rie), le plan allemand d’invasion de l’An-
gleterre. • La police nazie fait irruption
dans une maison du ghetto de Varsovie,
contraint les femmes à se déshabiller et
leur pique la poitrine et les organes géni-
taux avec leurs pistolets.
•10 janvier 1941 : Recensement des
Juifs néerlandais par les autorités
allemandes.
•21-24 janvier 1941 : En Roumanie,
les légionnaires de la Garde de fer lan-
cent un coup d’état au cours duquel les
violences antijuives se déchaînent. Plu-
sieurs milliers de Juifs sont roués de
coups et plus de 120 sont assassinés.
•22 janvier 1941 : La loi sur la défense
de la nation, imposée par la Bulgarie,
contraint les Juifs à renoncer à leurs
postes dans la fonction publique ; ceux qui
exerçaient la médecine, le droit ou
d’autres professions libérales doivent
abandonner leur métier. En outre, un
impôt discriminatoire est prélevé sur les
magasins et les foyers juifs de Bulgarie.
•29 janvier 1941 : Dans le ghetto de
Lodz, en Pologne, Bluma Lichtensztajn se
suicide en se jetant par la fenêtre du qua-
trième étage. Le peintre Maurycy
Trebacz, lauréat d’un prix à Lodz,
215
1941 • MEURTRES EN MASSE
Euphémismes nazis
Les euphémismes employés par les nazis jouè-
rent un rôle important dans le processus de
déshumanisation que constitua la Shoah. Dès le
début, Hitler parla de la nécessité de « purifier »
et « d’épurer », de débarrasser le Reich de la
«vermine » juive et de le « décontaminer » ou de
le « désinfecter » du « bacille » juif.
Par la suite, le « problème juif » fut résolu
dans le cadre de la « solution finale » (Endlö-
sung), euphémisme désignant l’extermination.
Des termes comme « euthanasie » couvraient
les assassinats de handicapés (considérés
comme « indignes de vivre ») meurtres perpé-
trés pour raisons raciales et non pour soulager
des souffrances. Dans les installations où se
pratiquait l’euthanasie, l’expression « traite-
ment spécial » (Sonderbehandlung) signifiait le
meurtre par les gaz.
D’autres euphémismes étaient utilisés dans les
camps de la mort ou pour désigner les massacres
perpétrés par les Einsatzkommandos. Au lieu de
«tuerie » ou de « meurtre », des termes comme
«action spéciale », « évacuation » et « réinstalla-
tion » dissimulaient l’intention réelle. Dans le cas
des opposants, l’expression « détention dans l’in-
térêt de la personne » (Schutzhaft), loin d’apporter
une protection, signifiait incarcération illimitée
sans procès. « Quartier de résidence juive » (Jüdi-
scher Wohnbezirk) se substituait à « ghetto ».
L’« Est » et la « région de peuplement juif »
(Jüdische Siedlungsgebiet) devinrent des euphé-
mismes collectifs désignant les centres d’assassi-
nat en Pologne, les camps de la mort n’étant
mentionnés que comme des camps de « travail »,
de « faveur » ou de « prisonniers de guerre ».
Une cruelle duperie et une ironie impitoyable
marquaient également les enseignes à l’entrée des
camps dans les formules tristement célèbres : Arbeit
Macht Frei, le travail rend libre. À l’intérieur des
camps, les chambres à gaz et les fours crématoires
recevaient les appellations anodines de « douches »
(Badeanstalten) et d’« installations spéciales » (Spe-
zialeinrichtungen). Rarement, le langage aura été
aussi cyniquement malmené.
Des cadavres juifs jonchent la cour de la morgue à
Bucarest, en Roumanie, après une orgie de violence
déclenchée par la Garde de fer roumaine. Ce
massacre, qui dura trois jours, coûta la vie à plus
d’une centaine de Juifs, et plusieurs milliers d’autres
furent roués de coups et terrorisés. Ne se contentant
pas de prendre la vie de leurs victimes, les assassins
leurs volèrent également leurs vêtements.
Pain et soupe constituaient la base du régime de
famine imposé aux détenus dans les camps de concen-
tration. Les prisonniers juifs n’avaient droit qu’à
quelques centaines de calories par jour. Rendus plus
vulnérables par l’insuffisance de calories, ils
succombaient au travail forcé, au typhus et à la
typhoïde.