cryogénie UN CRYOSTAT POUR UNE DÉESSE Contact : Éric Ercolani – SBT – [email protected] Le SBT a entièrement conçu, réalisé et testé un cryostat capable de maintenir une température de 300 mK pour refroidir les bolomètres du projet ArTéMiS (Architectures de bolomètres pour des Télescopes à grand champ de vue dans le domaine sub-Millimétrique au Sol) qui s’intéresse à la formation des étoiles et des galaxies. Les yeux d’ArTéMiS La caméra ArTéMiS scrutera le ciel à 3 longueurs d’ondes différentes, et simultanément, à savoir 200, 350 et 450 µm. Cette fenêtre spectrale est celle à travers laquelle les objets froids de l’Univers (des régions denses de gaz et de poussières cosmiques) émettent une grande partie de leur énergie. Ces régions sont des centres de formation d’étoiles et galaxies. À ces longueurs d’onde, on peut également étudier des galaxies plus anciennes et plus distantes dont le rayonnement a été décalé vers le rouge (sorte d’effet Doppler, un phénomène considéré comme une preuve de l’expansion de l’univers). Fig.1 : Schéma simplifié du trajet optique et de l’intégration ArTéMIS Fig.2 : Le réfrigérateur à adsorption avec APEX. Le projet ArTéMiS a pour objet le développement d’une nouvelle caméra de détection photonique dans le domaine des longueurs d’onde submillimétriques (voir encart). Cette caméra est composée de miroirs en aluminium devant être refroidis à 70 et 4 K, et de trois matrices de bolomètres refroidis à 300 mK, développées par le LETI et basées sur la technologie PACS de l’observatoire Herschel. Intertitre La conception du cryostat a présenté plusieurs défis : les contraintes de masse et de volume étaient sévères compliquant la conception.. La caméra doit être placée au foyer du grand télescope APEX (Fig. 1) situé sur le haut plateau de Chajnantor à 5100 m d’altitude au Chili. Dans ces conditions extrêmes, le cryostat se doit d’être autonome, sans réservoir cryogénique. Les sources froides sont un tube à gaz pulsé produisant une température de 4 K et un cryo-réfrigérateur bi-étagé à adsorption développé par nos soins capable de maintenir 300 mK (Fig. 2). En outre, un grand nombre de composants tels que les miroirs, les bolomètres, les filtres optiques et l’électronique doivent y être intégrés alors que de fortes limitations de taille et de masse ont été imposées compte tenu de la place exigüe allouée au sein du télescope. Une forme complexe, en haricot, s’est imposée afin d’accommoder ces contraintes d’espace (Fig. 3). Les écrans thermiques, à l’intérieur du cryostat, sont en aluminium pour limiter leur poids et ont une forme étudiée pour loger les miroirs et les bolomètres. La nuance d’aluminium utilisée présente de bonnes caractéristiques mécaniques nécessaires à la fixation et à la rigidité des optiques et des bolomètres. Tous ces composants internes doivent trouver leur position nominale à froid de manière à assurer l’alignement optique permanent entre les bolomètres et le foyer du télescope. L’aluminium choisi possède également une bonne conductibilité thermique à basse température permettant de limiter les gradients thermiques qui auraient dégradé les performances thermiques du cryostat. Seul inconvénient, il était impossible de trouver des lopins de dimensions suffisantes pour usiner directement les écrans dans la masse. Un procédé particulier de brasure en bain de sel a dû être réalisé pour constituer des blocs de taille suffisante. De nombreux tests de conduction thermique ont été effectués pour valider les liaisons assemblées par brasure. Les premiers tests thermiques du cryostat, effectués au SBT, ont montré des niveaux de température conformes aux prédictions et les gradients thermiques dans les écrans sont même inférieurs à ceux calculés. Ces tests Il est difficile d’étudier le rayonnement submillimétrique sur terre car ces longueurs d’onde sont absorbées par la vapeur d’eau de l’atmosphère. Soit on envoie l’observatoire dans l’espace (c’est le cas d’Herschel) soit on place le télescope sur des sites en altitude et dotés d’une atmosphère sèche. C’est pourquoi les hauts plateaux du Chili, zone aride située à plus de 5000 mètres d’altitude, représentent un site des plus intéressants. devront être poursuivis lors de l’intégration complète de tous les composants. Le projet ArTéMiS est un projet transverse avec le Service d’Astrophysique (SAp) de l’IRFU à qui le cryostat a été livré. Dans les semaines à venir, le SAp intégrera l’optique et les bolomètres. Le cryostat deviendra ainsi une caméra d’observation. Elle sera installée dans le télescope APEX en mars 2013. Fig.3 : Le cryostat LA FEUILLE ROUGE - N° 584 juin 2012 - inac.cea.fr/feuille_rouge Comité de rédaction : E. Molva, J. Planès, H. Ulmer-Tuffigo (DIR), P. Dalmas de Réotier (SPSMS), L. Dubois (SCIB), N. Luchier (SBT), S. Lyonnard (SPRAM), G. Prenat (SPINTEC), P. Warin (SP2M) - Mise en page : M. Benini (DIR) tél. 04 38 78 36 33 INSTITUT NANOSCIENCES ET CRYOGÉNIE Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives - Direction des Sciences de la Matière - Centre de Grenoble