Trois cas de légionellose ont été notifiés à l’ARS Ile-de-France entre le 11 et le 27 juillet 2016 concernant des
personnes résidant sur les communes d’Asnières et Gennevilliers (Hauts-de-Seine). En lien avec la CIRE, l’ARS a classé
ces signaux en « suspicion de cas groupés ».
Les trois notifications ont donné lieu à une investigation épidémiologique (par l’infirmière de santé publique de la
Délégation Départementale de Hauts-de-Seine – DD92) auprès des services hospitaliers ayant accueilli ces patients,
l’hôpital Beaujon, l’hôpital Louis Mourier et l’hôpital Saint-Louis, afin de :
confirmer le diagnostic de légionellose ;
inciter les médecins à effectuer une culture afin d’isoler une souche clinique, et le cas échéant, s’assurer
auprès du laboratoire de l’envoi au CNR ;
identifier les expositions à risque aux cours de la période d’incubation : le patient (ou son entourage) est
interrogé soit directement, soit par le personnel médical de l’hôpital où il est pris en charge, afin de recenser
les lieux de fréquentation au cours des 14 jours précédant la date de début des signes cliniques.
Les résultats de ces investigations sont transmis aux agents des services santé-environnement de la DD92 afin que soit
effectuée l’enquête environnementale. Celle-ci vise à identifier et maîtriser les sources les plus probables de la
contamination afin d’éviter l’apparition de nouveaux cas.
Dans les cas présents, les installations à risques énumérées étaient :
- les réseaux d’eau chaude sanitaire des immeubles des personnes malades. Il est important de souligner que
deux des trois personnes malades résidaient dans le même grand immeuble. La DD92 s’est rapprochée des
gestionnaires des deux immeubles concernés afin que des campagnes de prélèvements d’eau chaude soient
effectuées pour rechercher les Legionella pneumophila (campagne effectuée le 29 juillet pour un immeuble
et le 1er août pour l’autre). La DD92 a effectué le 3 août une visite in situ de l’immeuble où résidaient deux
personnes malades et a accompagné le gestionnaire (fourniture d’éléments de langage sur la maladie et sur
les bonnes pratiques à mettre en œuvre, rappel de la réglementation) ;
- les systèmes des tours aéro-réfrigérantes (TAR) : le périmètre concerné est défini à l’aide de l’outil Légéo®,
outil de système d’information géographique (SIG) construit par l’ARS. Trois systèmes de TARs ont été
repérés comme suspects. Les agents de la DD92 ont transmis ces éléments à la direction régionale et
interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), structure étatique assurant le suivi
administratif de ces installations. L’ARS a demandé à la DRIEE la synthèse des derniers résultats
d’autocontrôle (la réglementation impose aux gestionnaires de vérifier la concentration en Legionella
pneumophila dans ces systèmes), puis une campagne inopinée de prélèvements a été diligentée le 29 juillet
2016 ;
- d’autres installations pouvant générer des microgouttelettes d’eau contaminée (ex : jets d’eau, fontaines
décoratives, brumisateurs collectifs, etc.). La DD92 a contacté les deux mairies concernées afin de savoir si de
telles installations étaient présentes sur la zone identifiée. Il n’y en avait pas, et cette piste a été écartée.
En parallèle, la Cellule départementale de veille, d'alerte et de gestion sanitaires (CDVAGS) de la DD92 a effectué une
recherche active de cas. A cette occasion, un courriel de sensibilisation a été adressé aux services hospitaliers des
Hauts-de-Seine et aux médecins traitants du secteur identifié (via l’Ordre des médecins et les différentes organisations
professionnelles les représentant).
Du fait de la suspicion de cas groupés, la Préfecture des Hauts-de-Seine a été informée de la situation.
Finalement, les dénombrements en Legionella penumophila des différentes campagnes effectuées se sont tous révélés
négatifs et aucune souche environnementale n’a pu être isolée. Toutefois, les gestionnaires des installations à risques
ont été (re)sensibilisés aux risques liés à la prolifération des légionelles, et les obligations réglementaires auxquelles ils
sont soumis ont été rappelées.
L’hypothèse d’une origine commune de contamination n’a pu être confirmée, d’autant plus qu’une seule souche
clinique avait été isolée. Il est important de préciser d’une part, que l’isolement des souches cliniques est essentiel
pour déterminer la source commune de contamination, et d’autre part, que le recensement exhaustif des lieux
fréquentés par la personne malade est primordial pour la bonne réalisation de l’enquête environnementale.