Groupes opérant sur un ensemble, exemples et applications, cours de premier cycle universitaire F.Gaudon 12 août 2005 Table des matières 1 Définitions 2 2 Exemples et applications 4 1 1 Définitions Définition : Soient G un groupe et X un ensemble. On dit que G opère sur X s’il existe une application f de G × X dans X qui à (g; x) associe g.x tel que : – ∀(g; g 0 ) ∈ G × G, ∀x ∈ X, g.(g 0 .x) = (gg 0 ).x – ∀x ∈ X, e.x = x où e désigne l’élément neutre du groupe G f est appelée opération de G sur X. Remarque : La donnée d’une opération de G sur X revient à définir un homomorphisme de groupes φ : G 7→ S(X), où S(X) désigne le groupe des permutations de l’ensemble X sur lui-même, par : ∀g ∈ G, ∀x ∈ X, φ(g)(x) = g.x Définition et proposition : On définit sur X la relation R pour tout x et y de X par : xRy ⇔ ∃g ∈ G/y = g.x R est une relation d’équivalence sur X. Preuve : ∀x ∈ X e.x = x donc xRx. ∀x, y ∈ X xRy ⇔ ∃g ∈ G y = g.x ⇔ ∃g ∈ G g −1 .y = x ⇔ yRx ∀x, y, z ∈ X xRy et yRz ⇒ ∃g ∈ G y = g.x et ∃g 0 ∈ G z = g 0 .y. Donc z = g 0 .y = g 0 .(g.x) = (g 0 g).x et zRx. Définition : 2 – Les classes d’équivalence sont appelées orbites. L’orbite de x ∈ X est donc : {g.x/g ∈ G} et se note Gx . – Une opération sur X est dite transitive ssi il n’y a qu’une seule orbite c’est à dire ssi ∀(x; y) ∈ X × X, ∃g ∈ G, g.x = y – Une opération sur X est dite simplement transitive ssi ∀(x; y) ∈ X × X, ∃!g ∈ G/y = g.x – L’ensemble Gx = {g ∈ G/g.x = x} est un sous groupe de G appelé stabilisateur (ou groupe d’isotropie) de x. – Une opération est dite fidèle ssi le morphisme φ de G dans S(X) est injectif ssi (∀x ∈ X g.x = x) ⇒ g = e ssi ∀x ∈ X, Gx = {e} Proposition : Si x et y, éléments de X, appartiennent à la même orbite, il existe en général plusieurs g ∈ G tels que y = g.x. Plus précisément, on a : ∀x ∈ X, Gx est en bijection avec l’orbite de x sous l’action de G. Preuve : Soit ϕ : G → G.x (où G.x désigne l’orbite de x sous G), l’application définie par ϕ(g) = g.x, surjective par construction. Soient g, g 0 ∈ G. ϕ(g) = ϕ(g 0 ) ⇔ g.x = g 0 .x ⇔ g 0−1 g ∈ Gx Donc, par passage au quotient dans GGx , ∃!ϕ̄ : GGx → G.x définie par ∀x̄ ∈ GGx , ϕ̄(x̄) = ϕ(x).ϕ̄ est injective car ϕ(g) = ϕ(g 0 ) ⇔ g 0−1 g ∈ Gx En outre ϕ̄ est surjective car ϕ l’est donc ϕ̄ est une bijection de GGx dans G.x. Remarque : Si G est fini, |Gx | et |G.x| sont des diviseurs de |G|. Théorème, "équation aux classes" : 3 Si G et X sont finis alors on a : |X| = |G| X 1 |Gx | x∈I où I désigne est l’ensemble obtenu en prenant un représentant dans chaque . Preuve : P Les orbites forment une partition de X donc |X| = x ∈ I|G.x|. On conclut grâce à la bijection de (G/Gx ) dans G.x et au fait que |(G/Gx )| = |G|/|Gx |. 2 Exemples et applications Définition : L’opération canonique de S(X) sur X est l’opération : S(X) × X → X, (σ, x) 7→ σ(x) Proposition : Cette opération est transitive, fidèle mais non simplement transitive ; l’homorphisme φ correspondant est φ = IdS(X) . Preuve : Pour montrer la transitivité, prenons x et y dans X, et soit la transposition τ qui échange x et y. On a τ (x) = y. Il n’y a en général pas unicité ce qui explique que l’action n’est pas simplement transitive. Il est clair que φ : S(X) → S(X), σ 7→ φ(σ) = σ tel que ∀x ∈ X, φ(σ)(x) = σ(x) est φ = IdS(X) et est injectif c’est à dire que l’opération est fidèle. Définition : Un groupe peut agir sur lui-même par translation à gauche : (g; x) 7→ gx (action simplement transitive et fidèle). L’homomorphisme φ correspondant est ici : φ : G → S(G), g 7→ (x 7→ gx). Proposition : 4 Cette action est simplement transitive, fidèle et l’homorphisme de groupes φ est injectif. Preuve : ∀x, y ∈ G, ∃!g ∈ G y = g.x (g = yx−1 ) donc l’opération est simplement transitive. ∀x ∈ G g ∈ Gx ⇒ gx = x ⇒ g = e donc l’opération est fidèle. φ(g) = φ(g 0 ) ⇒ ∀x ∈ Ggx = g 0 x ⇒ g = g 0 donc φ est injectif. Conséquence, Théorème de Cayley : Tout groupe fini de cardinal n se plonge dans Sn . Preuve : Si G est un groupe fini de cardinal n, l’homorphisme φ injectif défini ci-dessus induit un isomorphisme de G sur son image φ(G) qui est un sous groupe de S(G) lui-même en bijection avec Sn . Proposition : Si H est un sous groupe de G, G agit sur l’ensemble (G/H)g des classes à gauche suivant H par : (g; aH) 7→ gaH (idem pour les classes à droite). Preuve : ∀g, g 0 ∈ G, ∀aH ∈ (G/H)g , (gg 0 )aH = g(g 0 aH) et eaH = aH où e désigne l’élément neutre de G Définition : Un groupe peut également agir sur lui-même par automorphismes intérieurs : G × G → G, (g; a) 7→ gag −1 L’orbite de a ∈ G s’appelle classe de conjugaison : G.a = {gag −1 /g ∈ G} ; deux éléments appartenant à une même orbite sont dits conjugués. Le stabilisateur de a s’appelle centralisateur de a. 5 Exemple : G agit sur l’ensemble des sous groupes de G par automorphismes intérieurs : g.H = gHg −1 . Le stabilisateur de H est {g ∈ G/gHg −1 = H} et est appelé normalisateur de H : c’est le plus grand sous groupe de G dans lequel H soit distingué. Le groupe GL(n; K) des matrices carrées inversibles d’ordre n à coefficients dans le corps K agit sur M (n; K), ensemble des matrices carrées d’ordre n par conjugaison : deux matrices A et B sont conjuguées ssi ∃P ∈ GL(n; K)/B = P AP −1 i.e. A et B sont semblables. Preuve : ∀g, g 0 ∈ G g 0 .(g.H) = g 0 .(gHg −1 ) = g 0 (gHg −1 )g 0−1 = g 0 gHg −1 g 0−1 = g 0 gH(g 0 g)−1 et e.H = H donc l’opération est bien définie. GH est un sous groupe de G : clair. H distingué dans GH : ∀h ∈ H∀g ∈ GH ghg −1 ∈ H par définition de GH . Soit G0 un sous groupe de G dans lequel H soit distingué. ∀g ∈ G0 ∀h ∈ Hghg −1 ∈ H donc gHg −1 ⊂ H et ∀h ∈ Hg −1 hg ∈ H et h = g(g −1 hg)g −1 ∈ gHg −1 donc H = gHg −1 et g ∈ GH d’où G0 ⊂ GH . Même type de vérification pour GLn (K). Proposition : Soient p un nombre premier etG un p-groupe (i.e. un groupe d’ordre pα avec α ∈ N. Alors le centre de G (i.e. l’ensemble des éléments de G qui commutent avec tous les éléments de G) n’est pas réduit à l’élément neutre. Preuve : Soit Z le centre de G. G opère sur lui-même par automorphismes intérieurs. On a : x ∈ Z ⇔ G.x = {x} ⇔ Gx = G Soient x1 , . . . , xr ∈ G tels que G.x1 , G.x2 , . . . , G.xr soient les orbites deux à deux distinctes non réduites à un point. On a d’après l’équation aux classes : |G| = |Z| + [G : Gx1 ] + . . . + [G : Gxr ] Tout [G : Gxr ] est de la forme psi avec si ≥ 1 car Gxr 6= G donc p divise |Z| et |Z| = 6 1. 6