Quels sont les intérêts de ce rôle pour la diplomatie française ? ♦ Nombre de communautés, par leurs institutions de santé ou éducatives, contribuent aux besoins humanitaires de la région. ♦ La promotion de la francophonie passe par la mission éducative des congrégations : les écoles administrées par celles-ci et par les patriarcats sont parmi les plus réputées. L’enseignement du français reste une référence appréciée des jeunes, y compris pour leur métier futur. Ces écoles, réparties sur l’ensemble du territoire, sont fréquentées en majorité par des élèves musulmans, et contribuent au vivre-ensemble des communautés. ♦ La présence sur le terrain des congrégations est une source précieuse de contact avec les populations : les institutions chrétiennes ont la capacité de prendre le pouls des populations locales et d’informer le Consulat de l’évolution des mentalités et de situations parfois complexes. L’action des congrégations : ♦ 3 hôpitaux et une dizaine d’établissements de soin ou d’accueil pour personnes à besoins spécifiques, à Gaza, Jérusalem, Bethléem, Naplouse, ou en Israël. ⇒ L’Hôpital de la Sainte Famille, par exemple, maternité de Bethléem, réalise plus de 4000 accouchements chaque année, autant que des maternités parmi les plus grandes de France. ♦ Une vingtaine d’écoles sur l’ensemble La protec on des communautés religieuses, un rôle par culier du Consulat général de France à Jérusalem Le 26 octobre 2016, quelques semaines après avoir pris ses fonctions de Consul général à Jérusalem, Pierre Cochard effectuait sa visite officielle au SaintSépulcre, accueilli par les « gardiens majeurs » de la basilique, catholique latin, arménien-apostolique et grec-orthodoxe. La cérémonie s’est déroulée selon le protocole réglé par les accords signés en 1926 par Aristide Briand, alors ministre des Affaires étrangères français, avec le Saint-Siège. Cet événement n’est qu’un des aspects des relations entretenues par le Consulat général de France à Jérusalem avec les communautés chrétiennes. Cette situation est particulière dans la diplomatie française : il s’agit d’une spécificité liée à l’histoire de la présence française dans la région. des territoires palestiniens, et 5 instituts d’enseignement supérieur. ⇒ Pourquoi de telles relations entre la France et des communautés chrétiennes ? Le Collège des Frères, par exemple, à Jérusalem-Est et Beit Hanina, compte 1535 élèves, du jardin d’enfants au secondaire, et met l’accent notamment sur l’apprentissage des langues étrangères dont le français Ce rôle particulier est une responsabilité diplomatique de la République, inscrite dans le droit international, en vertu de plusieurs textes: ♦ Les Capitulations, ensemble de traités conclus avec l’Empire Ottoman dès 1535 ; ils sont inscrits dans le droit international en vertu du principe de la succession d’Etats. ♦ 18 maisons d’accueil de pèlerins, réparties sur le territoire. ♦ Le Traité de Berlin de 1878 octroie également à la France un rôle de protection du Statu quo régissant la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem et de la Nativité à Bethléem. Vue de l'église croisée de Sainte-Anne avec, en premier plan, les ruines du sanctuaire d'Esculape Cette dimension de protection du Consulat général n’est donc pas un simple vestige de l’histoire : à l’heure de la montée des extrémismes et des violences communautaires, il est important de défendre au cœur du Proche-Orient, et dans une ville si symbolique, les valeurs de la République Française : la liberté, la tolérance, les droits de l’homme et la paix. Discours du Consul général, Pierre Cochard, prononcé en la basilique Sainte-Anne lors de son intronisation au Saint-Sépulcre le 26 octobre 2016 ♦ Les accords de Mytilène (1901) et de Constantinople (1913), accordent aux congrégations et établissements d’origine française des exemptions fiscales et douanières. Par les lettres ChauvelFischer (1948-1949), et l’accord Laboulaye-Middein (1997), ces avantages sont attestés respectivement par Israël et la Palestine. Détail des fresques de l’église des Croisés d’Abou Gosh, domaine national français. Et la laïcité ? Comme l’a rappelé le Consul général dans le discours prononcé lors de son intronisation le 26 octobre 2016, la France s’acquitte de sa mission dans le plein respect des lois de 1905 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes (…) ». L’action du Consulat général s’attache donc à promouvoir, dans une ville sujette à de nombreux conflits, les valeurs qui sont précisément des valeurs fondatrices de la laïcité française : la liberté de culte, la tolérance et le vivre-ensemble. Le carmel de l’Eléona, domaine national français Le Statu quo est un ensemble de droits et de codes qui régit le rôle des différentes confessions dans les lieux saints, en le précisant dans les moindres détails (de l’horaire des offices à la place des tapis). Un firman de 1852 déclare qu’à par(r de ce texte plus rien ne devait changer. Aussi, le Statu quo repose essen(ellement sur une tradi(on orale, et sur des preuves écrites que cons(tuent certaines notes privées. Un principe permet de le décrire simplement : « le fait crée le droit », les faits et gestes de chaque communauté sont donc surveillés à chaque instant afin que ceux-ci ne transforment pas le droit. Les différends se règlent entre les trois « gardiens majeurs », c’est-àdire les représentants des trois communautés principales : la Custodie de Terre sainte, le Patriarcat grec-orthodoxe et le Patriarcat arménien. Les communautés chrétiennes acceptent-elles que la République occupe un tel rôle ? Historiquement, les relations de la France républicaine avec les instances religieuses n’ont pas toujours été simples. Néanmoins, le modèle choisi pour entretenir ces relations permet une entente harmonieuse, qui repose sur deux piliers : ♦ Le Consulat général de France n’est pas la tutelle religieuse des communautés, d’autant plus qu’il est tenu de respecter la neutralité de l’Etat quant à la promotion des valeurs des congrégations qu’il protège. ♦ Des intérêts et des principes communs : l’action des communautés (écoles, hôpitaux) contribue grandement à la promotion des valeurs portées par la France et à son action diplomatique, notamment en matière de coopération et de promotion de la langue française. Concrètement, par quelles actions ce rôle particulier du Consulat général se manifeste-t-il ? ♦ L’accompagnement vigilant des communautés religieuses d’origine française : quarante congrégations, totalisant quelques 300 religieux et religieuses de diverses nationalités. Ce sont au total 130 emprises sur l’ensemble de la Palestine historique qui sont concernées par la protection française. Elle se traduit par un rôle de conseil dans divers domaines (l’immobilier, l’enseignement,…), mais va jusqu’à une intervention directe auprès des autorités locales lorsque la situation l’exige. La « protection » des exemptions fiscales et douanières des congrégations issues des accords de 1901 et 1913 est un enjeu majeur : ces droits sont essentiels à la survie des communautés et à la poursuite de leurs missions. Crypte de la commanderie croisée d’Abu Gosh ♦ La relation de la République avec les autorités religieuses locales : le Consulat général peut notamment être amené à réagir, de concert avec ces autorités, aux atteintes au libre-accès aux Lieux Saints, notamment pour les Palestiniens des Territoires occupés. ♦ Le Consulat général entretient des relations régulières avec les communautés juives et musulmanes et encourage le dialogue interreligieux. ♦ La protection des pèlerins : environ 400 000 français se rendent chaque année en Terre Sainte. Parmi eux, grand nombre de pèlerins chrétiens, et de plus en plus de pèlerins musulmans et juifs. La protection française, outre la protection consulaire classique, comporte un volet diplomatique : il s’agit d’assurer la liberté d’accès aux lieux saints et aux nombreux sites de pèlerinage. ♦ La protection des chrétiens de la région : si leur nombre a chuté, les chrétiens seraient encore 230 000 à vivre sur le territoire de la Palestine historique, en Israël mais aussi dans les territoires occupés, à Bethléem, Ramallah et Jérusalem-Est, ainsi qu’à Gaza, où les écoles chrétiennes qui scolarisent plusieurs milliers de jeunes ont une influence reconnue. ♦ L’administration des quatre domaines nationaux de Terre Sainte : le domaine de Sainte-Anne, l’Eleona, Abou Gosh et le Tombeau des Rois.