
Les ressources en eau et leur gestion en Chine
resources throughout the
territory, compared with
population densities and the
quality of agricultural land.
Moreover, the lack of water
reserves is becoming more
and more severe, especially
in the north of China, and in
cities such as Beijing. Faced
with an important shortage
of water, better
management of resources is
necessary. There is also a
need to reduce water
polution and the wastage of
water in both urban and
rural areas. Several reponses
have been made such as the
transfer of water from the
south (lakes of the Yangtse
floodplain) to the north (the
northern chinese plain), as
well as developpment
schemes aiming at saving
water for rural, industrial
and domestic uses.
KEY WORDS
River Yangtse, water
ressources, river
d e v e l o p m e n t .
Remerciements
Cette recherche a été
soutenue par le Fonds de
l'Académie des Sciences de
Chine et a obtenu une aide
financière de la Maison des
Sciences de l'Homme à Paris.
Figure 1 : Carte des ressources en eau de la Chine
depuis les années 1980. Elle est passée de
3 , 7 millions dhabitants en 1958, 8,8 millions
dhabitants en 1978, à plus de 13 millions dhabitants
(pour l’ensemble de la municipali) en 2002.
Actuellement, le développement accéléré des
périphéries entraîne de nouvelles sources de
consommation hydrique, qu’il sagisse des nouvelles
zones industrielles de haute technologie, des parcs
de loisirs, des programmes résidentiels de luxe ou
des complexes sportifs ls aux Jeux olympiques
qui seront organisés en 2008. Au total, la
consommation a augmen en moyenne de 1,54%
entre 1994 et 1995, et de 4,74% entre 1996 et 1997.
Alors que la demande hydrique est en plein essor,
les ressources s’arent limies et insuffisantes :
la gion de Pékin ne dispose en moyenne que de
3,6 milliards de m
3
deau en moyenne, soit
seulement 300 m
3
par personne, ce qui représente
à peine 1/8
e
de la moyenne nationale, et 1/30
e
de la
moyenne mondiale. Afin de répondre à cette
demande, les ressources souterraines ont fait
l’objet dune surexploitation. Ce phénone s’est
traduit par un abaissement du niveau des nappes,
de -13,2 m en 1996 à -14,8 m en 1997, ce qui
équivaut à une diminution du stock des eaux
souterraines d’environ 768 millions de mètres
cubes en une seule année. On estime ainsi que
Pékin manque de 170 à 330 millions de mètres
cubes par an.
Face à ce déficit, les autorités municipales ont pris
diverses mesures : la cation d’un Bureau spécia-
lement chargé de l’économie de l’eau, l’augmen-
tation du taux de recyclage des eaux usées
industrielles, l’introduction de techniques moder-
nes et de nouveaux principes de gestion, comme
par exemple le relèvement des prix de l’eau pour
limiter le gaspillage. Grâce à ces mesures, le
Bureau spécialement chargé de l’économie de
l’eau estime que la municipalité a économisé 1,26
milliard de mètres cubes d’eau en dix ans.
Mais, le gouvernement chinois a surtout décidé
d’accélérer les travaux du transfert des eaux du
Sud vers le Nord (nanshui beidiao), ce qui
repsentera un transfert d’eau d’1,3 milliard de
tres cubes d’eau par an.
LES GRANDS TRAVAUX DU TRANSFERT DES
EAUX DU YANGZI
Face à l’igale répartition des eaux sur le territoire
chinois, les grands travaux hydrauliques destinés à
équilibrer les ressources du pays s’arent
indispensables. La fonction des aménagements
hydrauliques varie fortement suivant les secteurs
du territoire chinois : au sud, il s’agit de lutter
contre les inondations, tandis quau nord il
convient d’exploiter rationnellement et d’économi-
ser les ressources limitées existantes. En matre
de grands travaux hydrauliques, le propos sera
centré ici non sur le barrage des Trois Gorges,
pnones de subsidence du sol. Ainsi, dans la
plaine de Huang-Huai-Hai, une zone de 200 km
autour de la ville de Shijiazhuang (province du
Hebei) connaît un affaissement. La ville de kin
elle-même connt ce pnone avec un rythme
de subsidence de 10 à 20 mm/an.
Les probmes de pollution et de gaspillage des
ressources en eau
Face à l’insuffisance des ressources en eau se
pose la question de l’amélioration de la gestion de
leau, et notamment de la lutte contre la pollution
et le gaspillage de l’eau en milieu rural ou urbain.
La pollution de l’eau tend à devenir un phéno-
mène géralisé dans les villes et campagnes de
certaines régions fluviales en raison de grands
travaux, de la forte industrialisation dans les
campagnes, de la périurbanisation accélérée et
anarchique. Le gaspillage de leau est un
phénomène courant tant en ville que dans les
campagnes du fait d’une politique de gestion
laxiste et de technologies de production encore
souvent trop rudimentaires.
Dans les campagnes, le taux d’utilisation de leau
par l’agriculture reste assez faible. Surtout, le
système traditionnel dirrigation par inondation fait
perdre presque 50% de leau utilisée, soit par
infiltration, soit par évaporation. L’introduction de
nouvelles techniques d’irrigation plus économes
de l’eau (notamment l’irrigation par arrosage et
par goutte-à-goutte) a progressé, mais reste
limitée à certaines régions du pays. Dans
lindustrie, le taux de recyclage des eaux utilies
ne passe pas 60% en moyenne, au lieu de 90%
dans les pays développés.
En matière d’utilisation de l’eau domestique, il
existe des gaspillages considérables en raison de
prix ts bas. On estime quun robinet mal fermé
peut perdre jusquà 6 m
3
d’eau par mois, tandis
que les pertes en eau de toilettes défectueuses
peuvent atteindre 20 m
3
par mois. Avec une
population d1,3 milliard dhabitants et des
centaines de millions de foyers, une politique anti-
gaspillage peut produire une économie
consirable de la ressource.
De fait, la Chine dispose d’un très grand potentiel
en matière d’économie d’eau. En appliquant des
principes de bonne gestion et en néralisant des
technologies plus modernes, il est possible de
réduire la consommation deau de l’ordre de 10 à
50% dans l’agriculture, de 40 à 90% pour
lindustrie et de 30% chez les ménages.
Le cas de Pékin
Capitale de la Chine, Pékin a fêté ses 850 ans cette
ane. Centre politique, historique et touristique
du pays, la ville a connu un développement
considérable depuis un demi-siècle, notamment
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VOL 79 1/2004
Les ressources en eau et leur gestion en Chine
aménagement nécessitera une forte consomma-
tion dénergie électrique. En effet, en raison de la
topographie, le niveau des eaux du fleuve Jaune
est supérieur de 40 m à celui du Yangzi : il sera
donc cessaire de construire 13 stations de
pompage pour sulever les eaux du Yangzi d’un
total de 65 m.
Une fois achevée, cette première section
permettra de transférer 8,8 milliards de mètres
cubes d’eau du Yangzi jusqu’à la rive sud du
fleuve Jaune de manière à irriguer 16 000 km
2
d e
terres cultivées. Lors d’une seconde étape, un
ouvrage dart doit traverser le fleuve Jaune par un
tunnel. Plus au nord, leau du Yangzi pourra
s’écouler par simple gravité à travers un canal
artificiel. À la fin de cette phase de travaux,
1 9 , 2 milliards de mètres cubes d’eau seront
transférés vers le Nord, dont 8 milliards au nord
du fleuve Jaune.
Lune des préoccupations majeures des
responsables du projet tient à la qualité des eaux
du Bas-Yangzi, grand foyer de pollutions urbaines
et industrielles. Pour éviter que le nanshui beidiao
ne devienne wushui beidiao (un transfert des eaux
polles vers le Nord), trois grands programmes
d’épuration des eaux représentant 369 ouvrages
dart seront alisés, pour un coût total de
2 4 milliards de yuans. Ainsi, sur les 32 milliards de
yuans de la première phase des travaux,
1 8 milliards concernent la alisation des canaux
proprement dits (56% du total), tandis que les
1 4 milliards de yuan restants (43,8%) seront
affectés au traitement des eaux polluées.
L’itinéraire central
Il s’agit du transfert des eaux du bassin moyen du
Yangzi vers la Grande Plaine du Nord jusqu’à
Pékin. Les eaux sont prélevées à partir du
abor dans diverses publications récentes, mais
sur la dérivation d’une partie des eaux du Yangzi
vers le Nord.
Les travaux du nanshui beidiao ont é lancés en
2002 après une longue série d’études de faisabilité
réalisées depuis près de cinquante ans. Le
montant total des travaux est estimé actuellement
à 486 milliards de yuans (1 euro correspond à 9,5
yuans le 10 octobre 2003). Lobjectif est de
transférer une partie des eaux du Yangzi vers la
Grande Plaine de Chine du Nord (la Huang-Huai-
Hai) par trois itinéraires (fig. 2 ) .
L’itinéraire oriental
L’itinéraire oriental traverse un ensemble de
plaines littorales, du bas Yangzi aux bassins
inférieurs des fleuves Jaune, Huai et Hai. Les eaux
seront prélees à partir de la station de pompage
de Jiangdu, près de la ville de Yangzhou sur les
bords du Yangzi pour se diriger ensuite vers le
Nord jusqu’à Tianjin. Le dispositif repsente une
distance de 1 156 km, auquel s’ajoute un embran-
chement de 701 km vers l’Est jusqu’aux villes de
Yantai et de Weihai, dans la ninsule de la
province du Shandong.
Les travaux de cet itinéraire ont été inaugurés
officiellement le 27 cembre 2002. La première
phase, d’une durée de cinq ans et d’un coût esti
à 32 milliards de yuans, reliera les bassins
inrieurs du Yangzi et du fleuve Jaune, dans les
provinces du Jiangsu et du Shandong.
Il est prévu d’utiliser le plus possible le Grand
Canal en améliorant son cours et en reliant les
quatre lacs de Hongze, Loma, Nansi et Dongping.
Les travaux de construction, et donc les
investissements, seront duits. En revanche, cet
38
VOL 79 1/2004
Les ressources en eau et leur gestion en Chine
Figure 2 : Les trois itinéraires
de nanshui beidiao
l’environnement du Bas-Yangzi, notamment dans
le delta se trouvera affecté. Ainsi, à lembouchure,
près de Shanghai, les prélèvements des eaux du
Yangzi favoriseront la remontée des eaux polles
lors des fortes marées ainsi que l’aclération de la
sédimentation. La population de Shanghai
s’inquiète ainsi d’unegradation de la qualité des
eaux. De me, la diminution du débit fluvial sur
l’itinéraire central va affecter la navigation et
l’irrigation dans le bassin du fleuve Han. Il est
cependant prévu de creuser un canal d’un débit de
360-540 m
3
/s entre Jingzhou et Shayang pour
compenser ce ficit.
Les gions de transit seront également touchées.
Sur l’itinéraire oriental, le transfert des eaux va
entraîner une augmentation du niveau des lacs
dans la zone lacustre du Jiangsu traversée par cet
itiraire. Ce phénomène aura des conséquences
sur la faune aquatique herbivore. L’accroissement
de la profondeur des lacs sera en effetfavorable
aux poissons herbivores à valeur marchande
élevée, mais favorable aux petits poissons
superficiels de moindre valeur.
Sur les itinéraires oriental et surtout central, le
creusement de canaux parfois profonds et
l’extension de lirrigation vont modifier les nappes
phatiques, notamment dans les plaines situées
au nord du fleuve Jaune. De même, l’augmenta-
tion du volume deau destiné à lirrigation
comporte un sérieux risque d’accélération de la
salinisation secondaire des sols.
En ce qui concerne les gions de ception des
eaux du Yangzi, cette question des sols salins et
alcalins se posera également de manre générale.
De plus, de coûteux investissements seront
cessaires pour contler la qualité de l’eau du
part jusqu’à son arrivée. Ce contle repsente
un enjeu de santé publique dans la mesure il
sagit déviter la propagation des maladies
endémiques, comme par exemple la schistoso-
miase qui affecte certaines zones du bassin moyen
du Yangzi, notamment dans la province du Hubei.
En outre, les effets microclimatiques d’un tel
transfert sont encore mal connus. Certains
chercheurs s’interrogent sur les conséquences
d’une année particulièrement sèche sur le Yangzi :
dans ce cas, la qualité des eaux transférées sera-t-
elle assurée ? Ny aura-t-il pas une forte
augmentation des prix de l’eau ?
B I B L I O G R A P H I E
HUANG J., 1999, Changjiang sanxia dili [ L a
ographie des Trois Gorges le long du Yangzi],
Chongqing, Chongqing chubanshe.
LU D. et al., 1997, Zhongguo quyu baogao
[Rapport sur le veloppement régional de la
Chine], kin, Shangwu yinshuguan, 333 p.
servoir de Danjiangkou sur le fleuve Han,
affluent de rive gauche du Yangzi et situé dans la
province du Hubei, soit une longueur totale de
1 267 km pour le canal principal. Les travaux de la
première phase ont élancés en me temps
que ceux de l’itinéraire oriental le 27 décembre
2002. Ils consisteront d’abord à relever la hauteur
du barrage existant de Danjiangkou pour la faire
passer de 162 m à 175 m, de manière à ce que le
volume de la retenue deau augmente de
1 7 , 5 milliards de mètres cubes à 29 milliards. À
partir du barrage de Danjiangkou seront creusés
des canaux artificiels et des tunnels longeant le
piémont oriental des massifs de Funiu et Taihang.
Cet itinéraire doit traverser plus de 200 cours
d’eau, soit par franchissement aérien, soit par
galerie souterraine. Grâce à la pente, les eaux
s’écouleront par simple gravité naturelle vers le
Nord. En outre, les risques de pollution sont
faibles, car le tracé passe à l’écart des zones
urbaines et minières. anmoins, le coût des
canaux et des tunnels est bien plus élevé que dans
litinéraire oriental. La surélévation du barrage de
Danjiangkou nécessitera également de déplacer et
de réinstaller les populations vivant actuellement
sur les rives de la retenue d’eau existante. La
dernière phase des travaux prévoit de réaliser,
après l’achèvement du barrage des Trois Gorges
en 2009, un plèvement direct des eaux du
Yangzi. Le volume d’eau alimentant le réservoir de
Danjiangkou et donc, au-delà, la Chine du Nord
sera fortement augmenté.
L’itinéraire occidental
Il s’agit d’un projet à plus long terme (pas avant
2010) dont les études de faisabili sont encore en
cours. Il se situe entre les bassins surieurs du
Yangzi et du fleuve Jaune, et doit traverser des
zones de hautes montagnes. Dune grande
difficulté technique, il comporte un grand intérêt
économique, mais exigera un montant
consirable d’investissements. Potentiellement, il
représente un volume deau transférable de
1 0 0 milliards de mètres cubes, qui pourrait
alimenter les parties arides et semi-arides de la
Chine du Nord. À ce titre, il pourrait contribuer de
manière cisive au développement agricole et
industriel du bassin du fleuve Jaune.
Les travaux du nanshui beidiao sont dune grande
utilité socio-économique, notamment pour
contribuer à équilibrer partiellement la réparti-
tion de l'eau entre Chine du Nord et Chine du Sud.
De tels anagements entraînent néanmoins une
série de problèmes, notamment écologiques.
Pour les régions où l’eau sera plee, le transfert
va diminuer le débit du Yangzi, surtout en période
détiage. Les effets sur la navigation, l’irrigation ou
la fourniture en électrici seront faibles dans ses
bassins supérieur et moyen. En revanche,
39
VOL 79 1/2004
Les ressources en eau et leur gestion en Chine
Adresse de l'auteur
Académie des Sciences de
Chine
Institut de Géographie
Bat. 917
rue Datun
Beijing 100101
République populaire de Chine
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