Les grandes transformations intervenues en Europe de 1850 à 1914
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la carte de l’Europe centrale et méridionale est profondément remaniée sous la
pression des revendications nationales hongroise, italienne et allemande. L’Empereur d’Autriche doit accorder en 1867 une large
autonomie politique à la Hongrie. Mais ce « compromis » ne résout pas la question des autres peuples. Plus au Sud, le Piémont-
Sardaigne parvient à réaliser l’unité de la péninsule italienne, qui était divisée en de nombreux Etats depuis des siècles et qui
subissait l’occupation autrichienne dans la plaine du Pô. Enfin, la Prusse unifie l’Allemagne en 1871, au prix de trois conflits avec
ses voisins. La puissance industrielle et militaire de ce nouvel Etat bouleverse les rapports de force sur le continent et inquiète
rapidement la France et la Grande-Bretagne. (cf. début du cours sur la Première Guerre mondiale).
I - De l’Empire d’Autriche à l’Empire d’Autriche-Hongrie.
L’histoire de l’Autriche s’identifie avec celle de la famille des Habsbourg qui depuis 1438 détient la couronne du Saint-
Empire Romain Germanique. En 1804, François II réunit tous les Etats du Saint-Empire sous le nom d’Empire d’Autriche.
Il s’agit d’un vaste ensemble territorial au cœur de l’Europe : la famille des Habsbourg a ajouté à ses possessions
héréditaires d’Autriche les deux royaumes indépendants de Hongrie et de Bohème, puis la Galicie (Pologne du Sud) et l’Italie du
Nord (Lombardie et Vénétie). La conséquence de cette formation est une très grande diversité de peuples.
Au XIXème siècle, l’éveil des consciences nationales (sentiment d’appartenir à une nation) conduit les peuples dominés
à réclamer leur autonomie, voire leur indépendance. Ces revendications semblent être satisfaites en 1848 lors du Printemps des
Peuples, mouvement de contestations libérales et nationales.
Mais ces succès sont éphémères et dès l’été 1848 la réaction triomphe : échec des mouvements nationaux et échec du
mouvement libéral.
Mais les défaites de la guerre d’Italie (1859, perte de la Lombardie) contraignent l’Empereur François-Joseph à faire des
réformes. François-Joseph reconnaît des libertés aux Hongrois et il y a désormais à Budapest un gouvernement et un Parlement
ayant autorité sur tous les territoires de l’ancienne couronne de Hongrie (Hongrie, Slovaquie, Transylvanie, Croatie). Le reste de
l’Empire est sous l’autorité de Vienne (Autriche).
L’Empire est devenu une double monarchie : « l’Empire austro-hongrois ».
II - L’unité italienne.
1°) Le Piémont à la tête du Risorgimento.
En Italie, au lendemain de l’échec des révolutions de 1848, la volonté d’unité demeure, mais le temps des soulèvements
populaires isolés est passé.
Désormais, la revendication nationale est prise en charge par le royaume de Piémont-Sardaigne (Nord de l’Italie), le
plus dynamique des Etats du Nord industrialisés. Son roi Victor-Emmanuel II, monarque libéral, et son premier ministre Cavour,
sont convaincus qu’en mettant fin au cloisonnement du pays (l’Italie est alors divisée en 8 Etats), l’unité favorisera le
développement économique. C’est dans ce but que Cavour développe les transports par la construction de ports, de voies
ferrées et de canaux. La réussite économique du Piémont lui vaut de nombreuses adhésions à son programme politique.
2°) L’unité par la guerre.
Le Piémont doit d’abord chasser l’Autriche qui occupe une vaste région du Nord-Est de l’Italie (Lombardie et Vénétie) et
dont l’influence s’étend au-delà. Réaliste, Cavour demande l’aide de la France, qu’il obtient en échange de Nice et de la Savoie.
En 1859, les troupes franco-piémontaises écrasent l’armée autrichienne à Magenta et à Solferino en Lombardie. Cette province
est alors réunie au Piémont, auquel les Etats du centre votent à leur tour leur rattachement en 1860.
Une deuxième étape est accomplie par Garibaldi, patriote républicain déjà célèbre : en 1860, à la tête d’un millier de
volontaires, il chasse le roi des Deux-Siciles et livre le Sud du pays à Victor-Emmanuel II. Ce dernier est proclamé roi d’Italie en
1861 par le premier Parlement national.
Enfin, l’unité s’achève grâce aux guerres menées par la Prusse : en 1866, celle-ci bat l’Autriche qui doit céder la Vénétie
à l’Italie ; en 1870, la Prusse provoque un conflit avec la France qui rappelle donc son armée présente dans les Etats du pape
pour les défendre. Rome devient officiellement la capitale de l’Italie en 1871.
3°) La construction nationale.
L’Italie est faite, mais une grande partie de la population n’a pas participé au mouvement ou s’y est montrée hostile. La
communication est difficile car les dialectes sont nombreux. Le Nord, instruit, urbanisé et industrialisé s’oppose au Mezzogiorno
(Sud), rural et massivement illettré. L’administration, l’école et le service militaire travaillent à forger un sentiment
d’appartenance à la nation.