UE8 – Appareil digestif Dr. TURQUET Date : 09/03/2016 Plage horaire : 08h30-10h30 Promo : DCEM1 – 2015/2016 Enseignant : Dr TURQUET Ronéistes : GERBANDIER Estelle PATEL Aimane ! Physiologie digestive (1er Temps) I. Généralités II. Tube digestif haut 1. La bouche 2. Le pharynx et la déglutition I. Tube digestif bas 1. Œsophage 2. Estomac ! Il y a eu un petit souci avec l'enregistreur et tout le cours n'a pas pu être retranscrit tel qu'il s'est déroulé cette année, mais il n'y a pas de gros changements par rapport à l'année dernière. Beaucoup des explications proviennent du ronéo de l'an dernier les diapos sont assez parlantes dans l'ensemble mais c'est un peu la merde... Désolés! ! ! ! ! !1 I. Généralités Le Tube Digestif (TD) est l'organe qui va permettre de fabriquer de l'énergie produite en grande partie à partir de notre environnement extérieur, notamment de l'alimentation. Ce TD s'étend de la bouche jusqu'en bas en passant par l’œsophage, l'estomac, l'intestin grêle, le colon, jusqu'au rectum. Il y a également 2 glandes extrêmement importantes pour assurer l'absorption et la fabrication d'énergie : le foie et le pancréas. Le système digestif est indispensable pour produire de l’énergie. On divise le TD 2 parties : TD haut : bouche et pharynx TD bas : à partir de l’œsophage, estomac, intestin grêle et colon Puis glandes salivaires, le foie et pancréas (à l'oral elle dit que l’œsophage fait partie du TD haut!) Dans ce cours on s'arrêtera à l'estomac. ! ❖ Structure de la paroi du TD Ici juste un rappel d'histologie On retrouve 4 couches : une muqueuse une sous-muqueuse une musculaire très importante un adventice Ca explique qu'il y a un certain nombre de phénomènes qui vont s'associer pour entraîner le fonctionnement normal du TD, avec notamment l'absorption-digestion au niveau de la muqueuse mais aussi toute une fonction de motricité et de régulation par le système neurologique qui va se faire dans les muqueuses un peu plus profondes. ! !2 ! Ce schéma illustre succinctement les différentes parties du TD qu’on abordera. On commencera par la cavité buccale, avec notamment les dents, le rôle de la langue et la déglutition, puis l’œsophage et l’estomac (qui constituera une partie importante, on étudiera toutes les sécrétions de l’estomac pour obtenir le chyme alimentaire). ! Sur ce document nous avons schématiquement les nombreuses fonctions du TD que nous allons décrire. Il va y avoir toute une fonction de digestion mécanique qui va commencer par la bouche avec la mastication, puis surtout la progression des aliments avec les ondes péristaltiques qui vont permettre la progression du bol alimentaire tout au long du TD. Également une fonction d'absorption et de digestion chimique, que l'on va observer un petit peu au niveau de la bouche avec la salive, mais surtout dans l'estomac, avec l'intervention du suc gastrique, puis au niveau de l'intestin grêle. !3 ! Cette digestion va être régulée par un certain nombre d'hormones et au niveau neurologique. Il y a 3 modes communications qui ont été décrits : - le système endocrinien hormonal, avec des hormones circulantes dans le sang ayant un rôle au niveau de cellules cibles qui ne sont pas forcément proches et sont plutôt à distance (ex : cellules G productrices de gastrine qui stimule la sécrétion par les cellules digestives d’HCl qui augmente l’acidité) - le système neurocrine qui va faire intervenir les neurones, les motoneurones qui vont permettre d'aller jusqu'à la cellule cible, et ce sont les neurotransmetteurs fabriqués qui vont permettre par la suite le passage du message au niveau des cellules cibles. (ex : le nerf vague, parasympathique qui libère de l’AcCholine qui stimule aussi la fabrication d’HCl) - Le système paracrine, qui fait intervenir aussi des cellules qui vont fabriquer des médiateurs, des hormones, mais qui ne vont pas passer par la circulation sanguine et qui seront proches des cellules cibles sur lesquelles elles auront une action directe. ! ! ! !4 ! La digestion, et notamment sa durée est extrêmement variable d'un individu à l'autre. C'est, en moyenne, environ 24 heures, mais ça peut aussi être beaucoup plus long (au-delà de 48 heures chez certaines personnes). Cette variabilité ne se situe pas au niveau du haut du TD mais plus au niveau de l'estomac, l'intestin et le colon. Au niveau de la bouche le temps de la digestion est rapide : la mastication peut durer quelques secondes. En quelques minutes le bol alimentaire traverse l’œsophage. Il va ensuite arriver dans l'estomac, où il va y avoir, avec l'action de la motricité et la fabrication du suc gastrique, une première étape de la digestion qui peut varier en fonction des personnes entre 2 et 8 heures. Cela dépend du contenu du bol alimentaire (riche en lipides/protéines va ralentir la digestion) mais aussi d'une régulation hormonale et neurologique (retard de la vidange si stress par exemple). La digestion dans l'intestin grêle va faire intervenir, au-delà des ondes péristaltiques et de la motricité, toutes les enzymes fabriquées à la fois par le pancréas et par le foie (sels biliaires pour absorption des lipides) puis toutes les enzymes présentes au niveau des cellules entérocytaires, pour une absorption qui va se dérouler entre le duodénum et l'iléon en 7 à 8 heures. Dans le colon, en fonction des personnes, le temps de passage est souvent assez élevé : 15 heures en moyenne. Il peut être plus rapide ou plus long en fonction de la flore colique présente et de la régulation hormonale et neurologique. ! !5 I. Tube digestif haut 1. La Bouche Nous parlerons des sécrétions salivaires, des dents et de la déglutition. ! Ici une image anatomique de la bouche. Elle est composée à la fois de l'anatomie du palais, des amygdales et surtout de la langue. Celle-ci va avoir un rôle très important puisque c'est organe composé principalement de muscles ce qui va permettre la propulsion du bol alimentaire une fois mélangé à la salive. Il y a également les dents qui vont avoir principalement un rôle, au moment de la mastication, de préparation de ce bol en déchirant les aliments. La luette aura un rôle très important au moment de la déglutition puisque c'est elle qui sera l'organe clé pour que cette déglutition fonctionne et que le temps respiratoire soit bien en accord avec le temps de la déglutition. Les papilles gustatives, qui sont présentes au niveau de la langue, vont aussi jouer un rôle important en transmettant le goût. ❖ Les dents La prof passe vite sur les dents. On a 32 dents. Les premières apparaissent vers l'âge de 6 mois pour avoir la première partie des dents vers l'âge de 2 ans. C'est après la chute des dents de lait !6 et l'arrivée des dents définitives qu'on aboutit à nos 32 dents matures. Les dernières molaires arrivent au moment de l'adolescence et, pour certains, les dents de sagesse arrivent à la fin de l'adolescence, voire à l'âge adulte. Elle n'a pas commenté cette diapo. [Ronéo 2015] La dent est constituée de 3 parties : -Une partie qu’on voit : la couronne constituée d’émail, de dentine. C’est cette partie qui sera atteinte lors des caries -Le collet qui constitue l’angle de transition entre la dent et la gencive, certains aliments peuvent y rester coincés et entraîner une gingivite. -Une partie en profonde qu’on ne voit pas : la racine. Elle est constituée du cavum qui contient les vaisseaux, du cément qui l’entoure et la desmondonte qui est reliée à la dentine et peut également être inflammée. C’est important de parler des dents pour un patient qui perd du poids, qui n’arrive plus à manger (notamment les personnes âgées), il suffit parfois de réaliser une pose dentaire pour améliorer la situation. Un patient qui a un problème dentaire aura également moins de sécrétions salivaires, ce qui aura aussi des répercussions sur la déglutition. Il existe 3 types de dents : – Les incisives (1 et 2 sur le schéma) qui sont des dents pointues, plus petites que les canines et qui vont avoir pour rôle de couper en douceur les aliments, les morceaux. – Les canines, un peu plus hautes, vont être là pour vraiment déchirer la nourriture et la percer. – Les molaires, qui sont les dents du fond, jouent un rôle capital dans la mastication en broyant et en écrasant les aliments. Tout ceci permet au bol alimentaire d’avoir une texture molle et mixée pour pouvoir passer dans l’œsophage. !7 ! ❖ La langue Quelques mots sur la langue, qui est un muscle très riche. Fonctions de la langue : - Transport des aliments et contrôle de leur texture, température et goût (plusieurs types de papilles) - Perception de la douleur, avec une innervation par trois nerfs crâniens (V, IX, X) - Formation du son et langage - Défense immunitaire avec un tissu lymphatique important, constituant une première barrière aux agents infectieux (comme les amygdales). ! ! ! ! ! ! !8 ! ❖ Les glandes salivaires C'est la salive qui va être importante pour la première partie de la digestion. ! On a 3 paires de glandes salivaires : - La parotide, celle qu’on connaît le mieux, elle est à l’origine des oreillons. Elle se trouve au niveau de la mandibule avec un canal excréteur de Sténon qui s’abouche à la partie interne de la joue. - La sublinguale avec canal excréteur qui s’abouche à la base de la langue. - La sous-mandibulaire qui excrète aussi à la base de la langue. ! En fonction des glandes, il y a différentes productions d’enzymes. C’est la parotide qui fabrique la fameuse enzyme alpha amylase (également produite par le pancréas) : c’est la première enzyme active pour la digestion. Les autres glandes vont fabriquer du mucus qui se mélange aux enzymes pour former la salive. !9 ! Pour fabriquer ces différents éléments, il faut une unité fonctionnelle qu’on appelle le salivon constitué d'acini représentés par l’accumulation des cellules productrices de salive primaire. Cette salive passe au niveau d’un canal excréteur et on obtient une première sécrétion de liquide, puis après un échange d’électrolytes on obtient la salive secondaire. Il y a 2 types cellulaires : les cellules séreuses (productrice de l’amylase), plutôt à l’extrémité des acini les cellules à mucus, plus nombreuses et plus au centre A certains endroits il y aura les 2 types de cellules ! !10 ! ! Sur ce schéma, on voit bien la sécrétion de mucus avec l’amylase et le bicarbonate. Il y a sortie de K+ et une réentrée de Na+ pour pouvoir arriver à la fabrication du mucus. Selon la concentration d’eau et de Na+, il y a un mucus plus ou moins épais et plus ou moins efficace. Quelques mots sur la mucoviscidose, qui est une maladie génétique fréquente en France. Elle atteint le gène delta F 108 qui code pour une protéine CFTR anormale, entraînant ainsi une anomalie !11 des transports Na+/Cl- au niveau des glandes exocrines (principalement le pancréas mais aussi les glandes salivaires). Dans cette maladie le mucus est trop épais et reste à l’intérieur des acini. ❖ Fonction de la salive Elle est excrétée en quantité variable : de 0,5 à 1,5 L/jr chez certains patients ça peut être un peu plus. Elle permet le maintien de l’humidité de la muqueuse buccale. En plus de l’amylase, il y aussi des IgA (protection immunitaire), lysozyme (antibactérien) et des facteurs de croissance (renouvellement cellulaire). Elle a un pH alcalin à 7 environ. ! La régulation de cette sécrétion salivaire se fait essentiellement par le SNA et pas par le système endocrinien. Lorsque le SN parasympathique est stimulé, il entraîne la production d’Acétylcholine, qui va stimuler les nerfs 7 et 9, cette stimulation provoque une augmentation de la sécrétion salivaire. Elle lit la diapo. ! ! !12 ! 1. Le pharynx et la déglutition ❖ La déglutition Après le passage dans la cavité buccale, le bol alimentaire doit rejoindre l’estomac sans passer par les filières laryngées et les poumons. C’est le temps de la déglutition. Au-delà de la participation des muscles œsophagiens, le système neurologique contribue également au mécanisme de la déglutition. ! C'est un mécanisme qui doit se faire en quelques secondes pour que le temps respiratoire soit respecté. !13 ! Certaines pathologies ORL (telles que les tumeurs pharyngées) peuvent entraîner des troubles de la déglutition. ! Les 3 temps de la déglutition : buccal pharyngé œsophagien Le bol alimentaire est tout d’abord propulsé par la base de la langue au niveau de l’entrée du pharynx. Le sphincter supérieur de l’œsophage est alors fermé ; pour que ce bol alimentaire puisse passer dans l’œsophage il faut qu’il passe la barrière pharyngée et laryngée. Il y a propulsion de la luette et de l’épiglotte au niveau de la partie supérieure de la trachée. Il y a donc fermeture de la trachée par l’épiglotte, avec ouverture du sphincter sup de l’œsophage qui se referme tout de suite pour pouvoir rouvrir la trachée et permettre le temps respiratoire. ! !14 II. Tube digestif bas 1.Œsophage ! L’œsophage est à la fois en intra-thoracique et en intra-abdominal en passant le diaphragme. L’action musculaire de l’œsophage est importante pour la déglutition. La structure de l’œsophage est d’ailleurs bien en corrélation avec ce rôle prépondérant de propulsion des aliments : on observe une musculeuse développée. ! !15 ! ! Le péristaltisme est analysable par certains examens radiologiques ou manométriques, car on sait qu’il y a des ondes involontaires et régulières de contractions qui vont permettre de faire évoluer progressivement le bol alimentaire le long de l’œsophage. Une des pathologies pouvant gêner le passage des aliments est le mégaoesophage, due à une hypertonie du sphincter inférieur de l’œsophage qui représente un obstacle à la progression de ces ondes péristaltiques pour entraîner une dysphagie, avec douleurs oesophagiennes avec distension en amont de l’obstacle. Le traitement peut consister en une dilatation par ballonnet ou une chirurgie de myotonie (dilacération du muscle du sphincter).Ces chirurgies enlèvent l’action anti-reflux du sphincter inférieur entrainant des RGO : c’est donc un facteur de risque d’œsophagites chroniques voire même de cancers œsophagiens ; il faut donc un suivi particulier et une certaine hygiène alimentaire pour éviter ce genre de complications. 2.L’estomac L’estomac est intra-abdominal, sous diaphragmatique. Il est divisé en trois parties (schéma) : - sous le cardia, la zone de transition entre œsophage et estomac : fundus - corps - antre et pylore (terminal) -> duodénum Sa paroi est constituée d’une muqueuse, d’une musculeuse particulièrement développée (fonction mécanique importante) et d’une séreuse. ! ! !16 ! ! Les fonctions de l’estomac : - Mélange et désinfecte les aliments via l’acidité de liquide gastrique qui tue déjà certains germes. - Puis laisse passer le chyme dans le grêle Les aliments sont constitués de lipides, protéines et glucides qui ne passeront pas la barrière intestinale (car trop gros) : ils doivent être dégradés. Et l’estomac aura pour principale fonction la dégradation des protéines (2 à 3 L de suc gastrique par jour, soit environ 0,5 L par repas, c’est une sécrétion non continue chez l’Homme contrairement aux herbivores). Si l’on regarde les cellules de l’estomac d’un peu plus près, on va trouver au niveau de l’estomac une muqueuse, qui va être constituée de villosités (mais ce ne sont pas des villosités que l’on aura à l’extérieur de la muqueuse, ce seront au contraire des cryptes dans la muqueuse). On trouvera à l’intérieur de ces cryptes un certain nombre de cellules. Ces cryptes sont reliées à des glandes digestives. On trouve aussi au niveau de l’estomac une sousmuqueuse et une musculeuse, cette dernière jouera un rôle important dans la digestion, ainsi qu’une séreuse. !17 ! ! Voici une vue au microscope optique, où l’on peut voir la muqueuse gastrique et ensuite une ouverture vers une crypte gastrique, et toutes les cellules vont être vraiment localisées au fond de cette crypte. ! ! ! ! ! L’estomac, au-delà de l’absorption, va aussi avoir un rôle de péristaltisme, qui va permettre un mélange du chyme avec le suc gastrique. Il va y avoir une vidange par à-coups liée à l’ouverture temporaire du pylore (qui va aussi permettre de mélanger ce chyme), et faire que le passage des aliments dans le duodénum ne va pas se faire d’un coup, mais va être progressif (afin qu’il n’y ait pas ensuite une absorption et une sécrétion d’insuline trop brutales). Il va y avoir également une régulation par le système neurologique, principalement le nerf vague (qui sera abordé plus loin dans le cours), et également les hormones gastrointestinales. ! !18 Structure détaillée de l’estomac ❖ - ! l’épithélium superficiel : mucus avec bicarbonate les cryptes avec des dépressions qui vont amener vers les cellules de l’estomac, les glandes (qui vont faire le plus gros du travail), avec finalement 3 types de cellules au niveau des glandes : • des cellules à mucus (ou cellules du collet), • des cellules pariétales à HCl et FI (ou cellules bordantes) au fur et à mesure qu’on se rapproche du fond des cryptes. Elles sont également responsables de la production du facteur intrinsèque, très important pour l’absorption de la vitamine B12. En effet, il la transporte jusqu’au niveau de l’iléon où elle sera absorbée, ce qui permet d’éviter les anémies. Toute carence en vitamine B12 entraine une anémie. Quand il y a une anémie avec carence en vitamine B12, cela peut-être d’origine digestive au niveau de l’iléon, comme aussi d’origine gastrique par une anomalie de synthèse du facteur intrinsèque, • les cellules principales, qui elles vont fabriquer le pepsinogène, c’est-à-dire le précurseur de la pepsine, qui va être à l’origine d’une première lyse des protéines, et également la lipase acide, qui elle va permettre une première lipolyse pour les AG. ! Si on regarde ces cellules d’un peu plus près. Ici on voit des cellules du collet (collet parce qu’elles sont en haut de la crypte), et plus on descend, plus on va arriver aux cellules pariétales. Ce sont les cellules pariétales qui vont principalement fabriquer le HCl, et cette acidité est vraiment indispensable ensuite pour la 1ere phase de digestion, notamment des protéines, car sans acidité la pepsine ne pourra pas être activé ! Question/réponse : les sécrétions alcalines, on les retrouve au niveau de la salive. Une fois arrivé dans l’estomac, si on commence la 1ere phase de digestion avec notamment la première phase de coupure des protéines (il faut que la pepsine puisse s’activer), on aura des sécrétions acides aux alentours de pH = 2-3, grâce au travail des cellules pariétales qui vont fabriquer le HCl. Si le patient est sous Mopral (= Oméprazole, qui va empêcher la fabrication de HCl) parce qu’il a eu un ulcère et qu’il a fallu cicatriser cet ulcère en diminuant l’hyper-acidité, on sait que ces patients auront une vidange gastrique beaucoup plus lente parce que les protéines vont être moins lysées, donc le travail de l’estomac va être beaucoup plus lent. !19 Ensuite, quand on descend un peu plus bas, il va y avoir des cellules endocrines, qui sont importantes pour la production locale d’hormones. Certaines auront une action directement dans la muqueuse, c’est le cas des cellules G qui vont fabriquer la gastrine, mais il y a également d’autres cellules endocrines (à histamine, à endorphines ou à sérotonine) qui vont les fabriquer à ce niveau-là. Il y a aussi des cellules souches, qui vont produire d’autres types de cellules, pour permettre un renouvellement permanent des cellules gastriques, et une bonne cicatrisation. ! ! !20 ! Là, à nouveau, une crypte avec des cellules à mucus au niveau du collet en haut, puis des cellules pariétales et les cellules principales. ! Là, on peut voir les cellules pariétales et principales en plus gros, avec ce qui se passe à l’intérieur de la cellule. !21 ! Là on va avoir la cellule pariétale, qui donc va fabriquer le HCl, et ici la cellule principale, qui va fabriquer notamment le pepsinogène. Et vous voyez ici ce qu’on appelle les grains de sécrétions (= grains de zymogène), qui vont être libérés dans la lumière gastrique. ❖ Régulation de la sécrétion gastrique La sécrétion gastrique est régulée à la fois par le système neurologique et le système hormonal. On s’en est rendu compte grâce à des expériences qui remontent à 1897, en essayant d’analyser les sécrétions gastriques chez le chien. Les chercheurs se sont rendus compte que les choses ne se passaient pas que dans l’estomac. Pour cette 1ère expérience, ils ont fait manger à un chien un repas fictif, qui ne va pas aller jusque dans l’estomac puisque ce chien est porteur de plusieurs fistules : une fistule oesophagienne qui va faire que l’aliment va directement ressortir, et une fistule gastrique qui va permettre de recueillir les sécrétions gastriques. Ce chien s’alimente, ce qui permet de recueillir un certain nombre de sécrétions gastriques. Finalement, le fait de manger, de stimuler les sécrétions salivaires, va entraîner une sécrétion de sucs gastriques par les cellules pariétales et les cellules à collet. ! !22 Ce suc gastrique va être fabriqué de façon rapide. Bien entendu la durée de sécrétion du suc gastrique va varier en fonction de la qualité de l’alimentation. Une alimentation riche en protéines va nécessiter plus de sucs gastriques, et dans ce cas-là il va y en avoir une quantité importante fabriquée sur 1 à 2 heures, notamment aussi pour le lait où ça peut aller à 3 ou 4 heures de production de sucs gastriques, pour pouvoir essayer de libérer un maximum de pepsinogène pour faire une première lyse des protéines. Dans la 1ère régulation, il y a un rôle neurologique, ce chien a eu une résection du nerf vague, or il n’y a eu aucune sécrétion. Donc finalement, sans l’intervention du nerf vague et du système neurologique, il ne peut pas y avoir de fabrication de suc gastrique. ! Ensuite, ils ont fait une expérience en stimulant ce nerf vague, mais cette fois-ci au niveau périphérique. La stimulation du nerf vague au niveau périphérique permet à nouveau de voir une sécrétion gastrique. Ça confirme qu’il y a une régulation neurologique, mais pas que centrale, également périphérique, liée au nerf vague. Sur le plan endocrinien, on sait aussi depuis longtemps qu’il y a des hormones qui interviennent dans la régulation de la synthèse du suc gastrique (la sécrétine, et notamment surtout la gastrine). ! !23 ! Là, une expérience réalisée chez un chat : Les chercheurs ont en fait réalisé une ligature du nerf vague, et ils ont injecté dans la jugulaire des extraits de muqueuse digestive d’un autre chat. Puis ils ont recueilli directement par lavage gastrique chez le chat les sécrétions. Ils ont mis en évidence qu’il y avait une différence de sécrétion de sucs gastriques en fonction de la localisation dans l’estomac. Dans le cardia (la région haute), il y a une sécrétion importante de liquide acide, alors que vers le fundus on s‘aperçoit que ces sécrétions sont plutôt neutres et donc moins acides. Si on se rapproche du pylore, les sécrétions sont de nouveau acides. Au milieu de l’estomac, dans la région fundique, il n’y a à priori pas de cellules hormonales qui vont stimuler la sécrétion d’acide, alors que au niveau de la région haute du cardia ou au niveau de l’antre, il va y avoir une présence de cellules hormonales sécrétrices de gastrine, qui vont rendre les sécrétions acides. ! ! !24 La gastrine est une hormone produite par les cellules G et qui va entrainer la production de HCl. Cette hormone va être sensible à de nombreux stimuli : - le nerf vague, - des stimuli locaux (dès qu’on voit ou sent un aliment, il va y avoir une stimulation des sécrétions digestives via la stimulation de la synthèse par les cellules G). On sait également que la distension gastrique va amener une stimulation de sécrétion gastrique via les cellules G, - l’alcalinisation de l’antre, c’est-à-dire que si le patient prend un traitement alcalinisant, les cellules G vont être forcément stimulées étant donné que ce n’est pas une situation physiologique et qu’il va falloir rendre acide cette partie de l’estomac pour pouvoir réaliser cette 1ère phase de la digestion. Là aussi, ça va être régulé, et le pH va forcément entrainer la stimulation des cellules G pour produire de la gastrine et rendre le pH plus neutre. ! Question/réponse : Actuellement, on s’aperçoit que finalement l’Oméprazole est prescrit dans les cas d’ulcères, ce qui est très bien, mais il est également prescrit dans beaucoup d’autres situations qui ne sont pas forcément les bonnes indications. Il faudrait dans l’idéal pouvoir avoir le pH gastrique. Finalement, le patient qui a un ulcère, on va le mettre sous ce traitement-là, on ne va pas savoir exactement le pH. On va le traiter par exemple 6 semaines pour un ulcère, mais ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir arrêter ce traitement à un moment donné. Après, il y a des systèmes d’adaptation qui se mettent en place (en effet, il existe des patients qui sont sous Oméprazole au long cours), et là on ne connaît pas bien tous ces phénomènes d’adaptation. Déjà probablement, ces patients ont une vidange gastrique qui est plus lente pour pouvoir permettre le travail de la pepsine, mais à la longue, on est horsphysiologie. On sait maintenant que des traitements au long cours par l’Oméprazole entraînent des hypertrophies des cellules pariétales et des risques de cancer. C’est pour ça qu’en médecine, la physiologie c’est la base, et une fois la physiologie comprise, on peut bien prendre en charge un patient et se poser les bonnes questions pour ne pas aller trop loin dans certains traitements. Les patients sous Oméprazole se plaignent souvent de ballonnements, avec un inconfort digestif. C’est normal, ils ont un pH alcalin, donc forcément les protéines vont rester plusieurs heures dans l’estomac, donc la vidange va être ralentie et ils vont être plus inconfortables. ❖ Composition du suc gastrique Ce suc gastrique (de 1 à 1,5L/jour), est incolore, filant et acide. Il est composé principalement d’eau, mais aussi d’électrolytes (HCl, dont H+ à 0-1,5.10-1 mmol/L, contre 4.10-8 mol/L dans le plasma), de mucus, et il va y avoir à l’intérieur des enzymes (la lipase gastrique, la pepsine). !25 ! • La lipase gastrique La lipase gastrique est fabriquée au niveau des cellules principales. Sa synthèse va être stimulée aussi par la gastrine. Elle est sécrétée directement sous forme active, et sera stable pour un pH compris entre 2 et 8. Elle résiste à l’action de la pepsine et va permettre une première hydrolyse des lipides présents dans l’estomac, notamment des triglycérides (ensuite ce sont les enzymes pancréatiques qui vont faire le gros du reste du travail au niveau lipidique, et notamment il va y avoir presque 30% de l’activité lipolytique qui va être représentée par le pancréas). Cette lipase gastrique est importante quand l’enfant nait, et elle va diminuer en fonction de l’âge (quasiment plus de production de lipase chez le sujet âgé). Cela explique que les repas riches en lipides vont être plus « difficiles ». C’est aussi le fait de l’évolution naturelle de l’Homme : quand on est enfant, on s’alimente de lait, qui est principalement constitué de lipides. Après, l’alimentation se diversifie et on a moins besoin de la lipase. Il va y avoir une première absorption directe des triglycérides au niveau de la muqueuse gastrique. Après, la majorité des lipides vont être absorbés beaucoup plus bas. ! Diapo passée rapidement ! • La pepsine Pour les protides, c’est la pepsine principalement au niveau de l’estomac qui est l’enzyme la plus importante. Elle va avoir une action protéolytique. Elle va d’abord être fabriquée sous forme de pro-enzyme, inactive et qu’on va appeler le pepsinogène. C’est le pH acide des sécrétions gastriques qui va permettre l’activation de cette pepsinogène en pepsine, pour ensuite faire une première hydrolyse des protéines. En fonction du pH, notamment si le pH est au-delà de 3, la réaction va être plus lente et la pepsine va mettre plus de temps à s’activer. Alors que si le pH est bien acide, inférieur à 2, la réaction sera plus rapide. !26 ! Cette pepsine est une endopeptidase, un groupement d’AA fabriqué à partir de phénylalanine et de tyrosine principalement, des AA essentiels que l’on retrouve dans l’alimentation. La pepsine va permettre une coupure des protéines, afin qu’elles soient plus facilement absorbées au niveau de la muqueuse digestive, principalement la muqueuse entérocytaire. Cette pepsine, une fois arrivée dans le duodénum, sera complètement inactivée. Elle va vraiment faire son travail dans l’estomac. • Le HCl ! Ensuite pour revenir aux sécrétions dans le suc gastrique, il y a aussi la sécrétion d’HCl, qui se passe au niveau de la cellule bordante (= cellule pariétale), grâce à la présence d’anhydrase carbonique, qui avec le CO2 et l’eau va fabriquer des bicarbonates, et surtout libérer de l’H+, et c’est cet H+ qui va sortir de la cellule bordante pour finalement rencontrer le chlore et fabriquer le HCl dans la lumière digestive. Pour sortir de la cellule, cela va faire appel aux mitochondries, et notamment à l’ATP pour pouvoir produire suffisamment d’HCl. Tout patient qui a des problèmes au niveau de la mitochondrie va avoir aussi des problèmes au niveau de la sécrétion gastrique. Le bicarbonate va lui passer dans la circulation sanguine pour alcaliniser la circulation. ! ! ! ! ! ! !27 • Le mucus ! Le suc gastrique est constitué aussi de mucus. Ce sont des glycoprotéines qui sont produites par les différentes cellules aux différents endroits de l’estomac. Il est indispensable à la vie de la barrière digestive, c’est une première barrière contre les agressions physiques et chimiques. Si ce mucus est altéré, c’est déjà la première phase de l’entrée vers la maladie, notamment un ulcère si on a pas assez de sécrétion de mucus ou si ce mucus n’est pas en quantité suffisante. Il faut une couche d’au moins 1,5 mm entre la lumière digestives et les cellules pour pouvoir assurer cette protection. Il va également éviter le contact de tout ce qui va être fabriqué, et notamment le HCl, qui abimerait fortement les cellules s’il n’y avait pas ce mucus. Il y a à la fois un mucus visible et un mucus invisible. Le mucus visible, c’est ce qu’on va voir juste au dessus des cellules gastriques, et le mucus invisible est dans les cellules. Il y a certaines parties du mucus qui vont rester à l’intérieur de la cellule pour avoir aussi une action de protection (?). ! On voit bien la différence de pH entre la lumière digestive, où il y a le suc gastrique (au alentours de 1,5-2), et le mucus, juste avant les cellules, où le pH est aux alentours de 7. ❖ Les différentes phases dans la sécrétion gastrique L’aspirine va altérer la production de mucus et va entraîner un contact direct du HCl sur la muqueuse digestive (d’où les possibles ulcères gastriques en effets indésirables de l’aspirine). Le patient fragile qui prend de l’aspirine pourra facilement présenter des douleurs épigastriques à type de brûlure et d’ulcère. C’est pour cela que l’on propose généralement aux patients fragiles sous aspirine au long cours un traitement par Mopral de façon associée. On sait aussi que l’alcool altère cette barrière de mucus, et que c’est un facteur de risque par !28 la suite de gastrite et d’inflammation, de même que les anti-inflammatoires. Les sels biliaires (dans certaines situations, il peut y avoir un reflux) qui remontent dans l’estomac peuvent aussi altérer le mucus. La sécrétion de HCl obéit à une régulation neurologique et endocrinienne. La régulation neuro, via les motoneurones du système vague, va stimuler des récepteurs muscariniques type M3 par des neuromédiateurs à acétylcholine, et participer à la sécrétion de l’HCl. ! Des récepteurs aux hormones au niveau de la cellule, notamment aux hormones qui sont fabriquées directement au niveau de la muqueuse gastrique : la gastrine, qui va stimuler la synthèse d’HCl et d’histamine (la cimétidine, un antihistaminique, peut également ralentir les sécrétions d’acide en se mettant directement sur le récepteur de l’histamine). Ce sont les deux types de traitements qu’il peut y avoir : l’oméprazole ou la cimétidine. L’histamine va être produite par les cellules entérochromaffines des glandes gastriques, et elle va être aussi libérée sous l’action de la gastrine. Elle agit sur les récepteurs histaminergiques de type H2, d’où le fait que le blocage de ces récepteurs réduit la sécrétion acide. Il y a 3 temps dans la régulation de la sécrétion acide : • une phase céphalique : Elle débute par : - la vue, - la stimulation des chémo- et mécanorécepteurs des cavités nasale et buccale, - la sensation d’appétit. Elle va mettre en jeu le nerf vague, et il va y avoir libération d’acétylcholine, qui aura à la fois une action directe sur les cellules pariétales et principales pour fabriquer ce suc gastrique, et une action indirecte sur les cellules G qui vont libérer la gastrine et participer à l’augmentation de la production de sucs gastriques. !29 ! ! ! • une phase gastrique : l’estomac va accueillir le bol alimentaire avec déjà une certaine quantité de sucs gastriques présents dans l’estomac grâce à la phase céphalique. Un réflexe de distension de l’estomac va de nouveau stimuler le nerf vagal, qui va stimuler à son tour les sécrétions gastriques, la motricité digestive et la vidange gastrique, mais aussi les cellules G et pariétales. ! ! • une phase intestinale : la vidange gastrique va se faire, le chyme alimentaire va arriver dans le duodénum et la présence d’acide/protéines/lipides dans ce chyme va entrainer une sécrétion d’hormones dans la muqueuse : la sécrétine et la cholécys!30 tokinine (CCK), qui vont stopper la sécrétion gastrique. Cela va permettre d’avoir une action d’autorégulation et de rétrocontrôle négatif. Cette 3ème phase est essentielle pour arrêter après le travail de l’estomac pour qu’il n’y ait pas trop de sécrétions gastriques, puisque le bol alimentaire est en train d’être évacué, et ces hormones vont stopper la sécrétion acide. Le pH, qui était inférieur à 3 va, grâce à la sécrétine, pouvoir remonter au niveau de l’estomac. ! ! !31