13 août et les policiers parisiens le 15 août. Le 18 août, dans un tel climat, la
centrale syndicale clandestine peut lancer un mot d’ordre de grève générale
insurrectionnelle. Le jour suivant, les autorités de la Résistance lancent l’appel à
l’insurrection.
Face à un ennemi affaibli, mais qui conserve des forces importantes (20 000
hommes) et dont le nouveau commandant en chef, von Choltitz, s’affirme prêt à
réprimer un soulèvement «par tous les moyens et, si besoin, sans pitié»(1), le manque
d’armes se révèle dramatique(2). Les groupes de résistants recherchent des armes et des
munitions par tous les moyens, y compris parfois les plus imprudents.
À la recherche d’armes
Les groupes de Jeunes chrétiens combattants (JCC) désireux de participer au combat
sont très actifs dans cette quête d’armes, en premier lieu le groupe de la paroisse Saint-
Marcel dans le XIIIearrondissement.
Partageant leur engagement et leur enthousiasme, l’abbé Borme de la Conférence
Saint-Vincent de Paul du XIIIemet Jean Guérin, leur responsable, en relation avec
«Jeanne»(3), une de ses connaissances. Infirmière à la Croix-Rouge «Jeanne» est en
contact avec un certain «Alexandre», membre d’un réseau de renseignement
britannique.
Plusieurs rencontres ont lieu avec les chefs du réseau : «Charles Porel» (Karl Rehbein(4),
un agent de l’Abwehr infiltré) toujours accompagné d’une connaissance de «Jeanne»
«Katherine» (Lydia Tscherwinska, son agent de liaison et sa maîtresse) ;
5…/…
Un 16 août tragique
«Le devoir de chaque Français, le devoir de chaque Française,
est de lutter activement par tous les moyens en son pouvoir à la fois
contre l’ennemi lui-même et contre les gens de Vichy qui sont
les complices de l’ennemi. (…) La libération nationale ne peut être
séparée de l’insurrection nationale.»(1), déclare le général de Gaulle
à la radio de Londres, le 18 avril 1942.
Paris, veille de l’insurrection
La formule est largement popularisée par toute la presse clandestine. La Résistance
en démontre la validité à l’automne 1943 en Corse, et en fait le fondement des
objectifs immédiats du programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Dès
les lendemains du débarquement pour l’immense majorité des Français, en premier
lieu des Parisiens, la bataille alliée de France est aussi la bataille de la France (2). En
dépit des risques, à l’appel du CNR et du Comité parisien de la Libération (CPL), ils
sont des dizaines de milliers à le signifier ouvertement le 14 juillet 1944. Les trois
couleurs sont partout et, des foules nombreuses défilent dans les rues de la capitale
et en banlieue en chantant La Marseillaise. Signe des temps, la police, pour
la première fois, n’intervient pas. Les nouvelles du débarquement en Provence (15
août), l’arrivée des forces alliées et de la 2eDB aux portes de l’Ile-de-France
- Orléans est libérée le 16 août - gonflent un peu plus les espoirs d’une libération
proche.
Devant cette situation, la Résistance peut recourir à la lutte ouverte et généralisée.
Sous la conduite de ses organes dirigeants s’amorce une montée lente puis
accélérée vers l’Insurrection, dans une imbrication étroite d’actions militaires et civiles.
À l’appel de la CGT clandestine le 10 août, les cheminots se mettent en grève
générale. Ils sont suivis par d’autres corporations : métallurgie, postes et
télécommunications, etc. De leur côté, les gendarmes entrent dans le mouvement le
4
(1) Charles de Gaulle, discours prononcé à la radio de Londres le 18 avril 1942,
Discours et messages, tome1, Pendant la guerre 1940-1946, p.182, Plon, 1981.
(2) Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, p. 559, Plon, 1989.
(1) Ordre du 19 août 1944.
(2) Rol-Tanguy, commandant les FFI de l’Ile-de-France, estime qu’en région parisienne seuls 1750 combattants sont
armés de fusils ou de revolvers, 600 à Paris. Qu’ils disposent de moins de cent fusil-mitrailleurs et d’aucune
arme lourde.
(3) «Jeanne» serait le pseudonyme de Sabine Zatlin, ancienne directrice du refuge pour enfants d’Izieu,
qui est activement recherchée par les polices allemandes et françaises (Adam Rayski, op.cit).
(4) Karl Rehbein, agent de l’Abwehr (service de renseignements de la Wehrmacht). Au service des troupes
de Franco durant la guerre d’Espagne, il poursuit son travail de policier dans les camps d’internés du sud
de la France, puis auprès des services de police allemande à Perpignan. Il est responsable, notamment,
de mai à juillet 1944, de l’arrestation de nombreux cadres de l’Armée juive à Marseille, Toulouse et Paris.