
Les mauvais perdants de la science
On dit que la science avance. Mais il arrive aussi qu’elle
recule, qu’elle se trompe, qu’elle devienne folle et perverse.
C’est qu’elle est faite par des hommes et pour des hommes,
qui peuvent être victimes ou complices d’idéologies ou de
systèmes politiques.
La science fonctionne par controverses et par débats, où il y
a nécessairement des gagnants et des perdants. Parmi les
perdants, certains s’inclinent devant l’évidence. D’autres,
accrochés à une idéologie, n’hésitent pas à recourir à la
force pour défendre des idées périmées.
Jusqu’au XIXe siècle, l’Eglise catholique et orthodoxe a
refusé les idées de Galilée et poursuivi ses défenseurs.
Lorsqu’elle l’a réhabilité au XXe siècle, c’était pour lui
imputer la responsabilité de son procès.
Les créationnistes catholiques, protestants, orthodoxes et
musulmans refusent aujourd’hui encore le darwinisme et
l’évolution pour maintenir une vision statique du monde et
de la société.
Lyssenko, le biologiste favori de Staline, a nié la génétique
au nom du marxisme et envoyé en Sibérie la brillante école
soviétique de généticiens.
L’Allemagne nazie a chassé de la physique les éléments juifs
- la relativité et les quanta -, elle a mené au crime une biolo-
gie eugéniste ; elle a entièrement réécrit la préhistoire.
Quatre cas dramatiques démontrent ainsi par l’absurde
que l’esprit critique et la méthode scientique sont notre
meilleure arme contre tous les totalitarismes et tous les
intégrismes, et que « science sans conscience n’est que
ruine de l’âme ».
Une exposition conçue et réalisée par le Centre d’Histoire
des Sciences et des Techniques de l’Université de Liège.
Coordination : Professeur Robert Halleux, avec l’assistance
de Geneviève Xhayet et Julien Destatte.
Conception graphique : Thierry Mozdziej.
Les organisateurs remercient : le Service public de Wallonie,
la DGO6, les Bibliothèques de l’Université de Liège,
le CARCOB, les Archives de l'Evêché de Liège.
1.
« Beaucoup d'entre eux, qui s'étaient adonnés à la curiosité,
rassemblèrent des livres et les brûlèrent en public ».
(Actes des Apôtres, XIX, V, 19.) Page de titre de l'index
des livres prohibés, 1758, coll. CHST.
Les SA brûlent les livres juifs. Berlin 1933,
coll. CHST.
Lionello Spada,
Saint Dominique brûlant des livres hérétiques.
(Bologne, XVIIe s.), coll. CHST.