Compétences en matière de productivité et de compétitivité : le rôle des conseils sectoriels
QUESTIONS D’ORDRE GÉNÉRAL
ans l’économie concurrentielle et mondiale
qui évolue constamment de nos jours, il y a
peu de doute que les connaissances et les
aptitudes continuent de jouer un rôle
déterminant pour façonner la viabilité et la prospérité
économique du Canada. La mondialisation ronge les
structures établies de l’industrie, obligeant ainsi les
entreprises et les gouvernements à s’adapter de plus en
plus vite pour survivre. Qui plus est, les marchés
locaux ne parviennent souvent plus à soutenir la
prospérité, et la recherche des marchés d’exportation
devient de plus en plus indispensable. De nouvelles
industries comme la photonique et la biotechnologie
émergent au même moment où les industries
traditionnelles comme la fabrication sont
fondamentalement transformées par les technologies et
les nouvelles méthodes de production, tandis que
d’autres industries déménagent leur production dans les
pays à bas salaires.
Ce rapport fournit de l’information qui relie les
compétences et le savoir dans le milieu du travail aux
objectifs économiques et sociaux du Canada en matière
de productivité, d’innovation, de compétitivité, et de
qualité de vie améliorée. Son but consiste à fournir un
aperçu des décisions prises par les dirigeants des
entreprises et du gouvernement en ce qui concerne
l’investissement dans les stratégies d’apprentissage et
de développement des compétences en milieu de
travail, et notamment l’investissement dans les
approches sectorielles visant le perfectionnement des
compétences.
Les compétences constituent la pierre angulaire d’une
économie saine et un barème de l’aptitude d’un pays à
survivre dans un marché international.1 Avec la
capacité d’accentuer la productivité, l’innovation et
l’employabilité,2 le capital humain représente de nos
jours un atout, de même qu’une des plus importantes
1 Alison Coleman, Philip Hunter et Jane Simms, A Director’s
Guide—Skills: Transforming Business—Towards a Better
and More Competitive Workforce (Londres : Director
Publications Ltd, 2004), p. 5.
2 La croissance de la qualité de l’apport de la main-d’oeuvre
au Canada a représenté 25 pour cent de la croissance totale du
PIB par personne sur une période de trente-cinq ans (1960 –
1995). Source : Dale Jorgenson et Eric Yip, Whatever
Happened to Productivity Growth? Harvard University, (28
juin 1998), pp. 13-16, 42-49.
sources de croissance économique au pays.3 En bout de
ligne, le niveau de vie au Canada est déterminé en
grande partie par la qualité et la quantité de
connaissances déployées dans l’économie—une
fonction des compétences qu’on retrouve chez les
Canadiens et de l’efficience dans le cadre de laquelle
elles sont utilisées.4 À mesure que de nouvelles
professions émergent, et que les professions plus
traditionnelles changent ou disparaissent, et à mesure
que se brouillent les frontières entre les professions et
les structures d’emplois, il est certain que les
compétences joueront un rôle de plus en plus important
et décisif dans le succès socioéconomique du Canada.
À moins d’améliorer les termes de l’échange d’un pays
à l’échelle internationale, il n’existe en réalité que deux
façons d’augmenter la richesse nationale : augmenter le
nombre de personnes employées ainsi que les heures de
travail, ou produire plus de richesse pour chaque heure
de travail.5 Il n’est pas étonnant que dans bien des
pays, les stratégies du capital humain axées sur le
développement des compétences et du savoir occupent
maintenant la vedette en matière de politique publique.
Si l’investissement dans le capital humain n’est pas
maintenu au moyen du perfectionnement continu et des
initiatives d’apprentissage, les compétences et le savoir
sur lesquels est fondée l’économie canadienne
s’épuiseront, ce qui entraînera éventuellement une
perte de productivité et de rendement, ainsi que des
lacunes permanentes au niveau des compétences.6
3 Voir : Industrie Canada, Achieving Excellence: Investing in
People, Knowledge and Opportunity. (Ottawa : Industrie
Canada, 2002), et Knowledge Matters: Skills and Learning
for Canadians (Ottawa : Industrie Canada, 2002).
4 Dans de nombreux pays de l’OCDE, y compris le Canada,
la croissance s’est produite au cours des dernières années,
pour quatre raisons principales : (1) l’utilisation accrue ou
améliorée de la main-d’oeuvre—un plus grand nombre de
personnes travaillant de façon plus productive; (2) la
croissance générale du niveau de scolarisation chez les
travailleurs au cours des quinze dernières années; (3)
l’investissement dans le capital physique—y compris la
technologie qui exige la multiplication et un
perfectionnement des compétences de la part des employés;
et, (4) une augmentation de la productivité multifactorielle—
où la combinaison des compétences perfectionnées et de la
technologie améliorée engendre la production d’extrants de
plus grande valeur grâce à l’efficience des activités
d’exploitation et aux résultats de l’innovation. Voir : Dirk
Plat, “Innovation in the New Economy,” ISUMA, (printemps
2002), pp 54-61.
5 Pierre Frotin, Canadian Productivity: When Do We Catch
Up? ISUMA (printemps 2002), pp. 47-51.
6 Les pénuries de main-d’oeuvre préoccupent
particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME)—
la principale source de la création d’emplois au Canada au
D
© Le Conference Board du Canada, 2005. 3