11.
La production de bananes destinée à la consommation domestique ou
aux marchés locaux est une production à petite échelle, qui n'utilise que
peu d'intrants agricoles et qui nécessite beaucoup de main d'œuvre. […] La
production tournée vers les marchés d'exportation s'appuie sur une
utilisation intensive d'intrants agricoles et des technologies sophistiquées.
Même au sein de la production bananière destinée à l'exportation, les
technologies peuvent varier considérablement; par exemple, le rendement
au sol dans de vastes bananeraies à vocation commerciale peut être jusqu'à
6 fois plus élevé que celui obtenu dans une exploitation à petite échelle. Au
cours des années 90, la diffusion des pompes à eau pour l'irrigation au
goutte à goutte, du matériel et des installations dévolus à l'emballage, des
systèmes de drainage et des câbles de traction s'est étendue.
Avec des exportations de bananes estimées à deux millions de tonnes en
2000, le Costa Rica se place au second rang des principaux pays
exportateurs, après l'Équateur. Les bananes constituent la principale
exportation agricole de ce pays, suivie à une certaine distance par les
ananas et le café. Les bananes sont produites dans des plantations
relativement vastes par des producteurs indépendants et des compagnies
multinationales, qui contrôlent environ 50 pour cent la superficie des
cultures bananières. Les deux principaux importateurs traditionnels des
bananes costariciennes sont les États-Unis et la Communauté européenne,
mais depuis les années 90, les pays d'Europe de l'Est absorbent eux aussi
une part de ses exportations. Les principales sociétés exportatrices sont
Cobal (Chiquita), Bandeco (Del Monte) et Standard Fruit Co. (Dole). À
elles trois, ces sociétés concentrent plus de 80 pour cent des exportations de
bananes du pays. Depuis la fin des années 90, production et productivité
ont stagné car les prix en baisse de la banane et les attaques de
cercosporiose noire n'ont guère encouragé une utilisation massive d'intrants
ou une extension de la superficie cultivée. En dépit d'une décennie marquée
par différentes phases de recul et de stagnation, la productivité du Costa
Rica demeure la plus élevée de tous les pays latino-américains. Les
perspectives à moyen terme sont incertaines pour les exportations de
bananes costariciennes. Une réduction des coûts paraît peu envisageable:
les experts signalent en effet que la cercosporiose noire a récemment
développé une résistance aux fongicides systémiques, et qu'il va donc
falloir intensifier leur utilisation
Source : www.fao.org/docrep/007/y5102f/y5102f05.htm.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DUREAU F., GOUËSET V, MESCLIER E. (EDS.). (2006). Géographies de l'Amérique latine. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
MUSSET A. (1998). L’Amérique Centrale et les Antilles. Une approche géographique. Armand Colin.
BATAILLON C ; DELER JP ; THERY H.(1991). Géographie Universelle. Amérique Latine. Dir. R. Brunet. Hachette.
14.
Quel que soit leur métier de départ, beaucoup de Nicaraguayens travaillent comme
peones dans les plantations costariciennes. Banane, café, ananas, sucre, orange : le pays
voisin a su diversifier avec succès un agrobusiness gourmand en main-d’œuvre. […]
Atypique en Amérique centrale, l’économie costaricienne a certes développé les secteurs
secondaire et tertiaire (notamment en se lançant avec succès dans l’écotourisme), mais
elle repose encore beaucoup sur sa production agricole. Le pays est le deuxième
exportateur mondial de bananes, excelle dans le café et a développé des cultures « de
niche », comme les fleurs ou les melons. Or les travailleurs nicaraguayens sont
indispensables ; dans la région bananière de Sarapiquí, ils représentent plus de 40 % de la
main-d’œuvre. […] Ils ont offert un avantage considérable aux grands exportateurs
agricoles dans la compétition internationale, en maintenant les coûts de production au
plus bas. Remplaçant les nationaux – désormais mieux qualifiés – dans les secteurs de
l’agriculture et de la construction, ils ont également accompagné l’arrivée des
Costariciennes sur le marché du travail, en proposant une armée d’employées de maison.
Source : Raphaëlle Bail/ le monde diplomatique decembre 2006
16
. Entre Santo Domingo et Machala, sur les terres fertiles situées au pied des Andes équatoriennes, les bananeraies s’étirent des deux côtés de la route.
Des panneaux portant le nom de l’hacienda […] et la guérite d’un garde armé marquent l’entrée des plantations. Parfois, volant en rase-mottes, surgit
une avionnette qui laisse dans son sillage un nuage blanc de pesticides. Avec une moyenne de 4,3 millions de tonnes de bananes vendues par an au cours
des cinq dernières années, l’Equateur se classe au premier rang des pays exportateurs de ce fruit, pourvoyant à lui seul 25 % du marché mondial. A la
différence de la situation qui règne dans les autres pays producteurs de « bananes dollars » , où les trois grandes multinationales qui dominent le secteur
(Dole, Chiquita Brands et Del Monte) possèdent leurs propres cultures, les fruits équatoriens proviennent essentiellement de quelque six mille
producteurs nationaux. Numéro un mondial de l’agro-industrie, Dole a passé contrat avec un grand nombre d’entre eux et assure approximativement le
quart des exportations de bananes du pays. Majoritairement, [les exportateurs] s’opposent aux tentatives de régulation de ce secteur par l’Etat et
imposent des prix ridiculement bas aux producteurs, laissant à ceux-ci la tâche de gérer les conflits sociaux occasionnés par les salaires de misère et les
dures conditions de travail en vigueur dans les bananeraies. […]Les sanctions arbitraires – amendes, licenciements non motivés – sont monnaie
courante, et la précarisation de l’emploi est aggravée par le recours à la sous-traitance. […] M. Joaquin Orrantia, intervenant au nom des producteurs,
reconnaît avec une franchise brutale que la monoculture bananière a un impact négatif sur l’environnement. Mais la faute en est aux exportateurs, se
défend-il, qui imposent des prix insuffisants pour mettre en œuvre les mesures environnementales nécessaires. « Les grandes multinationales de l’agro-
industrie et les supermarchés jouant un rôle déterminant dans les conditions de travail imposées aux salariés de l’industrie bananière, c’est sur eux, en
Europe ou aux Etats-Unis, qu’il faut faire pression. ». Source : Philippe Revelli, le Monde diplomatique, Mai 2006
15.
Les paysages de l’agriculture paysanne sont en général
marqués par la diversité des productions, l’association de
plusieurs cultures dans une même parcelle, voire, dans le cas
des arbres fruitiers, une très grande variété qui font
ressembler la parcelle à un jardin.[…] Le paysage de l’agro-
industrie est très différent. […] Le calibrage des produits, la
précisions des manipulations à effectuer qu’elles supposent
[..] des emplacements réguliers. Les parcelles sont nettoyées
des herbes, l’association avec d’autres cultures n’est en
général pas pratiquée dans les exploitations les plus
technicisées. Les fruits qui tombent doivent être
immédiatement éliminés pour éviter les risques de
propagation des parasites. […] L’ordre et l’homogénéité sont
des caractéristiques communes à l’ensemble de l’agro-
industrie. Source : Dureau et al, 2006
12. Costa Rica: Productivité du sol et de la main d'œuvre
dans le secteur bananier 1990 et 2000
1988-1990 1998-2000
Superficie récoltée
(ha)† 26 238
47 959
Emploi Y 18 800
33 800
Production (milliers de
tonnes)† 1 471 353
2 390 000
Rendement au sol
(caisse/ha) ‡ 2 700
2 240
Productivité de la main
d'œuvre (milliers de
tonnes/ouvrier)
78
72
† FAOSTAT; ‡ Ministerio de Agricultura y Ganadería, Secretaría Ejecutiva
de Planificación Sectorial Agropecuaria (2002); Y Calculé à partir de
données de la FAO (1999)
13. Monoculture de banane au Costa Rica