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méditerranéennes, dont l'urbanisme est l'expression même de la civilisation gréco-romaine: en Gaule, le tracé
des enceintes, de conception et de formes très diverses, ne répond pas toujours aux exigences d'une défense
efficace, les voies et les places ne s'inscrivent guère dans un système strictement orthogonal, les monuments
publics (temples, enclos) restent discrets, la gestion de l'eau ne relève d'aucune priorité et l'habitat des élites
se caractérise davantage par la qualité des objets quotidiens et le raffinement de la cuisine que par le luxe
architectural. Le processus d'urbanisation, consécutif à la réorganisation de la Gaule par Auguste et
expression de la volonté du pouvoir central, a été largement stimulé par les élites locales, promptes à créer,
souvent à leurs frais, des cadres à la romaine pour exercer leur pouvoir. Si les villes ont pu connaître un
rythme de développement variable selon les circonstances politiques et économiques, elles ont reçu, dès
l'époque augusto-tibérienne pour Nyon, Avenches et Augst, dès le règne de Claude pour Martigny,
l'équipement monumental nécessaire à la vie politique, religieuse, économique et sociale imposée par le
modèle romain: trame urbaine avec larges rues à caniveaux bordées de portiques, forum avec temple romain
classique sur podium et basilique, thermes, lieux sociaux de détente et de récréation (Amphithéâtre,
Théâtre), marchés, aqueducs et réseaux d'égouts (Adduction d'eau), fontaines et nymphées, gestion des
déchets et des ordures, mais aussi, à côté de demeures plus modestes, domus de l'élite, maisons à cour
intérieure d'inspiration méditerranéenne, richement ornées, expression matérielle du rang social de leurs
propriétaires. Ces centres urbains, où le remplacement progressif des structures en terre et en bois dès la
seconde moitié du Ier s. apr. J.-C. a profondément transformé le paysage, constituent une véritable image de
la romanité, propre à stimuler la mutation des modes de vie et des mentalités.
Les vici, où la présence des traditions indigènes est plus marquée, cherchent, eux aussi, à se doter d'un
paysage urbain à la romaine; mais, en raison d'un statut inférieur et faute de moyens financiers, ce dernier
reste plus modeste: trame viaire plus souple, absence de temples de type romain, maisons généralement de
plan allongé, regroupant les activités artisanales et domestiques, présence exceptionnelle de domus. Dans
les Alpes, les bourgades, telle Gamsen-Waldmatte (comm. Brigue-Glis), qui remontent presque toutes à l'âge
du Fer, répondent, elles aussi, à un plan directeur, mais peu contraignant; elles se distinguent par des
techniques de constructions traditionnelles (terre et bois), parfaitement adaptées au milieu, qui perdureront
bien au-delà de l'époque gallo-romaine.
Auteur(e): Daniel Paunier
4.2 - L'espace rural
Foyers de romanisation, les villae transposent à la campagne l'image et le bien-être urbains. C'est à partir de
l'époque augusto-tibérienne que les premiers établissements, d'abord en bois, puis en maçonnerie dès le
milieu du Ier s. apr. J.-C., souvent intégrés dans de nouveaux parcellaires, commencent à s'implanter
progressivement dans le territoire; ils remplacent, soit au même endroit, soit à une certaine distance, les
fermes indigènes en terre et en bois entourées d'un enclos fossoyé. Leur densité et leur extension atteignent
leur apogée au cours du IIe s. apr. J.-C. C'est alors que la partie résidentielle (pars urbana), luxueusement
aménagée, peut prendre l'aspect d'un véritable palais à la campagne (Orbe-Boscéaz) et que le secteur
réservé à l'exploitation agricole et à l'artisanat (pars rustica) connaît son plus grand développement.
Les activités principales sont la céréaliculture, l'élevage, l'arboriculture et les cultures maraîchères. Signe de
romanisation, de nouvelles plantes sont introduites, telles le coriandre, le fenouil, l'aneth, le seigle, l'avoine, le
froment et la vigne; avec la maîtrise de la greffe, l'arboriculture se développe: le noyer et le prunier,
notamment, viennent enrichir les espèces déjà connues; la palette des animaux domestiques s'élargit, avec
l'introduction de l'âne, du mulet, du chat et du pigeon; la taille du cheptel est augmentée par de meilleures
conditions d'élevage et des croisements sélectifs avec des races originaires d'Italie ou de Gaule méridionale.
Les techniques agricoles s'améliorent: amendement des terres par marnage et fumure, perfectionnement de
l'araire, sélection des semences, apparition des moulins hydrauliques, introduction des tonneaux, des fumoirs
à viande et des fours de séchage (fruits, céréales).