(avidité se niche dans le cerveau
>Neurones
l'homme
se punit souvent
au nom de la norme
sociale
>
Une machine peut
libérer
sonegoïsme
Pierre-Yves Frei
Notre cerveau est bienplus
qu'une
pelote
deneurones.
TI
est
aussile
théâtre
d'affrontementsti-
tanesques entre ce que Freud ap-
pelait
le
«ça», nospulsions, et le
surmoi,soit les normes
qui
nous
permettent defonctionner enso-
ciété. Une équipede l'Université
deZurich et de 13âleendonneUlle
nouvellepreuve
avec
une
n'cher-
chepubliéeclansladernière édi-
tion deNatureNeuroscience, où
l'Ile s'est·surt ouLpenchée sur notre
intérêtéconomique, pour ne pas
dire notre tendance
au
lucre.
Avec
sescollègues,
Thomas
Baurngartncr a recrutéplusieurs
dizainesd'étudiantsavant de les
organiser enpairesetcielesplacer
dans un face-à-faceanonyme.
Autrementdit, les «cobayes.ne
pouvaient se voir.En revanche, dé-
tailessentiel,ils
pouvaient
corn-
muniqucr.
Lepremier recevait in-
variablementunesomme de vingt
francs.Ala demande desexpéri-
mentateurs, il devaitpartager
cette somme avec la personne
qu'il-avait
en face de lui.Lespro-
portionsde cepartage étaient bis-
sées àsonentière appréciation.11
pouvaitchoisir de couperla
somme encieux, optantpour
l'équité, oualors sc réserverla part
du lion,parexemple16francs,et
laisser
à
son interlocuteur des
miettes,pour le coup
4
francs.
«Laplupart dutemps, les pcr-
sonnes qui se voyaient proposer
une sommeinférieure
il
lamoitié
refusaient"l'arrangement, expli-
que Thomas Baumgartner.Ce fai-
sant,elles préféraient nerienob-
tenir plutôt
que
cierecevoir quatre
francs.Orleur intérêt personnel
étaitmanifestement de prendre
cette somme:Quelque chose de
plusfortles emchait de céder
à
leur intérêtéconomiqueégoïste..
De l'avis des chercheurs
zur
i-
C'est dans le cortex préfrontalque sejoue le conflit entre norme sociale et intérêt personnel. A terme,
ilse pourraitquel'on tentede soignerlesindividus particulièrement asociaux.
ARCHIVES
chois
et bâlois,c'est le cerveau
«so-
cial»quis'opposaitalors à l'arran-
gement. Les personnesplaçaient
le concept
d'équité
au-dessus cie
leurinrêtéconomique propre.
Or lesentiment d'équité serait l'un
desconcept", quel'onacquerrait
aucours-de son développement
cognitif sousla pression de
la
norme sociale, en toutcasclan,les
cultures occidentales. «Cccon-
tledoit se faire auprixde beau-
coup d'énergie, commentele
principalauteurde l'article. Cl'
n'est aprioripastrès naturelde
renoncer
ii.
son intérêt économi-
que. Certainsd'ailleursyparvien-
nent beaucoup moinsbien que
d'autres.Ilserait intéressant de sa-
voirsi
Cl'
profil
caractérise particu-
lièremcnt
les personnes qui tra-
vaillent damle secteur dela
finance.»
Au-delàdes
conjecture,qu'elle
sugre,celle recherche constitue
une premièresans laquelle elle
n'aurait peut-êtrepaseu leshon-
neursdeNature Neuroscience.
Ceuxquil'out menée ont en effet
combiné pour la première
fois
l'utilisation de deuxtechniques
afin cie pouvoir associersuris am-
biguïléces comportements~ des
régionsdu
ccrvea u.
D'une part,
l'imagerie à résonance
magnéti-
quefonctionnellequi permet cie
suivre quelles sontles régions du
cerveau qui«s'allument»lorsd'un
comportement donné.Et,
d'autre
part,lastimulationrnagnétique
transcrânienne (SMT), quiperme!"
de ralentir -ou d'augmenter - de
façontemporaire et indolore
((l"f']'l',e,
minutes typiquement)
l'activid'unepartiedu cerveau
associée
~l
une fonction.
Lesentiment de
l'équi,héritédu corps
social,l'emporteleplus
souventsur l'intérêt
personnel
Danslecas de larecherchezuri-
choise,la SMTa
servià
diminuer
l'activitédu cortex
prêfrontal
dor-
solatéraldesvolontaires.Cette ré-
gion,dont on pense qu'elle estes-
sentielledansle contrôlesocial,
entretient des relations étroites
avec le cortex prêfrontalventre-
médial. Or,la science a déjà établi
que ce dernier est particulière-
ment peu
actif
chez les individus
asociaux, «De façon part irulière-
ment probante, le, étudiants
SOl'-
mis
à
la SMTontaffiché
un
com-
portement
différent,
explique
111Um~lSBnumgartncr.Dansleur
grande
majori,ils privilcgiaicnr
km
intérêtéconomiqueet accep-
taient lesarrangements
inéquita-
bles. Chez eux,lanormesociale ne
pouvait plusrésister
i:i
l'intérêt
personnel."
La combinaisondes deuxtech-
niques adoncperrni..•, selon les
auteurscie l'article,
dtablir
un
lien causalsûr entre l'activité cie
cesrégions du cerveau etun cer-
tain comportement, plus ou
moinssocial, ouplusou moins
égoïste, Cetteconclusion pourrait
ëgnlcment ouvrir despistesthéra-
peutiques, En effet,lastimulation
magnétique transcrâniennesert
déjà aujourd'hui
à
traiter certai-
nespathologies
mentales.
Pour-
rait-on
imaginer unetelledémar-
chepour«soigner»certain-,
socioparhessévères?
«II faut être
très prudent surle sujet, concède
le chercheur bâlois. Une choseest
sûre: on ne pouvait espérerstimu-
ler le cortexpréfrontalvent rnl11r-
dia]car ilest trop profond. Main-
tenantquel'onsait qu'ilestrelié
au curtex
préfrontal dorsolatêral,
qui
est
plus...uperficiel,
peut-être
existe-il unevoie
thérapeutique..
Lafin annoncée desméchants?
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