Diagnostic des patientes à risque de cancer du sein 19
délétions ou insertions de quelques nucléotides rompant le cadre de lecture, anoma-
lies d’épissage ou, enfin, réarrangements de grande taille observés aujourd’hui
essentiellement pour le gène BRCA1. Des mutations faux-sens, mutations substi-
tuant un acide aminé à un autre, ont été rapportées. Mis à part quelques cas de
mutations faux-sens siégeant dans des domaines fonctionnels très particuliers (cys-
téine du domaine RING de BRCA1 ; domaine BRCT de BRCA1), et en l’absence, à
l’heure actuelle, de test fonctionnel in vitro, la conséquence de ces faux-sens sur la
fonction de la protéine reste inconnue. Ces mutations faux-sens sont difficilement
interprétables en terme de risque tumoral et doivent rendre le conseil génétique
prudent.
En 2003, près de 1 000 mutations différentes des gènes BRCA1 et BRCA2 étaient
enregistrées dans la base de données du National Institute of Health
(http://www.nhgri.nih.gov/Intramural_research/Lab_transfer/Bic/). Il existe cepen-
dant, dans certaines populations, une faible diversité de mutations qui est le résultat
d’effets fondateurs. Il s’agit en général de populations isolées dont le nombre d’an-
cêtres communs est faible. Ainsi, certaines populations insulaires comme l’Islande,
ou des populations dont la barrière est culturelle comme la population ashkénaze,
présentent un petit nombre de mutations différentes. La connaissance de l’origine
ethnique de la personne testée peut ainsi modifier la stratégie d’analyse moléculaire.
Ainsi, la diversité des mutations et leur distribution sur une séquence codante de
très grande taille compliquent singulièrement la première recherche de mutation
réalisée dans une famille donnée. La recherche de mutations par des techniques
classiques (SSCP, DGGE, HA) dans des familles dont les analyses de liaison ont
montré qu’elles étaient liées à BRCA1 ou BRCA2 ont permis d’estimer que la sensi-
bilité de détection de mutation par ces méthodes est de l’ordre de 70 % (10)
(Easton, non publié). La recherche de délétions ou duplications partielles ou com-
plètes du gène BRCA1 par des techniques complémentaires, représentant 10 à 20 %
de l’ensemble des mutations de BRCA1, conduit à la caractérisation de 80 à 90 %
des mutations attendues (11, 12). Très peu (deux cas) de délétions du gène BRCA2
ont été rapportées jusque-là. Celles-ci ne sont donc pas recherchées dans la pratique
diagnostique.
La lourdeur des investigations, la signification limitée d’un résultat négatif à
l’issue d’une première étude familiale, conduisent à distinguer deux types de test
génétique :
– celui qui est réalisé pour la première fois dans la famille et qui a pour objectif de
repérer l’altération génétique responsable ;
– celui qui est proposé aux apparentées après qu’une mutation a été identifiée dans
la famille.
Le premier test est conduit chez la personne la plus susceptible d’être prédis-
posée compte tenu de son histoire personnelle et de sa position sur l’arbre généalo-
gique : le cas index. Il est donc en général proposé à une femme qui a été déjà
atteinte d’un cancer du sein ou de l’ovaire. Le délai d’obtention des résultats est long
(de six à douze mois à l’heure actuelle). Si l’analyse ne conduit pas à la détection
d’une mutation, cela n’élimine pas le diagnostic de prédisposition. Le second test,
effectué chez les apparentés après identification de la mutation, à l’inverse, est