EXPOSÉ XXVI SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS par M. Demazure Cet exposé étudie les sous-groupes paraboliques d’un S-groupe réductif G. Le résul- 426 tat essentiel en est le théorème de conjugaison (5.4). L’outil essentiel est la notion de position transversale de deux sous-groupes paraboliques, notion qui est étudiée systématiquement dans le n◦ 4. Un autre fait joue un rôle important : la décomposition du radical unipotent radu (P) d’un sous-groupe parabolique P en extensions successives de groupes vectoriels (2.1) (1) . Différents schémas associés à G sont étudiés dans le n◦ 3 ; le n◦ 6 traite des sous-tores déployés (2) de G et de leurs relations avec les sous-groupes paraboliques. Enfin, dans le n◦ 7, nous exposons brièvement comment se formule, sur une base semi-locale, la « théorie relative » des groupes réductifs telle qu’elle est exposés dans le cas des corps dans l’article de A. Borel et J. Tits, Groupes réductifs, Publications Mathématiques de l’IHÉS, n◦ 27. Dans cet article, cité [BT65] dans la suite, le lecteur trouvera d’ailleurs, dans le cas d’un corps de base, d’autres résultats qui n’ont pas été effleurés ici. 1. Rappels. Sous-groupes de Levi Définition 1.1. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-S-schéma en groupes de G. On dit que P est un sous-groupe parabolique de G si (i) P est lisse sur S, 427 (ii) pour chaque s ∈ S, le s-schéma quotient Gs /Ps est propre (i.e. Bible, § 6.4, th. 4 (= [Ch05], § 6.5, th. 5), Ps contient un sous-groupe de Borel de Gs ). Proposition 1.2 (Exp. XXII, 5.8.5). — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. Alors P est fermé dans G, à fibres connexes, et P = NormG (P). : Comme les sous-groupes de Levi de P forment un torseur sous radu (P) (1.9), ceci entraı̂ne, lorsque S est semi-local, que P possède un sous-groupe de Levi et donc un tore maximal (2.4). (2) N.D.E. : On a remplacé la terminologie de « tore trivial » par celle de « tore déployé ». (1) N.D.E. 280 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS De plus, le faisceau-quotient G/P est représentable par un S-schéma lisse et projectif sur S. Proposition 1.3 (Exp. XXII, 5.3.9 et 5.3.11). — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et P0 deux sous-groupes paraboliques de G. Les conditions suivantes sont équivalentes : (i) P et P0 sont conjugués dans G, localement pour la topologie étale (resp. (fpqc)). (ii) Pour chaque s ∈ S, Ps et P0s sont conjugués par un élément de G(s). (iii) Le transporteur strict TranstG (P, P0 ) de P dans P0 (défini par TranstG (P, P0 )(S0 ) = {g ∈ G(S0 ) | int(g)PS0 = P0S0 } pour tout S0 → S), est un sous-schéma fermé de G, lisse et de présentation finie sur S, qui est un fibré principal homogène à droite sous P, et à gauche sous P0 . 428 Proposition 1.4. — Soient S un schéma non vide, (G, T, M, R) un S-groupe réductif déployé, R0 une partie de R. Les conditions suivantes sur R0 sont équivalentes : L` α est l’algèbre de Lie d’un sous-groupe parabolique de G (i) gR0 = t α∈R0 g contenant T (nécessairement unique, Exp. XXII, 5.3.5). (ii) R0 est de type (R) (Exp. XXII, 5.4.2) et contient un système de racines positives. (iii) R0 est une partie close de R et vérifie : si α ∈ R − R0 , alors −α ∈ R0 (c.-à-d., R = R0 ∪ (−R0 )). (iv) Il existe un système de racines simples ∆, et une partie A de ∆ tels que R0 soit la réunion de l’ensemble des racines positives et de l’ensemble des racines négatives combinaisons linéaires des éléments de A. (v) R0 contient un système de racines simples de R ; de plus, si ∆ ⊂ R0 est un système de racines simples de R et si on pose A = (−R0 ) ∩ ∆, alors R0 est la réunion de l’ensemble des racines positives et de l’ensemble des racines négatives combinaisons linéaires des éléments de A. 429 On a (i) ⇔ (ii) par Exp. XXII, 5.4.5 (ii) et 5.5.1. On a (iii) ⇒ (ii) par Exp. XXI, 3.3.6 et Exp. XXII, 5.4.7. On a évidemment (v) ⇒ (iv) ⇒ (iii). On a (iii) ⇒ (v) par Exp. XXI, 3.3.6 et 3.3.10. Il reste donc à prouver que (i) entraı̂ne que R0 est une partie close de R. Or cette dernière assertion peut se vérifier sur une fibre géométrique quelconque ; on peut donc supposer que S est le spectre d’un corps algébriquement clos. Soit P le sous-groupe parabolique de G contenant T dont l’algèbre de Lie est gR0 . Comme les sous-groupes de Borel de P sont les sous-groupes de Borel de G contenus dans P, il résulte de Bible, § 12.3, th. 1, et de Exp. XXII, 5.4.5 (i), que si on note U le radical unipotent de P, alors T · U est le sous-groupe de G contenant T d’algèbre de Lie a gR00 = t ⊕ gα , α∈R00 1. RAPPELS. SOUS-GROUPES DE LEVI 281 où R00 est l’intersection des systèmes de racines positives de R contenus dans R0 . Il en résulte en particulier que R00 est close et que R00 ∩ (−R00 ) = ∅. D’autre part, le groupe H = P/U est réductif, l’image canonique T de T en est un tore maximal (T → T est un isomorphisme), et on a un isomorphisme de T-modules, i.e. d’espaces vectoriels gradués de type M L a α Lie(H) ' t g , α∈Rs 00 0 où Rs est le complémentaire de R dans R . Il s’ensuit que Rs s’identifie naturellement à l’ensemble des racines de H relativement à T, et en particulier vérifie Rs = −Rs . Il s’ensuit aussitôt que l’on a R00 = {α ∈ R0 , − α 6∈ R0 }, Rs = {α ∈ R0 , − α ∈ R0 }. Montrons maintenant que R0 est clos. Soient α, β ∈ R0 tels que α + β ∈ R ; prouvons que α + β ∈ R0 . Si α, β ∈ R00 , alors α + β ∈ R00 car R00 est clos. Si α ∈ Rs , β ∈ R00 , et si α + β 6∈ R0 , alors α + β ∈ −R00 , et on a −α = −(α + β) + β ∈ R00 car R00 est clos, ce qui entraı̂ne −α ∈ R0 , donc −α ∈ Rs , et contredit le fait que Rs ∩ R00 = ∅. Il reste donc à étudier le cas où α, β ∈ Rs . Si α + β 6∈ R0 , alors α + β ∈ −R00 . Mais, comme α + β 6= 0, il existe un système de racines positives du système de racines Rs contenant α et β, donc un sous-groupe de Borel de H = P/U contenant l’image canonique de Uα et Uβ . Son image inverse dans P est un sous-groupe de Borel contenant Uα , Uβ et U, donc Uα , Uβ et U−(α+β) , ce qui est impossible. Corollaire 1.5. — Un sous-groupe parabolique d’un groupe réductif est de type (RC) 430 (Exp. XXII, 5.11.1). Proposition 1.6 (Exp. XXII, 5.11.4). — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe de type (RC) (3) de G. (i) P possède un plus grand sous-schéma en groupes invariant, lisse et de présentation finie sur S, à fibres géométriques connexes et unipotentes. C’est un sous-groupe caractéristique de P, appelé le radical unipotent de P, noté radu (P). Le faisceauquotient P/ radu (P) est représentable par un S-groupe réductif. (ii) Si T est un tore maximal de P, P possède un sous-groupe réductif L contenant T, tel que : (a) Tout sous-groupe réductif de P contenant T est contenu dans L. (b) P est le produit semi-direct L · radu (P), i.e. le morphisme canonique L → P/ radu (P) est un isomorphisme. De plus, L est l’unique sous-groupe (resp. sous-groupe réductif ) de P, contenant T et vérifiant (b) (resp. (a)). Enfin, on a NormP (L) = L, (3) N.D.E. NormP (T) = NormL (T). : On a remplacé « sous-groupe parabolique » par « sous-groupe de type (RC) », comme dans Exp. XXII, 5.11.4, car il sera utile plus loin (4.5.1, 6.17) de pouvoir appliquer cet énoncé à P ∩ P0 , lorsque P, P0 sont deux sous-groupes paraboliques tels que P ∩ P0 soit de type (RC). 282 431 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 1.7. Un sous-groupe L de P vérifiant la condition (b) ci-dessus est appelé un sousgroupe de Levi de P. C’est un sous-groupe réductif maximal de P ; en effet, il est réductif, car isomorphe à P/ radu (P), montrons qu’il est maximal pour cette propriété ; soit L0 un sous-groupe réductif de P contenant L ; pour prouver que L0 = L, on peut raisonner localement pour la topologie (fpqc), et donc supposer que L possède un tore maximal T, et on est ramené à 1.6 (ii). Si L et L0 sont deux sous-groupes de Levi de P, L et L0 sont conjugués dans P, localement pour la topologie (fpqc). En effet, localement pour cette topologie, on peut supposer que L (resp. L0 ) possède un tore maximal T (resp. T0 ) ; comme T et T0 sont conjugués dans P localement pour la topologie (fpqc), on peut supposer T = T0 , et on a alors L = L0 , par 1.6 (ii). Mais comme P = L · radu (P) et NormP (L) = L, on en déduit aussitôt : Corollaire 1.8. — Soit P un sous-groupe de type (RC) (4) du S-groupe réductif G. Si L et L0 sont deux sous-groupes de Levi de P, il existe un unique u ∈ radu (P)(S) tel que int(u)L = L0 . Notons Lev(P) le foncteur des sous-groupes de Levi de P : pour S0 → S, Lev(P)(S0 ) est l’ensemble des sous-groupes de Levi de PS0 . On déduit de 1.8 : Corollaire 1.9. — Soit P un sous-groupe de type (RC) (4) du S-groupe réductif G. Alors Lev(P) est un fibré principal homogène sous le S-groupe radu (P), et en particulier est représentable par un S-schéma lisse et affine sur S, à fibres géométriques intègres. Il résulte immédiatement de 1.6 : Corollaire 1.10. — Soit P un sous-groupe de type (RC) (4) du S-groupe réductif G. Le foncteur Tor(P) des tores maximaux de P est représentable par un S-schéma lisse et affine, la « relation L ⊃ T » définit un morphisme Tor(P) −→ Lev(P), la fibre de ce morphisme au-dessus de L ∈ Lev(P)(S) s’identifie à Tor(L) (Exp. XXII, 5.8.3). La première assertion de 1.10 est conséquence des deux autres et de Exp. XXII, 5.8.3. 432 Définition 1.11. — Soient S un schéma non vide, G un S-groupe réductif, P un sousgroupe parabolique de G, E = (T, M, R, ∆, (Xα )α∈∆ ) un épinglage de G. On dit que E est adapté à P, ou que E est un ` épinglage du couple (G, P) si P ⊃ T et si l’algèbre de Lie de P est de la forme t ⊕ α∈R0 gα , où R0 est une partie de R contenant R+ . En particulier, si T ⊂ B est le couple de Killing défini par l’épinglage, on a T ⊂ B ⊂ P. Sous les conditions précédentes, on note ∆(P) = ∆ ∩ (−R0 ) ; alors, par Exp. XXII, 5.4.3, on a : α ∈ ∆(P) (4) N.D.E. ⇐⇒ : cf. la N.D.E. (3). α ∈ ∆ et U−α ⊂ P ⇐⇒ α ∈ ∆ et U−α ∩ P 6= e. 1. RAPPELS. SOUS-GROUPES DE LEVI 283 Il résulte aussitôt de 1.4 (v) et Exp. XXII, 5.11.3 et 5.10.6 : Proposition 1.12. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, (T, M, R, ∆, (Xα )α∈∆ ) un épinglage de G adapté à P, ∆(P) la partie de ∆ définie ci-dessus. (i) Le radical unipotent radu (P) de P n’est autre que Y Uα , UR00 = α∈R00 00 où R est l’ensemble des racines positives qui dans leur décomposition sur ∆, contiennent au moins un élément de ∆ − ∆(P) (5) avec un coefficient non nul. (ii) L’unique sous-groupe de Levi L de P contenant T n’est autre que où T∆(P) Z∆(P) = CentrG (T∆(P) ), T est le tore maximal de α∈∆(P) Ker(α) ; de plus on a T∆(P) = rad(L). Corollaire 1.13. — Tout sous-groupe de Levi L du sous-groupe parabolique P du groupe 433 réductif G est un sous-groupe critique de G, i.e. vérifie (Exp. XXII, 5.10.4) : L = CentrG (rad(L)). Cela résulte aussitôt de 1.12 et du lemme suivant, contenu dans 1.4 et Exp. XXII, 5.4.1 : Lemme 1.14. — Localement pour la topologie étale, tout couple (G, P), où P est un sous-groupe parabolique du groupe réductif G, peut être épinglé (1.11). Notons : Proposition 1.15. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, E et E 0 deux épinglages de G adaptés à P. L’ unique automorphisme intérieur de G sur S qui transforme E en E 0 (Exp. XXIV, 1.5) provient de P, par le morphisme P −→ P/ Centr(P) = P/ Centr(G) −→ G/ Centr(G). En effet, il suffit de raisonner comme dans Exp. XXIV, 1.5, en utilisant : Lemme 1.16 (Exp. XXII, 5.3.14 et 5.2.6). — Les tores maximaux (resp. sous-groupes de Borel, resp. couples de Killing) d’un sous-groupe parabolique P du S-groupe réductif G sont conjugués dans P, localement pour la topologie étale. Proposition 1.17. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et P0 deux sousgroupes paraboliques de G, B un sous-groupe de Borel contenu dans P et P0 . Si P et P0 sont conjugués dans G, localement pour la topologie étale, alors P = P0 . En effet, on peut supposer qu’il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P = P0 . Alors B et 434 (5) N.D.E. : On a corrigé ∆(P) en ∆ − ∆(P). 284 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS int(g)−1 B sont deux sous-groupes de Borel de P. Quitte à étendre S, on peut par 1.16, supposer qu’il existe p ∈ P(S) tel que int(p) int(g −1 )B = B. Alors p g −1 ∈ NormG (B)(S) = B(S), et g ∈ B(S) · p ⊂ P(S), donc P0 = int(g)P = P. Remarque 1.18. — Si P et P0 sont deux sous-groupes paraboliques de G contenant un même sous-groupe de Borel, alors P ∩ P0 est encore un sous-groupe parabolique de G. En effet, il est lisse le long de la section unité (Exp. XXII, 5.4.5), et il contient un sous-groupe de Borel. Proposition 1.19. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, G0 son groupe dérivé (Exp. XXII, 6.2.1). (i) Les applications P 7→ P0 = P ∩ G0 et P 7→ P0 · rad(G) = NormG (P0 ) sont des bijections réciproques l’une de l’autre entre l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G et l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G0 . On a radu (P) = radu (P0 ). (ii) Soient P un sous-groupe parabolique de G et P0 = P ∩ G0 . Les applications L 7→ L0 = L ∩ G0 = L ∩ P0 L0 7→ L0 · rad(G) = CentrG (rad(L0 )) sont des bijections réciproques l’une de l’autre entre l’ensemble des sous-groupes de Levi de P et l’ensemble des sous-groupes de Levi de P0 . De plus, on a rad(L0 ) = (rad(L) ∩ G0 )0 . 435 La démonstration (par réduction au cas déployé, par exemple) se fait sans difficulté et est laissée au lecteur, ainsi que celle, immédiate de : Proposition 1.20. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, L un sous-groupe de Levi de P. Les applications Q 7→ Q ∩ L = Q0 , Q0 7→ Q0 · radu (P) sont des bijections réciproques l’une de l’autre entre l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G contenus dans P et l’ensemble des sous-groupes paraboliques de L. De plus, les sous-groupes de Levi de Q0 sont les sous-groupes de Levi de Q contenus dans L. On peut compléter 1.6 de la manière suivante : Proposition 1.21. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. (i) P possède un plus grand sous-groupe invariant, lisse et de présentation finie sur S, à fibres géométriques connexes et résolubles. C’est un sous-groupe caractéristique de P, appelé le radical de P, et noté rad(P). Le faisceau-quotient P/ rad(P) est représentable par un S-groupe semi-simple. 2. STRUCTURE DU RADICAL UNIPOTENT D’UN SOUS-GROUPE PARABOLIQUE 285 (ii) Si L est un sous-groupe de Levi de P, rad(P) est le produit semi-direct de radu (P) et de rad(L) ; on a rad(L) = L ∩ rad(P), donc L = CentrG (L ∩ rad(P)), et P/ rad(P) ' L/ rad(L). En effet, l’assertion (i) étant locale, on peut supposer que G possède un sous-groupe de Levi L, et on est ramené à prouver que R = radu (P) · rad(L) possède les propriétés annoncées dans (i), ce qui est immédiat. Pour (ii), il ne reste plus qu’à démontrer que 436 rad(L) = L ∩ rad(P), ce qui résulte aussitôt du fait que L ∩ rad(P) est lisse et à fibres connexes, L étant le centralisateur d’un tore. 2. Structure du radical unipotent d’un sous-groupe parabolique Proposition 2.1. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, radu (P) son radical unipotent. Il existe une suite de sous-schémas en groupes de radu (P) radu (P) = U0 ⊃ U1 ⊃ U2 ⊃ · · · ⊃ Un ⊃ · · · possédant les propriétés suivantes : (i) Chaque Ui est lisse, à fibres connexes, caractéristique et fermé dans P. Le commutateur d’une section de Ui et d’une section de Uj est une section de Ui+j+1 (sur un S0 → S variable). (ii) Pour chaque i > 0, il existe un OS -module localement libre Ei et un isomorphisme de S-faisceaux en groupes ∼ Ui /Ui+1 −→ W(Ei ). De plus, les automorphismes de P (sur un S0 → S variable) opèrent linéairement sur W(Ei ). (iii) Pour tout s ∈ S, on a Un, s = e pour n > dim(radu (P)s ). 2.1.1. — Supposons d’abord le couple (G, P) épinglable. Soit (T, M, R, ∆, . . .) un épinglage de G adapté à P ; soit ∆(P) la partie de ∆ définie par P. Soient α1 , . . . , αp les 437 éléments de ∆(P), β1 , . . . , βq les éléments de ∆ − ∆(P). Toute racine γ ∈ R s’écrit de manière unique γ = a1 α1 + · · · + ap αp + b1 β1 + · · · + bq βq . Posons a(γ) = b1 + · · · + bq . (6) Il résulte aussitôt des définitions les propriétés suivantes (cf. 1.12) : (i) Uγ ⊂ P ⇔ a(γ) > 0. (ii) Uγ ⊂ radu (P) ⇔ a(γ) > 0. (iii) a(nγ + mγ 0 ) = n a(γ) + m a(γ 0 ) pour tout n, m ∈ Z. (6) N.D.E. : On a corrigé a1 + · · · + ap en b1 + · · · + bq . 286 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Pour i > 0, soit Ri l’ensemble des racines γ ∈ R telles que a(γ) > i. Chaque Ri est un ensemble clos de racines vérifiant Ri ∩ (−Ri ) = ∅. Considérons (Exp. XXII, 5.6.5) le S-groupe Y Ui = URi = Uγ . γ∈Ri C’est un sous-schéma en groupes fermé de G, lisse sur S, à fibres connexes. Soient α, β ∈ R, considérons la relation de commutation de Exp. XXII, 5.5.2 Y pα (x)pβ (y)pα (−x) = pβ (y) pnα+mβ (Cn,m,α,β xn y m ), n,m∈N∗ 438 ∼ où chaque pγ est un isomorphisme de groupes vectoriels Ga, S −→ Uγ . Remarquons d’abord que si a(α) > i et a(β) > j, on a a(nα + mβ) = n a(α) + m a(β) > n(i + 1) + m(j + 1) > i + j + 1 lorsque n et m sont > 0. Il s’ensuit que le commutateur d’une section de Uα et d’une section de Uβ est une section de Ui+j+1 (sur un S0 → S variable), ce qui entraı̂ne bien (Ui , Uj ) ⊂ Ui+j+1 . Pour chaque i > 0, le quotient Ui /Ui+1 est donc commutatif, il s’identifie naturellement à Y Ui /Ui+1 ' Uγ ' W(Ei ), a(γ)=i+1 γ où Ei est la somme directe des g pour a(γ) = i + 1. Revenons à la formule de commutation ci-dessus, et supposons a(α) > 0, a(β) > i. Si n, m ∈ N∗ , – ou bien a(nα + mβ) > i + 1 – ou bien a(nα + mβ) = i + 1, auquel cas on a nécessairement m = 1. Cela prouve d’abord que int(pα (x)) respecte Ui (donc aussi Ui+1 ), puis que dans l’expression de int(pα (x))pβ (y) n’interviennent modulo Ui+1 que des termes de la forme pnα+β (Cn,1,α,β xn y) qui sont donc linéaires en y. Il s’ensuit que les automorphismes intérieurs définis par des sections de Uα opèrent linéairement dans le quotient Ui /Ui+1 identifié à W(Ei ). Comme c’est également trivialement vrai pour les automorphismes intérieurs définis par des sections de T, et que P est engendré par T et les Uα , a(α) > 0, on en déduit que : (i) chaque Ui est invariant dans P, (ii) les automorphismes intérieurs définis par des sections de P opèrent linéairement dans Ui /Ui+1 ' W(Ei ). 439 2.1.2. — Soit maintenant (T0 , M0 , R0 , ∆0 , . . .) un nouvel épinglage de G adapté à P. En vertu de 1.15, il existe un automorphisme intérieur de G provenant de P transformant l’ancien épinglage en le nouveau. Quitte à étendre S, on peut supposer que cet automorphisme intérieur est de la forme int(p), p ∈ P(S). Si l’on reprend les constructions précédentes à l’aide du nouvel épinglage, il est clair que les groupes U0i et les isomorphismes U0i /U0i+1 ' W(Ei0 ) obtenus se déduisent de Ui et Ui /Ui+1 ' W(Ei ) par transport de structure à l’aide de int(p). Il résulte des remarques (i) et (ii) ci-dessus 2. STRUCTURE DU RADICAL UNIPOTENT D’UN SOUS-GROUPE PARABOLIQUE 287 que l’on aura donc U0i = Ui , et que les deux structures vectorielles construites sur Ui /Ui+1 = U0i /U0i+1 coı̈ncident. Cela nous montre que les groupes Ui et les structures vectorielles sur les quotients Ui /Ui+1 sont indépendants de l’épinglage considéré (et en particulier invariants par tout automorphisme de P, comme on le voit aisément). On a donc démontré la proposition lorsque le couple (G, P) est épinglable (la partie (iii) est triviale, car d’après Exp. XXI 3.1.2, l’ensemble {a(γ) | γ ∈ R} est un intervalle de Z, donc on ne peut avoir dim(Ui, s ) = dim(Ui+1, s ) que si Ui, s = e). 2.1.3. — Dans le cas général, il existe une famille couvrante pour la topologie (fpqc), {Sj → S}, telle que chaque couple (GSj , PSj ) soit épinglable (1.14). En vertu de ce qui précède, on a des données de descente sur les radu (PSj )i , compatibles avec les structures vectorielles des quotients, et on conclut par descente des sous-schémas fermés (resp. des modules localement libres). (7) Corollaire 2.2. — Soient S un schéma affine, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. On a H1 (S, radu (P)) = 0, i.e. tout fibré principal homogène sous radu (P) est trivial. En effet, S se décompose en somme de sous-schémas sur chacun desquels radu (P) 440 est de dimension relative constante. On peut donc par (iii) supposer qu’il existe un n tel que Un = e. Comme H1 (S, Ui /Ui+1 ) = H1 (S, W(Ei )) = 0 par TDTE I, B, 1.1 (ou SGA 1, XI 5.1), on conclut aussitôt. Corollaire 2.3. — Sous les conditions précédentes, P possède un sous-groupe de Levi L. Si L est un sous-groupe de Levi de P, l’application canonique H1 (S, L) −→ H1 (S, P) est bijective (cf. l’introduction de Exp. XXIV pour la définition de H1 (S, )). La première assertion résulte de 2.2 et 1.9. L’application canonique H1 (S, L) → H (S, P) est surjective, car P est le produit semi-direct L · radu (P). Pour prouver qu’elle est injective, il suffit de voir que pour tout fibré principal homogène Q sous L, on a H1 (S, radu (P)Q ) = 0, où l’indice Q désigne l’opération de torsion par le L-fibré Q. Ceci peut se prouver de deux manières : on peut reprendre la démonstration de 2.2, en utilisant le fait que les structures vectorielles sur les Ui /Ui+1 sont invariantes par L ; on peut aussi remarquer que radu (P)Q s’identifie au radical unipotent du sous-groupe parabolique PQ de GQ , et appliquer 2.2 à PQ . 1 Corollaire 2.4. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P un sousgroupe parabolique de G. Il existe un tore maximal T de G contenu dans P. En effet, vu 2.3, P possède un sous-groupe de Levi L, et il suffit de prouver que L possède un tore maximal, ce qui résulte de Exp. XIV, 3.20. (7) N.D.E. : cf. SGA 1, VIII 1.3, 1.9 et 1.10. 288 441 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Corollaire 2.5. — Soient S un schéma affine, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. Il existe un OS -module localement libre E tel que radu (P) soit isomorphe comme S-schéma à W(E ). En effet, prouvons par récurrence sur i, que l’on a un isomorphisme de S-schémas radu (P)/Ui ' W(E0 ⊕ E1 ⊕ · · · ⊕ Ei−1 ). C’est clair pour i = 0. Supposons i > 0, alors radu (P)/Ui est un fibré principal homogène de base radu (P)/Ui−1 , sous le groupe (Ui−1 /Ui )radu (P)/Ui−1 ' W(Ei−1 ⊗ Oradu (P)/Ui−1 ). Or la base est affine (par exemple par l’hypothèse de récurrence), donc ce fibré est trivial (TDTE I ou SGA 1 XI, loc. cit.), et il existe un isomorphisme de S-schémas radu (P)/Ui ' (radu (P)/Ui−1 ) ×S (Ui−1 /Ui ), ce qui achève la démonstration. Corollaire 2.6. — Soient S un schéma semi-local, {si } l’ensemble de ses points fermés, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. L’application canonique Y radu (P)(S) −→ radu (P)(Spec κ(si )) i est surjective. En effet, si S = Spec(A), κ(si ) = A/pi , et si E est donné par le module projectif (donc plat) E, il nous faut prouver que l’application Y E −→ E ⊗A A/pi i est surjective. Il suffit de le faire lorsque E = A, auquel cas c’est bien connu (cf. Bourbaki, Alg. Comm. Chap. II, § 1, n◦ 2, proposition 5). 442 Corollaire 2.7. — Soient k un corps infini, G un k-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G ; alors radu (P)(k) est dense dans radu (P). Corollaire 2.8. — Soient S un schéma semi-local, {si } l’ensemble de ses points fermés, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, et Li un sous-groupe de Levi de Psi pour chaque i. Il existe un sous-groupe de Levi L de P induisant Li pour chaque i. Soit en effet L0 un sous-groupe de Levi de P (2.3). Soit, pour chaque i, ui ∈ radu (P)(Spec(κ(si ))) tel que int(ui )L0, si = Li (1.8) ; si u ∈ radu (P)(S) induit ui pour chaque i (2.6), alors L = int(u)L0 répond à la question. Corollaire 2.9. — Dans la situation de 2.1, soit de plus H un sous-schéma en groupes de G, lisse et de présentation finie sur S, à fibres connexes, tel que P ∩ H contienne localement pour la topologie (fpqc) un tore maximal de G. Alors pour chaque i > 0, il existe un sous-module localement facteur direct Fi de Ei tel que l’isomorphisme ∼ Ui /Ui+1 −→ W(Ei ) induise un isomorphisme de groupes ∼ (Ui ∩ H)/(Ui+1 ∩ H) −→ W(Fi ). 3. SCHÉMA DES SOUS-GROUPES PARABOLIQUES D’UN GROUPE RÉDUCTIF 289 En effet, H est un sous-groupe de type (R) de G (Exp. XXII, 5.2.1). D’autre part, l’assertion à démontrer est locale pour la topologie (fpqc), et on peut supposer G déployé relativement à un tore maximal de P ∩ H ; on peut même se ramener dans la situation de 2.1.1, H étant défini par une partie R0 de R. Q Reprenant les notations de loc. cit., on voit par Exp. XXII, 5.6.7 (ii) que U i ∩H = α∈Ri ∩R0 Uα , donc que Q (Ui ∩ H)/(Ui+1 ∩ H) s’identifie à α∈R0 ,a(α)=i+1 Uα , ce qui entraı̂ne le résultat. Corollaire 2.10. — Dans la situation de 2.9, les conclusions de 2.2, 2.5, 2.6, 2.7 sont 443 également valables en remplaçant radu (P) par radu (P) ∩ H. Corollaire 2.11. — (8) Soient G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique, H un sous-groupe de type (RC) de P tel que radu (H) = radu (P) ∩ H. Alors les énoncés 2.2 à 2.8 sont également valables en remplaçant P par H. 3. Schéma des sous-groupes paraboliques d’un groupe réductif 3.1. Soit E un S-schéma constant tordu fini (Exp. X, 5.1). Considérons le S-foncteur Of(E), où Of(E)(S0 ) est l’ensemble des sous-schémas ouverts et fermés de ES0 (ou, ce qui revient au même, l’ensemble des parties ouvertes et fermées de ES0 ) ; alors Of(E) est représentable par un S-schéma constant tordu fini. En effet, si E = AS , où A est un ensemble fini, on a aussitôt Of(E) ' P(A)S (où P(A) désigne l’ensemble des parties de A), et on conclut par descente des sous-schémas ouverts et fermés. On a évidemment : Of(ES0 ) = Of(E)S0 , Of(E × E0 ) = Of(E) × Of(E0 ). S S 3.2. Soient S un schéma, G un S-groupe réductif. Le foncteur Par(G) des sousgroupes paraboliques de G est défini par Par(G)(S0 ) = ensemble des sous-groupes paraboliques de GS0 . En particulier G ∈ Par(G)(S), Bor(G) ⊂ Par(G). Nous nous proposons de définir un morphisme t : Par(G) −→ Of(Dyn(G)) possédant les propriétés suivantes : (i) t est fonctoriel en G (par rapport aux isomorphismes) et commute à l’extension de la base. (ii) Si (T, M, R, ∆, . . .) est un épinglage de G adapté au sous-groupe parabolique P (1.11), l’isomorphisme canonique Dyn(G) ' ∆S (Exp. XXIV, 3.4 (iii)) transforme t(P) en ∆(P)S (notations de 1.11, 1.12). Soit d’abord P un sous-groupe parabolique de G et (T, M, R, ∆, . . .) un épinglage 444 de G adapté à P. On définit t(P) par (ii) ; le sous-schéma t(P) de Dyn(G) ainsi construit est indépendant de l’épinglage choisi. En effet, si (T0 , M0 , R0 , ∆0 , . . .) est un autre épinglage de G adapté à P, l’unique automorphisme intérieur de G transformant (8) N.D.E. : On a ajouté le corollaire 2.11, qui sera utilisé en 4.5.1 et 6.17. 290 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS le premier épinglage en le second provient de P (1.15) ; l’isomorphisme canonique ∼ ∆ −→ ∆0 transforme donc ∆(P) en ∆0 (P), ce qui entraı̂ne le résultat annoncé. Si maintenant on ne suppose plus nécessairement (G, P) épinglable, il résulte aussitôt de 1.14 et de la définition de Dyn(G) (Exp. XXIV, 3.3) que l’on peut définir par descente un sous-schéma ouvert et fermé t(P) de Dyn(G), unique, tel que pour tout S0 → S tel que (G, P)S0 soit épinglable, on ait t(P)S0 = t(PS0 ). Théorème 3.3. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, t : Par(G) −→ Of(Dyn(G)) le morphisme défini ci-dessus. (i) Pour que deux sous-groupes paraboliques P et P0 de G soient conjugués localement pour la topologie (fpqc) (cf. 1.3), il faut et il suffit que t(P) = t(P0 ). (ii) Par(G) est représentable, et le morphisme t est lisse, projectif, à fibres géométriques intègres. 445 En vertu de 3.2 (i), et du fait que les automorphismes intérieurs de G opèrent trivialement sur Dyn(G) (Exp. XXIV, 3.4 (iv)), on a bien t(P) = t(P0 ) lorsque P et P0 sont conjugués. Réciproquement, soient P et P0 deux sous-groupes paraboliques de G tels que t(P) = t(P0 ) ; prouvons que P et P0 sont conjugués dans G, localement pour la topologie (fpqc) ; on peut d’abord supposer les couples (G, P) et (G, P0 ) épinglables (1.14) ; par conjugaison des épinglages dans G (Exp. XXIV, 1.5), on peut supposer qu’il existe un épinglage (T, M, R, ∆) de G adapté à P et P0 . Alors t(P) = t(P0 ) implique ∆(P) = ∆(P0 ), donc P = P0 (cf. 1.4 (v)). On a donc prouvé (i). Pour démontrer (ii), reprenons les notations de Exp. XXII, 5.11.5. (9) On a un morphisme canonique Par(G) → Hc , et il est clair (par exemple par réduction au cas épinglé) qu’il se place dans un carré cartésien (où les flèches verticales sont des monomorphismes) Par(G) Ä_ ² Hc t c` / Of(Dyn(G)) Ä_ ² / C`c . Or (loc. cit.) Hc est représentable et le morphisme c` est lisse, quasi-projectif, de présentation finie, à fibres géométriques intègres, donc il en est de même de t. Il reste à prouver que t est propre ; mais c’est maintenant une assertion locale pour la topologie (fpqc), et on peut se ramener au cas épinglé G = (G, T, M, R, ∆, . . .). On a alors Dyn(G) ' ∆S , et il suffit de prouver que pour toute partie ∆1 de ∆, le S-schéma t−1 ((∆1 )S ) est propre sur S. Or si P1 est le sous-groupe parabolique de G contenant T tel que ∆(P1 ) = ∆1 , il résulte de (i) que le morphisme G → Par(G) (9) N.D.E. : On rappelle (cf. loc. cit.) que Hc = Hc (G) désigne le foncteur des sous-groupes de G de type (RC), C`c = C`c (G) le foncteur des « classes de conjugaison » de tels sous-groupes, et que c` : Hc → C`c est la projection canonique. 3. SCHÉMA DES SOUS-GROUPES PARABOLIQUES D’UN GROUPE RÉDUCTIF 291 défini ensemblistement par g 7→ int(g)P1 induit un isomorphisme de G/ NormG (P1 ) sur t−1 ((∆1 )S ). Or, d’après 1.2, G/ NormG (P1 ) = G/P1 est projectif sur S. Définition 3.4. — Of(Dyn(G)) est appelé le schéma des types de paraboliques de G ; t(P) est appelé le type de P. Corollaire 3.5. — Le S-foncteur Par(G) est représentable par un S-schéma lisse et projectif sur S. La décomposition Par(G) −→ Of(Dyn(G)) −→ S est la factorisation de Stein (EGA III, 4.3.3) du morphisme structural Par(G) → S. 446 Corollaire 3.6. — Pour chaque t ∈ Of(Dyn(G))(S), le S-schéma Part (G) = t−1 (t) des sous-groupes paraboliques de G de type t est lisse et projectif sur S, homogène sous G. Si P est un sous-groupe parabolique de G, on a un isomorphisme canonique ∼ ∼ G/P −→ Part(P) (G). On a Par∅ (G) = Bor(G), ParDyn(G) (G) −→ S. Remarque 3.7. — Le S-schéma Of(Dyn(G)) est muni d’une structure d’ordre naturelle (relation de domination, ici d’inclusion ensembliste, entre sous-schémas). Cette structure d’ordre est réticulée, en particulier la borne inférieure de deux sous-schémas ouverts et fermés de Dyn(G)S0 est évidemment leur intersection. Remarquons d’ailleurs que si B est un sous-groupe de Borel de G, on peut définir le foncteur X des sousgroupes paraboliques de G contenant B. Le morphisme X → Of(Dyn(G)) induit par t est un isomorphisme (pour la structure de « schéma ordonné » ), en vertu de l’assertion P ⊂ Q ⇒ t(P) ⊂ t(Q) et de : Lemme 3.8. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, t0 une section de Of(Dyn(G)) sur S, telle que t(P) ⊂ t0 . Il existe un unique sous-groupe parabolique P0 de G, contenant P, et tel que t(P0 ) = t0 . Quitte à étendre la base, on peut supposer que P contient un sous-groupe de Borel B de G. L’unicité de P0 résulte alors de 1.17. Pour démontrer l’existence, on peut se placer dans le cas déployé, auquel cas l’assertion est évidente, cf. n◦ 1. Remarques 3.8.1. — (i) L’assertion analogue à 3.8 obtenue en renversant les inclusions est évidemment fausse. Elle entraı̂nerait par exemple que tout groupe de type A1 possède un sous-groupe de Borel, ce qui n’est pas, cf. Exp. XX, n◦ 5. (ii) Il résulte aussitôt de ce qui précède que t(P) ⊂ t(Q) signifie que localement pour (fpqc) ou (ét), P est conjugué à un sous-groupe de Q (il suffit d’ailleurs de vérifier l’assertion sur les fibres géométriques). De plus, on verra au n◦ 5 que l’on peut remplacer la topologie étale par la topologie de Zariski. 447 292 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 3.9. Les discussions précédentes peuvent se reprendre dans le cas des sous-groupes critiques. Rappelons (Exp. XXII, 5.10.4 et 5.10.5) qu’un sous-groupe réductif H du groupe réductif G est critique si H = CentrG (rad(H)), qu’un sous-tore Q de G est un tore C-critique si Q = rad(CentrG (Q)) et que sous-groupes critiques et tores C-critiques (10) sont en correspondance biunivoque (par H 7→ rad(H) et Q 7→ CentrG (Q)). Si (G, T, M, R) est un S-groupe déployé, le sous-groupe de G contenant T correspondant à la partie R0 de R (Exp. XXII, 5.4.2) est critique si et seulement si R0 est « vectorielle » (c’est-à-dire intersection de R avec un sous-espace vectoriel de M ⊗ Q), cf. Exp. XXII, 5.10.6. Si G est un S-groupe réductif quelconque, on définira comme dans Exp. XXII, 5.11.5, un S-schéma étale fini C`crit , qui dans le cas déployé sera le schéma constant associé à l’ensemble des parties vectorielles de R modulo l’action du groupe de Weyl. Si Crit(G) désigne le « foncteur des sous-groupes critiques » de G, on aura un morphisme c` canonique Crit(G) −→ C`crit , qui se placera dans un diagramme cartésien Crit(G) Ä_ ² Hc 448 c` c` (11) / C`crit Ä_ ² / C`c . Proposition 3.10. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, Crit(G) le foncteur de ses sous-groupes critiques, C`crit et c` : Crit(G) → C`crit le S-schéma étale fini et le morphisme définis ci-dessus. (i) Pour que les sous-groupes critiques H et H0 de G soient conjugués (localement pour la topologie (fpqc), il faut et il suffit que c`(H) = c`(H0 ). (ii) Crit(G) est représentable et le morphisme c` est lisse, affine, à fibres géométriques intègres. Cela se démontre comme 3.3 excepté l’assertion « c` est affine ». Il suffit de prouver que Crit(G) est affine sur S. Or Crit(G) s’identifie naturellement au S-foncteur des tores critiques de G, et on a donc un monomorphisme canonique Crit(G) −→ M où M est le schéma des sous-groupes de type multiplicatif de G (Exp. XI, 4.1). Pour prouver que Crit(G) est affine sur S, il suffit, en vertu de Exp. XII 5.3 de montrer que ce morphisme est une immersion ouverte et fermée, où encore en faisant le changement de base M → S, de prouver l’assertion suivante : si Q est un sous-groupe de type multiplicatif du groupe réductif G, les S0 → S tels que QS0 soit un tore critique de GS0 sont ceux qui se factorisent par un certain sous-schéma ouvert et fermé de S. Or dire que Q est un tore critique, c’est dire : (10) N.D.E. : On a remplacé ici « tore critique » par « tore C-critique », cf. loc. cit. Dans la suite, on écrira simplement « tore critique » au lieu de « tore C-critique ». (11) N.D.E. : cf. 3.3, N.D.E. (9) pour les notations H et C` . c c 3. SCHÉMA DES SOUS-GROUPES PARABOLIQUES D’UN GROUPE RÉDUCTIF 293 (1) que Q est un tore, (2) Q étant un tore, que rad(CentrG (Q)), qui est aussi un tore, est de même dimension relative que Q. Or ces deux conditions sont bien du type envisagé. Corollaire 3.11. — Le S-foncteur Crit(G) est représentable par un S-schéma lisse et 449 affine sur S. Corollaire 3.12. — Soit H un sous-groupe critique du S-groupe réductif G. Alors G/ NormG (H) et G/H sont représentables par des S-schémas affines et lisses sur S. La première assertion résulte de 3.11, la seconde de la première et de Exp. XXII, 5.10.2. Corollaire 3.13. — Soit Q un sous-tore du S-groupe réductif G. Alors G/ CentrG (Q) est représentable par un S-schéma lisse et affine sur S. Il en est de même de G/ NormG (Q) si Q est un sous-tore critique de G. En effet, H = CentrG (Q) est critique (Exp. XXII, 5.10.5), et on a NormG (H) = NormG (Q) si Q est critique (loc. cit. 5.10.8). 3.14. En vertu de la conjugaison des sous-groupes de Levi des sous-groupes paraboliques de G, il existe un morphisme unique u : Of(Dyn(G)) −→ C`crit tel que pour tout sous-groupe parabolique P de G, et tout sous-groupe de Levi L de P, on ait c`(L) = u(t(P)), et que ceci soit vrai après tout changement de base. 3.15. Soient S un schéma, G un S-groupe réductif. Considérons les S-foncteurs : (12) PL(S0 ) = {couples P ⊃ L, P parabolique de GS0 , L sous-groupe de Levi de P}; PT(S0 ) = {couples P ⊃ T, P parabolique de GS0 , T tore maximal de P}; CT(S0 ) = {couples C ⊃ T, C sous-groupe critique de GS0 , T tore maximal de C}; PLT(S0 ) = {triplets P ⊃ L ⊃ T, (P, T) ∈ PT(S0 ), L sous-groupe de Levi de P} On a des morphismes évidents entre ces foncteurs et les foncteurs Par(G), Crit(G), 450 Tor(G) déjà introduits, et on a un diagramme commutatif en forme de cube tronqué (voir la figure suivante) : (12) N.D.E. : On a changé LT en CT. 294 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Crit(G) o o jj CT j j j jjjj ajjjj j j j jjjj (aff.) k (ét.) ju jjj f (ét.) g (ét.) PLT | | | b || | | (aff.) || |~ | o e (isom.) PL c` (aff.) ² ² o Tor(G) C`crit [77II u I u 77 II q (ét.) uu 77 III uu u I 77 I uu r (aff.) 77 IIII uuu z u $ 77 SO u (ét.) 77 77 77 77 p (ét.) 7 t (proj.) Of(Dyn(G)) ² PT °° ° (aff.) ° d °° ° ° °°c (aff.) ° ° °° ° °° ² §°° Par(G) h (ét.) Figure 3.15.1 451 Théorème 3.16. — (cf. figure 3.15.1). (i) Tous les morphismes du diagramme sont lisses, surjectifs, et de présentation finie. (ii) Tous les morphismes du diagramme, à l’exception de t, sont affines ; le morphisme t est projectif. (iii) Tous les morphismes du diagramme sont soit étales finis, soit à fibres géométriques intègres : les morphismes f , g, h, k, p, q et u sont étales finis, les morphismes a, b, c, d, r et c` sont à fibres géométriques intègres, le morphisme e est un isomorphisme. (iv) Le carré (a, b, f, g) est cartésien. Démonstration. Il est d’abord clair que e est un isomorphisme, par 1.6 (ii). D’autre part, (iv) est évident. Le morphisme a est lisse, affine, à fibres géométriques intègres : en effet, par changement de base Crit(G) → S, il suffit de vérifier que le morphisme Tor(L0 ) → S, où L0 est le sous-groupe critique universel, possède ces propriétés ; or L0 est réductif (par définition), et on est ramené à Exp. XXII, 5.8.3. Le morphisme b possède donc les mêmes propriétés, en vertu de (iv). Le morphisme d est également lisse, affine, à fibres géométriques intègres, en vertu de 1.9 ; il en est donc de même de c = dbe−1 . Le morphisme r possède ces mêmes propriétés (Exp. XXII, 5.8.3), de même que le morphisme c` (3.10). 3. SCHÉMA DES SOUS-GROUPES PARABOLIQUES D’UN GROUPE RÉDUCTIF 295 D’autre part, on a déjà prouvé que les morphismes p et q sont étales finis surjectifs (3.1 et 3.9). Si nous prouvons que f et k sont étales finis surjectifs, les mêmes propriétés seront vraies pour g (par (iv)) et pour h (car h = kge−1 ) ; comme les propriétés énoncées de t ont été démontrées en 3.3 (ii), il ne nous reste donc plus qu’à prouver que f (resp. k) est étale fini surjectif ; faisons la démonstration pour k, celle pour f étant analogue. Il nous suffit de prouver que si T est un tore maximal de G, le foncteur C des sous- 452 groupes critiques de G contenant T est représentable par un S-schéma étale fini à fibres non vides ; on peut supposer G déployé par rapport à T ; soit alors E l’ensemble des parties vectorielles de R (système de racines du déploiement) ; C est représentable par ES (3.9), ce qui achève la démonstration. Corollaire 3.17. — Tous les foncteurs du diagramme précédent sont représentables par des S-schémas lisses sur S, et ils sont tous affines sur S, à l’exception de Par(G). Remarque 3.18. — (i) Le fait que le morphisme f : PL → Crit(G) soit étale surjectif entraı̂ne qu’un sous-groupe de G est critique si et seulement si il est, localement pour la topologie étale, sous-groupe de Levi d’un sous-groupe parabolique de G. En revanche, il ne faut pas croire qu’en général l’application f (S) : PL(S) → Crit(G)(S) soit surjective : il peut très bien arriver qu’un sous-groupe critique C de G ne provienne pas sur S d’un sous-groupe parabolique de G ; par exemple, un tore maximal n’est pas toujours contenu dans un groupe de Borel (exemple : une forme non déployée de SL2 , cf. Exp. XX, n◦ 5). (ii) De même, il peut arriver que le morphisme u : Of(Dyn(G)) → C`crit ne soit pas un isomorphisme : deux sous-groupes paraboliques de types distincts peuvent avoir des sous-groupes de Levi de même type ; exemple : dans un groupe de type A2 , il y a deux types de sous-groupes paraboliques dont les sous-groupes de Levi sont de rang semi-simple 1 (correspondant aux deux sommets du diagramme), alors qu’il n’y a qu’un seul type de sous-groupes critiques de rang 1. L’exemple analogue avec un groupe de type A3 montre que, même sur un corps algébriquement clos, des sous-groupes paraboliques non isomorphes peuvent avoir des sous-groupes de Levi de même type. (13) Terminons ce numéro par une application à la théorie des fibrés principaux. Lemme 3.20. — (14) Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, F un fibré principal 453 homogène sous G, GF la forme tordue de G correspondante. Identifions Dyn(G) et (13) N.D.E. „ ∗ ∗ ∗ ∗ «ff : i.e. les sous-groupes paraboliques P = ∗∗∗∗ 0 0 ∗∗ 0 0 0 ∗ et P0 = „ ∗ ∗ ∗ ∗ «ff 0 ∗∗∗ 0 ∗∗∗ 0 0 0 ∗ sont pas isomorphes (car radu (P) 6' radu (P0 )), mais leurs sous-groupes de Levi L = „0 0 1 0« „ ∗ 0 0 0 «ff 0 ∗∗ 0 sont conjugués par l’élément 01 10 00 00 . et L0 = 0 ∗∗ 0 (14) N.D.E. 0 0 0 ∗ 0001 : On a conservé la numérotation de l’original : il n’y a pas de n◦ 3.19. de GL4 ne „ ∗ ∗ 0 0 «ff ∗∗ 0 0 0 0 ∗ 0 0 0 0 ∗ 296 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Dyn(GF ) (Exp. XXIV, 3.5). Soit P un sous-groupe parabolique de G. On a un isomorphisme canonique ∼ F/P −→ Part(P) (GF ). En particulier, pour que le groupe structural de F puisse se réduire à P, il faut et il suffit que GF possède un sous-groupe parabolique de type t(P). Le démonstration se fait exactement comme en Exp. XXIV, 4.2.1. 3.21. Si S est un schéma, G un S-groupe réductif, et si t ∈ Of(Dyn(G))(S), on note H1t (S, G) la partie de H1 (S, G) formée des classes de fibrés principaux F sous G tels que le groupe associé GF possède un sous-groupe parabolique de type t. Si G possède lui-même un sous-groupe parabolique P de type t, H1t (S, G) n’est autre que l’image de H1 (S, P) dans H1 (S, G), image qui ne dépend donc pas du P choisi. 4. Position relative de deux sous-groupes paraboliques 4.1. Un résultat préliminaire Lemme 4.1.1. — Soient k un corps, G un k-groupe réductif, P et P0 deux sous-groupes paraboliques de G. (i) Alors P ∩ P0 est lisse, de même rang réductif que G et contient un tore maximal T de G. (ii) L’ensemble R0 des racines de P ∩ P0 par rapport à T est un sous-ensemble clos de l’ensemble R des racines de G par rapport à T. (15) 454 Supposons d’abord k algébriquement clos. Soit B (resp. B0 ) un sous-groupe de Borel de P (resp. P0 ). On sait qu’il existe g ∈ G(k) tel que int(g)B = B0 . D’autre part, si T0 est un tore maximal de B et si on pose N = NormG (T0 ), on sait (théorème de Bruhat, Bible, § 13.4, cor. 1 au th. 3) que G(k) = B(k)N(k)B(k). On voit donc qu’il existe b, b1 ∈ B(k) et n ∈ N(k) tels que g = bnb1 , donc int(b) int(n)B = B0 . On a alors P ∩ P0 ⊃ B ∩ B0 = int(b)(B ∩ int(n)B0 ) ⊃ int(b)T0 . Supposons maintenant k quelconque. Appliquant le résultat précédent, on voit que Pk ∩ P0k contient un tore maximal de Gk ; par Exp. XXII, 5.4.5, on en déduit que (P ∩ P0 )k est lisse « le long de la section unité », donc lisse puisque l’on est sur un corps (Exp. VIA 1.3.1) donc que P ∩ P0 est lisse. Par Exp. VIA 2.3.1, la composante neutre (P ∩ P0 )0 de P ∩ P0 est donc un sous-groupe ouvert de P ∩ P0 , lisse sur S. On peut alors lui appliquer Exp. XIV, 1.1, d’où (i). Enfin, l’ensemble RP (resp. RP0 ) des racines de P (resp. P0 ) par rapport à T est clos et l’on a R0 = RP ∩ RP0 , d’où (ii). Remarque 4.1.2. — On peut prouver ([BT65], 4.5) que P ∩ P0 est connexe ; sera utilisé en 4.5.1. (15) N.D.E. (16) ceci : On a ajouté le point (ii), qui sera utile en 4.5.1. : Compte-tenu des détails ajoutés en 4.5.1, on a modifié ici l’original (qui indiquait « nous n’utiliserons pas ce fait » ). (16) N.D.E. 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 297 Remarque 4.1.3. — Le lemme précédent n’est pas vrai sur un schéma quelconque. En effet, soit par exemple G un groupe réductif sur un corps k algébriquement clos, et soit B un groupe de Borel de G. Prenons G = X comme base et considérons les sousgroupes de Borel B1 et B2 de GX , où B1 = BX et B2 = int(g0 )B1 , g0 étant la section canonique (diagonale) de GX . Pour chaque g ∈ X(k), la fibre de B1 ∩ B2 en g n’est autre que B ∩ int(g)B. Si on suppose B 6= G, la dimension de cette fibre varie avec g, donc B1 ∩ B2 ne peut être lisse sur X. 4.2. Position transversale Théorème 4.2.1. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sousgroupes paraboliques de G. Les conditions suivantes sur le couple (P, Q) sont équivalentes : (i) Lie(P/S) + Lie(Q/S) = Lie(G/S). 455 (ii) Le morphisme canonique P ×S Q → G est lisse. (ii0 ) Le morphisme canonique P → G/Q est lisse. (iii) Le morphisme canonique P ×S Q → G est ouvert. (iii0 ) Le morphisme canonique P → G/Q est ouvert. (iv) Le morphisme canonique P ×S Q → G est dominant fibre par fibre. (iv0 ) Le morphisme canonique P → G/Q est dominant fibre par fibre. (v) Pour tout s ∈ S, « Ps ∩ Qs est de dimension minimum », i.e. on a dim(Ps ∩ Qs ) = dim Ps + dim Qs − dim Gs . (vi) Il existe une famille couvrante pour la topologie étale {Si → S}, et pour chaque i un sous-groupe de Borel Bi de PSi et un sous-groupe de Borel B0i de QSi , tels que Bi ∩ B0i soit un tore maximal de GSi . (vii) Il existe une famille couvrante pour la topologie étale {Si → S}, et pour chaque i un déploiement (Ti , . . . , Ri ) de GSi et un système de racines positives R+ i de Ri , tels que PSi (resp. QSi ) soit le sous-groupe de type (R) de GSi contenant Ti et défini par (1) (2) + une partie Ri (resp. Ri ) de R contenant R+ i (resp. −Ri ) (voir Exp. XXII, 5.4.2 et 5.2.1 pour les définitions). Démonstration. Nous allons démontrer le théorème suivant le diagramme logique (i) ks (vii) ks ®¶ (ii0 ) +3 (iii0 ) ®¶ (ii) +3 (iii) (vi) ia K KKKK KKKK KKKK KKKK KKK +3 (iv0 ) +3 (v) vv 6> v v v vvvv vvvvv v v v vvvvv +3 (iv) . On a trivialement (ii) ⇒ (iii) et (ii0 ) ⇒ (iii0 ). Si (iii) est vérifié, l’image ensembliste 456 298 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS du morphisme P ×S Q ⇒ G est un ouvert de G qui contient la section unité ; comme les fibres de G sont connexes, cette image est dense sur chaque fibre, ce qui prouve (iv). On a de même (iii0 ) ⇒ (iv0 ). On a (ii0 ) ⇒ (ii), en vertu du diagramme cartésien P ×S Q /G pr1 ² P ² / G/Q, D’autre part (iv) ou (iv0 ) entraı̂ne (v), en vertu de la théorie de la dimension (cf. EGA IV2 , 5.6.6). On notera que l’on peut en effet supposer S = Spec(k), k corps algébriquement clos, et que toute fibre non vide du morphisme (iv), resp. (iv0 ), en un point de G(k), resp. de (G/Q)(k), est isomorphe à P ∩ Q (comme le montre un calcul immédiat). On a (vi) ⇒ (vii), par Exp. XXII, 5.5.1 (iv) et 5.9.2. On a (vii) ⇒ (i), car pour vérifier que Lie(P)+Lie(Q) = Lie(G), on peut raisonner localement pour (fpqc), donc si (vii) est vérifié on peut supposer G déployé, P ⊃ BR+ et Q ⊃ B−R+ (notations habituelles), auquel cas on a déjà Lie(BR+ ) + Lie(B−R+ ) = Lie(G). 457 Prouvons que (i) implique (ii0 ). Soit u : P → G/Q le morphisme canonique ; pour prouver que u est lisse, on peut se contenter de le faire pour les fibres géométriques de u, car P et G/Q sont lisses sur S, et on peut donc supposer que S est le spectre d’un corps algébriquement clos. Comme le morphisme u est compatible avec l’action évidente de P (on a u(pp0 ) = pu(p0 )) et comme P est connexe, il suffit (Exp. VIA 1.3.1) de vérifier que u est lisse en e ∈ G(k), i.e. (SGA 1, II 4.7) que l’application tangente à u en e est surjective ; mais celle-ci s’identifie naturellement à l’application canonique Lie(P) → Lie(G)/ Lie(Q), qui est surjective si (i) est vérifié. Il ne nous reste plus donc qu’à vérifier la dernière assertion, c’est-à-dire (v) ⇒ (vi). Supposons d’abord que S soit le spectre d’un corps algébriquement clos. Par 4.1.1, il existe un tore maximal T contenu dans P et Q ; soit R (resp. R1 , resp. R2 ) l’ensemble des racines de G (resp. P, resp. Q) relativement à T. On a : dim(G) = dim(T) + Card(R), dim(P) = dim(T) + Card(R1 ), dim(Q) = dim(T) + Card(R2 ), dim(P ∩ Q) = dim(T) + Card(R1 ∩ R2 ), par Exp. XXII, 5.4.4 et 5.4.5 par exemple. La condition de (v) est donc équivalente à Card(R1 ∩ R2 ) = Card(R1 ) + Card(R2 ) − Card(R). c’est-à-dire R1 ∪ R2 = R. Pour démontrer (vi), il suffit, en vertu de Exp. XXII, 5.9.2 et 5.4.5, de prouver que R1 ∩ −R2 contient un système de racines positives de R. On est donc ramené à prouver : 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 299 Lemme 4.2.2. — Soit R un « système de racines » (par exemple l’ensemble des racines d’une donnée radicielle au sens de l’exposé XXI). Soient R1 et R2 deux parties closes de R contenant chacune un système de racines positives. Si R1 ∪ R2 = R, alors R1 ∩ −R2 contient un système de racines positives. En effet, comme R1 ∩ −R2 = R3 est évidemment clos, et en vertu de Exp. XXI, 3.3.6, il suffit de montrer que R3 ∪−R3 = R. Or on sait que R1 ∪−R1 = R = R2 ∪−R2 , et on conclut grâce au fait élémentaire suivant : si A, A0 , B, B0 sont quatre parties d’un ensemble E, et si A ∪ A0 = B ∪ B0 = A ∪ B = A0 ∪ B0 = E, on a (A ∩ B0 ) ∪ (A0 ∩ B) = E. Ceci achève la démonstration de (v) ⇒ (vi) dans le cas où la base est le spectre 458 d’un corps algébriquement clos. Revenons maintenant au cas général et supposons (v) vérifié. Soit s ∈ S ; en vertu de ce qui précède, on peut trouver un sous-groupe de Borel B (resp. B0 ) de Ps (resp. Qs ) tel que B ∩ B0 soit un tore maximal de Gs . Comme le S-schéma Bor(P) ' Bor(P/ radu (P)) des sous-groupes de Borel de P est lisse, on peut, appliquant le « lemme de Hensel » (cf. Exp. XI 1.10) et raisonnant localement pour la topologie étale (i.e. remplaçant S par un S0 → S étale et couvrant s, et s par un point de sa fibre dans S0 ) supposer qu’il existe un sous-groupe de Borel B de P se projetant sur B ; on peut de même supposer qu’il existe un sous-groupe de Borel B0 de Q se projetant sur B0 . Comme B ∩ B0 est un tore maximal de G, il existe un ouvert U de S contenant s et tel que BU ∩ B0U soit un tore maximal de GU (Exp. XXII, 5.9.4), ce qui démontre (vi). C.Q.F.D. Définition 4.2.3. — Un couple (P, Q) vérifiant les conditions équivalentes (i) à (vii) du théorème 4.2.1 est dit en position transversale. On dit aussi que P est en position transversale relativement à Q, ou, par abus de langage, que P et Q sont en position transversale (mutuelle). Vu (vi), cette définition coı̈ncide dans le cas des sous-groupes de Borel avec celle de Exp. XXII, 5.9.1. Corollaire 4.2.4. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sousgroupes paraboliques de G. (i) Pour que (P, Q) soit en position transversale, il faut et il suffit que pour chaque point s de S, le couple (Ps , Qs ) soit en position transversale ; si S0 → S est un morphisme surjectif, et si (PS0 , QS0 ) est en position transversale, alors (P, Q) est en position transversale. (ii) Il existe un sous-schéma ouvert U de S vérifiant la propriété suivante : pour 459 qu’un morphisme S0 → S se factorise par U, il faut et il suffit que (PS0 , QS0 ) soit en position transversale. (iii) Considérons les sous-foncteurs Gen(G) ⊂ Par(G) × Par(G) S Gen(/Q) ⊂ Par(G) Gen(P/Q) ⊂ G 300 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS définis comme suit : pour S0 → S, Gen(G)(S0 ) est l’ensemble des couples de sousgroupes paraboliques de GS0 en position transversale, Gen(/Q)(S0 ) est l’ensemble des sous-groupes paraboliques de GS0 en position transversale relativement à QS0 , Gen(P/Q)(S0 ) est l’ensemble des g ∈ G(S0 ) tels que int(g)PS0 soit en position transversale relativement à QS0 . Chacun de ces foncteurs est représentable par un sous-schéma ouvert universellement schématiquement dense sur S (17) (cf. Exp. XVIII § 1) du S-schéma correspondant Par(G) ×S Par(G), resp. Par(G), resp. G. Les assertions (i) résultent aussitôt de la description 4.2.1 (i) du terme « position transversale ». Pour démontrer (ii), on prend U = S − Supp(Coker u) où u est le morphisme canonique Lie(P) ⊕ Lie(G) → Lie(G). Comme on a des diagrammes cartésiens GO Â? Gen(P/Q) 460 f / Par(G) O Par(G) O Â? / Gen(/Q) Â? Gen(/Q) f0 / Par(G) ×S Par(G) O Â? / Gen(G) (où f (g) = int(g)P et f 0 (R) = (R, Q)), il suffit de vérifier (iii) dans le cas de Gen(G). Soit alors P0 le sous-groupe parabolique canonique de GPar(G) ; posons X = Par(G) × Par(G), S P = pr∗1 (P0 ), Q = pr∗2 (P0 ); appliquant aux sous-groupes paraboliques P et Q de GX l’assertion (ii), on construit un sous-schéma ouvert U de X, qui comme on le vérifie aussitôt s’identifie bien à Gen(G). Il reste à vérifier l’assertion de densité, ce qui peut se faire sur les fibres géométriques (18) ; on peut donc supposer S = Spec(k), k corps algébriquement clos ; comme Par(G) est lisse, il suffit de vérifier que Gen(G) coupe chaque composante irréductible de Par(G) ×S Par(G) ; autrement dit, par 3.3, il suffit de voir que si t, t0 ∈ Of(Dyn(G))(S), il existe un couple (P, P0 ) en position transversale, avec t(P) = t, t(P0 ) = t0 . Or cela est immédiat : on choisit un couple (B, B0 ) de sous-groupes de Borel de G tel que B ∩ B0 soit un tore maximal (on déploie G et on applique Exp. XXII, 5.9.2) puis on applique 3.8 pour construire P ⊃ B et P0 ⊃ B0 , avec t(P) = t, t(P0 ) = t0 ; P et P0 sont des types voulus et sont en position transversale par 4.2.1 (vi). Corollaire 4.2.5. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sousgroupes paraboliques de G, le couple (P, Q) étant en position transversale. (i) Soient P0 et Q0 deux sous-groupes paraboliques de G, de même type que P et Q respectivement. Pour que le couple (P0 , Q0 ) soit en position transversale, il faut et il suffit qu’il soit conjugué au couple (P, Q), localement pour la topologie étale. (N. B. On verra au § 5 qu’on peut remplacer la topologie étale par la topologie de Zariski). (17) N.D.E. : On a remplacé « relativement dense » par « universellement schématiquement dense sur S », cf. EGA IV3 , Déf. 11.10.8. (18) N.D.E. : cf. EGA IV , 11.10.10. 3 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 301 (ii) Le morphisme canonique P ×S Q → G induit un morphisme lisse et surjectif P ×S Q → Gen(Q/P), et un isomorphisme (P × Q)/(P ∩ Q) ' Gen(Q/P) S (où P ∩ Q = R opère dans P ×S Q par (p, q)r = (pr, r−1 q)). (iii) Le morphisme canonique P → Part(Q) (G) (défini ensemblistement par p 7→ T int(p)Q) induit un morphisme lisse et surjectif P → Gen(/P) Part(Q) (G), et un 461 isomorphisme T P/(P ∩ Q) ' Gen(/P) Part(Q) (G). (iv) Le morphisme canonique G → Part(P) (G) ×S Part(Q) (G) (défini ensemblistement par T g 7→ (int(g)P, int(g)Q)) induit un morphisme lisse et surjectif G → Gen(G) Part(P) (G) ×S Part(Q) (G) et un isomorphisme T G/(P ∩ Q) ' Gen(G) (Part(P) (G) × Part(Q) (G)). S Démontrons (i). Il est clair que la condition est suffisante ; prouvons qu’elle est nécessaire. Soit donc (P0 , Q0 ) en position transversale. Comme P et P0 sont conjugués localement pour la topologie étale, on peut supposer P = P0 , et il nous suffit de prouver que si Q et Q0 sont deux sous-groupes paraboliques de G, en position transversale relativement à P, et de même type, alors ils sont conjugués, localement pour la topologie étale, par une section de P. Utilisant 4.2.1 (vi), on peut supposer qu’il existe des sous-groupes de Borel B, B0 , B1 , B01 de P, P, Q, Q0 respectivement, tels que B ∩ B1 = T et B0 ∩ B01 = T0 soient des tores maximaux de G. Or les couples de Killing (B, T) et (B0 , T0 ) de P sont conjugués localement dans P pour la topologie étale (1.16), et on peut supposer B = B0 , T = T0 , auquel cas on a B1 = B01 par Exp. XXII, 5.9.2, donc Q = Q0 par 3.8. Les assertions (ii), (iii) et (iv) se démontrent de façon parallèle. Démontrons par exemple (ii) ; soit g ∈ Gen(Q/P)(S), i.e. soit g ∈ G(S) tel que int(g)Q soit en position transversale relativement à P. En vertu de la démonstration qui précède, Q et int(g)Q sont conjugués localement pour la topologie étale, par une section de P. Raisonnant localement pour cette topologie, on peut supposer qu’il existe p ∈ P(S) tel que int(g)Q = int(p)Q, donc p−1 g ∈ NormG (Q)(S) = Q(S) ; ce qui prouve l’existence d’un q ∈ Q(S) tel que g = pq. On a donc prouvé que le morphisme envisagé dans (ii) est couvrant pour la topologie étale. Comparant avec 4.2.1 (ii), on en déduit qu’il 462 est lisse et surjectif. D’autre part, un raisonnement immédiat montre que la relation d’équivalence définie dans P ×S Q par le morphisme P ×S Q → G est la relation d’équivalence associée à l’action du groupe R = P ∩ Q (opérant par (p, q)r = (pr, r−1 q)), ce qui démontre la dernière assertion de (ii) (car un morphisme lisse et surjectif est un épimorphisme effectif, par exemple). Remarque 4.2.6. — Si P et Q sont en position transversale, on notera souvent P · Q l’ouvert Gen(Q/P) de G, notation justifiée par 4.2.5 (ii). Proposition 4.2.7. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sousgroupes paraboliques de G, le couple (P, Q) étant en position transversale. 302 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS (i) Le groupe P ∩ Q est lisse sur S (et en fait à fibres connexes par 4.1.2) ; introduisons alors (P ∩ Q)0 (cf. Exp. VIB 3.10) ; c’est un sous-groupe de type (RC) de G (Exp. XXII, 5.11.1), dont le radical unipotent (loc. cit. 5.11.4) se décompose en produit direct radu ((P ∩ Q)0 ) = (radu (P) ∩ Q) ×(P ∩ radu (Q)). S (ii) Si S est affine, H1 (S, radu (P ∩ Q)0 ) = 0. Si S est semi-local, P ∩ Q contient un tore maximal de G. En effet, P ∩ Q est lisse en vertu de 4.2.1 (ii) et du diagramme cartésien 463 P ×S Q O /G O P∩Q / S. Pour vérifier les assertions annoncées sur (P ∩ Q)0 , on peut raisonner localement pour la topologie étale, donc en vertu de 4.2.1 (vii), supposer avoir choisi un déploiement (G, T, M, R) de G, tel que P et Q contiennent T et soient définis respectivement par des parties R1 et R2 de R, R1 contenant un système de racines positives R+ , et R2 contenant le système opposé R− . Soit ∆ l’ensemble des racines simples de R+ ; notons A1 = ∆ ∩ −R1 , A2 = ∆ ∩ R2 , A = A 1 ∩ A2 . Par 1.4 (v) et 1.12, on a ¡ ¢ R1 = R+ ∪ R− ∩ −NA1 , Y radu (P) = Uα , ¡ ¢ R2 = R+ ∩ NA2 ∪ R− , Y radu (Q) = Uα . α∈R1 , α6∈−R1 α∈R2 , α6∈−R2 Par Exp. XXII, 5.6.7, on a donc radu (P) ∩ Q = Y Uα = Y α∈R1 ∩R2 , α6∈−R2 Uα , α∈K2 α∈R1 ∩R2 , α6∈−R1 radu (Q) ∩ P = Y Uα = Y Uα , α∈K1 où K2 est l’ensemble des racines positives, combinaisons linéaires des éléments de A2 , mais non combinaisons linéaires des éléments de A, et K1 l’ensemble des racines négatives, combinaisons linéaires des éléments de A1 , mais non combinaisons linéaires des éléments de A. Il est clair que si α ∈ K2 , β ∈ K1 , α + β n’est jamais une racine, ni nul, ce qui entraı̂ne que les deux groupes ci-dessus commutent. 464 D’autre part, on sait par Exp. XXII, 5.4.5, que H = (P ∩ Q)0 est défini par l’ensemble de racines R1 ∩ R2 , soit R1 ∩ R2 = (R+ ∩ NA2 ) ∪ (R− ∩ −NA1 ). 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 303 Comme R1 ∩ R2 est clos, H est de type (RC) par définition (Exp. XXII 5.11.1), et par loc. cit. 5.11.3 et 5.11.4, on a Y radu (H) = Uα , α∈K où K est l’ensemble des α ∈ R1 ∩ R2 tels que α 6∈ −(R1 ∩ R2 ). Comme la partie symétrique de R1 ∩ R2 est évidemment R ∩ ZA, on voit aussitôt que K = K1 ∪ K2 , ce qui termine la démonstration de (i). La première assertion de (ii) résulte alors de (i) et de 2.10 ; démontrons la seconde. Comme (P ∩ Q)0 / radu ((P ∩ Q)0 ) est réductif, il possède un tore maximal T si la base est semi-locale. L’image réciproque de T dans (P ∩ Q)0 est un sous-groupe N de type (R) de G à fibres résolubles, et on a Nu = radu ((P ∩ Q)0 ) (Exp. XXII, 5.6.9). Le schéma des tores maximaux de N est un fibré principal homogène sous Nu (loc. cit. 5.6.13), donc possède une section, car H1 (S, Nu ) = 0. 4.3. Sous-groupes paraboliques opposés 4.3.1. — Si G est un S-groupe réductif, on a défini en Exp. XXIV, 3.16.6, un « automorphisme extérieur » canonique d’ordre 6 2 (19) de G, donc un automorphisme canonique sG d’ordre 6 2 de Dyn(G), donc également un automorphisme d’ordre 6 2 de Of(Dyn(G)), que nous noterons également sG ou simplement s. Deux types de sousgroupes paraboliques t, t0 ∈ Of(Dyn(G))(S) seront dits opposés lorsque t = sG (t0 ). Théorème 4.3.2. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. (a) Si L est un sous-groupe de Levi de P, il existe un unique sous-groupe parabolique 465 P0 de G tel que P ∩ P0 = L. (b) Pour tout sous-groupe parabolique Q de G, les conditions suivantes sont équivalentes : (i) Pour tout s ∈ S, ((P ∩ Q)s )0 (qui est lisse par 4.1.1) est réductif. (ii) P ∩ Q est un sous-groupe de Levi de P et de Q. (iii) P et Q sont de types opposés, et le couple (P, Q) est en position transversale (cf. 4.2.3). (iv) P et Q sont de types opposés et radu (P) ∩ Q = e. (v) radu (P) ∩ Q = radu (Q) ∩ P = e . (vi) Le morphisme canonique radu (P) ×S Q → G est une immersion ouverte. (vi0 ) Le morphisme canonique radu (P) → G/Q est une immersion ouverte. (vii) Il existe une famille couvrante pour la topologie étale {Si → S}, et pour chaque (1) i un déploiement (Ti , Mi , Ri ) de GSi , et une partie Ri de Ri telle que PSi (resp. QSi ) (1) soit le sous-groupe de type (R) de GSi contenant Ti et défini par Ri (resp. par (2) (1) Ri = −Ri ). (19) N.D.E. : On a remplacé « d’ordre 2 » par « d’ordre 6 2 » car sG peut être trivial (par exemple si G est de type A1 , Bn , Cn , . . . ). 304 466 467 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Démonstration. Démontrons d’abord la seconde partie du théorème ; on voit tout d’abord que (iii) ⇔ (vii) en vertu de 4.2.1 (vii) et de la définition de sG dans le cas déployé (Exp. XXII, 3.16.2 (iv)) ; on a évidemment (ii) ⇒ (i) ; on a (vi0 ) ⇒ (vi) par changement de base G → G/Q. Supposons maintenant (vii) vérifié, et prouvons toutes les autres conditions ; comme elles sont locales pour la topologie étale, on peut supposer G = (G, T, M, R) déployé, P défini par la partie R0 de R et Q par la partie − R0 . Si L est le sous-groupe de type (R) de G contenant T défini par R0 ∩ −R0 , il est clair par Exp. XXII, 5.11.3 que L est un sous-groupe de Levi commun à P et Q. Mais P = L · radu (P), Q = L · radu (Q), et par Exp. XXII, 5.6.7, radu (P) ∩ Q = Q ∩ radu (P) = e ; donc P ∩ Q = L, et on a prouvé (ii) et (v). Comme P et Q sont en position transversale, le morphisme canonique P → G/Q induit une immersion ouverte P/P ∩ Q → G/Q (4.2.1) ; mais le morphisme canonique radu (P) → P/P ∩ Q = P/L est un isomorphisme, ce qui fait qu’on a prouvé (vi0 ). Compte tenu de ce qu’on a déjà vu, toutes les assertions sont donc des conséquences de (vii). Il nous suffit maintenant de prouver que l’une quelconque des assertions (i), (iv), (v), (vi) implique (vii) ; comme on a déjà prouvé l’équivalence de (ii) et de (iii), il suffit de faire la démonstration sur les fibres géométriques et on peut supposer que S est le spectre d’un corps algébriquement clos. Par 4.1.1, il existe un tore maximal T de G contenu dans P ∩ Q. Soit R (resp. R1 , resp. R2 ) l’ensemble des racines de G (resp. P, resp. Q) relativement à T. Soit Ra1 la partie asymétrique de R1 (i.e. Ra1 = {α ∈ R1 , − α 6∈ R1 }). Introduisons de même Ra2 . On doit prouver que R1 = −R2 . – La condition (i) entraı̂ne que R1 ∩ R2 est symétrique ; soit α ∈ R1 ; si α 6∈ R2 , alors α ∈ −R2 , et si α ∈ R2 , alors α ∈ R1 ∩ R2 = −(R1 ∩ R2 ) ⊂ −R2 ; on a donc R1 ⊂ −R2 , donc par symétrie R1 = −R2 . – La condition (iv) entraı̂ne Card(R1 ) = Card(R2 ) et Ra1 ∩ R2 = ∅ ; la deuxième condition est équivalente à R2 ⊂ −R1 ; la première donne alors R2 = −R1 . – La condition (v) entraı̂ne Ra1 ∩ R2 = Ra2 ∩ R1 = ∅, donc R2 ⊂ −R1 et R1 ⊂ −R2 , ce qui donne encore R2 = −R1 . – La condition (vi) entraı̂ne Lie(radu (P)) ⊕ Lie(Q) = Lie(G), ce qui entraı̂ne que R est la réunion disjointe de R2 et Ra1 donc que R2 = −R1 . Ceci achève la démonstration de la seconde partie du théorème. Prouvons la première ; remarquons d’abord qu’en vertu de (vii) ⇒ (ii), on a déjà démontré l’existence localement pour la topologie étale du groupe P0 cherché ; il reste donc à en prouver l’unicité, et cela peut se faire également localement pour la topologie étale. On peut donc supposer G déployé relativement à un tore maximal T de L, et P (resp. P0 ) défini par une partie R1 (resp. R01 ) du système R des racines. Par hypothèse R1 ∩ R01 est symétrique ; raisonnant comme plus haut, on en tire 0 R1 = −R1 , ce qui prouve que P0 est déterminé par P et L et achève la démonstration. Définition 4.3.3. — Deux sous-groupes paraboliques de G vérifiant les conditions équivalentes (i) à (vii) de 4.3.2 sont dits opposés. Si P est un sous-groupe parabolique de G, et si L est un sous-groupe de Levi de P (resp. et si T est un tore maximal de P), 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 305 on appelle sous-groupe parabolique opposé à P relativement à L (resp. T) l’unique sous-groupe parabolique Q de G tel que P ∩ Q = L (resp. tel que P ∩ Q soit l’unique sous-groupe de Levi de P contenant T, cf. 1.6, ou encore tel que P ∩ Q contienne T et que P et Q soient opposés). En vertu de 4.3.2 (iii), on tire aussitôt de 4.2.4 et 4.2.5 des résultats parallèles ; donnons-en un échantillon. Corollaire 4.3.4. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sous- 468 groupes paraboliques de G. (i) Pour que P et Q soient opposés, il faut et il suffit que pour tout point s ∈ S, Ps et Qs soient opposés. Si S0 → S est un morphisme surjectif, et si PS0 et QS0 sont opposés, alors P et Q sont opposés. (ii) Le foncteur Opp(G), tel que pour S0 → S, Opp(G)(S0 ) soit l’ensemble des couples de sous-groupes paraboliques opposés de GS0 , est représentable par un sousschéma ouvert de Par(G)2 . Le foncteur Opp(/P) tel que pour S0 → S, Opp(/P)(S0 ) soit l’ensemble des sous-groupes paraboliques de GS0 opposés à PS0 est représentable par un sous-schéma ouvert universellement schématiquement dense sur S (20) de Pars(t(P)) (G). (iii) Supposons P et Q opposés ; soient P0 et Q0 deux sous-groupes paraboliques de G, P0 étant de même type que P. Pour que P0 et Q0 soient opposés, il faut et il suffit que localement pour la topologie étale, le couple (P0 , Q0 ) soit conjugué au couple (P, Q). (N. B. On verra au § 5 qu’on peut remplacer la topologie étale par la topologie de Zariski ). Corollaire 4.3.5. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. (i) Le morphisme Opp(/P) → Lev(P) (cf. 1.9) défini ensemblistement par Q 7→ 469 P ∩ Q, est un isomorphisme ; Opp(/P) est un fibré principal homogène sous radu (P) (radu (P) opérant par automorphismes intérieurs). Si S est affine, il existe un sousgroupe parabolique de G opposé à P. (ii) Supposons S semi-local ; soit {si } l’ensemble de ses points fermés ; soit, pour chaque i, Qi un sous-groupe parabolique de Gsi , opposé à Psi . Il existe un sous-groupe parabolique Q de G, opposé à P, et tel que Qsi = Qi pour chaque i. (iii) Le morphisme Opp(G) → PL (cf. 3.15) défini ensemblistement par (P, Q) 7→ (P, P ∩ Q) est un isomorphisme. Tout cela résulte de la première partie du théorème et de 1.9, 2.3 et 2.8. Remarque 4.3.6. — Soient P et Q deux sous-groupes paraboliques opposés de G, et soit P · Q le sous-schéma ouvert de G, image faisceautique de P ×S Q, introduit en (20) N.D.E. : On a remplacé « relativement dense » par « universellement schématiquement dense sur S », cf. EGA IV3 , Déf. 11.10.8. 306 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 4.2.6. Le « morphisme produit » G ×S G → G induit des isomorphismes : radu (P) ×S Q ∼ / P·Q o ∼ P ×S radu (Q). Cela résulte en effet de 4.3.2 (ou de 4.2.5 (ii)) et du fait que P ∩ Q est un sous-groupe de Levi de P et de Q, donc que P = radu (P) · (P ∩ Q) et Q = radu (Q) · (P ∩ Q). 470 On a de même un diagramme commutatif ÂÄ radu (P) o ² ÂÄ Opp(/P) / G/Q o ² / Par t(Q) (G), où les flèches verticales sont induites par g 7→ int(g)Q. 4.4. Position osculatrice 471 Proposition 4.4.1. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P et Q deux sousgroupes paraboliques de G. Les conditions suivantes sont équivalentes : (i) P ∩ Q est un sous-groupe parabolique de G. (ii) P ∩ Q contient localement pour la topologie étale un sous-groupe de Borel de G. (iii) P ∩ Q contient localement pour la topologie étale un tore maximal de G et, pour tout S0 → S et tout tore maximal T de GS0 contenu dans PS0 et QS0 , l’opposé de PS0 relativement à T est en position transversale relativement à QS0 . (iv) Il existe une famille couvrante pour la topologie étale {Si → S}, et pour chaque i un tore maximal Ti de GSi contenu dans PSi et QSi , et tel que l’opposé de PSi relativement à Ti soit en position transversale relativement à QSi . (v) Il existe une famille couvrante pour la topologie étale {Si → S}, et pour chaque i un déploiement (Ti , Mi , Ri ) de GSi tel que PSi (resp. QSi ) soit le sous-groupe de (1) (2) type (R) de GSi contenant Ti et défini par un ensemble de racines Ri (resp. Ri ), (1) (2) Ri ∩ Ri contenant un système de racines positives de R. De plus, si ces conditions sont vérifiées, on a t(P ∩ Q) = t(P) ∩ t(Q) (avec les notations de 3.2). On a (v) ⇒ (ii) et (iii) ⇒ (iv) trivialement. D’autre part, (ii) ⇒ (i) par 1.18. On a (iv) ⇒ (v) : en effet, on peut supposer G déployé, P (resp. Q) défini par l’ensemble de racines R1 (resp. R2 ) ; l’opposé de P est alors défini par −R1 , et on est ramené au lemme 4.2.2. On prouve (i) ⇒ (iii) par déploiement de la même manière. Enfin, la dernière assertion du théorème peut se démontrer localement pour la topologie étale ; on peut supposer que P ∩ Q contient un sous-groupe de Borel B de G et on est ramené à 3.7. Définition 4.4.2. — Deux sous-groupes paraboliques de G vérifiant les conditions (i) à (v) de 4.4.1 sont dits en position osculatrice. 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 307 Corollaire 4.4.3. — Soient P et Q deux sous-groupes paraboliques en position osculatrice et soient P0 et Q0 deux sous-groupes paraboliques de G, de même type que P et Q 472 respectivement ; pour que P0 et Q0 soient en position osculatrice, il faut et il suffit que le couple (P0 , Q0 ) soit conjugué au couple (P, Q), localement pour la topologie étale. Il suffit de prouver que si P et P0 sont en position osculatrice par rapport à Q, ils sont conjugués, localement pour (ét), par une section de Q. Or P ∩ Q et P0 ∩ Q sont deux sous-groupes paraboliques de même type contenus dans Q, donc sont conjugués, localement pour (ét) par une section de Q, en vertu de la partie (ii) du lemme cidessous. On peut donc supposer P ∩ Q = P0 ∩ Q ; on a alors P = P0 , par la partie (i) du même lemme : Lemme 4.4.4. — Soient P, P0 et Q trois sous-groupes paraboliques du S-groupe réductif G. (i) Pour que P = P0 , il faut et il suffit que P et P0 soient en position osculatrice et de même type. (ii) Si P ⊂ Q, P0 ⊂ Q, et si g ∈ G(S) est tel que int(g)P et P0 soient en position osculatrice, alors g ∈ Q(S). La partie (i) résulte trivialement de la dernière assertion de 4.4.1. Démontrons (ii) : Q et int(g)Q contiennent P0 ∩ int(g)P, donc sont en position osculatrice ; ils coı̈ncident par (i), donc g ∈ NormG (Q)(S) = Q(S). Remarquons que les assertions (iii) et (iv) du théorème donnent aussitôt : 473 Corollaire 4.4.5. — Soient P, P0 et Q trois sous-groupes paraboliques du S-groupe réductif G, contenant le même tore maximal T de G. Supposons P et P0 opposés relativement à T. Pour que Q soit en position osculatrice relativement à P, il faut et il suffit qu’il soit en position transversale relativement à P0 . Sous ces conditions P ∩ Q est aussi en position transversale relativement à P0 . Corollaire 4.4.6. — Soient P et Q deux sous-groupes paraboliques de G contenant le même tore maximal T. Pour que P et Q soient en position transversale, il faut et il suffit qu’il existe deux sous-groupes paraboliques P0 ⊂ P et Q0 ⊂ Q de G, opposés relativement à T ; on peut même choisir t(P0 ) = t(P) ∩ s(t(Q)). (21) La condition est évidemment suffisante (4.2.1 (i) et 4.3.2 (iii)). Montrons qu’elle est nécessaire ; soit P− (resp. Q− ) l’opposé de P (resp. Q) relativement à T. Par 4.4.5, P− ∩ Q est en position transversale relativement à P et Q− , donc aussi relativement à P ∩ Q− par une nouvelle application de 4.4.5, de plus t(P− ∩ Q) = t(P− ) ∩ t(Q) = s(t(P)) ∩ s(t(Q− )) = s(t(P) ∩ t(Q− )) = s(t(P ∩ Q− )), donc P− ∩ Q = P0 et P ∩ Q− = Q0 sont opposés (4.3.2 (iii)) ; mais P0 ∩ Q0 ⊃ T, donc 474 ils sont bien opposés relativement à T. (21) N.D.E. : Rappelons que l’involution s a été définie en 4.3.1. 308 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 4.5. Position standard Dans ce numéro, nous indiquons brièvement comment certains des résultats précédents se généralisent. Proposition 4.5.1. — Si P1 et P2 sont deux sous-groupes paraboliques du S-groupe réductif G, les conditions suivantes sont équivalentes : (22) (i) P1 ∩ P2 est lisse. (ii) P1 ∩ P2 est un sous-groupe de type (R) (ou de type (RC)) de G. (iii) P1 ∩ P2 contient localement pour la topologie (fpqc) un tore maximal de G. (iv) P1 ∩ P2 contient localement pour la topologie de Zariski un tore maximal de G. Lorsque S est semi-local, ces conditions équivalent de plus à : (v) P1 ∩ P2 contient un tore maximal de G. Démonstration. (22) Évidemment, (iv) ⇒ (iii) (et (v) ⇒ (iv) lorsque S est semilocal), et (ii) ⇒ (i) d’après Exp. XXII, Déf. 5.2.1. On va montrer (i) ⇒ (ii) ⇒ (iii), puis que (iii) entraı̂ne (i) et (iv) (et aussi (v) lorsque S est semi-local). Posons K = P1 ∩ P2 . D’après 4.1.1 et [BT65], 4.5, chaque fibre géométrique Ks contient un tore maximal Ts de Gs et est connexe, et l’ensemble des racines de Ks par rapport à Ts est un sous-ensemble clos de l’ensemble des racines de Gs par rapport à Ts . Donc, si K est lisse sur S, alors c’est un sous-groupe de type (RC) (donc a fortiori de type (R)), cf. Exp. XXII 5.2.1 et 5.11.1. On a donc (i) ⇔ (ii). Si K est un sous-groupe de type (R), il contient localement pour la topologie étale un tore maximal de G, d’après Exp. XXII 2.2 et Exp. XIX 6.1. Donc (ii) ⇒ (iii). Supposons (iii) vérifié et montrons que K est lisse. Par descente (fpqc), on peut supposer que G = (G, T, M, R) est déployé, où T est un tore maximal contenu dans P∩Q, et qu’il existe deux parties closes R1 et R2 de R telles que P = HR1 et Q = HR2 . Comme K est à fibres connexes, il résulte de Exp. XXII 5.4.5 que K égale HR1 ∩R2 , donc est lisse sur S et de type (RC). Soient Rs1 la partie symétrique de R1 et Ra1 = R1 − Rs1 ; alors radu (P1 ) = HRa1 . Comme noté dans la preuve de [BT65], 4.4, R0 = (Rs1 ∩ R2 ) ∪ Ra1 est une partie close de R telle que R0 ∪ (−R0 ) = R ; donc, d’après Exp. XXI 3.3.6, R0 contient un système de racines positives de R. De plus, la partie symétrique de R0 est Rs1 ∩ Rs2 , qui est contenue dans R1 ∩ R2 . On déduit de ce qui précède que P0 = K · radu (P) est un sous-groupe parabolique de G, et que K est un sous-groupe de type (RC) de P0 tel que radu (K) = K ∩ radu (P0 ). Donc, d’après 2.11, K possède un sous-groupe de Levi L. Il résulte alors de Exp. XIV 3.20 et 3.21 que K vérifie l’assertions (iv), ainsi que l’assertion (v) lorsque S est semilocal. Ceci prouve 4.5.1. (22) N.D.E. : On a ajouté la démonstration de l’équivalence de ces conditions (ainsi que la condition (v), utilisée implicitement en 6.17 de l’original) ; en conséquence, on a transformé le n◦ 4.5.1 en la proposition 4.5.1 plus la définition 4.5.1.1. 4. POSITION RELATIVE DE DEUX SOUS-GROUPES PARABOLIQUES 309 Définition 4.5.1.1. — (23) Lorsque les conditions précédentes sont réalisées, on dit que P et Q sont en position mutuelle standard ; c’est par exemple le cas si P et Q sont en position transversale, ou en position osculatrice, ou si la base est le spectre d’un corps. C’est une notion stable par extension de la base et locale pour la topologie (fpqc). 4.5.2. — Soient (P, Q) et (P0 , Q0 ) deux couples de sous-groupes paraboliques de G, 475 en position standard, et soit H le sous-foncteur de G défini comme suit : H(S0 ) est l’ensemble des g ∈ G(S0 ) tels que int(g)P = P0 et int(g)Q = Q0 . C’est un sous-schéma fermé de G, lisse sur S et formellement principal homogène sous P ∩ Q. On en déduit que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) (P, Q) et (P0 , Q0 ) sont conjugués localement pour la topologie (fpqc), (ii) (P, Q) et (P0 , Q0 ) sont conjugués localement pour la topologie étale. (iii) (P, Q) et (P0 Q0 ) sont conjugués sur chaque fibre géométrique. On dit alors que les couples (P, Q) et (P0 , Q0 ) ont même type de position mutuelle. C’est une notion stable par changement de base et locale pour la topologie (fpqc). 4.5.3. — Soit Stand(G) le sous-foncteur de Par(G) ×S Par(G) « formé des couples en position mutuelle standard ». Alors Stand(G) est représentable, il existe un S-schéma étale et fini TypeStand (« schéma des types de position mutuelle standard » ), et un morphisme lisse, de présentation finie, à fibres géométriques irréductibles (et donc en particulier fidèlement plat) t2 : Stand(G) −→ TypeStand qui est un quotient de Stand(G) par l’action de G : deux sections de Stand(G) (sur 476 un S0 → S quelconque), ont même type de position mutuelle si et seulement si elles ont même image par t2 . On a un diagramme commutatif t2 Stand(G) Ä_ / TypeStand Ä_ q ² Par(G) ×S Par(G) t×t ² / Of(Dyn(G)) ×S Of((Dyn(G)), où le morphisme q peut se décrire par descente de la manière suivante : si (P, Q) est un couple de sous-groupes paraboliques de G, en position relative standard, et si T est un tore maximal de P ∩ Q, alors le morphisme NormG (T) → Stand(G) défini ensemblistement par n 7→ (P, int(n)Q) induit un isomorphisme WP (T)\WG (T)/WQ (T) ' q −1 (t(P), t(Q)). (Le premier membre désigne le faisceau des doubles classes . . . ). Ces assertions se démontrent sans difficulté (remarquer en particulier que t−1 2 (t2 (P, Q)) ' G/(P ∩ Q)). (23) N.D.E. : voir la N.D.E. (22). D’autre part, pour un exemple de sous-groupes paraboliques P, Q qui ne sont pas en position standard, voir 7.11 plus loin. 310 477 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 4.5.4. — Soit maintenant P un sous-groupe parabolique fixé de G, et soit Par(G; P) le foncteur des sous-groupes paraboliques de G, en position standard relativement à P. Pour chaque t ∈ Of(Dyn(G))(S), posons de même Part (G; P) = Par(G; P) ∩ Part (G). On voit aussitôt que les deux foncteurs précédents s’obtiennent à partir de Stand(G) par produits fibrés, donc sont représentables par des S-schémas lisses et de présentation finie sur S, à fibres non vides. On a un morphisme canonique tP induit par t2 (i.e. tP (Q) = t2 (P, Q)) tP : Part (G; P) −→ q −1 (t(P), t) qui est lisse et de présentation finie, à fibres géométriques irréductibles. Le morphisme canonique Part (G; P) → Part (G) est un monomorphisme surjectif, et peut donc être considéré comme une décomposition cellulaire de Part (G) (indexée par l’ensemble des composantes connexes de q −1 (t(P), t)). 4.5.5. — Supposons maintenant que le type t soit de la forme t(Q), où Q est un sous-groupe parabolique de G, en position standard relativement à P, et que P ∩ Q contienne un tore maximal T. Alors Part (G) ' G/Q et q −1 (t(P), t) ' WP (T)\WG (T)/WQ (T), ce qui donne un diagramme Part(Q) (G; P) Ä_ f / WP (T) \ WG (T)/WQ (T) i ² Part(Q) (G) 478 ∼ / G/Q où i est un monomorphisme surjectif, et où f est lisse et de présentation finie, à fibres géométriques irréductibles. De plus, si Q1 et Q2 sont deux sections de Part(Q) (G; P) (sur un S0 → S), c’est-à-dire deux sous-groupes paraboliques de GS0 conjugués (localement pour (fpqc)) à Q, et en position standard relativement à PS0 , alors Q1 et Q2 sont conjugués par une section de P (localement pour (fpqc)) si et seulement si f (Q1 ) = f (Q2 ). Si S est le spectre d’un corps k algébriquement clos, on trouve ainsi la relation P(k)\G(k)/Q(k) ' WP (T)(k)\WG (T)(k)/WQ (T)(k). De manière générale, si on suppose que le schéma WP (T)\WG (T)/WQ (T) est constant et de la forme ES (ce qui a lieu par exemple lorsque G est déployé relativement à T et S est connexe), les f −1 (e), e ∈ E, forment une décomposition de Part(Q) (G; P) en sous-schémas ouverts et fermés, qui sont des espaces homogènes sous P, lisses et de présentation finie sur S, à fibres géométriques irréductibles. 4.5.6. — Revenons à la situation générale de 4.5.4. Le schéma q −1 (t(P), t) (24) possède toujours deux sections particulières, correspondant respectivement aux types « position transversale » et « position osculatrice ». L’image réciproque de la première (24) N.D.E. : On a corrigé t−1 (t(P), t) en q −1 (t(P), t) et, plus bas, Part (G) en Part (G; P) (deux fois). 5. THÉORÈME DE CONJUGAISON 311 section est un ouvert relativement dense de Part (G; P) comme on l’a vu plus haut, c’est la cellule de dimension relative maximum de la décomposition. L’image réciproque de la seconde section est vraisemblablement un sous-schéma fermé de Part (G; P) ; c’est la cellule de dimension relative minimum de la décomposition. 5. Théorème de conjugaison Théorème 5.1. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P et P0 deux sous-groupes paraboliques opposés (4.3.3) de G. Alors 479 radu (P)(S) P0 · P = G, i.e. la réunion des ouverts uP0 · P (4.3.6), pour u parcourant radu (P)(S) est G tout entier. La démonstration se fait en plusieurs étapes : 5.1.1. — Il suffit de faire la démonstration dans le cas où S est le spectre d’un corps k ; cela résulte aussitôt de 2.6. 5.1.2. — Soit L = P ∩ P0 . Supposons que L possède un sous-groupe de Borel BL ; soit T un tore maximal de BL (Exp. XXII, 5.9.7) ; on vérifie aussitôt que B = BL · radu (P) est un sous-groupe de Borel de P ; soit B0 le sous-groupe de Borel de G opposé à B relativement à T (i.e. tel que B ∩ B0 = T). On a B0 ⊂ P0 comme on le vérifie aussitôt en déployant G relativement à T. Prouvons que (x) Bu (S) B0 · B ⊂ radu (P)(S) P0 · P. Comme on a Bu (S) ⊂ P(S) = radu (P)(S) · L(S) ⊂ radu (P)(S)P0 (S), il suffit de prouver que B0 · B ⊂ P0 · P, ce qui est évident. Il résulte de (x) qu’il suffit de démontrer 5.1 480 pour le couple (B, B0 ). 5.1.3. — Le théorème est vrai si k est algébriquement clos ; en effet, la condition de 5.1.2 est vérifiée, et on conclut par Exp. XXII, 5.7.10. 5.1.4. — Le théorème est vrai lorsque k est un corps infini. En effet, radu (P)(k) est dense dans radu (P)(k) d’après 2.7, et le théorème est vrai pour k. 5.1.5. — On est donc ramené au cas où k est un corps fini. Or Bor(L) est un espace homogène lisse de L ; il résulte donc du théorème de Lang (Am. J. of Maths., 78, 1956 (25) ) que L possède un groupe de Borel BL . Par 5.1.2, on peut donc supposer que P = B et P0 = B0 sont des groupes de Borel. On note T = B ∩ B0 . (25) N.D.E. : voir aussi [DG70], § III.5, 7.4. 312 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 5.1.6. — Soit K la clôture algébrique de k ; choisissons un épinglage du triplet (GK , BK , TK ), soit R+ (resp. ∆), l’ensemble des racines positives (resp. simples). En vertu de Exp. XXII, 5.7.2, il suffit de prouver que pour tout α ∈ ∆, on a uα B0u (K) ⊂ Bu (k) B0u (K) B(K). (1) 481 Soient αi les différentes racines conjuguées de α sur k (ce sont des éléments de ∆, car B est « défini sur k » ), et soit R0 l’ensemble des racines combinaison linéaire des αi . Notons R0− = R− ∩ R0 . Comme « R0 est défini sur k », il existe un sous-tore Q de T, tel que QK soit le tore maximal du noyau commun des αi . Notons Z = CentrG (Q), BZ = B ∩ Z, B0Z = B0 ∩ Z (cf. Exp. XXII, 5.10.2). Montrons qu’il suffit de vérifier l’assertion cherchée dans Z, c’est-à-dire u (2) On a (B0uZ )K = Q α∈R0− uα · B0 Z (K) ⊂ BuZ (k) B0uZ (K) BZ (K). Uα ; soit R00 le complémentaire de R0 dans R, posons Y V= Uα . α∈R00 ∩R− On a aussitôt (B0u )K = (B0uZ )K · V, et (BZ )K normalise V (Exp. XXII, 5.6.7). On tire donc de (2) successivement uα · B0u (K) = uα · B0uZ (K)V(K) ⊂ BuZ (k) B0uZ (K) BZ (K) V(K) ⊂ BuZ (k) B0uZ (K) V(K) BZ (K) ce qui entraı̂ne aussitôt (1). Nous sommes donc ramenés au cas où G = Z, c’est-à-dire où le groupe de Galois de K sur k opère transitivement sur les racines simples. 482 5.1.7. — L’assertion à démontrer est équivalente au fait que G/B est la réunion des translatés par Bu (k) de l’ouvert image de B0u , assertion qui ne change pas si on remplace G par son groupe adjoint (ou d’ailleurs par n’importe quel groupe donnant le même groupe adjoint). On peut donc supposer G adjoint. 5.1.8. — Considérons alors le diagramme de Dynkin de GK . Le groupe de Galois opère transitivement sur ce diagramme de Dynkin. Mais ce groupe de Galois n’a que des quotients cycliques et le diagramme de Dynkin n’a pas de cycles. Il en résulte aussitôt que ce diagramme est de type n A1 , n > 0, ou m A2 , m > 0. Utilisant la décomposition canonique de Exp. XXIV, 5.9, on peut écrire Y G= G0 , D/K où D est un K-schéma fini et G0 est soit un tore, soit de type A1 , soit de type A2 . Par Exp. XXIV, 5.12, B provient d’un sous-groupe de Borel B0 de G0 , T d’un tore maximal T0 de G0 ; B0 provient du sous-groupe de Borel B00 de G0 opposé à B0 5. THÉORÈME DE CONJUGAISON 313 relativement à T0 . On a u B0 (k) = Bu0 (D), Y u u B0 · T · Bu = B0 0 · T0 · Bu0 , D/k et il nous suffit de démontrer l’assertion cherchée sur le triplet (G0 , B0 , T0 ). 5.1.9. — On peut donc supposer que G est de type ∅, A1 ou A2 . Comme G possède un 483 sous-groupe de Borel B, G est quasi-déployable relativement à B (Exp. XXIV, 3.9.1), donc déployable s’il est de type ∅ ou A1 . Comme le théorème a déjà été prouvé dans le cas déployé (Exp. XXII 5.7.10), il ne reste plus que le cas A2 à traiter. Par Exp. XXIV, 3.11 il existe un morphisme E → Spec(k), fibré principal galoisien sous le groupe Z/2Z Ép des automorphismes du diagramme de Dynkin de type A2 tel que G = GqE/ Spec(k) (A2 ). Si E possède une section, G est déployable et le théorème est démontré. Sinon, on a nécessairement E = Spec(k 0 ), où k 0 est une extension quadratique de k. Enfin, comme on l’a vu en 5.1.7, on peut supposer G simplement connexe (i.e. que G est une forme de SL3, k ). 5.1.10. — On est donc dans la situation suivante : on a un corps fini k, une extension quadratique k 0 de k. Le groupe SL3, k0 des matrices 3 × 3 de déterminant 1 est épinglé comme suit : le tore maximal est le groupe des matrices diagonales, le sous-groupe de Borel est le groupe des matrices triangulaires supérieures, les « épingles » les éléments : 110 100 uα = 0 1 0 et uβ = 0 1 1 . 001 001 On voit aussitôt que la grosse cellule Ω est définie par ab c d e f ∈ Ω(S) ⇐⇒ a et ae − bd inversibles, gh i et que 1x Bu (k) = 0 1 00 ¯ z ¯¯ x ¯¯ x, z ∈ k 0 , 1 ¯ z + z = xx . Il nous faut prouver l’inclusion (1) de 5.1.6, c’est-à-dire montrer que pour tous a, b, c ∈ K (clôture algébrique de k), il existe x, z ∈ k 0 tels que z + z = xx et 1xz 110 100 0 1 x 0 1 0 a 1 0 ⊂ Ω(K). (1) 001 001 bc1 – Si a 6= −1, on prend x = z = 0. 484 314 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS – Si a = −1, les conditions à réaliser s’écrivent z + z = xx, bz − x 6= 0, (b + c)z + bx − 1 6= 0. Soit q le nombre d’éléments de k (q > 2). On sait que pour tout m ∈ k, l’équation z + z = m, avec z ∈ k 0 , a q solutions. – Si b = 0, prenons x = 1 ; on doit résoudre z + z = 1, cz 6= 1, ce qui est toujours possible par la remarque précédente. – Si b 6= 0, prenons x = 0 ; on doit résoudre z + z = 0, 485 z 6= 0, (b + c)z 6= 1. Cela est toujours possible si q > 3. Si k = F2 , c’est possible si b + c 6= 1, on peut prendre z = 1. – Il ne reste donc à traiter que le cas k = F2 , b + c = 1, b 6= 0. Le système s’écrit alors bz 6= x, z + bx 6= 1. z + z = xx, 0 Si b = 1 (resp. b 6∈ k ), faisons x = 1 ; alors les deux dernières conditions s’écrivent z 6= b−1 , 1 − b, et elles sont conséquences de z + z = 1 qui a des solutions. Enfin, si b ∈ k 0 − k, on peut prendre x = b, z = b. C.Q.F.D. Corollaire 5.2. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P et P0 deux sous-groupes paraboliques opposés de G. L’application canonique radu (P)(S) · radu (P0 )(S) −→ (G/P)(S) est surjective (en particulier, on a (G/P)(S) = G(S)/P(S)). Tout sous-groupe parabolique Q de G, de même type que P, est de la forme int(uu0 )P avec u ∈ radu (P)(S) et u0 ∈ radu (P0 )(S). La seconde assertion est évidemment équivalente à la première, démontrons celleci. Soient si les points fermés de S, soit V l’ouvert de G/P image de P0 (et isomorphe à radu (P0 ), cf. 4.3.6) et soit x ∈ G/P(S). Par 5.1, il existe pour chaque i une section ui ∈ radu (P)(κ(si )) telle que ui xsi soit une section de Vsi . Si u ∈ radu (P)(S) relève les ui (2.6), ux est une section de V, car une telle assertion se vérifie sur les fibres ∼ fermées. Mais radu (P0 )(S) −→ V(S), est bijectif, et on conclut aussitôt. 486 Corollaire 5.3. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P, P0 et Q trois sous-groupes paraboliques de G. Il existe g ∈ G(S) tel que int(g)Q soit en position transversale relativement à P et P0 . Avec les notations de 4.2.4 (ii), on doit vérifier que l’ouvert universellement schématiquement dense sur S (26) Gen(Q/P) ∩ Gen(Q/P0 ) de G possède une section sur S. En fait, choisissons un sous-groupe parabolique de G opposé à Q (4.3.5 (i)), soit Q1 , et (26) N.D.E. : On a remplacé « relativement dense » par « universellement schématiquement dense sur S », cf. EGA IV3 , Déf. 11.10.8. 5. THÉORÈME DE CONJUGAISON 315 posons U = radu (Q), U0 = radu (Q1 ). Nous allons montrer qu’il existe g ∈ U(S)U0 (S) répondant à la question ; sous cette forme, il résulte de 4.2.4 (i) et 2.6 qu’il suffit de vérifier l’assertion sur les fibres aux points fermés de S, et on peut donc supposer que S est le spectre d’un corps k. Si k est algébriquement clos, il existe g ∈ G(k) répondant à la question, or g s’écrit uu0 q avec u ∈ U(k), u0 ∈ U0 (k), q ∈ Q(k) (5.2), et l’on a int(uu0 )Q = int(g)Q. Si k est infini, considérons l’ouvert V de U ×k U0 défini par le diagramme cartésien U ×k U0 O / G O Â? V Â? / Gen(Q/P) ∩ Gen(Q/P0 ); comme V(k) 6= ∅ en vertu de ce qu’on vient de voir, V est dense dans U ×k U0 , donc possède une section par 2.7. Si k est fini, P (resp. P0 ) possède un sous-groupe de Borel B (resp. B0 ), en 487 vertu du théorème de Lang (cf. 5.1.5), les schémas Bor(P) ' Bor(P/ radu (P)) et Bor(Q) ' Bor(Q/ radu (Q)) étant lisses. Si B1 est un sous-groupe de Borel opposé à B (4.3.5 (i)), il existe a ∈ Bu (k) et a1 ∈ Bu1 (k) tels que int(aa1 )B = B0 (5.2) ; alors B0 = int(aa1 )B1 = int(a)B1 est opposé à B0 et à B ; si Q0 est l’unique sous-groupe parabolique de G contenant B0 et de même type que Q (3.8), Q0 est en position transversale relativement à P et P0 (4.2.1 (vi)). D’autre part par 5.2, Q0 s’écrit int(uu0 )Q avec u0 ∈ U0 (k), u ∈ U(k) ce qu’il fallait démontrer. Corollaire 5.4. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P et Q deux sous-groupes paraboliques de G. Il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P soit en position osculatrice relativement à Q, i.e. (4.4.2) que int(g)P ∩ Q soit un sous-groupe parabolique de G. En effet, en vertu de 4.3.5 (i), il existe un sous-groupe parabolique P0 de G, opposé à P. En vertu de 5.3, il existe un sous-groupe parabolique P01 de G de même type que P0 , en position transversale relativement à P et Q. Si T est un tore maximal de P01 ∩ Q (4.2.7 (ii)), et si P1 est l’opposé de P01 relativement à T, alors P1 et Q sont en position osculatrice, en vertu de 4.4.5. D’autre part, P et P1 étant opposés à P01 , C.Q.F.D. il existe g ∈ radu (P01 )(S) tel que int(g)P = P1 (4.3.5 (i)). Remarquons d’ailleurs que pour la même raison, il existe u ∈ radu (P)(S) tel que 488 int(u)P0 = P01 , donc que g s’écrit int(u)u0 avec u0 ∈ radu (P0 )(S), ce qui donne P1 = int(uu0 u−1 )P = int(uu0 )P et redémontre au passage 5.2. Les énoncés 5.3 et 5.4 sont les résultats essentiels de ce paragraphe. Énonçons d’abord quelques conséquences de 5.4. Corollaire 5.5. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif. (i) Si P et Q sont deux sous-groupes paraboliques de G et si t(P) ⊂ t(Q) (cf. 3.3), il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P ⊂ Q. 316 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS (ii) Soient P1 ⊃ P2 ⊃ · · · · · · ⊃ Pn 489 et P01 ⊃ P02 ⊃ · · · · · · ⊃ P0n deux chaı̂nes de sous-groupes paraboliques de G telles que t(Pi ) = t(P0i ). Il existe g ∈ G(S) tel que int(g)Pi = P0i pour chaque i. (iii) Soient P, Q, P0 , Q0 quatre sous-groupes paraboliques de G tels que t(P) = t(P0 ) et t(Q) = t(Q0 ). Si les couples (P, P0 ) et (Q, Q0 ) sont en position transversale (resp. osculatrice), il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P = P0 et int(g)Q = Q0 . (iv) Soient P et P0 deux sous-groupes paraboliques de même type, L (resp. L0 ) un sous-groupe de Levi de P (resp. P0 ). Il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P = P0 et int(g)L = L0 . Démonstration : (i) résulte aussitôt de 5.4 ; (ii) se démontre par récurrence sur n, le cas n = 0 étant trivial ; on peut donc supposer Pi = P0i pour i = 1, . . . , n − 1 ; par 5.2 il existe g ∈ G(S) tel que int(g)Pn = P0n ; mais alors Pn et int(g)Pn sont contenus dans Pn−1 = P0n−1 , donc g ∈ Pn−1 (S) (4.4.4 (ii)) et int(g)Pi = P0i pour i = 1, . . . , n. D’autre part, (iv) résulte aussitôt de 5.2 et de 1.8. Démontrons (iii) dans le cas « position transversale » ; l’assertion est une conséquence de (iv) lorsque les types de P et Q sont opposés (4.3.3 (iii)) ; dans le cas général, on peut en vertu de 4.2.7 (iii) et 4.4.6, trouver des sous-groupes paraboliques P1 , P01 , Q1 , Q01 de P, P0 , Q, Q0 respectivement, tels que P1 et P01 soient opposés, ainsi que Q1 et Q01 , et que t(P1 ) = t(P01 ) ; il existe donc g ∈ G(S) tel que int(g)P1 = P01 , int(g)Q1 = Q01 , et on peut supposer P1 = P01 et Q1 = Q01 ; mais alors P et P0 sont en position osculatrice et de même type, donc P = P0 (4.4.4 (i)) ; pour la même raison Q = Q0 . Il nous reste à démontrer l’assertion (iii) dans le cas « position osculatrice ». En vertu du théorème de conjugaison (5.2), on peut supposer P = P0 ; en vertu du même théorème, on peut trouver g ∈ G(S) tel que int(g)Q = Q0 ; mais alors g ∈ P(S) par 4.4.4 (ii) et l’on a int(g)P = P = P0 . 490 Définition 5.6. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. On dit que P est minimal si chaque fois que Q est un sous-groupe parabolique de G contenu dans P, on a Q = P. On notera que ce n’est pas une notion stable par passage aux fibres en général. Corollaire 5.7. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif. (i) Soient t, t0 ∈ Of(Dyn(G))(S). S’il existe dans G un sous-groupe parabolique de type t et un sous-groupe parabolique de type t0 , il existe un sous-groupe parabolique de type t ∩ t0 . En particulier, il existe un plus petit élément tmin dans l’ensemble des t(P), P parcourant l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G. (ii) Tout sous-groupe parabolique de G contient un sous-groupe parabolique minimal. Pour qu’un sous-groupe parabolique de G soit minimal, il faut et il suffit qu’il soit de type tmin . Deux sous-groupes paraboliques minimaux de G sont conjugués par un élément de G(S). Cela résulte aussitôt de 5.4 et 5.5 (i). 5. THÉORÈME DE CONJUGAISON 317 Remarque 5.8. — Un sous-groupe parabolique opposé à un sous-groupe parabolique minimal est également minimal ; ceci entraı̂ne s(tmin ) = tmin . 491 Corollaire 5.9. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G. Le morphisme canonique G −→ G/P = X fait de G un X-fibré localement trivial (au sens de Zariski) de groupe PX . Si L est un sous-groupe de Levi de P, le morphisme canonique (cf. 3.12) G −→ G/L = Y fait de G un Y-fibré localement trivial (au sens de Zariski) de groupe LY . Il suffit de prouver que si on a un morphisme S0 → S, où S0 est local et un morphisme S → X (resp. S0 → Y), il se remonte en un morphisme S0 → G. Autrement dit, on peut supposer S local et on doit montrer que l’application G(S) → X(S) (resp. G(S) → Y(S)) est surjective. La première assertion a été démontrée en 5.2 ; démontrons la seconde. Soit y ∈ Y(S), son image canonique dans X(S) provient d’un g ∈ G(S) ; la projection y 0 de g dans Y(S) a donc même projection que y dans X(S). Il existe donc un unique u ∈ radu (P)(S) tel que y 0 u = y, et la projection de gu dans Y(S) est bien y. 0 Corollaire 5.10. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif 492 (i) Soient P un sous-groupe parabolique de G, L un sous-groupe de Levi de P. Les applications canoniques (cf. 3.21) induisent des bijections ∼ ∼ H1 (S, L) −→ H1 (S, P) −→ H1t(P) (S, G). (ii) Soient t, t0 ∈ Of(Dyn(G))(S), on a (cf. 3.21) T H1t (S, G) H1t0 (S, G) = H1t∩t0 (S, G). (iii) Si P et Q sont deux sous-groupes paraboliques de G en position osculatrice, le diagramme canonique suivant est cartésien et composé d’injections : H1 (S, P) O / H1 (S, G) O H1 (S, P ∩ Q) / H1 (S, Q) Démontrons (i). L’application H1 (S, L) → H1 (S, P) est bijective par 2.3 ; l’application H1 (S, P) → H1t(P) (S, G) est surjective (3.21), montrons qu’elle est injective, i.e. que l’application canonique H1 (S, P) → H1 (S, G) est injective. Soit Q un fibré principal sous P, Q1 le fibré principal sous G associé, P0 et G0 les formes tordues de P et G correspondantes. Il est clair que G0 est un S-groupe réductif et que P0 en est un sous-groupe parabolique. L’ensemble des éléments de H1 (S, P) qui ont même image 493 que la classe de Q dans H1 (S, G) s’identifie naturellement au noyau de l’application canonique H1 (S, P0 ) → H1 (S, G0 ), et celui-ci, par la suite exacte de cohomologie, à 318 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS l’ensemble des orbites de G0 (S) dans (G0 /P0 )(S) (Pour ces raisonnements de cohomologie non abélienne, voir la thèse de Giraud (27) . Mais G0 (S) opère transitivement dans (G0 /P0 )(S) par 5.2. Démontrons (ii) : soient Q un fibré principal homogène sous G et GQ la forme tordue de G correspondante. Par définition (3.21), il nous faut prouver que GQ possède un sous-groupe parabolique de type t ∩ t0 si et seulement si il possède des sous-groupes paraboliques de type t et t0 , ce qui n’est autre que la conjonction de 3.8 et 5.7 (i). Enfin, (iii) résulte aussitôt de (i) et de (ii). Énonçons maintenant une conséquence de 5.3. Corollaire 5.11. — Soient S un schéma semi-local, G un S-groupe réductif, P un sousgroupe parabolique de G. Si P 6= G, il existe au moins 3 sous-groupes paraboliques de G, distincts, de même type que P ; autrement dit P 6= G entraı̂ne (G(S) : P(S)) > 3. En effet, soit P0 un sous-groupe parabolique de G opposé à P (4.3.5 (i)). Comme P 6= G, on a radu (P0 ) 6= e (par 4.3.2 par exemple). Par 2.1, radu (P0 )(S) 6= e ; soit donc u ∈ radu (P0 )(S), u 6= e. Alors int(u)P 6= P, et en vertu de 5.3, il existe un P1 , de même type que P, et opposé à P et int(u)P ; alors P1 , P et int(u)P sont trois sous-groupes paraboliques distincts de G, de même type que P. 494 6. Sous-groupes paraboliques et tores déployés Proposition 6.1. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, g = Lie(G/S), et Q un sous-tore déployé de G. Écrivons Q = DS (M) et soit a g= gα α∈M la décomposition de g sous l’action de Q. Soit M1 une partie de M telle que 0 ∈ M1 et que α, β ∈ M1 ⇒ α + β ∈ M1 . (i) Il existe un unique sous-groupe lisse ` HM1 de G, à fibres connexes, contenant CentrG (Q), et dont l’algèbre de Lie soit α∈M1 gα . (ii) On a les implications suivantes : M1 = {0} =⇒ HM1 = CentrG (Q), M1 = −M1 =⇒ HM1 est réductif, M1 ∪ (−M1 ) = M =⇒ HM1 et H−M1 sont des sous-groupes paraboliques de G, opposés, de sous-groupe de Levi commun HM1 ∩−M1 . 495 Pour démontrer (i) et (ii), qui sont locaux pour la topologie (fpqc), on peut supposer que Q est contenu dans un tore maximal T de G ; on peut de plus déployer G relativement à T. L’assertion (i) résulte alors aussitôt de Exp. XXII, 5.3.5, 5.4.5 et 5.4.7 ; les assertions de (ii) résultent de Exp. XXII, 5.3.5, 5.10.1, 5.11.3 et de cet exposé, 1.4 et 4.3.2. (27) N.D.E. : voir [Gi71], § III.3. 6. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES ET TORES DÉPLOYÉS 319 Corollaire 6.2. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, Q un sous-tore déployé de G. Il existe un sous-groupe parabolique de G dont CentrG (Q) soit un sous-groupe de Levi. En effet, écrivant Q = DS (M), on choisit une structure d’ordre total sur le groupe M, on appelle M1 l’ensemble des éléments positifs de M ; le groupe HM1 répond à la question. Corollaire 6.3. — Si le S-groupe réductif G possède un sous-tore déployé non central, il possède un sous-groupe parabolique propre (i.e 6= G). Par 5.9 et 5.10, on tire de 6.2 : Corollaire 6.4. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, Q un sous-tore déployé de G. Le morphisme canonique G → G/ CentrG (Q) est une fibration localement triviale. Si S est semi-local, l’application G(S) → (G/ CentrG (Q))(S) est surjective, et l’application H1 (S, CentrG (Q)) → H1 (S, G) est injective. 6.5. Supposons S connexe. Si T est un S-tore et si T0 et T00 sont deux sous-tores déployés de T, leur produit T0 · T00 (28) est également un sous-tore déployé de T. En 496 effet il s’identifie au quotient de T0 ×S T00 par T0 ∩ T00 , quotient qui est déployé par Exp. IX, 2.11. Il en résulte que T possède un plus grand sous-tore déployé ; on le note Tdép . Lemme 6.6. — Soient S un schéma connexe, T un S-tore isotrivial, Tdép son plus grand sous-tore déployé. Les conditions suivantes sont équivalentes : (i) Il existe un homomorphisme T → Gm, S distinct de e. (ii) Tdép 6= e. Comme T est supposé isotrivial, il existe un groupe fini Γ, un revêtement principal galoisien connexe S0 → S de groupe Γ, et un isomorphisme TS0 ' DS0 (M) ; M est alors muni d’une structure de Γ-module, et on a un isomorphisme naturel HomS (T, Gm, S ) = H0 (Γ, M). D’autre part, soit V le sous-espace vectoriel de M ⊗ Q engendré par les éléments de la forme g(m) − m, g ∈ Γ, m ∈ M. On vérifie aussitôt que (Tdép )S0 s’identifie à DS0 (M/M ∩ V). L’assertion (i) est donc équivalente à H0 (Γ, M) 6= 0, ou encore à H0 (Γ, M ⊗ Q) 6= 0, tandis que l’assertion (ii) est équivalente à M 6= M ∩ V, ou encore à M ⊗ Q 6= V. Or on a M ⊗ Q = H0 (Γ, M ⊗ Q) ⊕ V, comme on le vérifie aussitôt (considérer le projecteur M ⊗ Q → H0 (Γ, M ⊗ Q) qui envoie x sur la moyenne des transformés de x par Γ). Lemme 6.7. — Soient S un schéma, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe para- 497 bolique de G tel que P 6= G, L un sous-groupe de Levi de P, Q son radical. Il existe un homomorphisme Q → Gm, S distinct de e. (28) N.D.E. : On a adopté la notation multiplicative, i.e. on a remplacé « leur somme T0 + T00 » par « leur produit T0 · T00 ». 320 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Considérons le radical unipotent U de P ; il est invariant sous int(P), donc sous int(Q). Considérons le OS -module inversible dét(Lie(U)) « puissance extérieure maximum » du OS -module localement libre Lie(U). La représentation adjointe définit un homomorphisme de groupes f: Q −→ Aut(dét(Lie(U)) = Gm, S . Si P 6= G, alors U 6= e. Choisissons un s ∈ S tel que Us 6= e. Déployant Gs relativement à un tore maximal contenant Qs , on voit aussitôt que fs 6= e. Proposition 6.8. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif, P un sous-groupe parabolique de G, L un sous-groupe de Levi de P, Q son radical, Qdép le plus grand sous-tore déployé de Q (i.e. le plus grand sous-tore central déployé de L). Alors L = CentrG (Qdép ). 498 Posons L0 = CentrG (Qdép ) ; c’est un sous-groupe réductif de G contenant L ; de plus, P0 = P ∩ L0 est un sous-groupe parabolique de L0 , de sous-groupe de Levi L (1.20). Si L0 6= L, alors L0 6⊂ P (car L est un sous-groupe réductif maximal de P, cf. 1.7), donc P0 6= L0 . Soient G1 le groupe dérivé de G, et P1 = P0 ∩ G1 . Par 1.19, P1 est un sous-groupe parabolique du groupe semi-simple G1 , L1 = L ∩ G1 en est un sous-groupe de Levi, et Q1 = rad(L1 ) = (rad(L) ∩ G1 )0 = (Q ∩ G1 )0 . Comme L1 possède un tore maximal T1 (Exp. XIV, 3.20), et que celui-ci est isotrivial (Exp. XXIV, 4.1.5), Q1 qui est un sous-tore de T1 est également isotrivial (Exp. IX, 2.11) ; comme P1 6= G1 , on peut appliquer 6.7 et 6.6 et l’on a donc (Q1 )dép 6= e, d’où (Qdép ∩ G1 )0 6= e, donc Qdép 6⊂ rad(L0 ) (car rad(L0 ) ∩ G1 est fini), ce qui est contradictoire avec la définition de L0 . Corollaire 6.9. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif, Q un sous-tore critique de G (i.e. tel que rad(CentrG (Q)) = Q). Pour que CentrG (Q) soit sous-groupe de Levi d’un sous-groupe parabolique de G, il faut et il suffit que CentrG (Q) = CentrG (Qdép ), c’est-à-dire que Lie(G)Q = Lie(G)Qdép . Cela résulte de 6.2 et 6.8. 499 Corollaire 6.10. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif, L un sous-groupe de G. Les conditions suivantes sont équivalentes : (i) Il existe un sous-groupe parabolique de G dont L soit un sous-groupe de Levi. (ii) Il existe un sous-tore déployé de G dont L soit le centralisateur. (iii) Il existe un homomorphisme Gm, S → G dont L soit le centralisateur. En effet, on a (i) ⇒ (ii) par 6.8, et (iii) ⇒ (i) par 6.1 ; reste à prouver (ii) ⇒ (iii). Supposons donc L = CentrG (Q), avec Q = DS (M) ; écrivons g = Lie(G/S) et a g= gα , α∈M et soit R l’ensemble des α ∈ M − {0} tels que gα 6= 0. 6. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES ET TORES DÉPLOYÉS 321 Comme R est fini et ne contient pas 0, il existe un homomorphisme u : M → Z tel que u(α) 6= 0 pour chaque α ∈ R. Par dualité, u donne un homomorphisme Gm, S → Q, donc un homomorphisme f : Gm, S → G. On a CentrG (f ) ⊃ CentrG (Q) ; ce sont deux sous-groupes lisses de G, à fibres connexes ; leurs algèbres de Lie coı̈ncident (car égales toutes deux à g0 ) ; ils coı̈ncident donc, par un raisonnement habituel. Corollaire 6.11. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif. Les applications L 7→ rad(L)dép , Q 7→ CentrG (Q) sont des bijections réciproques l’une de l’autre, qui inversent les structures d’ordre naturelles, entre l’ensemble des sous-groupes L de G qui sont des sous-groupes de Levi de sous-groupes paraboliques de G et l’ensemble des sous-tores déployés Q de G tels que rad(CentrG (Q))dép = Q. Corollaire 6.12. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif. 500 Considérons les assertions suivantes : (i) Il existe un sous-groupe parabolique de G distinct de G. (ii) G possède un sous-tore déployé non central. (ii bis) G possède un sous-tore déployé non central de dimension relative 1. (iii) Il existe un homomorphisme de groupes Ga, S → G qui soit une immersion fermée. Alors on a (i) ⇔ (ii) ⇔ (ii bis) ⇒ (iii). La seule assertion nouvelle est (i) ⇒ (iii). Soit donc P un sous-groupe parabolique de G, distinct de G. Alors U = radu (P) 6= e. Considérons le dernier sous-groupe non trivial Un de la suite de composition de U (2.1). On a un isomorphisme Un ' W(En ), où En est un OS -module localement libre, donc libre (29) . Comme En 6= 0, il existe un monomorphisme localement facteur direct OS → En , donc une immersion fermée Ga, S = W(OS ) ,→ W(En ) ' Un , ce qui entraı̂ne aussitôt (iii). Remarque 6.12.1. — Lorsque S est le spectre d’un corps de caractéristique 0, il résulte du théorème de Jacobson-Morozov que (iii) ⇒ (ii bis). Les quatre conditions précédentes sont alors équivalentes (« critère de Godement » cf. [BT65], 8.5). (∗) Définition 6.13. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif. 501 On dit que G est anisotrope si G ne contient aucun sous-tore déployé non réduit à e. Corollaire 6.14. — Soit S un schéma semi-local connexe. Pour que le S-groupe réductif G soit anisotrope, il faut et il suffit qu’il ne possède aucun sous-groupe parabolique P 6= G, et que son radical soit anisotrope. Utilisant maintenant 6.6, Exp. XXIV, 4.1.5, et Exp. XXII, 6.2, on en déduit : (∗) Cela est plus généralement vrai lorsque S est le spectre d’un corps parfait (Tits). (29) N.D.E. (30) N.D.E. : puisque S est supposé semi-local et connexe. : il s’agit du corollaire 3.7 de l’article [BT71]. (30) 322 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Corollaire 6.15. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif isotrivial (par exemple G semi-simple, ou S normal (Exp. X 5.16)). Pour que G soit anisotrope, il faut et il suffit que G ne possède aucun sous-groupe parabolique P 6= G, et que HomS-gr (G, Gm, S ) = e. Proposition 6.16. — Soient S un schéma semi-local connexe, G un S-groupe réductif. Les sous-tores déployés maximaux de G sont les plus grands sous-tores centraux déployés des groupes de Levi des sous-groupes paraboliques minimaux de G. Deux tels tores sont conjugués par un élément de G(S). 502 Soit Q un sous-tore déployé maximal de G. (31) Alors, d’après 6.2, L = CentrG (Q) est sous-groupe de Levi d’un sous-groupe parabolique P de G, et comme Q ⊂ rad(CentrG (Q))dép , la maximalité de Q entraı̂ne Q = rad(CentrG (Q))dép . En vertu de 6.11, L est un élément minimal de l’ensemble des sous-groupes de Levi de sousgroupes paraboliques de G, donc P est un sous-groupe parabolique minimal de G par 1.20. Il résulte alors de 5.7 et 5.5 (iv) que deux sous-tores tels que Q sont conjugués par une section de G(S). La conjugaison des Q et des couples (P, L) entraı̂ne alors la première assertion de 6.16. Corollaire 6.17. — Soient S un schéma semi-local connexe, P et P0 deux sous-groupes paraboliques minimaux en position standard (4.5.1.1). Alors P ∩ P0 contient un sousgroupe de Levi commun à P et P0 . En effet, P ∩ P0 contient un tore maximal T de G, d’après 4.5.1 (v) ; soit L l’unique sous-groupe de Levi de P contenant T. On a rad(P) ∩ T = rad(P) ∩ L = rad(L) par 1.21, donc rad(P) ∩ T contient rad(L)dép qui est un sous-tore déployé maximal de G, donc est nécessairement égal à Tdép . On a donc L = CentrG (Tdép ), et par symétrie L est aussi un sous-groupe de Levi de P0 . Remarque 6.18. — Il résulte de 1.21 que le sous-groupe parabolique P de G est minimal si et seulement si rad(P) contient un sous-tore déployé maximal de G ; alors, d’après 6.17, si T est un tore maximal P, Tdép est un tore maximal de G et de rad(P) et CentrG (Tdép ) est un sous-groupe de Levi de P. De plus, tout sous-groupe de Levi de P s’obtient de cette manière. 503 7. Donnée radicielle relative Dans ce paragraphe, S désignera un schéma semi-local connexe non vide, G un S-groupe réductif, Q un sous-tore déployé maximal de G, et L le centralisateur de Q dans G, i.e. L = CentrG (Q). (31) N.D.E. : On a détaillé la phrase qui suit. 7. DONNÉE RADICIELLE RELATIVE 323 7.1. Comme Q est le plus grand sous-tore central trivial de L, toute section de G(S) qui normalise L normalise aussi Q. On a donc (cf. 7.1.1) NormG (L)(S) = NormG (Q)(S). D’autre part, on a vu en 6.4 que l’application G(S) → (G/L)(S) est surjective. Il s’ensuit qu’on a une identification canonique WG (Q)(S) = (NormG (Q)/ CentrG (Q))(S) ' NormG (L)(S)/L(S). On désignera par M le groupe HomS-gr (Q, Gm, S ), de telle sorte qu’on a un isomorphisme canonique Q ' DS (M). On notera W le groupe d’automorphismes de M défini par WG (Q)(S). On a donc des isomorphismes W ' WG (Q)(S) ' NormG (L)(S)/L(S). 7.1.1. — On n’a pas en général NormG (L) = NormG (Q). Prenons par exemple pour S le spectre d’un corps k, possédant une extension quadratique k 0 , pour G le groupe unitaire GkqÉp 0 /k (A2 ) (cf. Exp. XXIV, 3.11.2). Comme les sous-groupes paraboliques minimaux de G sont ses groupes de Borel, 504 leurs sous-groupes de Levi sont des tores maximaux, et on a (NormG (L)/L)(k) = S3 . D’autre part, comme G n’est pas déployé, les tores déployés maximaux de G sont de dimension 6 1, donc isomorphes à Gm, k . Comme NormG (Q)/L opère fidèlement dans Q, on a (NormG (Q)/Q)(k) = Z/2Z. 7.2. Si P est un sous-groupe parabolique de G de groupe de Levi L (il en existe par 6.2), P est nécessairement minimal (cf. 6.18). En vertu de la conjugaison des sousgroupes paraboliques minimaux de G (5.7), de celle des sous-groupes de Levi d’un sous-groupe parabolique (1.8), et des égalités P = NormG (P) et NormG (L) ∩ P = L (1.6), on obtient : l’ensemble des sous-groupes paraboliques (minimaux ) de G de groupe de Levi L est principal homogène sous le groupe W. 7.3. L’algèbre de Lie de G se décompose sous l’action de Q en a Lie(G) = Lie(L) ⊕ Lie(G)α , α∈R où R est l’ensemble des caractères non nuls de Q tels que Lie(G)α 6= 0 (racines de G relativement à Q). Désignons par M∗ le groupe HomS-gr (Gm, S , Q), qui est en dualité avec M et sur lequel W opère de manière naturelle par transport de structure. Théorème 7.4. — Avec les notations de 7.3, il existe une unique application α 7→ α∗ 505 de R dans M∗ qui définisse dans (M, M∗ ) une donnée radicielle (Exp. XXI, 1.1) dont le groupe de Weyl soit W. De plus, les sous-groupes paraboliques P de G de groupe de Levi L et les systèmes de racines positives R+ de R se correspondent bijectivement par la relation a Lie(P) = Lie(L) ⊕ Lie(G)α . α∈R+ 324 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 7.4.1. — Supposons d’abord prouvée l’existence de l’application α 7→ α∗ demandée. En vertu de Exp. XXI, 3.4.10, sα est l’unique élément de W tel que pour tout m ∈ M, sα (m) − m soit un multiple rationnel de α, ce qui montre que sα est déterminé par α ; comme on a alors (32) α∗ (m) α = m − sα (m), on voit que α∗ est déterminé par α, ce qui prouve l’unicité de l’application α 7→ α∗ . 7.4.2. — Soit α ∈ R et soit Lα (resp. Hα , resp. H−α ) l’unique sous-groupe lisse et à fibres connexes de G contenant L et tel que (cf. 6.1 (i)) a Lie(Lα ) = Lie(L) ⊕ Lie(G)γ γ∈Zα∩R resp. Lie(Hα ) = Lie(L) ⊕ a Lie(G)γ , γ∈Nα∩R resp. Lie(H−α ) = Lie(L) ⊕ a Lie(G)γ ; γ∈−Nα∩R 506 Lα est un sous-groupe réductif de G, Hα et H−α en sont des sous-groupes paraboliques de sous-groupe de Levi L, et Hα et H−α sont opposés relativement à L (cf. 6.1 (ii)). Par 7.2, il existe donc sα ∈ NormLα (Q)(S)/L(S) ⊂ W tel que sα (Hα ) = H−α . On a sα (α) = −α (car α (resp. − α) est le diviseur commun des éléments de R intervenant dans Hα (resp. H−α )), et on a s2α = id (car s2α (Hα ) et Hα sont tous deux opposés à H−α relativement à L). On a donc construit un sα ∈ W vérifiant les propriétés suivantes : (x) (xx) sα (α) = −α, s2α = id sα peut se représenter par un élément de Lα (S). Remarquons d’ailleurs que sα est construit de manière canonique à partir de α, et en particulier que (xxx) pour tout w ∈ W, on a wsα w−1 = sw(α) . 7.4.3. — Nous nous proposons maintenant de prouver l’assertion : (xxxx) 507 pour tout m ∈ M, sα (m) − m ∈ Zα. Comme S est connexe, cette assertion est locale pour la topologie (fpqc). On peut donc supposer que Lα = G1 est déployable relativement à un tore maximal T1 de L. Soit donc (G1 , T1 , M1 , R1 ) un tel déploiement. Le monomorphisme Q → T1 identifie M à un quotient de M1 , soit p : M1 → M l’application canonique. L’image de R1 par p est formée éventuellement de zéro et des racines de G1 par rapport à Q (donc des éléments de R multiples entiers de α) ; on a donc p(R1 ) ⊂ Zα. En vertu de (xx), il existe un élément de NormG1 (L)(S) qui induit sα sur Q. En vertu de Exp. XXII, 5.10.10, il existe donc une section w ∈ (W1 )S (S) qui induit sα sur Q (on dénote par W1 le groupe de Weyl de la donnée radicielle (M1 , R1 , . . .)). Quitte à (32) N.D.E. : On a corrigé α∗ (m) en α∗ (m) α. 7. DONNÉE RADICIELLE RELATIVE 325 restreindre S, on peut donc supposer qu’il existe w ∈ W1 induisant sα sur Q, donc vérifiant p(w(m1 )) = sα (p(m1 )) pour tout m1 ∈ M1 . Mais, par définition de W1 , w est un produit de symétries par rapport à des éléments de R1 , donc w(m1 ) − m1 est une combinaison linéaire à coefficients entiers des éléments de R1 . Il s’ensuit que sα (p(m1 )) − p(m1 ) est une combinaison linéaire à coefficients entiers des éléments de p(R1 ) ⊂ Zα, donc un multiple entier de α, ce qu’il fallait démontrer. 7.4.4. — On peut donc définir un élément α∗ ∈ M∗ par (33) α∗ (m) α = m − sα (m). En vertu de (x), on a (α∗ , α) = 2 ; il résulte d’autre part de (xxx) que pour tout couple (α, α0 ) ∈ R×R, on a sα (α0 ) ∈ R et sα (α0∗ ) = sα (α0 )∗ , ce qui prouve (cf. Exp. XXI, 1.1) que l’application α 7→ α∗ construite définit bien une donnée radicielle dans (M, M∗ ). 7.4.5. — Soit W0 le groupe de Weyl de cette donnée radicielle (groupe de transformations de M engendré par les sα ) ; on a W0 ⊂ W. Soit d’autre part > une relation d’ordre total sur le groupe abélien libre M ; posons 508 R+ = {α ∈ R | α > 0}. On sait que R+ est un système de racines positives de R. Soit w ∈ W, représenté par un n ∈ NormG (L)(S) = NormG (Q)(S). Posons P = HR+ (notation de 6.1) ; en vertu de loc. cit., P est un sous-groupe parabolique de G, de sous-groupe de Levi L. On a évidemment int(n)P = Hw(R+ ) . Il résulte alors de 7.3 que w(R+ ) = R+ entraı̂ne w = e. Comme le groupe W0 opère transitivement sur les systèmes de racines positives de R (Exp. XXI, 3.3.7) et que le stabilisateur dans W de R+ est l’identité, on en conclut aussitôt que W = W0 . On en conclut également que W = W0 opère de façon simplement transitive à la fois sur l’ensemble des systèmes de racines positives de R et sur l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G de groupe de Levi L, ce qui entraı̂ne la dernière assertion de 7.4. C.Q.F.D. 7.5. Si P et P1 sont deux sous-groupes paraboliques minimaux de G, de sous-groupes de Levi L et L1 , et si on désigne par Q et Q1 les tores centraux déployés maximaux de L et L1 , alors les couples (P, Q) et (P1 , Q1 ) sont conjugués : il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P = P1 et int(g)Q = Q1 . En effet, P et P1 sont conjugués (5.7) et on peut donc supposer P = P1 ; alors L et L1 sont conjugués par une section de P(S) (1.8). De plus, si g et g 0 sont deux sections de G conjuguant les couples (P, Q) et (P1 , Q1 ), alors g 0−1 g normalise P et Q, donc P et L ; mais NormG (P) ∩ NormG (L) = P ∩ NormG (L) = L = CentrG (Q). ∼ L’isomorphisme Q −→ Q1 induit par int(g) est donc indépendant de g. 509 Soient R et R1 les données radicielles définies grâce à 7.4 dans HomS-gr. (Q, Gm, S ) et HomS-gr. (Q1 , Gm, S ) et soient R+ et R1+ les systèmes de racines positives corres∼ pondant à P et P1 . L’isomorphisme canonique Q −→ Q1 défini ci-dessus transforme (33) N.D.E. : On a corrigé α∗ (m) en α∗ (m) α. 326 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS (R, R+ ) en (R1 , R1+ ). On en déduit aussitôt que l’on peut définir la donnée radicielle relative épinglée (34) de G sur S, en identifiant les différents (R, R+ ) à l’aide du système transitif d’isomorphismes décrit ci-dessus. À partir de maintenant, nous noterons (M, M∗ , R, R∗ , R+ ) = R(G/S) cette donnée radicielle épinglée ; pour chaque couple P ⊃ Q comme ci-dessus, on a donc un isomor∼ phisme canonique M −→ HomS-gr. (Q, Gm, S ) transformant R (resp. R+ ) en l’ensemble des racines de G (resp. de P) relativement à Q, et W(R) en WG (Q)(S). 7.6. Soit toujours Q un tore déployé maximal de G, P un sous-groupe parabolique (minimal) de G de groupe de Levi CentrG (Q), (M, M∗ , R, R∗ , R+ ) la donnée radicielle épinglée correspondante (7.4), et ∆ l’ensemble des racines simples de R+ . Pour tout A ⊂ ∆, soit RA ⊂ R l’ensemble RA = R+ ∪ (ZA ∩ R− ) 510 formé des racines positives et des racines négatives combinaisons linéaires des éléments de A. C’est un ensemble clos (Exp. XXI, 3.1.4) de racines, et tout ensemble clos contenant R+ se met de façon unique sous cette forme (Exp. XXI, 3.3.10). Par 6.1, il existe un unique sous-groupe PA de G, lisse et à fibres connexes, contenant CentrG (Q) et tel que a Lie(PA ) = Lie(G)0 ⊕ Lie(G)α . α∈RA Il résulte alors aussitôt de 6.1, de la conjugaison des paraboliques minimaux, et du fait que l’ensemble des racines d’un sous-groupe parabolique de G contenant Q est clos (qui se déduit aussitôt de 1.4 par déploiement) que : Proposition 7.7. — (i) L’application A 7→ PA est une bijection de l’ensemble des parties de ∆ sur l’ensemble des sous-groupes paraboliques de G contenant P. Cette bijection conserve les relations d’ordre naturelles d’inclusion. (ii) Tout sous-groupe parabolique de G est conjugué par une section de G(S) à un unique PA . 7.8. Soit P ⊃ Q comme ci-dessus. Considérons la donnée radicielle relative (7.5) de G sur S et l’isomorphisme canonique f: ∼ (M, M∗ , R, R∗ , R+ ) −→ (M, M∗ , R, R∗ , R+ ). L’ensemble ∆ des racines simples de R+ est transformé en l’ensemble ∆ des racines simples de R+ , donc toute partie A de ∆ en une partie f (A) ⊂ ∆. 511 Définition 7.9.0. — (35) Soit H un sous-groupe parabolique de G quelconque. Par 7.7 (ii), il est conjugué à un unique PA . Notons tr (H) = f (A) ⊂ ∆. On vérifie aussitôt à l’aide des théorèmes de conjugaison que tr (H) est indépendant du choix du couple P ⊃ Q. On dit que c’est le type relatif de H. (34) N.D.E. : Rappelons (Exp. XXIII 1.5) qu’une donnée radicielle épinglée est une donnée radicielle munie du choix d’un système de racines positives (ou de racines simples). (35) N.D.E. : On a ajouté la numérotation 7.9.0 pour mettre en évidence la définition du « type relatif ». 7. DONNÉE RADICIELLE RELATIVE 327 Proposition 7.9. — (i) L’application H 7→ tr (H) induit une bijection entre l’ensemble des classes de conjugaison (par G(S)) des sous-groupes paraboliques de G, et l’ensemble des parties de ∆. (ii) Soient H un sous-groupe parabolique de G, P un sous-groupe parabolique minimal contenu dans H, Q le tore déployé central maximal d’un sous-groupe de Levi de P, ∼ ∆ l’ensemble des racines simples de P relativement à Q et f : ∆ −→ ∆ l’isomorphisme canonique. Alors, pour tout α ∈ ∆, on a l’équivalence : f (α) ∈ tr (H) ⇐⇒ Lie(H)−α 6= 0 et l’on a H = PA , où A = f −1 (tr (H)). (iii) Si H et H0 sont deux sous-groupes paraboliques de G contenant P, alors (voir 3.8.1 (ii) et 5.5 (i) pour d’autres conditions équivalentes) : tr (H) ⊂ tr (H0 ) ⇐⇒ t(H) ⊂ t(H0 ) 7.10. On peut étudier les positions relatives de deux sous-groupes paraboliques mi- 512 nimaux ; les résultats sont les suivants (on renvoie à 4.5.2 pour la notation t2 (P, P1 )) : (1) Si P, P1 , P0 , P01 sont quatre sous-groupes paraboliques minimaux de G, alors t2 (P, P1 ) = t2 (P0 , P01 ) (i.e. (P, P1 ) et (P0 , P01 ) sont conjugués localement pour (fpqc)) si et seulement si il existe g ∈ G(S) tel que int(g)P = P0 et int(g)P1 = P01 . (2) Fixons-nous en particulier un sous-groupe parabolique minimal P de sousgroupe de Levi L et soit T un tore maximal de L. Considérons le schéma Partmin (G; P) des sous-groupes paraboliques minimaux de G en position standard relativement à P. On a un morphisme (cf. 4.5.5) f : Partmin (G; P) −→ WP (T)\WG (T)/WP (T) dont les fibres sont « les orbites de P dans Partmin (G; P) ». En vertu de (1), f induit donc un monomorphisme ¡ ¢ P(S)\ Partmin (G; P)(S) ,→ WP (T)\WG (T)/WP (T) (S). L’image de ce morphisme s’identifie à W ; c’est le théorème de Bruhat : chaque orbite de P(S) dans Partmin (G; P)(S) contient un et un seul sous-groupe parabolique de G de groupe de Levi L (c’est-à-dire de la forme int(n)P, où n ∈ NormG (L)). (3) En d’autres termes, soit E(S) l’ensemble des g ∈ G(S) tels que int(g)P et P soient en position mutuelle standard. Alors E(S) possède une partition en doubles classes modulo P(S) indexée par W : E(S) = P(S) W P(S) (notation évidente). Posant U = radu (P)(S), on peut aussi écrire E(S) = U(S) · NormG (L)(S) · U(S), mettant ainsi en évidence une partition de E(S) en doubles classes modulo U(S), indexée par NormG (L)(S). (4) Si S est le spectre d’un corps, alors E(S) = G(S), et on retrouve [BT65], 5.15. 513 328 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS Contre-exemples 7.11. — Soient S =¡ Spec(Z/4Z), G = SL2, S . Soit ¢ ¡ B1 ¢le sous-groupe de Borel habituel formé des matrices ac db avec c = 0. Soit g = −1 2 1 ∈ G(S), posons B0 = int(g)B. Alors B(S) = B0 (S), et B ∩ B0 ne contient pas de tore maximal (36) . Cela montre d’une part que deux sous-groupes paraboliques minimaux distincts peuvent avoir le même groupe de sections, d’autre part qu’il n’existe pas en général de critère permettant de reconnaı̂tre si deux sous-groupes paraboliques minimaux P et P0 sont en position standard, à l’aide uniquement des groupes P(S) et P0 (S). En particulier, la partie E(S) de G(S) ne semble pas pouvoir être définie à l’aide uniquement de la situation {G(S), P(S), NormG (L)(S)} (dans le cas précédent, cette partie est définie par c 6= 2 (37) ). 514 7.12. On se propose maintenant d’étudier la variation de R(G/S) avec S. Soit donc S0 un S-schéma, également semi-local connexe et non vide. Soit Q un tore déployé maximal de G ; alors QS0 est un tore déployé de GS0 , soit Q0 un tore déployé maximal de GS0 contenant QS0 . Posons M = HomS-gr. (Q, Gm, S ) ' HomS0 -gr. (QS0 , Gm, S0 ) M0 = HomS0 -gr. (Q0 , Gm, S0 ). Le monomorphisme QS0 → Q0 induit un épimorphisme u : M0 → M. Notons L0 = CentrGS0 (Q0 ), L = CentrG (Q), on a L0 ⊂ LS0 . Si H est un sous-groupe de G contenant L, alors HS0 contient L0 , et on a a Lie(H) = Lie(L) ⊕ Lie(H)α α∈RH 0 Lie(HS0 ) = Lie(L ) ⊕ a 0 Lie(HS0 )α , α0 ∈R0H S0 où RH (resp. R0HS0 ) désigne l’ensemble des racines de H (resp. HS0 ) relativement à Q (resp. Q0 ). On en tire immédiatement que RH ⊂ u(R0HS0 ) ⊂ RH ∪ {0}. Prenant H = G, on voit d’abord que R ⊂ u(R0 ) ⊂ R ∪ {0} ; prenant ensuite pour H un sous-groupe parabolique minimal P de sous-groupe de Levi L, on voit que R0HS0 contient un système de racines positives de R0 , donc (7.4) qu’il existe un sous-groupe parabolique minimal P0 de GS0 de sous-groupe de Levi L0 contenu dans PS0 . On a (36) N.D.E. : En effet, B0 est le sous-groupe de G défini par l’équation c = 2(a + b) ; alors B ∩ B0 n’est pas plat sur S, donc ne contient pas de tore maximal, d’après 4.5.1. (37) N.D.E. : Plus généralement, pour tout S-schéma S0 , E(S0 ) est défini par la condition : « c est nul ou bien inversible ». 7. DONNÉE RADICIELLE RELATIVE 329 donc construit un diagramme Q S0 ⊂ ∩ Q0 L S0 ⊂ ∪ ⊂ L0 PS0 ∪ ⊂ P0 . Si R+ (resp. ∆) est le système de racines positives (resp. simples) de R défini par P et si on définit de même R0+ et ∆0 , on vérifie facilement que R+ ⊂ u(R0+ ) ⊂ R+ ∪ {0}, 515 ∆ ⊂ u(∆0 ) ⊂ ∆ ∪ {0}. Soient maintenant w ∈ W ' NormG (Q)(S)/ CentrG (Q)(S), et n ∈ NormG (Q)(S) un représentant de w. On a int(n)Q = Q donc int(n)L = L, donc int(n)LS0 = LS0 . Alors Q0 et int(n)Q0 sont deux tores déployés maximaux de LS0 donc sont conjugués par une section x ∈ L(S0 ), et on a int(nx)Q0 = Q0 , donc nx ∈ NormGS0 (Q0 )(S0 ). Soit w0 l’image de n0 = nx dans W0 ' NormGS0 (Q0 )(S0 )/ CentrGS0 (Q0 )(S0 ). Il est clair que l’opération de w0 sur M0 est compatible avec la projection u : M0 → M et que l’opération induite sur M coı̈ncide avec celle définie par w. Utilisant maintenant la définition des données radicielles relatives et les théorèmes de conjugaison, on démontre sans peine : Théorème 7.13. — Soient S et S0 deux schémas semi-locaux connexes non vides, S0 → S un morphisme de S-schémas, G un S-groupe réductif, R(G/S) = (M, M∗ , R, R∗ , R+ ), R(GS0 /S0 ) = (M0 , M0∗ , R0 , R0∗ , R0+ ) les données radicielles épinglées relatives. Il existe un homomorphisme canonique u : M0 −→ M vérifiant les conditions suivantes : 516 (i) u est surjectif. (ii) Pour tout w ∈ W, il existe un élément w0 de W0 compatible avec u et qui induise w sur M. (iii) Pour toute partie X de M, notons X∧ = X ∩ (M − {0}). Alors u(R0+ )∧ = R+ , u(∆0 )∧ = ∆. (iv) Pour tout sous-groupe parabolique H, considérons tr (H) ⊂ ∆ et tr (HS0 ) ⊂ ∆0 . Alors ¡ ¢ tr (HS0 ) = u−1 tr (H) ∪ {0} ∩ ∆0 = {α0 ∈ ∆0 | u(α0 ) ∈ tr (H) ou u(α0 ) = 0}. Remarque 7.14. — Si G est déployable sur S, ses tores déployés maximaux sont des tores maximaux, et les notions relatives introduites ici coı̈ncident alors avec les notations absolues déjà introduites. Le théorème précédent donne donc une description de la donnée radicielle relative R(G/S) et du type relatif tr , à l’aide de la donnée radicielle absolue et du type absolu du groupe GS0 , S0 étant choisi de telle manière que GS0 soit déployable (cf. Exp. XXIV, 4.4.1). Renvoyons à [BT65], 6.12 et sq. pour cette description. 330 517 EXPOSÉ XXVI. SOUS-GROUPES PARABOLIQUES DES GROUPES RÉDUCTIFS 7.15. Soient S un schéma local hensélien, s0 son point fermé, S0 le spectre du corps résiduel de s0 , identifié à un sous-schéma fermé de S ; pour tout objet X au-dessus de S, notons X0 l’objet au-dessus de S0 déduit de X par changement de base. Soit enfin G un S-groupe réductif. Pour tout sous-groupe parabolique P de G, P0 est un sous-groupe parabolique de G0 ; inversement, pour tout sous-groupe parabolique P de G0 , il existe un sous-groupe parabolique P de G tel que P0 = P (cela résulte du lemme de Hensel et de ce que Par(G) est un S-schéma lisse) ; en particulier (cf. 5.7), un sous-groupe parabolique P de G est minimal si et seulement si P0 est minimal. Un tel sous-groupe P de G étant choisi, un raisonnement analogue montre que les soustores déployés maximaux de P0 sont de la forme T0 , où T est un sous-tore déployé maximal de P. Il s’ensuit sans difficultés que les données radicielles relatives de G sur S et de G0 sur S0 sont canoniquement isomorphes, de sorte que la théorie des sous-groupes paraboliques de G se ramène à celle des sous-groupes paraboliques de G0 . Remarquons d’ailleurs que tout S0 -groupe réductif est de la forme G0 (Exp. XXIV, Prop. 1.21), ce qui permet inversement de ramener l’étude des sous-groupes paraboliques d’un S0 -groupe réductif à l’étude correspondante sur S. Bibliographie [BT65] A. Borel, J. Tits, Groupes réductifs, Publ. Math. I.H.É.S. 27 (1965), 55-150. (38) [BT71] A. Borel, J. Tits, Éléments unipotents et sous-groupes paraboliques de groupes réductifs. I, Invent. Math. 12 (1971), 95-104. [Ch05] C. Chevalley, Classification des groupes algébriques semi-simples (avec la collaboration de P. Cartier, A. Grothendieck, M. Lazard), Collected Works, vol. 3, Springer, 2005. [DG70] M. Demazure, P. Gabriel, Groupes algébriques, Masson & North-Holland, 1970. [Gi71] J. Giraud, Cohomologie non abélienne, Springer-Verlag, 1971. (38) N.D.E. : On a ajouté à cette référence, figurant dans l’original, les références qui suivent.