04/01/2006 10:19 Page 85 Face au cauchemar climatique Cent mille tonnes de benzène déversées dans un affluent du fleuve Amour après l’explosion d’une usine, des paysans qui manifestent contre la pollution des rivières, des fleuves qui s’assèchent, l’air des grandes villes devenu irrespirable… L’environnement est désormais une question de survie. Cela explique que le pouvoir ait manifesté une volonté de changement lors de la conférence mondiale sur le climat, en décembre dernier, à Montréal. les années 1950 et celle-ci s’est vérifiée de manière encore plus évidente au cours des dernières années. Le niveau de la mer augmente de 1,4 à 2,6 mm par an ». Les scientifiques chinois projettent que la hausse du niveau des mers sur les côtes du pays sera comprise entre 31 et 65 cm d’ici à 2100, ce qui aggravera l’érosion et augmentera l’intrusion d’eau salée dans les nappes aquifères. La mégalopole de Shanghaï risque d’être affectée par ces évolutions préoccupantes. A mesure que les températures augmentent dans l’Ouest montagneux, les sources des deux principaux fleuves du pays, le Huang He (fleuve Jaune) et le Yangzi (fleuve Bleu), se tarissent à un rythme alarmant. Les habitants du district de Qumolai, situé à proximité des sources du Yangzi, se préparent à acheter de l’eau pour survivre. Depuis 2000, sur les 136 puits de cette localité, seuls 8 contiennent encore de l’eau, laissant 80 % de la population dépendante des camions-citernes. Dans cette région, 18 rivières, autrefois affluentes du Yangzi, ne se reconnaissent plus que par leur lit asséché. Par Agnès Sinaï Le Huang He connaît un tarissement plus grave encore. Selon une étude récente (3), sur les 4 077 lacs du district de Maduo, première région traversée par le fleuve Jaune, 3 000 ont disparu. Quelque 600 foyers, 3 000 personnes et 119 000 têtes de bétail ont été privées d’accès immédiat à l’eau. C haque printemps, des vents violents déferlent sur les terres arides de la Mongolie intérieure, et déplacent d’ouest en est des murs de sable sur des centaines de kilomètres, pour atteindre Pékin, périodiquement plongée dans un air opaque, dans une nuit diurne et brouillée. Sur le passage de ces tornades desséchantes ont été plantées des milliers de haies, muraille verte sans fin mais impuissante à enrayer la force du vent et l’avancée des dunes. Les Jeux olympiques de Pékin, en 2008, pourraient être interrompus par ces intempestives tempêtes de sable. La tendance au réchauffement est plus sensible dans les grandes plaines de lœss des régions du Nord que dans le sud du pays. D’après les scénarios du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour le XXIe siècle, les pluies vont continuer à augmenter dans le Sud et à diminuer dans le Nord. La pénurie d’eau va s’aggraver au point de menacer le développement économique de ces régions. L’agriculture est directement menacée par cette sécheresse, qui réduit d’ores et déjà le rendement des récoltes. Les glaciers chinois ont rétréci de 21 % au XXe siècle. En cas de doublement du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, la répartition des principales récoltes sera affectée. Le potentiel alimentaire du pays diminuera de 10 % en raison du changement de climat et d’événements climatiques extrêmes (1). Selon le bilan national des changements climatiques (2), « la tendance à la montée des océans est en augmentation sur les côtes chinoises depuis Journaliste, coauteure de Sauver la Terre, Fayard, Paris, 2003, et d’une série documentaire, Terriens amers, paradis perdus, qui sera diffusée sur Arte courant 2006. Le Huang He et le Yangzi prennent naissance dans le plateau tibétain du Qinghai, dans l’ouest de la Chine, dans une région connue sous le nom de Sanjiangyuan, qui se traduit par « source des trois fleuves ». C’est également le berceau des sources du Mékong, grand fleuve qui irrigue l’Asie du Sud-Est. Près d’un quart de l’eau du Yangzi et la moitié de celle du Huang He proviennent de cette zone surnommée le « château d’eau de la Chine ». Au cours des dernières années, la région du Sanjiangyuan a connu un réchauffement inhabituel, que les scientifiques imputent au changement climatique global. Selon Greenpeace, la température moyenne dans cette région de glaciers a augmenté de 0,88 °C durant les cinquante dernières années (4). Ce réchauffement a déclenché le retrait des glaces et la fonte du pergélisol (5), affecté les régimes de pluies et accéléré les taux d’évaporation. Dans ce paysage fragilisé, l’intensification des activités humaines a exacerbé les dégradations. La population locale a plus que quadruplé, passant de 130 000 habitants en 1949 à 610 000 en 2003. Le surpâturage répond à la nécessité de nourrir une population en augmentation rapide, mais dégrade les prairies et réduit les capacités de rétention d’eau de l’écosystème. Exploitations minières et récoltes intensives d’herbes rares utilisées par la médecine chinoise achèvent de perturber celui-ci. ▼ 85/2 (1) Cf. Intergovernmental Panel on Climate Change, « Climate change 2001 : Impacts, adaptation and vulnerability », chapitre 11, www.ipcc.ch (2) Rapport « The people’s Republic of China initial communication on climate change », Pékin, octobre 2004. (3) Greenpeace, « Yellow River at risk », 2005, www.yellowriversource.org (4) Ibid. (5) On appelle pergélisol les roches ou les sols dont la température est égale ou inférieure au point de congélation pendant de longues périodes. MANIÈRE DE VOIR 85 04/01/2006 10:20 Page 86 70°E Face au cauchemar climatique 80°E 90°E 100°E KAZAKHSTAN Lac Balkhach Almaty Pour tenter d’endiguer l’assèchement du « château d’eau » de la Chine, le gouvernement a créé en 2000 la réserve naturelle de Sanjiangyuan, une des plus importantes de la planète par sa surface de 363 000 km2, située à une altitude moyenne de 4 000 mètres, au cœur du plateau du QinghaiTibet, l’un des toits du monde. Les autorités nationales et locales se sont engagées à investir 782 millions d’euros (7,5 milliards de yuans) pour la construction de la réserve entre 2004 et 2010. Quelque 84 709 hectares ont été reboisés, 2,73 millions d’hectares de pâturages ont été remis en herbe, tandis que 1,39 million d’hectares sont interdits aux troupeaux afin de réduire l’érosion. Bichkek C C A Sh an T ian 4 525 m D Lac Lop Nor XINJIANG GANSU és ert de H G E M I R E s’engagent dans les mouvements de lutte contre la pollution. Une nouvelle forme de militantisme. D’où la mobilisation des autorités, et l’émergence de mouvements écologistes au sein de la société civile. « Les ONG environnementales sont de plus en plus nombreuses, une centaine. Le gouvernement les tolère, et même y voit une sorte de valve de décompression de la société, car la Chine est une société en transition. Il y a cinq ans, Greenpeace n’existait pas chez nous », explique Mme Yu Jie, représentante de Greenpeace à Pékin. Mais la tolérance a des limites. Dans le village de Dongzhou, dans la province du Guangdong, en décembre 2005, une vingtaine de paysans ont été tués par la police antiémeute, alors qu’ils manifestaient contre les conditions dans lesquelles leurs terres ont été confisquées pour laisser la place à une centrale électrique éolienne. 6 346 m AKSAI CHIN INDE 6 802 m h Jinchang Bassin du Tsaidam aî ne du NÉPAL T i b e Ga ngd isi Brahmapoutr e Xining QINGHAI TIBET Huan t Lanzhou gH e Mé ko ng Lhassa 5 200 m Chengdu SICHUAN BHOUTAN 0 500 1 000 km BANGLADESH Pollution atmosphérique Ya ng z es immenses efforts resteront marginaux, à moins que le réchauffement qui frappe la région ne soit atténué par une politique globale de lutte contre le changement du climat. Selon Mme Anja Köhne, coordinatrice de partenariats internationaux au sein du programme de lutte contre les changements climatiques du Fonds mondial pour la nature (WWF), « le gouvernement chinois est conscient que le changement climatique est un problème majeur qui menace la sécurité alimentaire et la stabilité du pays. Il y a 200 millions de pauvres en Chine, dont les conditions de vie risquent de se dégrader davantage encore avec le réchauffement du climat. De plus en plus de Chinois, C’est donc une cause potentielle de notamment de jeunes, déstabilisation politique ». 86 Urumqi d u Désert de Taklamakan Hotan ï Yining 5 500 m Ch a îne Kashi C C’est en raison de cette forte intensité énergétique que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) chinoises est la plus rapide du Lac Issyk-Koul KIRGHIZSTAN C Reste que les mentalités évoluent, sous la pression de la nécessité. La Chine s’est dotée en février 2005 d’une loi fixant un quota de production de 10 % de l’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici à 2020 (6). Cent mille panneaux solaires seront installés dans le pays. Le gouvernement a par ailleurs mis au point des standards d’efficacité énergétique pour les voitures, mais, selon Mme Köhne, « c’est le monde à l’envers : ce sont les constructeurs européens qui viennent faire du lobbying en Chine pour faire tomber les standards environnementaux ! ». Au début de l’année 2004, le gouvernement chinois a même annoncé l’introduction d’un nouvel indicateur de production économique – indicateur qui, contrairement au produit intérieur brut (PIB), incorporerait les impacts environnementaux associés au développement économique. Ce « PIB vert » déduirait du PIB les coûts liés à la pollution et à la réduction des ressources naturelles. D’après une étude menée par l’Académie des sciences chinoise, si cette mesure était déjà en place en Chine, la croissance du PIB aurait chuté d’une moyenne de 8,7 % en 1985 à 6,5 % en 2000. Selon la même source, la Chine consomme actuellement trois fois plus de minéraux et de ressources énergétiques par unité de production que la moyenne mondiale (7). A l t a Projet hydroélectrique du Nujiang Dacca Agglomération très polluée Kunming BIRMANIE Pollution industrielle intense GOLFE DU L’eau en mouvement BENGALE 3 Disponibilités en eau, en m par habitant et par an YUNNAN Pyinmana LAOS moins de 500 (pénurie grave) de 500 à 1 700 (stress hydrique) V Rangoon plus de 1 700 Grands projets hydrauliques Transferts massifs d’eau en cours de réalisation Autres projets de canalisation (en phase d’étude) Principaux grands projets de barrages hydroélectriques Risques d’ensablement (fleuves n’atteignant plus la mer à échéance de quelques années) Fonte rapide des glaciers due au réchauffement climatique : perturbation du régime hydrologique des grands fleuves et risques d’inondation en aval monde, de 16 % au cours de la seule année 2002-2003 (512 millions de tonnes de CO2, par exemple, contre 64 millions de tonnes pour les EtatsUnis la même année) (8). Pour autant, la Chine, ne s’estime pas tenue à des réductions obligatoires de gaz à effet de serre, même si elle en est devenue le deuxième émetteur mondial après les Etats-Unis. Mesurées par habitant, ses émissions de gaz à effet de serre demeurent relativement basses, sept fois moindres que celles d’un habitant des Etats-Unis. Forte de ce constat, la Chine, tout comme ses alliés des pays du Sud, rassemblés au sein du « groupe des 77 » lors des négociations climatiques, réclame l’application de la « responsabilité commune mais différenciée », pivot du principe d’équité dans la gestion du problème climatique. Le protocole de Kyoto prend acte en effet des « responsabilités différenciées » des Etats : les pays du Sud sont autorisés à continuer à accroître leurs émissions de gaz à effet de serre, au nom de leur droit au développement. Alors que les pays industrialisés sont déjà « grands-pères » dans la responsabilité du réchauffement global. En fait, la Chine est prise dans l’étau d’une double contrainte : assurer sa sécurité énergétique, tout en évitant de précipiter le réchauffement climatique dont elle subit déjà les effets. D’où l’intérêt des autorités chinoises MANIÈRE DE VOIR i 3 550 m Salween 85/2 85/2 04/01/2006 13:03 Page 87 110°E 120°E 130°E Amou r 50° N 1 530 m Qiqihar L’environnement menacé Oussouri ng Oulan-Bator HEILONGJIANG ari So u and Khinghan RUSSIE Gr Harbin e r i M a n d c h o u Jilin MONGOLIE Changchun JILIN INTÉRIEURE MONGOLIE Shenyang Hohhot Chengde Baotou Datong Pékin G o b i Huan g He Plateau de l’Ordos HEBEI Shijiazhuang CORÉE DU SUD Luoyang HUBEI ANHUI HENAN Yichang Nankin Liuzhou Nanning GUANGXI Hanoï HAINAN 30° N Shanghaï Wuhan Hangzhou ZHEJIANG MER DE CHINE ORIENTALE Nanchang Shaoshan Wenzhou JIANGXI Fuzhou Taïpeh HUNAN GUIZHOU MER JAUNE JIANGSU Chongqing Guiyang JAPON Qingdao Bataille de Huai-Hai Zhengzhou Wanxian VIETNAM Séoul Jinan 1 524 m SHAANXI MER DU JAPON Pyongyang SHANDONG Linfen Xi’an Barrage des Trois-Gorges Yingkou Tianjin SHANXI NINGXIA 40° N CORÉE DU NORD Anshan LIAONING FUJIAN Xiamen 1 922 m GUANGDONG TAÏWAN OCÉAN PACIFIQUE Tropiqu ancer e du C Canton Shantou Shenzen Hongkong Macao Trois projets de plusieurs milliers de kilomètres de canaux artificiels vont permettre de détourner annuellement des dizaines de milliards de mètres cubes d’eau des grands fleuves méridionaux vers le nord du pays assoiffé. Si l’on ajoute l’augmentation des prélèvements pour l’irrigation, ces perturbations des régimes hydrologiques vont profondément bouleverser les écosystèmes. Certains fleuves pourraient, à terme, ne plus être en mesure de rejoindre la mer… La pollution atmosphérique bat tous les records en raison notamment du charbon, de la croissance industrielle, de l’augmentation du trafic automobile, ainsi que des tempêtes de sable et de poussière (dans le Nord) : sur les 50 villes les plus polluées du monde, une dizaine sont chinoises, dont Pékin et Shanghaï. monnayables sur le futur marché international du carbone. La Chine est actuellement la principale destinataire de projets relevant de ces mécanismes de développement propre (MDP). Elle a été l’un des premiers pays du monde à se doter d’une « autorité nationale désignée », comité de sélection servant à faciliter la promotion de projets liés au secteur de l’énergie auprès des investisseurs étrangers. Sur les huit projets MDP approuvés par le gouvernement chinois, trois portent sur la récupération du méthane dans les mines de charbon, trois sont des fermes éoliennes, et deux proposent des projets de barrages hydroélectriques (9). Une centaine d’autres projets sont en attente d’approbation. Selon les analyses de l’Institut pour des stratégies environnementales globales, think tank qui regroupe des chercheurs de sept grands pays asiatiques (10), les investisseurs attendent d’être rassurés quant à la cotation à long terme des crédits carbone qu’ils tireront de leurs investissements dans des projets de développement propre. Le marché du carbone n’en est qu’à ses balbutiements, mais il devrait être conforté par la reconduction des mécanismes de Kyoto, à l’issue de la conférence de Montréal sur les changements climatiques de décembre 2005. 20° N Sources : China Statistical Yearbook 2005 ; State Environmental Protection Administration of China (SEPA) ; Journal of Arid Environment 2003 et 2004 ; Frédéric Lasserre, université de Laval, Québec : Pierre Haski, Libération, 2004 et 2005 ; China Daily, 2004 et 2005 ; Atlas of Remote Sensing Investigation on Eco-Environment in Western China, SEPA, Science Press, Pékin, 2002 ; Andreas Richter et al., « Increase in tropospheric nitrogen dioxide over China observed from space », Nature, n° 437, 1er septembre 2005. Toutefois, ce marché ne suffira pas à décarboniser l’économie chinoise, s’il ne s’inscrit pas dans des règles communes et des programmes sectoriels internationaux mobilisateurs, soutenus par les institutions financières internationales. « L’engagement des pays du Sud apparaît encore plus urgent, puisqu’ils ont devant eux l’essentiel de leurs infrastructures lourdes à construire. Les choix de production électrique et de construction des bâtiments engagent pour un demi-siècle », selon les termes du consultant Pierre Radanne. Une biodiversité endommagée Désertification Principaux déserts de sable et steppes désertiques, tempêtes de sable et de poussière, avancée des zones désertiques et dégradation des sols Déforestation Régions dans lesquelles le rythme de la déforestation s’accélère et augmente sensiblement le risque d’inondation Coupes sauvages et importations massives de bois vers la Chine pour le protocole de Kyoto. Le protocole comporte un mécanisme de développement propre, aux termes duquel les industriels des pays du Nord sont incités à venir faire des investissements de dépollution dans les pays en développement, en échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (6) Dont l’hydroélectricité, ce qui laisse en suspens la question des mégabarrages, comme celui des Trois-Gorges, sur le Yangzi. (7) Cf. Worldwatch Institute, L’Etat de la planète. Redéfinir la sécurité mondiale, Genève, 2005. (8) Le charbon est à l’origine de 67 % de la production d’énergie en Chine. (9) D’après la Commission nationale de coordination sur le changement climatique, 25 octobre 2005. (10) Institute for Global Environmental Strategies, Asian Perspectives on Climate Regime Beyond 2012, Hayama, Japon, 2005, p. 16. (11) Cette technologie consiste à capturer le carbone dans les fumées, à l’acheminer par gazoduc, puis à le réinjecter en sous-sol dans les couches géologiques d’où proviennent les gisements pétroliers et gaziers, et dans les nappes aquifères profondes. Pour l’heure, cette technologie non maîtrisée coûte cher, sans aucune garantie environnementale. Sur le projet sino-européen, www.europa.eu.int/comm/environment/climat/montreal_05.htm (12) Cf. Lester R. Brown, «Learning from China : Why the western economic model will not work for the world », Eco-Economy Update, 9 mars 2005, www.earth-policy.org/Updates/ Update46.htm Les Chinois sont les premiers à réclamer des transferts de technologie plus massifs, qui impliquent la levée de la propriété intellectuelle sur les technologies viables pour le climat, au nom du bien commun de l’humanité. « Les technologies propres, comme l’énergie éolienne, sont aux mains des industriels du Nord, nous les achetons en Europe à un prix élevé. Or on nous promet depuis des années des transferts de technologies, mais on ne voit rien venir », explique Mme Yu Jie. Les Européens semblent avoir entendu le message. Ils ont lancé le 5 septembre 2005 un partenariat eurochinois sur le changement climatique, assorti d’un budget de démarrage de 3,5 millions de livres sterling (5,5 millions d’euros), en vue d’évaluer dans un premier temps la viabilité des technologies de séquestration de carbone à proximité des centrales à charbon (11). Selon l’institut de recherche américain Earth Policy Institute, la Terre connaîtra un véritable cauchemar écologique d’ici à 2031 si l’ensemble des Chinois adoptent l’actuel mode de vie américain (12). En effet, si les Chinois utilisent proportionnellement autant de pétrole en 2031 que les Américains aujourd’hui, la Chine devra disposer de 99 millions de barils de brut par jour. La production mondiale quotidienne actuelle avoisine les 79 millions de barils. Pour le charbon, si, dans vingt-six ans, chaque Chinois en brûle autant qu’un Américain (soit 2 tonnes par an en moyenne), le pays consommera 2,8 millions de tonnes de charbon chaque année, soit plus que la production mondiale annuelle actuelle de 2,5 millions de tonnes. « Le changement climatique ne serait alors plus gérable », avertit l’institut. MANIÈRE DE VOIR Agnès Sinaï 87