Revue Méd. Vét., 2010, 161, 4, 178-184
Introduction
Les rétinopathies atrophiques du chien concernent la
neurorétine, l’épithélium pigmentaire de la rétine ou l’asso-
ciation des deux. Elles peuvent avoir une origine toxique,
métabolique, infectieuse, parasitaire ou héréditaire [3, 6, 14].
Elles sont regroupées sous le terme générique d’atrophie
rétinienne progressive (ARP) lorsqu’elles ont une origine
héréditaire. Elles sont alors divisées en ARP généralisée et
ARP centrale [3, 6, 14]. L’ARP centrale désigne une atteinte
primitive de l’épithélium pigmentaire de la rétine et porte
aussi le nom de dystrophie de l’épithélium pigmentaire [3, 6,
14]. Les ARP généralisées sont des affections de la neuroré-
tine également qualifiées de dégénératives car leur lésion
princeps est la lyse des photorécepteurs par apoptose. Elles
se subdivisent en ARP précoces (dysplasies et dégénérescences
précoces des photorécepteurs) ou tardives (dystrophies des
photorécepteurs) [1, 2, 3, 6, 14, 16, 17, 20]. Leur unité cli-
nique est une diminution progressive de la vision jusqu’à la
cécité totale et irréversible [6]. Le déficit visuel est souvent
observé primitivement en faible luminance, avant de devenir
complet dans toutes les ambiances lumineuses [6]. Ces réti-
nopathies se compliquent parfois tardivement d’une cataracte
et plus précocement d’une dégénérescence vitréenne [3, 6, 14].
Les rétinopathies atrophiques héréditaires, ou présumées
telles, ont été décrites dans de nombreuses races canines [4,
6, 7, 12, 13, 15, 20, 21].
Cas clinique
COMMÉMORATIFS, ANAMNÈSE
Un chien militaire berger hollandais mâle, âgé de deux ans,
a été présenté à la consultation pour une suspicion de déficit
visuel. Affecté depuis peu comme chien de patrouille, son
comportement inhabituel lors des phases d’entraînement a
alerté son maître : mauvaise position lors du rappel, difficulté
d’identification des objectifs. Lors de la visite d’achat à l’âge de
13 mois, le vétérinaire avait noté une anisocorie modérée. L’examen
oculaire complet n’avait alors révélé aucune autre anomalie.
L’animal était correctement vacciné et vermifugé ; il était
nourri avec une alimentation industrielle de bonne qualité.
EXAMEN CLINIQUE GÉNÉRAL ET OCULAIRE
L’examen clinique général n’a montré aucune anomalie
particulière.
RÉSUMÉ
Un chien militaire berger hollandais de l’armée française âgé de deux ans a
été présenté en consultation d’ophtalmologie à l’Ecole Nationale Vétérinaire
de Toulouse pour un déficit visuel se traduisant par une diminution de sa
capacité opérationnelle. A l’examen, l’animal montrait une mydriase aniso-
corique gauche associée à des lésions d’atrophie rétinienne modérées sur
l’œil droit, beaucoup plus sévères sur l’œil gauche. Le chien présentait par
ailleurs une dégénérescence vitréenne débutante du côté gauche. L’examen
échographique a confirmé l’atteinte vitréenne tandis que l’électrorétinographie
a mis en évidence une atteinte fonctionnelle grave de la rétine. L’examen
histopathologique des globes oculaires, après euthanasie de l’animal, a cor-
roboré l’hypothèse épidémio-clinique d’atrophie progressive de la neurorétine.
Cette affection présumée héréditaire est, selon les auteurs, décrite pour la
première fois chez le berger hollandais.
Mots-clés : Atrophie rétinienne, ARP, photorécepteurs,
anisocorie, électrorétinographie, chien.
SUMMARY
Progressive retinal degeneration in a Dutch Shepherd
A two years old military Dutch Shepherd dog of the French army was pre-
sented at the ophthalmology clinic of the National Veterinary School of
Toulouse for vision impairment. On ophthalmic examination of the animal
anisocoria with left mydriasis was observed. Ophthalmoscopic lesions indi-
cative of retinal atrophy were also found in both eyes and were more marked
on the left side. Vitreous degeneration was present on that side, and was
confirmed by ultrasound examination. Electroretinography highlighted
serious alterations of the retinal electrophysiology. The histopathological
examination of the eyeballs, performed after euthanasia, confirmed the cli-
nical diagnosis of progressive retinal atrophy. To the authors’ knowledge this
is the first time that presumably hereditary retinal disorder is reported in the
Dutch Shepherd breed.
Keywords: Retinal atrophy, PRA, dystrophy, photoreceptors,
anisocoria, electroretinography, dog.
Dégénérescence progressive de la rétine
chez un chien Berger Hollandais
T. DULAURENT1*, P.F. ISARD1, C. PETIT2, C. GIRARDET3, A. REGNIER4, I. RAYMOND-LETRON5
1Centre Hospitalier Vétérinaire Saint-Martin, 275 route Impériale, 74370 Saint- Martin Bellevue, FRANCE.
2Secteur Vétérinaire de Toulouse, BP 63236, 31132 Balma Cedex, FRANCE.
3Secteur Vétérinaire de Paris, Ecole militaire, BP 48, 00445 Armées, FRANCE.
4Service d’ophtalmologie, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23 chemin des Capelles, 31076 Toulouse, FRANCE.
5Laboratoire d’histopathologie, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23 chemin des Capelles, 31076 Toulouse, FRANCE.