Prise en charge diététique de l’enfant allergique aux protéines du lait de vache et mise en exergue de messages-
clés pour la pratique quotidienne ▪ M. Robert ▪
Symposium « Allergies – Maladies du futur ? » ▪ Institut Danone ▪ 21/10/2006 ▪2▪
ROLE DU (DE LA) DIETETICIEN(NE)
Dans un premier temps, le (la) diététicien(ne) réalise une anamnèse diététique afin de recenser
la présence d’aliments expliquant la symptomatologie, d’évaluer les ingesta et de préciser les
habitudes alimentaires. Ensuite, il (elle) explique le régime d'exclusion en insistant sur les
aliments autorisés. Enfin, il (elle) proposera un schéma alimentaire qui tient compte des
habitudes familiales, des idées de menu exempts de l'allergène tout en veillant à couvrir ses
besoins nutritionnels. Il est nécessaire d'informer les patients des risques de contamination de
l'alimentation par l'allergène au cours des préparations ménagères et industrielles ainsi que
leur apprendre à choisir les aliments du commerce sans risque.
Les causes de déséquilibre nutritionnel chez des patients présentant une allergie alimentaire et
donc soumis à un régime d'exclusion sont multiples. L'éviction d'un aliment aussi riche en
nutriments essentiels que le lait de vache est à risque d'induire une alimentation carencée
(protéines de haute valeur biologique, calcium, vitamine B12 …) si le diététicien ne propose
pas des aliments de remplacement. Le choix de ces substituts doit se faire avec beaucoup de
circonspection.
• Préparations à base d’un hydrolysat poussé de protéines
En première intention, les préparations à base de protéines du lait de vache seront remplacées
par une préparation pour nourrisson à base d’un hydrolysat poussé de protéines. En cas de
malabsorption avec symptômes digestifs, un hydrolysat poussé sans lactose et riche en
triglycérides à chaîne moyenne sera préféré.
Avant la diversification, la préparation pour nourrisson à base d’un hydrolysat poussé de
protéines est proposée en volume adéquat, adapté au poids de l’enfant. Chez un nourrisson de
6 à 12 mois, 500 à 600 ml d’une préparation pour nourrisson à base d’un hydrolysat poussé de
protéines, un repas de légumes et de viande et un repas de fruits permettent de couvrir les
besoins nutritionnels.
• Substituts à base d’acides aminés
Dans de très rares cas, on peut observer une réactivité aux traces de protéines du lait de vache
présentes dans les préparations à base d’un hydrolysat poussé de protéines. On peut alors
proposer des formules à base d’acides aminés spécialement profilées pour l’alimentation des
nourrissons et enfants présentant une allergie alimentaire sévère. Leur prescription fait l’objet
d’un remboursement récent en Belgique et doit être impérativement expliquée par un(e)
diététicien(ne).
• « Laits alternatifs »inadaptés
Pour de nombreuses raisons telles que le goût particulier, le prix ou les résultats jugés
insuffisants des préparations pour nourrisson à base d’un hydrolysat poussé, les parents ont
recours à d’autres « laits » qui peuvent être d’origine animale comme le lait de jument, de
chèvre ou de brebis ou à des formules d’origine végétale : « laits » d’amandes, noisettes,
châtaignes, riz, avoine. Ces "laits alternatifs" ne sont pas formulés pour répondre aux
recommandations nutritionnelles du nourrisson et du jeune enfant et les préparations d’origine
végétale ne répondent pas à la définition d’un lait. Ces "laits" sont pourtant positionnés pour
l'alimentation des bébés dont c'est la principale source alimentaire.
Les laits d’origine animale (brebis, chèvre et jument) doivent être évités en raison de
nombreux épitopes communs avec les protéines du lait de vache. Ils sont en outre trop riches
en protéines, carencés entre autres en acides gras essentiels, en fer, vitamines C et D.