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De l’Europe des empires à l’Europe des
nations
Introduction :
La question nationale est une des causes des tensions et des guerres en Europe au XIXe
siècle. En 1848, après l’échec du « printemps des peuples », la carte de l’Europe ressemble à
celle de 1815, après la chute de Napoléon Ier. Le découpage en États correspond à une
légitimité dynastique et non au principe des nationalités c’est-à-dire au droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, formulé par la Révolution française. Ainsi, l’Empire russe et l’Empire
autrichien dominent des peuples allogènes dans le centre et l’est de l’Europe, tandis que les
États allemands sont émiettés au sein de la Confédération germanique et les Italiens dispersés
dans plusieurs États. La Prusse et l’Autriche sont en concurrence pour la domination de la
Confédération germanique. À partir du milieu du XIXe siècle, le nationalisme se développe
et prend différentes formes. Il peut être une force centripète comme en Allemagne et en
Italie ou une force centrifuge comme dans l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman.
Comment le mouvement des nationalités et la montée des nationalismes ont-ils modifié la
carte de l’Europe entre 1850 et 1914 ?
1 De l’Europe des Empires à l’Europe des Nations : une
étude cartographique pour comprendre
1.1 L’Europe en 1815 (regardez la carte de l’activité 1 : l’Europe des Etats issue
du congrès de Vienne)
1.2 L’Europe en 1914 (regardez la carte de l’activité 3 : L’Europe en 1914)
2 Les aspirations libérales et nationales dans la première
partie du XIXe siècle
2.1 L’Europe du congrès de Vienne (1815)
Au lendemain de la défaite de Napoléon Ier, les quatre puissances qui ont vaincu l’Empereur
se rencontrent à Vienne pour un congrès qui redécoupe l’Europe. Il s’agit de l’Angleterre, la
Russie, la Prusse et l’Autriche. Les vainqueurs obtiennent des territoires. Le traité final qui
clôt le congrès a donc entouré la France d’États tampons, destinés à contenir un éventuel
retour à une période révolutionnaire. Une Confédération germanique est créée, présidée par
l’Autriche. Elle est composée de trente-quatre États souverains et de quatre villes libres liées
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par un pacte défensif et représentées par une Diète confédérale qui se réunit à Francfort. Le
congrès de Vienne a réalisé un équilibre réaliste entre les grandes puissances et permis une
paix de quarante ans en Europe, mais il n’a pas tenu compte des aspirations nationales (voir
dans le glossaire : nation, patrie, nationalité) et restaure un ordre ancien qui ne tient pas
compte des aspirations nouvelles propagées par la Révolution française, telles que le droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’idée d’une plus grande justice. En outre, la Russie,
l’Autriche et la Prusse forment la Sainte- Alliance par laquelle elles s’engagent à contenir
tout mouvement révolutionnaire en Europe et à garantir la paix « dans l’éternelle religion du
Dieu sauveur ». Plus réaliste, le Pacte à quatre unit l’Angleterre aux trois puissances
continentales pour maintenir le statu quo en Europe.
2.2 Aspirations nationales et libérales des peuples se conjuguent
sans succès
Les aspirations nationales (mouvements nationaux) se doublent souvent de la revendication
de jouir des libertés fondamentales (mouvements libéraux). Ces idées sont souvent portées
par la bourgeoisie soucieuse à la fois de profiter de la liberté des échanges et d’obliger les
souverains à accepter une constitution, et par les intellectuels qui veulent le respect des
libertés fondamentales. La Sainte-Alliance est vite confrontée à des mouvements
contestataires. Une première vague de contestation secoue l’Europe dans les années 1820, en
Allemagne, dans le royaume de Naples, le Piémont. C’est un échec partout sauf en Grèce qui
devient indépendante en 1829, grâce à l’appui de la Russie qui souhaite affaiblir l’Empire
ottoman. Une nouvelle explosion se propage en Europe à la suite des journées
révolutionnaires parisiennes des 27, 28, 29 juillet 1830, appelées les trois Glorieuses et qui
aboutissent au départ du roi Charles X. Là aussi, c’est partout un échec, sauf en Belgique qui
devient indépendante en 1830. Par contre, l’insurrection des Italiens est écrasée par les
troupes autrichiennes et les patriotes comme Mazzini doivent s’exiler, et la révolte polonaise
est réprimée dans le sang par l’armée russe.
2.3 « 1848 : Le printemps des peuples »: la volonté d’une
émancipation nationale et d’une souveraineté populaire
Le « printemps des peuples » a été préparé par un bouillonnement intellectuel dans lequel les
artistes ont joué un grand rôle, tels le poète Lamartine à Paris, les compositeurs d’opéras,
Verdi en Italie, Wagner en Allemagne.
- La révolution à Paris
Les premiers mois de 1848 sont marqués par une nouvelle flambée révolutionnaire. Le
mécontentement est renforcé par la crise économique de 1847-1848 qui provoque chômage et
misère. Le mouvement part de Paris après une manifestation au cours de laquelle l’armée a
tiré sur la foule, faisant seize morts. Cette manifestation avait pour but de protester contre
l’interdiction d’un banquet politique destiné à faire pression sur le roi pour qu’il élargisse le
droit de vote...
À la suite de la répression, Paris se couvre de barricades, le roi Louis-Philippe abdique et la
Deuxième République est proclamée. Après avoir voter le suffrage universel masculin, le
droit à l’exercice des libertés fondamentales et le droit au travail, la Deuxième République
rencontre des difficultés économiques et politiques qui amènent un neveu de Napoléon Ier,
Louis-Napoléon Bonaparte, à restaurer l’Empire à son profit en 1851 par un coup d’État
qui met fin à l’expérience républicaine.
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- La vague révolutionnaire en Europe
L’Autriche est touchée en maints endroits, à Vienne, les manifestants réclament une
constitution, tandis que les Hongrois à Budapest demandent un statut particulier. L’empire est
menacé d’éclatement.
Les princes allemands sont obligés d’accorder des réformes devant l’agitation. Un
parlement, élu au suffrage universel se réunit même à Francfort pour promouvoir l’unité
allemande.
En Italie, le mouvement gagne toute la péninsule et tourne à la croisade contre l’Autriche. Le
roi de Piémont Charles-Albert annonce qu’il portera secours à tous ses « frères » italiens.
- Le reflux
Partout, la réaction est victorieuse :
En Autriche, l’armée qui appuie l’installation sur le trône du nouvel empereur François-
Joseph, réprime toutes les manifestations, celles des Tchèques d’abord, puis celles des
Hongrois malgré une résistance héroïque menée par Kossuth.
En Italie, les troupes du roi de Piémont sont battues par les troupes autrichiennes.
Au Parlement de Francfort, la division entre les partisans d’une grande Allemagne incluant
l’Autriche et ceux d’une petite Allemagne affaiblit les partisans d’une Allemagne unie et
démocratique. Les députés sont finalement dispersés par l’armée du roi de Prusse.
Partout, « le printemps des peuples » a échoué.
3 Le nationalisme qui rassemble
3.1 l’unité italienne
- Le Piémont prend la tête du mouvement
Après l’échec des soulèvements de 1848, l’Italie est un État morcelé (voir l’animation 5 sur
les étapes de l’unité italienne). Le roi de Piémont- Sardaigne, Victor- Emmanuel II, décide
de grouper autour de lui les patriotes et de chasser l’Autriche. Le Piémont est bien placé pour
prendre la tête de la formation d’une Italie unie car c’est un État libéral, doté d’une
constitution, qui accueille les libéraux de toute l’Italie. Le Premier ministre, Cavour,
conscient que l’échec de 1848 est dû à l’isolement du Piémont et à sa faiblesse militaire, met
toute son énergie dans la modernisation de l’économie et de l’armée. Il obtient l’assistance de
la France en 1859, Napoléon III étant personnellement favorable aux aspirations nationales.
- La guerre d’indépendance avec l’aide de la France
Les troupes franco-piémontaises attaquent l’Autriche et sont victorieuses après les batailles de
Magenta et Solférino. Mais, brutalement, Napoléon III met un terme à la guerre car il craint
que l’unité italienne se fasse au détriment du pape et mécontente les catholiques français.
Finalement, Victor-Emmanuel obtient la Lombardie, mais pas la Vénétie restée aux mains
des Autrichiens.
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- L’achèvement de l’unité (1860-1870)
Rapidement, l’Italie centrale se rallie : Parme, Modène, la Toscane et la Romagne qui se
détache des États du pape. Napoléon III qui a assuré l’Italie de sa bienveillante neutralité,
reçoit en échange Nice et la Savoie.
Le rattachement de l’Italie du Sud au Piémont se fait grâce à l’épopée de Garibaldi, un
républicain, qui à la tête d’une petite armée de 1 000 volontaires, conquiert la Sicile et le
royaume de Naples (1860). Pour l’empêcher de marcher sur Rome, les troupes de Victor-
Emmanuel II pénètrent dans les États du pape. La jonction se fait avec Garibaldi qui reconnaît
Victor-Emmanuel comme roi d’Italie. Le royaume des Deux-Siciles et les États du pape sont
annexés et Victor-Emmanuel II est proclamé roi d’Italie en 1861.
En deux ans, un nouvel État de 22 millions d’habitants et 260 000 km2 s’est créé en
Europe. Le rattachement de la Vénétie se fait par l’intermédiaire de la France. Rome est la
dernière rattachée : en 1870, l’armée italienne entre dans Rome après l’abandon des régiments
français qui protégeaient la ville. Le pape se considère alors comme prisonnier au Vatican
et refuse de reconnaître le nouvel État. Mais, pour certains nationalistes, l’unité n’est pas
achevée car il manque les « terres irrédentes » qui sont sous domination autrichienne :
Trieste, le Trentin, Fiume, la Dalmatie.
3.2 L’unité allemande
-La Prusse prend la tête de l’unité
En 1834, la Prusse a initié un début d’unité en mettant en place une union douanière, le
Zollverein. C’est un État qui connaît une industrialisation rapide et dispose donc de
ressources économiques. Il est dirigé par Guillaume Ier, un souverain autoritaire qui choisit
comme chancelier Otto von Bismark, un représentant de la vieille noblesse terrienne, comme
lui, avant tout préoccupé de la grandeur de la Prusse et de la dynastie des Hohenzollern.
-Trois guerres pour une unité
La guerre avec l’Autriche, contre le Danemark : elle permet d’annexer les deux duchés de
Schleswig et Holstein, peuplés d’Allemands et de Danois, qui passent donc sous la
domination allemande et autrichienne.
La guerre contre l’Autriche
Le duché de Holstein sert de prétexte à Bismarck pour déclarer la guerre à l’Autriche, sous
prétexte qu’il est mal administré. L’Autriche est écrasée à Sadowa (1866). Suite à cette
défaite, la Confédération germanique présidée par l’Autriche est dissoute et les duchés
reviennent à la Prusse. Puis Bismarck annexe les États du centre de l’Allemagne et forme en
1867 la Confédération de l’Allemagne du Nord placée sous la présidence du roi de Prusse.
La guerre contre la France cimente l’unité allemande (1870)
Pour rallier les États du Sud, comme la Bavière, réticents face à une unité réalisée par un
État autoritaire et militariste, Bismarck pense qu’il serait efficace de dresser tous les
Allemands contre un ennemi commun. Il saisit un prétexte pour provoquer la France.
Napoléon III déclare la guerre, mais battu, il est fait prisonnier à Sedan (2 septembre 1870).
Bismarck victorieux obtient le ralliement des États du Sud et annexe l’Alsace-Lorraine. La
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perte de l’Alsace-Lorraine est un traumatisme pour les Français qui pensent dès lors à
la revanche. La proclamation de l’Empire allemand, IIe Reich, se fait à Versailles, dans la
galerie des Glaces, le 18 janvier 1871. C’est le roi de Prusse Guillaume II qui devient
empereur. Mais pour les pangermanistes, sûrs de la supériorité de l’Allemagne, l’unité est
inachevée car l’idéal est une grande Allemagne regroupant tous les peuples de langue
germanique comme les Autrichiens, les Suisses, mais aussi les Hollandais et les Flamands.
Conclusion :
Le nationalisme qui se développe au XIXe siècle revêt plusieurs formes. À la suite des idées
propagées par la Révolution française sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les
peuples qui vivent dans des empires multinationaux revendiquent leur droit à l’autonomie,
voire à l’indépendance. Ce nationalisme d’existence prend des formes le plus souvent
pacifiques autour de la défense de la langue et de la culture.
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