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Archéologie préventive
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(secteur du « Palais de Justice »). Dans le même temps, les rues sont parées de portiques, trottoirs
couverts à colonnades. L'enceinte gauloise qui bordait le Doubs est abattue au profit d'un mur de quai
en glacis.
Le déclin s'amorce au début du IIIe siècle. Si l'on observe encore à cette époque, dans la riche
demeure mise au jour au « Palais de Justice », les témoins des prestigieuses réalisations (mosaïques),
on remarque que, parallèlement, de grands espaces du quartier artisanal sont laissés à l'abandon. La
description de la ville par l'empereur Julien l'Apostat dans la seconde moitié du IVe siècle nous livre la
vision d'une cité au stade de la récession.
Au Moyen Âge, l'essentiel de la boucle est inoccupé entre les deux pôles d'habitat que sont la
citadelle et le secteur Battant. Au « Palais de Justice », comme « aux Remparts Dérasés », le terrain
semble être vierge, ou presque, de construction jusqu'à l'époque moderne avec la réalisation de
l'arsenal et les fortifications de Vauban.
Pour Mandeure, un diagnostic portant sur 6 000 m² « Rue de la Récille », a révélé une série
d'habitations couplant une fonction agricole (silos maçonnés) et artisanale (four de potier) installées
dans le prolongement d'une voie antique, démontrant qu'en direction de l'est, la ville antique dépasse
largement l'emprise à l'intérieur de laquelle on cherchait, jusqu'à ce jour, à la circonscrire.
QU’EN EST-IL PAR AILLEURS POUR LES GRANDES PERIODES CHRONOLOGIQUES ?
La longue période paléolithique n'a pas été concernée jusqu'ici par les opérations
préventives. A moins de tomber sur des gisements de surface non répertoriés, les lieux d'implantation
privilégiés sont soit rarement atteints par les travaux, soit difficilement accessibles compte tenu de leur
niveau d'apparition. Les témoignages intéressant la période néolithique restent anecdotiques, ce qui ne
manque pas de nous surprendre (nous attendions beaucoup par exemple des diagnostics mis en place
le long du futur tracé de la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône).
Les données sur la Protohistoire fournies par les diagnostics sont dispersées, généralement
partielles, mais non moins intéressantes. Il est vrai que les caractéristiques de l'habitat protohistorique
et de ses annexes plaident en faveur de vastes décapages et nécessitent la gestion de terrassements le
plus souvent incompatibles avec les projets déposés. Cela a pour principale conséquence la « mise en
réserve » de sites intéressants comme à Valentigney ou Blussangeaux, dans le Doubs, où les projets de
constructions ou d'aménagements ont été modifiés ou tout simplement abandonnés.
Le diagnostic réalisé sur la vaste ZAC des Champins (65 hectares) à Choisey et Damparis,
dans le Jura, a mis au jour de nombreuses occupations, du Néolithique à la période gallo-romaine, et
tout particulièrement une riche documentation illustrant les différentes phases de l’âge du Bronze*, ce
qui en fait un site majeur :
• pour le Bronze ancien : la présence d’un habitat vraisemblable attesté par un épandage de
mobilier, deux inhumations dont l’une a pu déjà être datée par la méthode du carbone 14
(-1878 /-1687) ;
• pour le Bronze moyen : un puits, des épandages, des inhumations (-1615/-1415) ;
• pour le Bronze final I/IIa : épandage, nécropole avec inhumations et incinérations,
mobilier céramique de qualité, mobilier métallique… ;
• pour le Bronze final IIb/IIIa (culture du Rhin-Suisse-France orientale) : occupations,
fours à pierres chauffantes, céramiques. Pour le Bronze final IIIb, bien représenté par
deux niveaux d’occupation, des fosses, fours à pierres chauffantes, nécropole à enclos.