RUBRIQUE SÉCURITÉ DE LA REVUE FÉDÉRALE INFO-­‐PILOTE (09/2012). AFFICHAGE AUTORISÉ RUBRIQUE SÉCURITÉ DE LA REVUE FÉDÉRALE INFO-PILOTE (01/2012). AFFICHAGE AUTORISÉ PAR L’AUTEUR DANS U N SOUCI DE PRÉVENTION. PAR L’AUTEUR DANS UN SOUCI DE PRÉVENTION. Sécurité PAR MICHEL BARRY Pilote professionnel, ingénieur aéronautique Soleil, ombre, éblouissement... La perte des repères provoquée par un brusque changement de luminosité. Un soleil bas dans l’axe de la piste ou le passage d’une zone fortement éclairée à une zone plus sombre peuvent altérer la vision du pilote et lui faire rater un atterrissage ou une manœuvre en vol. Le soleil peut éblouir un pilote au point de lui faire perdre la vue des repères au sol notamment à l’atterrissage. Des cas d’abordage en vol ou au sol font également largement référence à la position du soleil plutôt bas sur l’horizon. Un facteur contributif pour la collision. Moins connue, la perte de la vue du sol pour un œil qui vient d’être exposé à la lumière intense et qui brutalement est incapable de voir le paysage situé dans une zone sombre. Autant de facteurs qui préoccupent peu mais dont la dangerosité mérite d’être davantage prise en compte avant le décollage, l’atterrissage ou lors de la décision d’effectuer une manœuvre brutale, en voltige par exemple. En examinant des rapports d’accidents, dus en partie à l’aveuglement du pilote, on constate qu’une meilleure préparation du vol (heure d’arrivée face au soleil par exemple) ou de la manœuvre (attente de quelques minutes ou évolution dans une zone éclairée uniformément) aurait suffi à éviter l’accident. Préparation et attente, deux des mots clés des recommandations qui suivront. entrante est correct : ni trop faible, ni trop intense. Trop faible les cellules sensibles ne la détectent pas, trop forte elles saturent et ne voient que du blanc, comme sur une photo surexposée. L’iris, tel le diaphragme d’un appareil photo, en se fermant plus ou moins constitue le premier contrôle de la quantité de lumière qui pénètre dans l’œil en modulant le diamètre d’un orifice : la pupille. Mais ses capacités sont limitées : pupille grande ouverte (diamètre d’environ 8 mm), il ne peut pas faire entrer plus de lumière que le monde extérieur n’en génère ; pupille fermée au maximum (environ 1,5 mm) une légère ouverture persiste et elle peut s’avérer impuissante à éviter l’éblouissement provoqué par une source lumineuse très intense comme le soleil (cf. fig 1). A - Le mécanisme de l’aveuglement • L’éblouissement : la rétine, élément sensible de la vision disposé au fond de l’œil, reçoit une image de bonne qualité si et seulement si le niveau de la lumière Page 1 En effet, si le diamètre de la pupille d’un œil en bonne santé varie dans le rapport 5 (8/1,5), soit environ 25 en surface, la variation d’intensité de la lumière peut varier dans un rapport de 1 à 1 million! L’ensemble des autres mécanismes physiologiques (rétine, cerveau) termine les ajustements ultimes au détriment parfois de leur intégrité en cas de lumière trop forte. Regarder le soleil en face peut en effet produire des lésions irréversibles sur la rétine. De plus, la taille de la pupille ne s’ajuste pas instantanément, les muscles de l’iris étant plus ou moins «paresseux». Il en est de même des autres organes de l’œil. Cette dynamique de l’ajustement est d’autant moins performante que le sujet est fatigué ou âgé. • Le paramètre de régulation : des cellules photosensibles captent la lumière qui éclaire l’œil. Selon une loi physiologique préétablie, elles définissent plus ou moins rapidement l’ouverture de la pupille correspondante et les muscles de l’iris qui la commandent. La lumière agit aussi sur la sensibilité variable de la rétine, tout à fait comparable à celle d’une pellicule photo ou d’un capteur électronique d’appareil numérique. Ainsi, en principe, l’ajustement de l’œil à la lumière ambiante est réalisé rapidement. Mais, si dans le paysage, une zone a une luminosité très inférieure à celle qui commande et impose la fermeture excessive de la pupille, la rétine ne reçoit plus les informations provenant de la zone trop sombre. Par exemple, lors d’un atterrissage face au soleil, la piste peut ne pas être visible car l’iris ajuste la scène pour la lumière provenant du soleil et sous- expose tous les autres éléments du paysage. Inversement, un œil placé dans une zone sans lumière (sous un nuage par exemple) sera ébloui par une piste très lumineuse (piste mouillée ou enneigée au soleil) qu’il découvre brutalement.Si l’adaptation à l’intensité de la lumière par ajustement du diamètre de la pupille est relativement courte (quelques fractions de seconde), en revanche les experts médicaux canadiens ayant examiné les circonstances de l’accident d’un Pitts (voir le rapport de Transport Canada, pages suivantes) nous rappellent que l’adaptation à une ambiance sombre est beaucoup plus lente : «... Les conditions météorologiques qui prévalaient au moment de l’accident étaient les suivantes : vent calme, visibilité de 15 milles terrestres, couche de nuages fragmentés à ciel couvert à quelque 1000 pieds AGL et horizon dégagé vers l’ouest. Le soleil s’est couché à19h46etlatombéedelanuitqui, par définition, survient une demi- heure après le coucher du soleil, a eu lieu officiellement à 20 h 16. L’œil de l’être humain s’adapte au changement des conditions d’éclairage, mais il s’adapte lentement au passage de conditions de luminosité élevée à faible. Le passage d’un extrême à l’autre peut nécessiter une période d’adaptation d’une durée pouvant atteindre 45 minutes. Chaque fois que l’œil est exposé à une luminosité élevée, le processus d’adaptation à l’obscurité doit recommencer. » B – Prévenir l’aveuglement et y remédier • Le soleil dans l’axe de la piste : au départ, une fois la difficulté détectée, on renoncera au décollage si on juge que la perception du milieu extérieur est insuffisante. Lever ou coucher du soleil, le processus est identique mais les avions légers atterrissent rarement à l’aube. C’est probablement la raison pour laquelle les accidents se produisent plutôt l’après-midi. Bien entendu, si le vent le permet on préférera changer de QFU. Sinon on attendra que le soleil se soit déplacé. A l’arrivée, on est en général pressé d’atterrir : fatigue, faible quantité de carburant restant, risque de perdre l’éclairement du jour brutalement, etc. C’est la raison pour laquelle il sera impératif de prévoir l’heure d’arrivée et le QFU probable afin de savoir si on va être gêné ou non par le soleil. La plupart du temps, cette gêne potentielle est bien connue des usagers habituels de l’aérodrome de destination et un coup de fil peut vous renseigner très pragmatiquement sur le créneau horaire à éviter. D’ailleurs le soleil bas et dans l’axe de piste conduit souvent en fin de journée à changer le QFU si le vent et les riverains le permettent. Comme le montre le tableau ci- dessous regroupant six accidents causés en grande partie par l’éblouissement du ou des pilotes, le phénomène est préoccupant au coucher du soleil lorsque l’azimut est proche du QFU (moins de 20° d’écart) et le site (position angulaire du soleil audessus de l’horizon) compris entre 10° et 20°. Pour des valeurs du site inférieures (0° à 5° par exemple), l’intensité de l’éclairement du soleil plus faible produit moins de gêne. • Les lunettes de soleil : elles sont une parade efficace contre l’éblouissement et le risque de brûlure de la rétine. Attention cependant : elles assombrissent le reste du paysage et peuvent vous empêcher de lire correctement les indications du tableau de bord à contrejour, donc peu éclairé quand vous volez face au soleil. Les avoir avec soi est quasi obligatoire. A vous de décider si elles sont utiles ou non. Ne pas oublier de les enlever si la lumière tombe brutalement. En effet, vous pouvez être au soleil pendant la finale et vous retrouver à l’ombre une fois posé. Les lunettes de soleil inutiles peuvent être une source de risque de collision au roulage et comme on s’y est habitué on ne pense pas toujours à les enlever. Une casquette avec une visière bien orientée peut aussi protéger les yeux. • La propreté du pare-brise : sale, il constitue un écran entre vous et l’extérieur. De plus les saletés collées sur Page 2 le pare-brise et éclairées par un soleil de face sont autant de points lumineux qui accentuent le processus de limitation d’entrée de la lumière dans l’œil. Autre gêne : votre œil, tel l’auto- focus d’un appareil photo, accommode inconsciemment sur les plans les plus lumineux (figure 2). pilote perd les repères visuels et ne parvient pas à contrôler la trajectoire. L’avion se déporte sur la droite. Le train gauche est arraché en passant une balise de délimitation latérale de piste. CAS N°2 • Evénement : éblouissement après décollage, atterrissage à côté de la piste. • Cause identifiée : prise en compte insuffisante de la position du soleil. • Conséquences et dommages : hélice, train principal et capot moteur endommagés. • Aéronef : avion Croses LC6 « Criquet ». • Date et heure : 27 janvier 2001 à 17h30. • Personnes à bord : pilote. • Position du soleil : azimut 238°, site 13°. • Circonstances : le pilote décolle en piste 23 (non revêtue) de l’aérodrome de Rion-des-Lan- des (40). À une hauteur d’environ vingt mètres, il est ébloui par le soleil et décide aussitôt d’atterrir sur la piste. Il se pose à gauche de la bande gazonnée, sur un sol détrempé. Les roues s’enfoncent, le train principal se brise et l’hélice heurte le sol.Le pilote indique que le soleil n’était pas caché depuis le sol. Il ajoute qu’il ne portait pas de lunettes de soleil. À vous de maintenir l’ensemble de la verrière (extérieur et intérieur) propre dès le départ et si au cours de l’étape elle s’est un peu salie, elle sera davantage transparente à l’arrivée si elle a été préalablement nettoyée. Recommencer pour l’étape suivante. D’une manière générale, sa propreté est indispensable aussi pour prévenir les abordages en vol ou au sol qui font également partie des risques liés à l’éblouissement ou à l’aveuglement temporaire.• EXTRAIT DES RAPPORTS DU BEA CAS N°1 • Evénement : sortie latérale de piste à l’atterrissage. • Causes identifiées : éblouissement, perte de repères. • Conséquences et dommages : aéronef fortement endommagé. • Aéronef : avion Robin DR 400-120. • Date et heure : 16 novembre 1998 à 15h30 • Personnes à bord : pilote + 1 passager également pilote. • Position du soleil : azimut : 220°, site : 12,5°. • Circonstances : le pilote et son passager, tous deux membres d’un aéroclub basé à Saint-André-de-l’Eure, décollent pour effectuer des circuits d’aérodrome en piste 24 comme le font déjà deux autres aéronefs. Ebloui par le soleil lors de la première finale, le pilote remet les gaz. Il envisage alors à changer de QFU mais y renonce après discussion avec son passager. Au cours de la deuxième finale, le pilote, une nouvelle fois gêné par le soleil, transfère les commandes à son passager qui poursuit l’approche et atterrit. Au roulement, le second CAS N°3 • Evénement : éblouissement à l’atterrissage, atterrissage à côté de la piste. • Cause identifiée : prise en compte insuffisante de la position du soleil, prise de décision inappropriée. • Facteurs contributifs probables : fatigue, précipitation. • Conséquences et dommages : aéronef fortement endommagé. • Aéronef : avion Reims Aviation F 152. • Date et heure : 21 janvier à 16h00. • Personnes à bord : pilote stagiaire seul à bord. • Position du soleil : azimut 223°, site 13° (coucher du soleil à 17h40). • Circonstances : en provenance de Blois par l’ouest, le pilote arrive à la verticale de l’aérodrome de Montargis. Le pilote explique qu’il observe la manche à air et estime un vent calme du 030°. Il intègre directement la vent arrière pour la piste 23. En dernier virage, il est ébloui par le soleil. Il met ses lunettes de soleil et décide de poursuivre son approche. Il atterrit à droite de la piste sur un sol boueux. L’avion passe en pylône. Cette navigation solo était réalisée dans le cadre de l’entraînement du pilote en vue de l’obtention de la licence de pilote privé. Le trajet prévu était le triangle Toussus-le-Noble / Blois / Montargis / Toussus-leNoble. Ce vol avait été reporté depuis plusieurs mois compte tenu des conditions météorologiques défavorables. Pour les mêmes raisons, le pilote avait décidé de faire demi-tour lors de plusieurs tentatives.Le pilote n’avait jamais atterri à Montargis. Le jour de l’accident, conformément aux consignes particulières de Page 3 la fiche VAC, il avait téléphoné avant le départ à l’un des aéroclubs basés sur l’aérodrome afin de connaître l’état de la piste en cette période pluvieuse. L’aéroclub lui avait indiqué que l’entrée de la piste 23 était mouillée, et conseillé de choisir la piste 05 dans la mesure du possible.Le pilote explique qu’il a choisi la piste 23 parce que d’une part il était « bien placé pour une vent arrière 23 » après avoir observé la manche à air et que, d’autre part, un circuit main gauche lui semblait plus facile à réaliser. Il ajoute qu’il se sentait fatigué et était pressé d’atterrir à Montargis pour se reposer. Depuis le matin, il n’avait mangé qu’un sandwich avant de décoller. Il ajoute que compte tenu de l’heure de coucher du soleil, il voulait rentrer à Toussus-le-Noble avant 17 h. L’effet miroir des nombreuses flaques d’eau présentes sur le terrain a contribué au fait que le pilote ait confondu la bande en terre située à droite de la piste avec la piste en herbe. CAS N°4 • Evénement : collision en finale avec des arbres. • Cause identifiée : trajectoire de descente inadaptée à la présence d’obstacles. • Conséquences et dommages : pilote et passager blessés, aéronef détruit. • Aéronef : avion JODEL D113-3L, construction amateur, basé sur l’altisurface. • Date et heure : 27 février 2000 à 16h25. • Lieu : AD privé Montaud (38), piste 24,220 m x 20 m, pente moyenne 15 %. • Personnes à bord : pilote + 1. • Position du soleil : azimut : 236°,site : 18°. • Circonstances : le pilote, propriétaire de l’altisurface et de l’avion, décolle pour un vol local avec un passager à bord. Il explique qu’il se présente en vent arrière, conscient de la gêne visuelle occasionnée par le coucher du soleil. Il estime alors que les conditions de visibilité lui permettent de poursuivre l’atterrissage. En finale, il est ébloui malgré le port de lunettes de soleil. L’aéronef heurte la cime des arbres situés dans l’axe de piste sur la parcelle voisine. L’appareil s’écrase contre un talus à une quarantaine de mètres du seuil de piste.Lors de la délivrance de l’autorisation de mise en service de l’aérodrome privé en 1994, des arbres étaient déjà présents dans la trouée. Le jour de l’événement, ils mesuraient une douzaine de mètres de hauteur et n’avaient jamais été coupés.En l’absence de réglementation régissant les servitudes relatives aux obstacles, il appartient aux utilisateurs d’aérodromes privés de s’assurer que les performances de leur aéronef sont compatibles avec les caractéristiques de ces sites. CAS N°5 • Evénement : abordage au point d’arrêt. • Cause identifiée : non perception de l’avion abordé, éblouissement par le soleil. • Conséquences et dommages : léger impact sur une des pales d’hélice pour le premier appareil ; gouvernes de profondeur et de direction endommagées pour le second. • Aéronefs : Cessna 207 Soloy Turbine Pac et Robin DR 300-120. • Date et heure : 30 avril 2000 à 17h15. • Personnes à bord : pilote + 7 ; instructeur + élève. • Position du soleil : à 17 h 15, azimut : 254° 05', site : 33° 06'. • Circonstances : avec sept parachutistes à bord, le pilote du Cessna roule pour décoller sur la piste 01 de Colmar-Houssen (68).Il explique que, malgré le port de lunettes de soleil, il est ébloui par le soleil en arrivant dans le virage à droite précédant le point d’attente 01. Il ne peut distinguer un DR 300 qu’il avait vu rouler vers la piste 01 quelques minutes auparavant. N’ayant pas entendu le contrôleur autoriser le DR 300 à s’aligner, il doute de la position de ce dernier et freine. L’hélice du Cessna 207 heurte alors la gouverne de direction du DR 300 en attente au point d’arrêt. La position « à cabrer » due au centrage et à la masse des personnes transportées àbord du Cessna 207 et les dimensions du capot moteur altèrent de façon importante la visibilité à l’avant proche de l’appareil et obligent le pilote à regarder sur les côtés du capot moteur pour assurer le roulage. EXTRAIT DU RAPPORT D’ENQUÊTE DU BUREAU DE SÉCURITÉ TRANSPORT CANADA • Evénement : Collision avec le relief. • Aéronef : Pitts S1S (de construction amateur). • Date et heure : 4 septembre 2006 à 19h59. • Circonstances : le pilote du biplan de voltige Pitts S1S de construction amateur effectue un vol local à partir de sa bande d’atterrissage gazonnée privée, située à Melancthon (Ontario). Le pilote, seul à bord, effectue un tonneau à basse altitude quand son appareil entre en collision avec le sol.Le pilote est mortellement blessé et l’avion détruit. L’accident survient à 19 h 59, au crépuscule. Le soir de l’accident, le pilote a décidé d’effectuer un circuit avant d’arrimer l’avion pour la nuit. En même temps, le pilote d’un autre avion, un Piper J-3 Cub, se préparait à revenir atterrir sur sa propre bande d’atterrissage. Chacun des pilotes était au courant de la présence de l’autre. Le pilote du Pitts a décollé vers le sud-ouest, vers 19 h 55. Peu après le décollage du Pitts, le pilote du Cub a décollé vers le sud-ouest, il a viré vers l’est et il est monté jusqu’à 500 pieds AGL. Le pilote du Pitts a ensuite rattrapé le Cub et il a effectué devant ce dernier un virage forte- ment incliné, à une altitude légèrement supérieure. Le pilote du Pitts a ensuite effectué deux virages à 360 degrés autour du Cub avant d’amorcer un tonneau. Presque immédiatement après la fin de ce tonneau, le Pitts s’est écrasé au sol... Au moment de l’impact, l’avion volait vers l’est, les ailes à l’horizontale, dans une assiette en piqué. Même s’il a été impossible de déterminer l’assiette en tangage exacte de Page 4 l’avion, ce dernier a piqué du nez de façon telle que l’hélice a été la première partie à toucher le sol. • Analyse : le pilote avait décollé vers l’ouest et effectué au moins un virage vers l’est ainsi que deux virages à 360 degrés, avant d’amorcer le tonneau vers l’est. Chaque fois que le pilote virait vers le soleil couchant, ses yeux étaient exposés à la luminosité élevée du soleil et, chaque fois qu’il se dirigeait vers l’est, il apercevait un horizon relativement obscur. Chaque fois que les yeux du pilote étaient exposés à la luminosité élevée, le processus d’adaptation à l’obscurité devait recommencer. Puisqu’il n’existe pas de façon de déterminer vers où le pilote regardait lorsqu’il virait vers le soleil couchant, il est impossible de quantifier l’adaptation à l’obscurité qui aurait été nécessaire. On peut cependant affirmer que chaque fois que l’avion virait de l’ouest vers l’est, l’horizon vers l’est devenait plus difficile à distinguer. Deux facteurs qui ont probablement contribué à cet accident sont les conditions d’éclairage et la basse altitude à laquelle le tonneau a été amorcé. Les conditions de luminosité faible auraient rendu plus difficile pour le pilote l’identification de l’assiette de l’avion pendant une manœuvre dynamique comme un tonneau. L’horizon vers l’est était plus sombre que l’horizon vers le nord ou vers le sud. Ainsi, même s’il était relativement facile de vérifier si les ailes étaient à l’horizontale, il aurait été plus difficile de vérifier si l’avion se trouvait dans une assiette de vol en palier. La basse altitude est un facteur important, car elle a réduit le temps dont disposait le pilote pour déceler et corriger toute erreur d’appréciation pendant qu’il effectuait le tonneau. Il est probable que le pilote ne se soit pas aperçu que l’avion était en descente et qu’il ait dirigé ce dernier vers le sol. Rapport complet sur le site : www.tsb.gc.ca/fra/rapportsreports/aviation LE REX DU MOIS Evénement survenu avril 2012 avec un DR 400 : Posé à contre QFU sur aérodrome contrôlé (à l’étranger) • Circonstances : Nous sommes trois pilotes assez expérimentés dans l’avion. Nous arrivons en fin de journée à destination après une longue nav de 3 h 30 : un aérodrome contrôlé que nous ne connaissons pas. La météo a été particulièrement clémente pendant tout le vol : CAVOK, visi illimitée. La nav était très facile avec de très bons repères naturels, sans contact radio ou espaces complexes à gérer. Tout fonctionnait très bien dans l’avion. Bref : un vol sans histoire où nous avons pu nous consacrer à la contemplation des paysages exceptionnels que nous survolions. 10 minutes avant l’arrivée, nous contactons la tour : l’aérodrome est désert et le contrôleur nous autorise pour une semi-directe pour la 09 (nous arrivions du sud). Nous collationnons. Nous voyons déjà le terrain : c’est une approche très simple. En courte finale, nous nous annonçons en 09 et le contrôleur nous signale qu’il ne nous voit pas. En très courte, en voyant le chiffre de marquage du seuil, on se rend compte que nous sommes en 27. On le signale tout de suite au contrôleur qui nous autorise. • Commentaire de l’auteur du REX (élève) : Cet incident est le cas typique d’une erreur de représentation avec « viscosité mentale » engendrée par une sousactivité de l’équipage lors d’un vol particulièrement simple. Heureusement qu’aucun trafic ne décollait à ce momentlà. La leçon que je retiendrais serait qu’il faut se forcer à garder une activité minimale même lorsque le vol est simple : utiliser les moyens radio-nav, le GPS, effectuer des briefings arrivée de manière formalisée sont des pistes pour maintenir un niveau d’attention moyen et éviter de « viscoser ». Si, vous aussi, vous avez vécu un vol délicat, partagez votre expérience dans le REX, sur le site de la FFA (www.ff-aero.fr).Vous pouvez aussi consulter les fiches REX déjà déposées. 10 minutes de votre temps suffisent pour venir en aide à plus de 40 000 pilotes. Participez au retour d’expérience fédéral et faites ainsi profiter l’ensemble des licenciés de votre contribution aux actions de sécurité. Le REX fédéral est accessible à l’adresse : www.ff-­‐aero.fr Ce document est un article édité par le CRA Aquitaine. Retrouvez l’intégralité des articles précédents sur le site : http://www.aeroclubs-aquitaine.org Page 5