La protection des communautés religieuses un rôle particulier du CGF

Quels sont les intérêts de ce
rôle pour la diplomatie française ?
Nombre de communautés, par leurs
institutions de santé ou éducatives,
contribuent aux besoins humanitaires
de la région.
La promotion de la francophonie
passe par la mission éducative des
congrégations : les écoles adminis-
trées par celles-ci et par les patriarcats
sont parmi les plus réputées. L’ensei-
gnement du français reste une réfé-
rence appréciée des jeunes, y compris
pour leur métier futur. Ces écoles,
réparties sur l’ensemble du territoire,
sont fréquentées en majorité par des
élèves musulmans, et contribuent au
vivre-ensemble des communautés.
La présence sur le terrain des congré-
gations est une source précieuse de
contact avec les populations : les ins-
titutions chrétiennes ont la capacité de
prendre le pouls des populations lo-
cales et d’informer le Consulat de
l’évolution des mentalités et de situa-
tions parfois complexes
.
L’action des congrégations :
3 hôpitaux et une dizaine d’établisse-
ments de soin ou d’accueil pour per-
sonnes à besoins spécifiques, à Gaza,
Jérusalem, Bethléem, Naplouse, ou en
Israël.
L’Hôpital de la Sainte Famille, par
exemple, maternité de Bethléem,
réalise plus de 4000 accouchements
chaque année, autant que des mater-
nités parmi les plus grandes de
France.
Une vingtaine d’écoles sur l’ensemble
des territoires palestiniens, et 5 insti-
tuts d’enseignement supérieur.
Le Collège des Frères, par exemple, à
Jérusalem-Est et Beit Hanina, compte
1535 élèves, du jardin d’enfants au
secondaire, et met l’accent notam-
ment sur l’apprentissage des langues
étrangères dont le français
18 maisons d’accueil de pèlerins, ré-
parties sur le territoire.
Cette dimension de protection du Consulat général n’est donc pas un simple
vestige de l’histoire : à l’heure de la montée des extrémismes et des violences
communautaires, il est important de défendre au cœur du Proche-Orient, et
dans une ville si symbolique, les valeurs de la République Française : la
liberté, la tolérance, les droits de l’homme et la paix.
Vue de l'église croisée
de Sainte-Anne avec,
en premier plan, les
ruines du sanctuaire
d'Esculape
La protecon des communautés religieuses, un rôle
parculier du Consulat général de France à Jérusalem
Le 26 octobre 2016, quelques semaines après avoir pris ses fonctions de
Consul général à Jérusalem, Pierre Cochard effectuait sa visite officielle au Saint-
Sépulcre, accueilli par les « gardiens majeurs » de la basilique, catholique latin,
arménien-apostolique et grec-orthodoxe. La cérémonie s’est déroulée selon le pro-
tocole réglé par les accords signés en 1926 par Aristide Briand, alors ministre des
Affaires étrangères français, avec le Saint-Siège. Cet événement n’est qu’un des
aspects des relations entretenues par le Consulat général de France à Jérusalem avec
les communautés chrétiennes. Cette situation est particulière dans la diplomatie
française : il s’agit d’une spécificité liée à l’histoire de la présence française dans la
région.
Pourquoi de telles relations entre
la France et des communautés
chrétiennes ?
Ce rôle particulier est une responsabilité
diplomatique de la République, inscrite
dans le droit international, en vertu de
plusieurs textes:
Les Capitulations, ensemble de traités
conclus avec l’Empire Ottoman dès
1535 ; ils sont inscrits dans le droit
international en vertu du principe de la
succession d’Etats.
Le Traité de Berlin de 1878 octroie
également à la France un rôle de pro-
tection du Statu quo régissant la basi-
lique du Saint-Sépulcre à Jérusalem et
de la Nativité à Bethléem.
Les accords de Mytilène (1901) et de
Constantinople (1913), accordent aux
congrégations et établissements d’ori-
gine française des exemptions fiscales
et douanières. Par les lettres Chauvel-
Fischer (1948-1949), et l’accord
Laboulaye-Middein (1997), ces avan-
tages sont attestés respectivement par
Israël et la Palestine.
Discours du Consul général, Pierre
Cochard, prononcé en la basilique
Sainte-Anne lors de son intronisation
au Saint-Sépulcre le 26 octobre 2016
Et la laïcité ?
Comme l’a rappelé le Consul gé-
néral dans le discours prononcé
lors de son intronisation le 26 oc-
tobre 2016, la France s’acquitte de
sa mission dans le plein respect
des lois de 1905 : « La République
assure la liberté de conscience.
Elle garantit le libre exercice des
cultes (…) ». L’action du Consulat
général s’attache donc à promou-
voir, dans une ville sujette à de
nombreux conflits, les valeurs qui
sont précisément des valeurs fon-
datrices de la laïcité française : la
liberté de culte, la tolérance et le
vivre-ensemble.
Les communautés chrétiennes
acceptent-elles que la République
occupe un tel rôle ?
Historiquement, les relations de la France
républicaine avec les instances religieuses
n’ont pas toujours été simples. Néan-
moins, le modèle choisi pour entretenir ces
relations permet une entente harmonieuse,
qui repose sur deux piliers :
Le Consulat général de France n’est pas
la tutelle religieuse des communautés,
d’autant plus qu’il est tenu de respecter
la neutralité de l’Etat quant à la promo-
tion des valeurs des congrégations qu’il
protège.
Des intérêts et des principes communs :
l’action des communautés (écoles, hôpi-
taux) contribue grandement à la promo-
tion des valeurs portées par la France et
à son action diplomatique, notamment
en matière de coopération et de promo-
tion de la langue française.
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Détail des fresques de l’église des
Croisés d’Abou Gosh, domaine
national français.
Le carmel de l’Eléona, domaine
national français
Concrètement, par quelles actions ce rôle particulier
du Consulat général se manifeste-t-il ?
L’accompagnement vigilant des
communautés religieuses d’origine
française : quarante congrégations,
totalisant quelques 300 religieux et
religieuses de diverses nationalités.
Ce sont au total 130 emprises sur
l’ensemble de la Palestine histo-
rique qui sont concernées par la
protection française. Elle se traduit
par un rôle de conseil dans divers
domaines (l’immobilier, l’ensei-
gnement,…), mais va jusqu’à une
intervention directe auprès des
autorités locales lorsque la situation
l’exige. La « protection » des
exemptions fiscales et douanières
des congrégations issues des ac-
cords de 1901 et 1913 est un enjeu
majeur : ces droits sont essentiels à
la survie des communautés et à la
poursuite de leurs missions.
La relation de la République avec les autorités religieuses locales : le Consulat
général peut notamment être amené à réagir, de concert avec ces autorités, aux
atteintes au libre-accès aux Lieux Saints, notamment pour les Palestiniens des
Territoires occupés.
Le Consulat général entretient des relations gulières avec les communautés
juives et musulmanes et encourage le dialogue interreligieux.
La protection des pèlerins : environ 400 000 français se rendent chaque année en
Terre Sainte. Parmi eux, grand nombre de pèlerins chrétiens, et de plus en plus
de pèlerins musulmans et juifs. La protection française, outre la protection con-
sulaire classique, comporte un volet diplomatique : il s’agit d’assurer la liberté
d’accès aux lieux saints et aux nombreux sites de pèlerinage.
La protection des chrétiens de la région : si leur nombre a chuté, les chrétiens
seraient encore 230 000 à vivre sur le territoire de la Palestine historique, en
Israël mais aussi dans les territoires occupés, à Bethléem, Ramallah
et Jérusalem-Est, ainsi qu’à Gaza, les écoles chrétiennes qui scolarisent plu-
sieurs milliers de jeunes ont une influence reconnue.
L’administration des quatre domaines nationaux de Terre Sainte : le domaine de
Sainte-Anne, l’Eleona, Abou Gosh et le Tombeau des Rois.
Crypte de la commanderie croisée d’Abu
Gosh
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